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Christoblog

Articles avec #j'aime

L'abbé Pierre - Une vie de combat

L'intérêt N°1 du film, qui mérite à lui seul qu'on se déplace pour le voir, c'est tout ce qu'on apprend sur la jeunesse de l'abbé Pierre.

En vrac, on découvre que l'icône a connu l'amour charnel pendant la guerre avec une veuve, qu'il a laissé un traître se faire exécuter devant lui dans le maquis, qu'il a donné du cyanure à certains Juifs qu'il ne pouvait pas sauver, qu'il a été addict aux amphétamines avant d'être interné en établissement psychiatrique, etc. J'ai découvert également avec curiosité l'importance de Lucie Coutaz dans le destin de l'abbé Pierre.

Comme l'écriture est assez claire et le montage vif, on se laisse entraîner avec une certaine émotion dans le flux de cette destinée, parfois réalisée avec beaucoup d'efficacité (l'hiver 54) et à d'autres moments un peu plus poussive (la dernière partie). Frédéric Tellier évite l'hagiographie trop appuyée, et montre assez bien comment l'obstination de son personnage principal n'est pas toujours des plus efficaces.

On peut regretter que le réalisateur, comme à son habitude, ne fasse pas dans la dentelle en matière de mise en scène. L'abbé Pierre est en effet parsemé de procédés aux goût douteux (les montages alternés bien lourds du début, les visions "mystiques" avec vortex dans le ciel, les split screens pas forcément opportuns).

En ce qui me concerne les qualités du film l'emportent toutefois sur ces quelques défauts, et Benjamin Lavernhe y est pour beaucoup.

Frédéric Tellier sur Christoblog : L'affaire SK1 - 2013 (**)

 

2e

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Second tour

Second tour n'est certes pas le meilleur Dupontel, mais il faut reconnaître que ce dernier parvient, même dans ses oeuvres mineures, à distiller la même petite musique qui associe plaisir de raconter et performance d'acteur.

Ce que raconte Second tour est abracadabrant, mais les qualités d'écriture de Dupontel transforme la matière brute du film en aventure picaresque. On éprouve un plaisir presque enfantin à suivre Cécile de France et Nicolas Marié dans leur exploration rationnelle d'une situation qui ne l'est pas. Ces deux-là livrent une prestation absolument délicieuse, alors que Dupontel lui-même, égal à lui-même, manie toutes les nuances de la bienveillance apeurée.

La mise en scène est aussi barrée que d'habitude (ah, ces mouvements de caméra d'un goût douteux, ici inspirées par les abeilles et les rapaces), mais elle se marie assez bien au style de l'histoire. La charge politique est discrète mais bien présente dans un final intéressant et doux-amer.

Un aimable divertissement.

 

2e

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Le syndrome des amours passées

Le nouveau film du duo Ann Sirot et Raphaël Balboni (Une vie démente, Trop Belge pour toi) est une comédie décalée et tendre, au rythme plaisant.

La mise en place est rapide et particulièrement loufoque. Sandra et Rémi n'arrivent pas à avoir d'enfant, mais un congrès de chercheurs à Seattle  apporte une lueur d'espoir : si les deux partenaires recouchent avec tous leurs ex, alors les choses peuvent changer !

Le sujet est graveleux (elle a sur le papier en gros 25 "missions" à concrétiser, alors que lui n'en a que 3) et on pourrait craindre un traitement un peu lourd. Hors le film est tout l'inverse : il est léger, tendre, cocasse et souvent poétique. Les problèmes habituels liés à la sexualité (ego, jalousie) semblent ici ne pas exister, ce qui donne au film une tonalité d'étrange bienveillance, très agréable.

Les actes sexuels sont tous évoqués sous formes de chorégraphies sensuelles un peu décalées et très réussies. La fin de l'histoire n'est évidemment pas du tout celle à laquelle on s'attend (même s'il y est question d'enfants). On sort de la séance régénérés et de bonne humeur.

Une comédie légère, pimpante et intelligente.

 

2e

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Le théorème de Marguerite

Très belle découverte que ce long-métrage d'Anna Novion, pour l'instant principalement connue pour avoir réalisé plusieurs épisodes du Bureau des légendes.

Le sujet du film peut paraître au premier abord rébarbatif si vous avez de cuisants souvenirs de cours de mathématiques dans votre jeunesse, puisqu'il va être ici question de la passion qu'entretiennent plusieurs personnages pour la démonstration de la fameuse conjecture de Goldbach ("Tout nombre pair peut s'écrire comme la somme de deux nombres premiers").

Il faut l'interprétation délicate et incarnée de la jeune actrice Ella Rumpf pour rendre sensible l'isolement terrible que génère la recherche et le monde des mathématiques de haut niveau, qui n'a jamais été aussi bien rendu que dans ce film intelligent et subtil.

La ténacité et la rectitude du personnage de Marguerite en fait une héroïne féministe de première ampleur, avançant dans la vie avec une pugnacité et une détermination étonnante, à l'image de son abordage du gentil et innocent Yannis.

Un film étonnant et diablement intéressant, qui complète une année faste pour la représentation des grandes écoles dans le cinéma français, après La voie royale et De grandes espérances. Signalons enfin que Jean-Pierre Darroussin livre une partition formidable de froide dureté, qui rappelle énormément son personnage du Bureau des légendes.

A découvrir.

 

2e

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L'enlèvement

Voici un Bellocchio très solide, cependant un petit peu en-dessous de ses meilleurs films.

Certes, l'interprétation et la direction artistique sont irréprochables, et la mise en scène est très solide. Mais une fois qu'on a fait ces compliments au film, on a un petit peu tout dit.

Le sujet est formidable. Il s'agit de l'histoire vraie d'un enfant juif arraché à sa famille par le Pape en 1850, au prétexte qu'il aurait été baptisé clandestinement à l'insu des parents par la servante de la famille.

Je m'imaginais Bellocchio explorant avec ferveur et cruauté tous les recoins de cette histoire terrible, creusant dans la psyché des différents protagonistes, éclairé par un anticléricalisme acide. Mais curieusement, le film est d'une facture très classique, au final très sage, illustratif et presque scolaire.

S'il montre bien les mécanismes d'endoctrinement rodés de l'Eglise catholique, et dresse un portrait saisissant du Pape Pie IX, il survole un peu vite un certain nombre de péripéties (la rencontre de l'inquisiteur et de la servante, le faux retournement d'Edgardo lors du transport du corps...).

Moins original et subtil que le dernier film du réalisateur italien (Le traitre) dont l'ampleur narrative était impressionnante, L'enlèvement est typique du film victime d'un sujet captivant qu'il ne parvient pas à dépasser. On aurait aimé approcher de plus près le chemin spirituel et sentimental d'Edgardo.

Marco Bellochio sur Christoblog : Vincere - 2009 (****) / La belle endormie - 2012 (**) / Fais de beaux rêves - 2016 (***) / Le traître - 2019 (***)

 

2e

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Le garçon et le héron

Le dernier (ultime ?) film d'Hayao Miyazaki me laisse partagé.

J'ai trouvé les premières scènes de l'incendie sublimes. Le travail sur la représentation du feu, la concision diabolique du montage, le travail sur les lumières et les son, les effets de ralentis lors de la course effrénée du jeune garçon : tout respire le génie à plein nez.

Dans la foulée de cette formidable entrée en matière j'étais pleinement disposé à m'extasier et à m'émouvoir, et la première partie du film m'a beaucoup plu, avec ses sublimes paysages aquarellés, ses irruptions délicates de bizarreries (le héron bien sûr, si gracieux, mais aussi les vieilles servantes, les poissons, les grenouilles).

Et puis, petit à petit, Miyazaki m'a perdu. Le dédale de lieux traversés par le jeune Mahito, la profusion de références en tout genre, le manque de cohérence artistique des procédés utilisés : le voyage au-delà du miroir du héros m'a perdu et même parfois ennuyé. Je vois bien les enjeux qu'aborde alors le film, mais ils m'ont parus fastidieusement traités, au travers de processus particulièrement tarabiscotés. 

La profonde originalité de Miyazaki, qui consistait pour moi à faire émerger délicatement le merveilleux à la surface du réel, est absente de cette deuxième partie, qui est certes estimable, mais ne génère pas la même émotion que l'ont fait récemment les sublimes Suzume, de Makoto Shinkai, et Belle, de Mamoru Hosoda, les véritables experts de mondes parallèles débridés.

Un autre élément m'a gêné également : j'ai trouvé que la personnalité de Mahito était complètement atone et que son personnage était pauvre en émotion, ce qui ne facilite le travail d'empathie du spectateur.

Je suis peut-être devenu très exigeant avec Miyazaki, mais la pureté formelle et la simplicité apparente d'un film comme Porco Rosso emporte de loin ma préférence.

Hayao Miyazaki sur Christoblog : Ponyo sur la falaise - 2008 (**) / Le vent se lève - 2013 (***)

 

2e

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Une année difficile

Avec ce nouveau film, Eric Toledano et Olivier Nakache confirment qu'il sont bien le mètre étalon de la comédie sociétale française, bien troussée et pas vulgaire.

Certes, on n'explose pas de rire à la vision d'Une année difficile, mais on sourit pratiquement tout du long, tellement l'attention portée aux détails et aux personnages est grande.

Comme souvent, le duo parvient à explorer avec beaucoup d'acuité et de tendresse deux thématiques actuelles intéressantes (le surendettement et l'éco-anxiété), tout en décrivant le parcours de personnages auxquels on s'attache instantanément. 

Au crédit du film il faut porter l'alchimie du duo Pio Marmaï / Jonathan Cohen, incroyablement efficace, rehaussée par la présence magnétique de Noémie Merland. L'écriture est quant à elle toujours aussi millimétrique.

Un très bon moment sans prétention, dont on sort ragaillardi et de bonne humeur (les séances du générique de fin sont de petites merveilles d'écriture optimiste).

Eric Tolédano et Olivier Nakache sur Christoblog : Intouchables - 2011 (***) / Samba - 2015 (**) / Le sens de la fête - 2018 (**) / Hors norme - 2019 (***)

 

2e

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Linda veut du poulet !

Un vent frais dans l'animation française : voilà ce qui qualifie probablement le mieux le film de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (La jeune fille sans main).

Dans Linda veut du poulet ! tout est pimpant et rafraîchissant : la technique d'animation (originale et très plaisante), l'utilisation des couleurs, le propos (une histoire de petite fille qui fait le deuil de son papa), les personnages et leur voix (Clotilde Hesme, Laetitia Dosch, l'impayable Esteban), l'incroyable inventivité de la bande-son et de ses chansons.

Si on ne peut être que séduit par la cocasserie entraînante de l'ensemble, il manque un petit quelque chose pour que le film soit vraiment exceptionnel (un rythme un peu plus soutenu, un trait un poil plus incisif, une fantaisie encore plus débridée).

A voir, avec ou sans enfant.

 

2e

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Anselm (Le bruit du temps)

Pour ceux qui ne connaissent pas Anselm Kiefer, ce film risque de faire l'effet d'une révélation, tellement la puissance créatrice de l'artiste allemand explose à l'écran.

Wim Wenders choisit une trame qui n'est pas dans les canons du film documentaire. Tour à tour fantaisie poétique (avec une utilisation brillante de la 3D), rêverie philosophique et onirique, reportage sur une oeuvre, biographie et tentative de portrait, Anselm explore de nombreuses pistes.

Le résultat est souvent convaincant, sauf peut-être lors de la dernière demi-heure. En effet, si les différents lieux de l'artiste (le site de Barjac, les ateliers immenses, le Palais des Doges) sont des écrins formidables pour expliquer la démarche de l'artiste, j'ai été beaucoup moins convaincu par les inserts oniriques (le funambule, le petit garçon qui descend de l'échelle) que je trouvent un peu lourdingues et nuisant à la rigueur, il est vrai un peu austère, de l'ensemble.

Cette volonté d'accumuler les strates signifiantes à la lisière de la fiction m'avaient d'ailleurs déjà dérangé dans le documentaire Pina.

Le contenu informatif du film est passionnant : Kiefer s'y exprime peu, mais toutes ses interventions sont marquées par une grande concision et une profondeur habitée. On perçoit assez bien au final la variété des thèmes abordés dans son oeuvre (judaïsme, nazisme, mythologie) et l'importance des influences (Paul Celan, Josef Bueys).

Probablement un des meilleurs films réalisés sur un peintre.

 

2e

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Killers of the flower moon

Le dernier (l'ultime ?) film de Martin Scorsese est impressionnant à plus d'un titre.

Sa première grande qualité est certainement la fluidité du récit, la capacité qu'a Scorsese de simplement raconter une histoire, en utilisant tous les artifices d'un cinéma "classique" (décors, mouvements de caméra, styles de narration). 

Il n'y a rien de profondément novateur dans Killers of the flower moon, mais on peut probablement utiliser le film pour donner un cours dans une école de cinéma, tant au niveau de la variété d'écriture (par exemple la formidable séquence finale de reconstitution, ou la manière dont les photographies en noir et blanc sont utilisées) que de la mise en scène.

Ce grand talent de raconteur permet à Scorsese d'occuper pleinement les 206 minutes du film de façon satisfaisante. On ne s'ennuie presque pas. Le film a d'autres qualités, parmi lesquelles l'utilisation incroyable de la musique, vraiment de toute beauté, et la très jolie photographie.

Pourtant je ne partage pas l'avis des critiques les plus dithyrambiques, pour la raison suivante : j'ai globalement trouvé que les personnages n'étaient pas dessinés avec beaucoup de subtilité et surtout n'évoluaient pas tout au long du film, ce qui entraîne de longues plages de stagnation narrative.

Ernest par exemple, joué par Leonardo di Caprio, est un benêt sous influence qui commet les pires atrocités sans états d'âme apparents : j'avoue que j'ai eu du mal à entrer dans son jeu, marqué par une moue un peu trop démonstrative à mon goût.

Je pourrais multiplier les exemples concernant les autres personnages, mais c'est surtout la peinture que le film fait de la communauté indienne qui me dérange le plus : passive, quasiment complice de sa propre disparition (à l'image du personnage sacrifié de Mollie qui semble pardonner à son mari l'assassinat de ses soeurs) et monolithique.

Pour résumer, le film se laisse voir semble déplaisir, mais aurait gagné à caractériser plus finement ses personnages.

Martin Scorsese sur Christoblog : Shutter island - 2010 (**) / Hugo Cabret - 2011 (***) / Le loup de Wall Street - 2013 (****) / Silence - 2016 (***) / The irishman - 2019 (***) 

 

2e

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Le procès Goldman

Cédric Kahn propose dans son dernier film une plongée en apnée dans le fameux procès en appel de Pierre Goldman, militant d'extrême gauche (et accessoirement demi-frère de Jean-Jacques Goldman, qu'on voit brièvement dans le public, joué par le jeune Ulysse Dutilloy).

L'intérêt du film réside avant tout dans la performance hors du commun de l'acteur Arieh Worthalter, qui campe un Goldman incroyablement sûr de lui et provocateur. Il est superbement horripilant.

La mise en scène clinique de ce quasi huis-clos (le film se déroule presque exclusivement dans la salle de tribunal) génère un sentiment de réalité assez inhabituel. On est littéralement immergé dans ce procès dont le public semble découvrir en même temps que nous les rebondissements.

Le sujet entre en résonance avec la situation actuelle de la France (la police, le racisme, l'antisémitisme, le terrorisme, les inégalités sociales) et on est rivé à cette histoire qui entremêle avec habileté portrait psychologique, suspense et chronique historique.

Un grand film dans lequel Arthur Harari, co-scénariste de Anatomie d'une chute, joue le rôle de l'avocat Georges Kiejman : une année de films de procès pour lui !

A voir. 

 

3e

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Dogman

Le nouveau film de Luc Besson ne brille pas par sa finesse. Dogman revêt l'aspect d'un conte horrifique, duquel tout réalisme est banni. Il ne rechigne pas à multiplier les péripéties improbables et les séquences démonstratives.

Tout y est donc lourdingue : les effets, l'écriture, la mise en scène.  

Pourtant, et c'est le petit miracle du film, on est souvent captivé et parfois même ému. D'une certaine façon, c'est comme si la foi de Besson dans le pouvoir du cinéma parvenait à emporter le morceau, et à renverser les barrières du bon goût.

Dogman rappelle dans ce sens le dernier film de Darren Aronovsky, The whale. Dans les deux cas, il s'agit du portrait d'un être souffrant, physiquement diminué, isolé socialement et psychologiquement, filmé dans des lieux confinés, joué par deux interprètes incroyables. Les deux films peuvent perturber le spectateur par leur volonté d'émouvoir à tout prix, en utilisant parfois de grosses ficelles.

Pour ma part, mon opinion est au final plutôt favorable, tant la prestation de l'acteur Caleb Landry Jones (déjà remarqué dans le glaçant Nitram) est exceptionnelle.

A vous de voir.

 

2e

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Les feuilles mortes

Le dernier film d'Aki Kaurismaki ressemble aux précédents (personnages hiératiques manipulés comme des marionnettes, formalisme extrême de la mise en scène et de la photographie), mais parvient, ce qui n'est pas toujours le cas chez le Finlandais, à  générer de l'émotion.

Le fond (une belle histoire d'amour contrariée par le hasard) épouse parfaitement une forme encore plus brillante que d'habitude.

La durée du film, son montage à la fois alerte et mesuré, sa mise en scène délicate, sa direction artistique toujours très travaillée, mais aussi - et c'est une nouveauté - l'irruption de l'actualité dans l'histoire : tous ces éléments contribuent à sublimer la simplicité du film jusqu'à un final bouleversant. 

On sourit souvent, on rit parfois ("Tu n'es pas un homme ici en Finlande, peut-être au Danemark tu le serais"), et l'on est ému.

C'est très beau.

Aki Kaurismaki sur Christoblog : La fille aux allumettes - 1990 (***) / L'autre côté de l'espoir - 2017 (***) 

 

3e

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Acide

Je ne partageais pas complètement l'enthousiasme général qu'a généré le premier film de Just Philippot.

Je retrouve ici les défauts qui me gênait dans La nuée : des ficelles un peu grosses, une prime au sensationnel sur le psychologique.

Si le début du film est très efficace, jusqu'à la glaçante scène du pont, la seconde  partie me semble beaucoup plus faible : on croit de moins en moins à ce que l'on voit, le resserrement autour du personnage joué (assez bien) par Guillaume Canet est étouffant, et la scène finale dans le champ m'a semblé mal tournée et surtout mal montée. Le personnage de la jeune fille est tellement antipathique que l'empathie ne fonctionne que très partiellement (à vrai dire, il ne me m'aurait pas déplu qu'elle se prenne une petite douche de pluie acide).

La tentative de film catastrophe à la française est cependant assez rare pour être saluée. Il y a du talent chez Philippot, qui méritera d'être suivi dans la durée.

Just Philippot sur Christoblog : La nuée - 2021 (**)

 

2e

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Le livre des solutions

Le livre des solutions est en réalité un autoportrait de Michel Gondry, même si ce dernier s'en défend mollement.

Beaucoup des scènes se sont réellement passées (par exemple celle du concert), et Gondry utilise même des décors issus de sa vie (c'est la véritable maison de sa tante qu'on voit à l'écran).

On est donc partagé pendant tout le visionnage entre l'amusement et le malaise, car ce qui nous est montré n'est pas très reluisant : le réalisateur martyrise littéralement des collaborateurs/trices ("Tu crois que ça me fait plaisir de te réveiller en pleine nuit ?"). Il est lâche, inconstant, peu respectueux des autres.

Pour ma part, et peut-être parce que je pardonne beaucoup aux créateurs de génie, j'ai été franchement diverti par les mésaventures de ce cinéaste bipolaire et/ou hyperactif. Beaucoup de scènes m'ont arraché de francs rires, notamment celles qui font la part belle à la complémentarité parfaite entre un Pierre Niney survitaminé et une Blanche Gardin formidable de résilience constructive.

La puissance de l'imagination de Gondry est aussi bien illustrée, par exemple avec l'histoire du renard ouvrant un salon de coiffure. 

Très plaisant.

Michel Gondry sur Christoblog : Be kind, rewind - 2008 (**) / The green hornet - 2011 (**) / The we and the I - 2012 (****)

 

3e

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Barbie

Barbie est un film savonnette. Jusqu'à la grande tirade centrale qui éclaircit le propos du film, on ne sait pas trop ce qu'on est en train de regarder tant les situations peuvent être lues de manière différente.

Les stéréotypes sexistes et féministes sont en effet exposés de multiples façons, qui ne permettent pas de déterminer nettement la part de moquerie, de burlesque et de militantisme que contient chaque scène.

En ce sens, Barbie m'a rappelé le cinéma des Monty Python : des scènes plus ou moins réalistes découlant de situations initiales complètement absurdes, un travail de déconstruction du langage sensible dans chaque dialogue, de la drôlerie parfois teintée d'un surréalisme extrême, le tout entraînant au final un sentiment de sidération inquiète chez le spectateur.

Le film est donc passionnant à regarder et suscite de nombreuses réflexions. La direction artistique est exceptionnelle et l'interprétation de Ryan Gosling mémorable. Margot Robbie assure le job avec un aplomb étonnant.

L'univers que propose le film, dans ses allers-retours entre le monde de plastique rose de Barbie et la réalité, est tellement riche qu'on peut s'attendre au développement d'une franchise juteuse pour Mattel, qui accepte d'ailleurs d'être copieusement ridiculisé dans sa propre production : l'un des nombreux et réjouissant paradoxe de Barbie.

Greta Gerwig sur Christoblog : Lady Bird - 2017 (***) / Les filles du Docteur March - 2019 (***)

 

3e

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Les repentis

Iciar Bollain traite ici d'un sujet assez proche de celui du film Je verrai toujours vos visages, sur un mode encore plus casse-gueule puisqu'il s'agit d'une veuve qui rencontre le véritable assassin de son mari.

Il est amusant de constater que les deux films présentent des qualités semblables : une sécheresse dans la construction et le montage, une capacité à éviter les écueils d'un sentimentalisme trop lacrymal. 

Les repentis est dans cette optique encore plus dépouillé et plus âpre que le film français : on est ici dans l'exposé froid et absolument pas psychologisant d'un rapprochement entre deux êtres que tout devrait opposer. C'est vertigineux et souvent extrêmement beau. Les sentiments que le film génère sont très nombreux : incompréhension, curiosité, étonnement, émotion, peur, révolte.

Un film d'une grande beauté, sec et musculeux, servi par un couple Tosar / Portillo de très haut niveau.

Iciar Bollain sur Christoblog : Katmandu, un miroir dans le ciel - 2011 (**)

 

3e

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Ama Gloria

Ama Gloria est un film d'une fragilité extrême qui ne repose pratiquement que sur la performance de la jeune actrice (Louise Mauroy-Panzani) et de sa nounou (Ilya Moreno Zego) .

La caméra de la réalisatrice est toujours très proche des visages, à tel point que cela peut devenir parfois un peu oppressant. L'intérêt de ce qui est raconté réside en réalité dans la spontanéité et la fraîcheur des sentiments que les personnages expriment : le visage de la petite fille est comme un paysage dont le film serait l'écrin. Cette façon de se mettre à "hauteur d'enfant" fait irrésistiblement penser au Tomboy de Céline Sciamma.

Peu d'enjeux narratifs donc, et des qualités de délicatesse et de captation des sentiments qui ne sont pas ostentatoires, et rapproche le film du monde documentaire.

Un des intérêts du film est de nous entraîner dans les îles du Cap Vert, contrée peu visitée par le cinéma.

Marie Amachoukeli sur Christoblog : Party girl - 2013 (***)

 

2e

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Sick of myself

Kristoffer Borgli signe ici un film dérangeant et très original.

Sick of myself commence comme une comédie à la mode scandinave : une jeune femme, unie à un artiste ayant le vent en poupe, souffre d'un manque de reconnaissance.

Les blessures d'égo et les humiliations répétées donnent lieu à de petites scènes délicieusement méchantes. Lorsque l'héroïne Signe décide d'attirer sur elle l'attention par le biais d'une grave maladie dont les symptômes sont obtenus à l'aide d'un médicament russe, les choses se compliquent. 

Le film dérive alors vers quelque chose de plus poignant, une sorte de body horror existentiel qui fonctionne comme une spirale infernale.

Ce sont donc les changements de ton qui font tout le sel de ce premier film norvégien : tour à tour grinçant, amusant, cruel, il dissèque merveilleusement plusieurs aspects de notre société contemporaine. On ne peut s'empêcher de penser au cinéma d'Ostlund, en moins exubérant.

Un réalisateur à suivre.

 

3e

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Rendez-vous à Tokyo

Rendez-vous à Tokyo utilise le procédé du film "à rebours", c'est à dire que plus le film avance, plus on recule dans le passé par le biais de flash-backs successifs.

Le procédé n'est pas utilisé ici dans un but de construction intellectuelle visant à faire comprendre progressivement ce qu'on a vu auparavant (comme dans l'excellent Peppermint Candy), mais plutôt comme une façon de donner à sentir la construction et la dilution du sentiment amoureux.

En cela, le film le Daigo Matsui est assez réussi. Si on peine dans un premier temps à entrer dans le concept du film, il faut avouer qu'on finit progressivement par se laisser gagner par une sorte de sourde nostalgie, balloté par un air du temps qui possède un charme indiscutable. On suit les évolutions de la relation entre Yo et Teruo avec un intérêt croissant.

Tout n'est pas parfait (le personnage sur le banc n'apporte pas grand-chose par exemple), mais la délicatesse du film, associée au tableau sensible de la métropole tokyoïte, finissent par emporter l'adhésion. Un nouveau réalisateur japonais à suivre.

 

2e

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