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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

Le mal n'existe pas

Dieu sait si j'aime le cinéma d'auteur en général, le cinema japonais en particulier, et enfin celui d'Hamaguchi. C'est bien simple, j'aurais pour ma part donné la Palme d'or en 2021 à Drive my car, un véritable chef d'oeuvre.

Tout cela pour dire que je ne comprends pas l'engouement de la critique pour ce film, à mon avis le moins bon de son auteur, une oeuvre mineure, incomplète et approximative.

Peut-être est-ce parce que sa conception résulte d'une construction autour d'une musique (oeuvre de Eiko Ishibashi) et non d'un scénario que le résultat paraît si peu maîtrisé : on ne comprend pas ce que le film veut dire, au-delà de la gentillette fable écologique (les locaux sont sympas, les promoteurs de la capitale sont des idiots).

La fin du film est catastrophique. En cinq minutes, Hamaguchi parvient à ruiner son oeuvre en nous balançant une suite de plans sans queue ni tête, desquels il est strictement impossible de tirer une interprétation qui tient la route.

Il y a pourtant dans le film par éclair des manifestations sensibles du génie de son réalisateur : la scène d'ouverture magistrale, celle de la voiture dans laquelle on retrouve les talents de dialoguiste d'Hamaguchi, et plus globalement une photographie qui frôle souvent la perfection.

Pour le reste, mes sentiments durant le film ont oscillé entre l'ennui, l'attente, la perplexité, et finalement la déception.

Ryusuke Hamaguchi sur Christoblog : Passion - 2008 (***) / Senses - 2018 (***) / Asako I&II - 2019 (**) / Drive my car - 2021 (****) / Contes du hasard et autres fantaisies - 2021 (***)`

 

2e

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Black flies

Une étrange malédiction semble frapper Sean Penn à Cannes.

Ces dernières années, à chaque fois que l'acteur américain figure dans un film en compétition, celui-ci s'avère le plus mauvais de la sélection : c'était le cas pour le calamiteux The last face en 2016, puis pour le très médiocre Flag Day en 2021 et enfin pour Black flies en 2023.

Le propos du film est simple, voire simpliste : filmer deux ambulanciers dans l'exercice de leur fonction, en ne négligeant aucun effet gore et en noyant le tout dans un déluge de liquides corporels en tous genres.

Pour assaisonner ce plat rudimentaire, le réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire l'enrobe d'une bande-son horripilante, qui surligne maladroitement ce qu'on voit à l'écran : des sons stridents (et trop forts) pour les situations stressantes, des violons pour les séquences faisant appel aux émotions... 

Je n'ai jamais été happé par le propos du film, comme cela a pu être le cas pour d'autres films mettant en scène la profession d'ambulancier / urgentiste : je pense notamment au très bon Arythmie de Boris Khlebnikov. 

Mais le pire nous attend à la toute fin du film, qui se termine dans une suite de halos rouges enrobant un mélodrame mielleux, d'une vulgarité crasse.

Sauvaire insauvable, donc.

 

1e

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Tiger Stripes

Ce petit film a tout pour susciter le coup de coeur : une réalisatrice malaisienne (c'est rare), un propos gentiment insolent vis à vis des autorités (religion, pouvoir) et un aspect bricolé sympathique, à la limite du do it yourself.

Son problème, c'est d'arriver après beaucoup de films récents qui ont largement exploré la question de la transformation du corps adolescent : on pense à Grave,  au formidable Teddy et au consensuel Le règne animal. Les tentatives maladroites de la réalisatrice Amanda Nell Eu apparaissent du coup un peu vaines  : on a l'impression d'avoir déjà vu les mêmes effets cent fois, en beaucoup plus convaincants (les poils et les griffes qui poussent, etc). 

Tiger stripes recycle aussi d'autres influences asiatiques sans trouver sa voie propre. On croise ainsi les yeux rouges façon Weerasethakul et d'inquiétants phénomènes de possession qui rappelle le cinéma d'horreur japonais tendance Ring.

Le (petit) intérêt de ce film bric-à-brac réside à mon sens dans sa première partie. Il n'est pas si courant de s'immerger dans la jeunesse d'une société asiatique musulmane au cinéma.

La fin de Tiger stripes est un fourre-tout peu maîtrisé qui tente de mélanger burlesque, critique sociale et effroi. La tentative est ratée, le propos peu subtil et l'impression générale que m'a laissé ce final est celui d'un travail à la fois peu original et bâclé.

  

1e

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Eureka

Le nouveau film du très intellectuel Lisandro Alonso se compose de trois parties fort distinctes.

La première est un vrai-faux western mettant en scène Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni, tourné en noir et blanc. Le propos n'a quasiment aucun intérêt, et j'ai supposé que le but de cette ouverture était de montrer comment les Indiens étaient relégués au second plan dans la vision que le cinéma a longtemps proposé.

La seconde partie passe sans transition à l'errance nocturne d'une policière autochtone au Dakota, et du portrait de sa jeune nièce. Cette partie est très belle, distillant une atmosphère oitée (une tempête de neige fait rage) et un sentiment très prenant de contempler ce que la vie peut proposer de plus brut. Il y a dans les images d'Alonso un petit peu de la façon de filmer de Weerasethakul, la magie semblant pouvoir affleurer à tout moment d'images parfois sordides. 

La troisième partie nous téléporte en Amérique du Sud, dans la forêt amazonienne, où nous suivons un groupe d'Indiens qui se racontent leur rêve, puis un des protagoniste en particulier, qui s'enfuit pour devenir l'employé d'un chercheur d'or sans scrupule. Cette troisième partie m'a quant à elle fait penser au cinéma de Kelly Reichardt, façon Old joy ou First cow. Je me suis ennuyé ferme, ne percevant que formalisme compassé là où je ressentais, dans la partie précédente, une exaltation sensorielle. Je n'ai pas compris grand-chose à ce que je voyais, jusqu'à un dernier plan aussi beau qu'abscons.

Le tout est très lent, long et conceptuel. Si la démarche est un peu moins prétentieuse que celle d'un Albert Serra ou d'un Bela Tar, elle reste tout de même très exigeante.

Au final, je ne conseille que la seconde partie du film, soit moins de la moitié.

Lisandro Alonso : Jauja - 2015 (*)

 

2e

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Vivants

Alix Delaporte est une cinéaste qui possède une belle sensibilité. Son premier film, le très beau Angèle et Tony, en est le meilleur exemple.

Malheureusement, ce talent naturel peine à trouver un scénario digne d'être filmé.

Vivants est en effet un gloubi-boulga de thématiques diverses dont on peine à distinguer laquelle est le véritable sujet du film : coup de foudre d'une jeune femme pour un homme cinquantenaire (c'eut été un vrai défi de développer ce point dans le contexte actuel), portrait d'une profession très spécifique, réflexion sur les lois du marché qui prévalent dans l'audio-visuel d'aujourd'hui, éloge de l'esprit d'équipe, récit d'apprentissage et de transmission, et j'en oublie probablement.

Le souci, c'est que le film ne réussit vraiment dans aucune de ces catégories, du fait de la grande confusion de son script et aussi par la faute d'un manque de moyen qui nuit à l'évidence au film (je pense aux scènes de déroulant en Afrique, ou à la scène de la girafe).

Je ne met pas la note la plus basse pour une raison : l'actrice Alice Isaaz, que je ne connaissais pas, est absolument rayonnante, et sa relation avec Roschdy Zem est tout à fait crédible.

Alix Delaporte sur Christoblog : Angèle et Tony - 2010 (***) / Le dernier coup de marteau - 2014 (**)

 

2e

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La salle des profs

Contrairement à la majorité des commentateurs, je n'ai pas vraiment apprécié le film d'Ilker Çatak.

Si ce tableau d'une professeur allemande d'origine polonaise est assez bien réalisé, j'ai trouvé le contenu qu'il propose trop programmatique pour être convaincant.

Ce film est en effet régit par une règle stricte : chaque personnage, défini en début de film en fonction de ses caractéristiques socio-culturelles, ne variera pas de trajectoire tout au long de l'histoire, rendant chaque péripétie hautement prévisible.

La jeune prof restera donc enfermée dans des idéaux qui l'amène à prendre mauvaise décision sur mauvaise décision, ses collègues sont cantonnés dans le rôle d'égocentriques mesquins et brutaux, la direction est quant à elle réduite à un désengagement prudent, l'assistante sociale à une présence compatissante et silencieuse, alors que les élèves qui éditent le journal seront jusqu'au bout des Robespierre sans scrupules.

Dans la classe, la répartition des rôles est aussi fixée dès le début et ne bougera plus, incluant le jeune harceleur blond comme un petit fasciste, et bien entendu au fond de la classe. Le personnage le plus emblématique de ce casting amidonné est la victime de la dénonciation, condamnée à errer dans les plans du film comme une âme au purgatoire : les cheveux toujours mouillés, le regard vague et la hargne douloureuse.

Puisque Çatak se place délibérément dans le champ du thriller psychologique et moral, il est impossible de ne pas comparer son film à ceux d'Asghar Farhadi ou à Anatomie du chute, d'autant plus que les points communs avec ce dernier sont nombreux (quasi huis-clos, indécision sur la réalité des faits, confrontation de plusieurs points de vue sur des questions d'ordre moral). La comparaison n'est pas à l'avantage du film allemand, tant le film de Justine Triet est infiniment plus nuancé dans son propos, permettant à ses personnages d'évoluer au grè des péripéties, et au spectateur de traverser de nombreux états de conscience différents.

Ici, le film n'inspire finalement qu'un seul sentiment, la consternation de voir cette pauvre prof isolée s'enfermer elle-même dans un écheveau d'erreurs évitables. J'en ai ressenti une certaine frustration, accentuée par le fait que le scénario n'évite pas certains poncifs lourdingues (le Rubik's cube...).

Faites vous donc votre propre idée. 

 

2e

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Le dernier des Juifs

Ce premier film de Noé Debré (réalisateur et scénariste facétieux de la série Parlement) est à moitié réussi.

Ce portrait du jeune Bellisha et de sa mère, derniers Juifs de leur quartier et qui hésitent à le quitter, est parfois amusant, et souvent un peu ennuyeux.

Bellisha ment comme il respire, par faiblesse la plupart du temps, mais aussi pour protéger sa mère, gravement malade. La manière dont il fuit constamment la réalité génère chez le spectateur un certain inconfort, égayé de loin en loin par un subtil décalage et quelques scènes attendrissantes.

C'est trop peu pour conseiller ce film modeste qui tente avec difficulté de se maintenir sur une ligne de crête poético-humoristique très étroite, bordée d'un coté par un océan de mièvrerie, et de l'autre un lac d'inconsistance.

Il faudra apprécier la sensibilité pince sans rire de Noé Debré dans un autre contexte, et la voir se déployer sur la base d'un scénario plus dense. 

 

2e

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L'empire

Au début du film, tout semble frais et mystérieux. Ce qui est proposé à l'écran a des airs de "jamais vu".

J'ai adoré cette poésie diffuse qui sourd des premiers plans, dans une ambiance fantastique et solaire. La première apparition du bambin divin est par exemple sidérante.

Malheureusement, le film, en quelque sorte aplati, ne sait pas thésauriser sur cette bonne entame et piétine rapidement, ressassant les mêmes recettes en boucle, tout en changeant brutalement de ton, oscillant entre burlesque et métaphysique,  grand spectacle et tableau naturaliste.

Lucchini est en roue libre (alors qu'il était bien dirigé dans Ma loute), les développements narratifs sont pauvres, les apparitions en guests de Carpentier et Van der Weygen n'apportent rien à l'histoire, et globalement le niveau d'ennui s'accroit de façon logarithmique pour atteindre son maximum absolu en fin de film.

Seules véritables satisfactions à mes yeux : la prestation incroyablement juste d'Anamaria Vartolomei et la beauté visuelle des effets spéciaux, qui parviennent à sublimer la lumière verticale des paysages du Pas de Calais.

Dernière remarque : le personnage de Lyna Khoudri est grotesque et son asservissement au personnage de Jony m'a mis mal à l'aise. Globalement la façon dont les rapports hommes / femmes sont montrés dans le film est étrangement brutale : pour simplifier, c'est la position du missionnaire en moins de deux minutes et basta cosi.

Décevant.

Bruno Dumont sur Christoblog : L'humanité - 1999 (****) / Flandres - 2006 (***) / Hors Satan - 2011 (*) / Camille Claudel, 1915 (**) /  P'tit quinquin - 2014 (**) / Ma Loute - 2016 (****) / France - 2021 (***)

 

2e

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Sleep

A dire vrai, je ne comprends pas trop la hype autour de ce film coréen, modeste série B sans grande envergure. Bong Joon Ho est sans cesse cité dans les articles autour de Sleep, probablement parce que Jason Yu a été assistant sur le film Okja, mais on est ici à mille lieues de la précision démoniaque du maître.

Pour faire simple, et au risque de spoiler, je résumerais l'affaire de la façon suivante : un homme, futur papa, est victime de somnanbulisme (avec tous les trucs bizarres que cela comprend), mais sa femme veut absolument introduire une dose de fantastique dans cette maladie somme toute banale. Le pauvre homme entre alors dans le délire de sa femme...

La façon de raconter cette histoire loufoque n'est pas très drôle et surtout je n'ai jamais, mais jamais eu peur. Le prétendu formidable tableau de couple ne pas non plus semblé sauter aux yeux : j'ai surtout vu un homme faible et sa femme dérangée, et l'idée que le film serait une métaphore de la société coréenne dans son ensemble me semble bien hasardeuse.

Des films de ce niveau-là, ni vraiment bon ni totalement mauvais, agréable à regarder mais oublié dans la minute, la Corée du Sud doit en produire des tombereaux, et rien ne distingue celui-ci des autres.

 

2e

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La zone d'intérêt

La zone d'intérêt (c'est le nom que les nazis donnaient à la région d'Auschwitz) est d'abord un roman de Martin Amis, qui est aussi salace que le film de Glazer est froid. 

Dans les deux cas, et bien que les personnages et les péripéties soient totalement différentes, il s'agit d'exposer la vie quotidienne de quidams nazis à proximité immédiate du camp d'extermination : dans le roman, ce sont surtout des coucheries de subalternes, dans le film il s'agit de la vie familiale et bourgeoise du chef du camp.

La zone d'intérêt ne manque pas ... d'intérêt. On est pétrifié, il faut l'avouer, par l'effroyable bande-son qui plaque un voile d'horreur auditive sur les images édéniques qui nous sont montrées. On est au début intrigué par le dispositif imaginé, les inserts curieux (la caméra infrarouge par exemple), les détails macabres parsemés ici et là (les os dans la rivière, les vêtements) et globalement l'ensemble des partis-pris de mise en scène (des plans très larges, un peu comme si le film était un assemblage de caméras de surveillance placées dans et autour de la maison).

L'effet de sidération m'a toutefois lassé : il ne se passe finalement pas grand-chose durant cette 1h45. A la façon d'une oeuvre d'art contemporain dans un musée, vous ne perdrez pratiquement rien si vous ne voyez que la première heure, ou la dernière. Quant à la partie consacrée au travail de Hoss à Orienburg, je trouve qu'elle fait chuter la tension que la proximité du camp parvient à installer dans la première partie. A force de filmer le creux pour tenter de faire deviner le plein, et de filmer banalement la banalité du mal, on peut légitimement se demander si le réalisateur ne rate pas sa cible. La comparaison naturelle avec Le fils de Saul, qui se coltinait le défi frontal d'introduire une caméra dans un camp n'est pas à mon sens à l'avantage de Glazer.

Pour synthétiser, je dirais que La zone d'intérêt est un film important, mais que son concept écrasant le rend peu aimable, et disons-le, relativement ennuyeux. On a d'ailleurs l'impression que Glazer, au milieu de son film, a besoin de recentrer lui-même son projet en lui donnant un peu de sens à travers un poème, comme si la simple juxtaposition quasi-surréaliste qu'il proposait jusqu'à présent ne lui semblait plus satisfaisante, ou trop ambigüe. De la même façon, le coup d'oeil final de Höss au monde contemporain résonne un peu comme un aveu d'impuissance : ce que le cinéaste a échoué à faire par la grâce de son art (honorer les victimes, faire ressentir viscéralement l'horreur), il le confie à un ultime effet maladroit qui sonne comme un repentir.

Jonathan Glazer sur Christoblog : Under the skin - 2013 (**)

 

2e

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La fille de son père

Le deuxième film d'Erwan Le Duc commence très bien, par une première séquence réussie de cinq minutes, où l'on voit toute une vie se dérouler sous nos yeux, sous forme de scènettes tantôt émouvantes, tantôt drôles.

On retrouve ensuite une partie des qualités qui rendaient si plaisant le premier film de Le Duc, l'adorable Perdrix : des personnages un peu lunaires, des situations cocasses souvent très drôles. Les dialogues entre le père (Nahuel Perez Bizcayart) et le mec (Mohammed Louridi) sont en particulier délectables, construit sur la base d'un cocktail de cruauté, de vérité et d'originalité.

La fantaisie est toutefois un peu moins percutante et précisément mise en scène que dans Perdrix. Quand le père croit voir le visage de sa femme (qui a quitté le domicile familial il y a des années) dans un documentaire sur le Portugal, le film glisse vers une sorte de mélodrame assez peu agréable. Le père erre dans les rues portugaises comme dans une carte postale, et tombe par hasard sur ... sa fille, ... puis sa femme. 

Toute cette seconde partie est assez bancale, et c'est finalement son goût amer qui l'a emporté sur le plaisir que m'avait apporté la première.

Erwan Le Duc sur Christoblog : Perdrix - 2018 (***)

 

2e

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Si seulement je pouvais hiberner

Ce premier film de la réalisatrice mongole Zoljargal Purevdash présente un avantage notable : il dresse un superbe tableau de la vie quotidienne d'une famille défavorisée dans la banlieue d'Oulan-Bator.

Cet aspect documentaire du film est esthétiquement réussi (les paysages sont magnifiques), mais aussi intéressant d'un point de vue culturel (les méthodes locales pour soigner la maladie sont très curieuses !) .

Le versant fictionnel du film est moins convaincant. L'intrigue est superficielle et ne m'a pas vraiment convaincu. Si seulement je pouvais hiverner présente cet aspect un peu lisse et brillant de certaines productions internationales en provenance de pays en manque d'infrastructures cinématographiques. 

La mécanique de descente vers les enfers de la pauvreté est assez classiquement détaillée avec toutes les étapes classiques de ce genre de film, tout en évitant d'exposer des évènements violents : talent sacrifié (ici pour la science), volonté de garder sa dignité, caractère inadapté des aides sociales. 

A voir si vous aimez la Mongolie ou si vous êtes curieux.

 

2e

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Indiana Jones et le cadran de la destinée

Que vaut le dernier (l'ultime ?) Indiana Jones ?

Pas grand-chose à mon sens.

La scène d'ouverture donne le ton. Ce long pré-générique égrène toute une série de poncifs éculés (les nazis, le combat sur le toit du train, le pont dynamité), ici remixés dans une immonde tambouille d'effets numériques tous plus visibles et ratés les uns que les autres. La tête d'Harrisson Ford rajeuni est particulièrement moche.

Le film souffle terriblement de la comparaison avec les scènes d'action spectaculaires et réalistes du dernier Mission Impossible

Quand le film revient au présent, on est fugacement séduit par la façon dont le scénario semble vouloir montrer le corps fatigué et vieilli du héros. On se prend alors à rêver d'un Indy en fauteuil roulant, maniant l'humour plus que son fouet. 

Malheureusement, le naturel revient vite et notre héros gambade, escalade et saute à quatre-vingt balais comme il le faisait à vingt, l'imagination en moins. Comme les personnages secondaires ne sont pas vraiment développés (et c'est dommage, car le personnage qu'incarne Phoebe Waller-Bridge est intéressant), on s'ennuie un peu, jusqu'à une dernière demi-heure surprenante et assez bien menée, qui sauve un peu la mise.

Une déception, même si la sourde nostalgie distillée avec parcimonie tout au long du film sauve celui-ci de la catastrophe.

James Mangold sur Christoblog : Le Mans 66 - 2019 (**)

 

2e

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Sirocco et le royaume des courants d'air

Je n'aime pas beaucoup dire du mal d'un film comme celui-ci, qui tente beaucoup de choses, et de façon très honorable.

Les images sont parfois sublimes, le scénario est intéressant et quelques idées secondaires (le bestiaire) agréables. 

Mais malgré ses qualités, Sirocco et le royaume des courants d'air ne parvient à convaincre totalement, ne parvenant pas vraiment à creuser un sillon homogène et personnel. Ainsi, l'histoire est à la fois enfantine et complexe, les influences multiples et parfois trop marquées (des éléments de décors rappellent furieusement Miyazaki alors que d'autres renvoient de façon évidente à l'histoire de l'animation française), les émotions sont inexistantes, l'animation parfois sommaire et les personnages manquent globalement de caractérisation.

J'ai assisté au film, comme parfois on peut assister à une fête d'école : sans être enthousiasmé, et en ayant presque honte de ne pas aimer.

 

2e

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La chimère

Je n'ai jamais aimé le cinéma d'Alice Rohrwacher, et ce n'est pas ce film qui va me faire changer d'avis.

On retrouve dans La chimère ce qui fait la signature de la réalisatrice italienne : un mélange de milieux décalés, de faux documentaire, d'esthétique un peu cradingue, de formalisme toc (le format du cadre), de fantastique et de chronique sociale.

Le résultat est parfois intriguant (la découverte du milieu des chasseurs d'antiquités étrusques), mais le plus souvent à mon sens quelconque, et même par moment ridiculement prétentieux (le "fil d'Ariane"). Comme souvent, la réalisatrice répugne à donner des éléments de contexte aux scènes qu'elle nous proposent, ce qui laisse souvent le spectateur au bord du chemin.

Plus encore que dans ses films précédents, c'est une impression de bric et de broc non maîtrisé qui prédomine à la sortie de la séance, comme si Alice Rohrwahcher ne savait pas elle-même ce qu'elle avait voulu raconter.

A un moment, un personnage regarde la caméra et assène une phrase définitive : "Si on avait eu l'héritage des Etrusques plutôt que celui des Romains, les Italiens seraient moins machistes". On se demande à ce moment-là où le film veut nous emmener, entre considération historique approximative, rêverie poétique, éloge de la sororité, effet de style et critique de la société italienne contemporaine.

De ce brouet inégal ressort l'interprétation subtile de l'acteur anglais Josh O'Connor, dont le jeu lunaire et incarné se marrie bien à l'univers de l'Italienne.

Alice Rohrwacher sur Christoblog : Corpo celeste - 2011 (**) /  Les merveilles - 2015 (*) / Heureux comme Lazarro - 2018 (**)

 

2e

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Soudain seuls

Pendant toute la séance, je me suis demandé quel était l'intérêt de projeter une scène de ménage de couple en train de se défaire dans l'environnement grandiose de l'Antarctique (en fait l'Islande).

Dans ce drôle de survival, rien ne semble intéresser moins les deux protagonistes que ... survivre. Ils préfèrent en effet s'envoyer des saloperies à la figure (pour ensuite, classiquement, baiser furieusement), plutôt que d'échanger sur la méthode à suivre pour ne pas mourir. 

Ainsi la nourriture semble être le cadet de leur soucis, comme d'ailleurs l'exploration des environs ou la consolidation de leur abri de fortune. Il semble par contre essentiel de se rappeler combien tel ex était vraiment un connard, ou telle maîtresse une belle salope. 

Bref, on ne croit pas un seul instant aux personnages joués par Gilles Lelouch (imbuvable, stupide, ridicule) et Mélanie Thierry (un peu plus crédible).

Quant à la fin du film, elle brille également par son invraisemblance totale : comment imaginer que Laura, déjà affaiblie, survive à deux nuits dans la neige, sans manger ? 

C'est donc raté, malgré de belles images et.... des pingouins. On attendait beaucoup mieux du scénariste attitré des films de Jacques Audiard.

  

1e

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Le monde après nous

Disponible sur Netflix, le dernier film du créateur de Mr Robot, Sam Esmail, commence plutôt bien.

Un couple de New-Yorkais fortuné (Ethan Hawke / Julia Roberts) et leurs deux enfants passent un week-end dans une maison luxueuse des Hamptons, quand tout à coup une cyber attaque supprime tous les moyens de communication. Lorsque le propriétaire de la maison revient tout à coup chez lui (le toujours excellent Mahershala Ali), la situation se tend....

La première partie du film est intéressante : les relations entre tous les personnages sont assez finement décrites. Les intéractions dans la famille ne sont pas caricaturales, et les réactions de Julia Roberts, teintées de racisme latent, lorsque le propriétaire revient chez lui, sont bien vues. Comme à ce moment-là les effets de la cyber-attaque sont spectaculaires et d'une certaine façon crédibles, on est réellement captivés.

Malheureusement le film ne sait pas trop dans quelle direction aller dans sa deuxième partie. Il tourne en rond, multiplie les signes qu'il ne déchiffrera pas (les cerfs, le son, la cabane, la maladie du garçon) et les relations entre les personnages s'effilochent progressivement, jusqu'à une fin ambigüe qui évite de conclure.

C'est dommage. Il y avait une belle sensibilité au début du film qui aurait pu éclore si le scénario avait été plus maîtrisé. La mise en scène lorgne du côté de Hitchcock, de Fincher et de Kubrick, avec des mouvements de caméra inutilement virtuoses, sans convaincre tout à fait.

C'est donc au final plutôt raté, mais de peu.

 

2e

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Et la fête continue !

J'ai éprouvé les mêmes sensations à la vision du dernier film de Guédiguian qu'à celle du dernier Moretti : une certaine gêne devant le radotage approximatif d'un vieux maître, zébré d'éclats agréables.

Pour ce qui est du radotage, on a ici des ingrédients bien connus : portrait de Marseille, communisme (devenu nostalgique par la force des choses), prime aux bons sentiments, grand tableau de la communauté arménienne (des petits travers à la tragédie du Haut-Karabagh).

Tout cela n'est ni très bien fait, ni vraiment convaincant, juxtaposition de scènes tout à fait ratées (les réunions politiques) ou pas vraiment réussies. 

Ce qui sauve Et la fête continue !, c'est surtout l'histoire d'amour délicate entre les personnages joués par Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin, encore une fois très convaincant. La manière dont est évoquée l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, dans le "dos" d'Homère, est aussi assez bien vu.

Le tout est tout de même très fragile, fait de bric et de broc, et au final pas vraiment recommandable.

Robert Guédiguian sur Chisitoblog : Les neiges du Kilimandjaro - 2011 (**) / Gloria mundi - 2019 (****)

 

2e

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La femme de mon frère

Emballé par le film suivant de Monia Choukri (Simple comme Sylvain), je me suis décidé à regarder en séance de rattrapage le premier film de la Québécoise.

Mal m'en a pris. La femme de mon frère est en effet un brouillon indigeste et mal maîtrisé dans lequel coexistent plusieurs films : une chronique familiale à la limite de l'hystérie (l'influence de Xavier Dolan est manifeste), une comédie romantique décalée, un film d'auteur aux recettes alambiquées (la fin zarbi, le montage saccadé d'une même action), un portrait délicat de jeune femme célibataire en recherche d'identité. Bref, tout cela sent le "premier film dans lequel je veux mettre toutes mes idées".  

Le travail sur le son et la musique diagétique rend certaines scènes proprement insupportables : là encore, une afféterie inutile d'apprentie réalisatrice mesurant l'étendue de son pouvoir, y compris de nuisance.

Ce tableau d'un amour excessif entre une frère et une soeur aurait mérité mieux que le traitement kaléidoscopique et parfois épileptique que lui réserve Monia Choukri.

 

1e

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Mars express

Le principal intérêt du film d'animation de Jérémie Périn est le monde du futur qu'il décrit : on a envie de se promener à l'infini dans ce décor dans lequel chaque détail mérite l'attention.

Il y a bien sûr les paysages superbes de cette ville construite sous cloche sur Mars, tantôt dépouillés, tantôt très urbains, mais aussi mille merveilles technologiques qui donnent lieu à de belles idées de mise en scène ou de scénario (répliques d'êtres humains, créatures à moitié robotiques, fantômes d'humains décédés revivant dans des machines, reconstitutions vidéos en 3D, chat qui peut changer de peau...).

Cet environnement est particulièrement réussi, tant du point de vue de sa cohérence que de son aspect esthétique, vraiment de toute beauté. L'animation est très réussie. 

Pour le reste, Mars express ne présente quasiment pas d'intérêt. Il propose une histoire qui reprend l'ambiance des grands romans noirs américains (j'ai pensé très fort à Dashiell Hammet), appliquée à des thématiques inspirées d'Asimov et de Philip K. Dick. Quelques jours après avoir vu le film, j'ai quasiment tout oublié de ses péripéties.

Difficile de le conseiller, même si je ne regrette pas de l'avoir vu : à vous de voir, en fonction de votre appétence pour la SF d'une part, et pour les films d'animation pour adulte d'autre part.

 

2e

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