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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

Blitz

A voir sur Apple TV

Beaucoup de bonnes fées se penchaient au-dessus du berceau du nouveau film du britannique Steve McQueen : la fabuleuse Saoirse Ronan, la perspective d'une odyssée dans le Londres de la seconde guerre mondiale, une ambiance à la Dickens sous les bombes, des seconds rôles étonnant issus du rock (Paul Weller et Benjamin Clementine, tous les deux excellents).

Et pour une partie, les promesses du film sont tenues. On est en partie embarqué dans le périple du jeune George, exilé volontairement de Londres par sa mère dans l'optique de le protéger, mais qui va sauter du train qui doit l'emmener à la campagne. Les pérégrinations du jeune George sont à la fois intéressantes et spectaculaires (l'inondation du métro), mais aussi parfois un peu trop sage (le gentil soldat qui va mourir en sauvant une vieille dame). 

Les deux principaux défauts du film sont le caractère très attendu du scénario et le côté un peu amidonné des décors et de la direction artistique. Le film ne surprend en effet pas beaucoup. Chaque péripétie est assez attendue, et l'ennui n'est jamais très loin. L'aspect un peu artificiel du film (des lumières trop nettes, des costumes trop neufs) n'aide pas non plus à entrer dans cette histoire, somme toute classiquement mélodramatique.

Terne et classique.

Steve McQueen sur Christoblog : Hunger - 2008 (****) / Shame - 2011 (*) / 12 years a slave - 2013 (**)

 

2e

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Grand tour

Voici une oeuvre conceptuelle par excellence.

Miguel Gomes nous propose de suivre en alternance deux sujets : le périple de personnages dans des décors de studio en carton-pâte d'une part, et des images actuelles des mêmes lieux filmés comme le ferait un touriste allemand aviné avec un vieux caméscope, d'autre part. Le tout dans un noir et blanc au gros grain.

Il faut une demi-heure pour comprendre ce que je viens d'écrire, puis encore une demi-heure pour comprendre que les deux personnages se suivent dans des temporalités différentes. Il reste ensuite plus d'une heure d'ennui profond pendant laquelle on a le temps de maudire Gomes sur tous les tons.

Tout cela est désespérant de pédanterie intellectuelle, et il manque ici la poésie moite et nostalgique qui rendait Tabou si attachant : la partie conceptuelle de l'art du portugais l'emporte maintenant complètement sur sa capacité à générer de l'émotion et des sensations - on voyait très bien ce combat épique entre deux conceptions du cinéma dans oeuvre fleuve Les mille et une nuit.

Au-delà de l'ennui que génère le film, les cartes postales de l'Asie du Sud-Est qui sont ici exposées, entre clichés éculés et nostalgie rétro, m'ont semblé véhiculer des relents de néo-colonialisme assez malsains. Je n'ai à vrai dire pas compris l'intention de l'auteur sur ce point.

L'ensemble de cet édifice douteux essaye de se maintenir debout en utilisant une voix off omniprésente et exaspérante.

Je n'ai pour ma part éprouvé qu'un agacement lancinant devant ce film, dont l'histoire est intéressante, mais qui se trouve irrémédiablement gâché par la prétention de Gomes. Seul point positif à mon sens : le film s'éclaire miraculeusement quand l'actrice Crista Alfaiate apparaît.

Miguel Gomes sur Christoblog : La gueule que tu mérites - 2004 (*) / Tabou - 2012 (***) / Les mille et une nuits, l'inquiet - 2015 (**)

 

1e

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The fall guy

Rattrapage Canal+

Le précédent film de David Leitch (Bullet train) m'avait plutôt plu.

J'avais apprécié son énergie survitaminée, son rythme imparable, l'utilisation parfaite d'un casting étonnant et enfin un goût pour la surenchère qui semblait sans limite.

Dans le scénario de The fall guy on retrouve l'aspect débridé de son prédécesseur, mais malheureusement ici en plus bavard et moins visuel. Le rythme me semble moins maîtrisé et surtout, le casting est beaucoup moins convaincant. Ryan Gosling n'est pas à la hauteur de Brad Pitt, et il ne retrouve pas la puissance comique irrésistible qu'il atteignait dans The nice guys, sous la direction de Shane BlackEmily Blunt est transparente et leur couple ne parvient pas à être "amoureusement" crédible.

Le résultat global ressemble à une marmite bouillonnante, pleine de gags, d'allusions, d'explosions, d'incises, de cascades et d'effets. On ne capte pas tout, et surtout, notre attention est sans cesse divertie de l'essentiel par l'accessoire.

Malgré Ryan Gosling, le film ne me semble pas assez intéressant pour mériter le déplacement.

David Leitch : Bullet train - 2022 (**)

 

2e

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La plus précieuse des marchandises

Pas facile de dire du mal de ce film très consensuel, traitant sous forme de conte la Shoah. 

Et pourtant rien ne va dans La plus précieuse des marchandises. L'animation 2D proposée par Michel Hazanivicius est d'abord d'une pauvreté rédhibitoire : si les illustrations sont "jolies", elle pâlissent en comparaison de ce que l'animation propose aujourd'hui (allez plutôt voir l'incroyable film Flow, vous comprendrez ce que je veux dire). 

Ensuite, le conte de Jean-Claude Grumberg ne contient pas assez de matière narrative pour remplir tout un long-métrage. Il aurait peut-être permis de donner un court-métrage sympathique d'une vingtaine de minute. Cet inconvénient se traduit à l'écran par un beaucoup de répétitions très lassantes : le train passe 36 fois, le pauvre bûcheron coupe plusieurs stères de bois à l'écran, etc.

Le film a aussi une propension, quoi que j'ai lu l'inverse dans de nombreuses critiques, à chercher à provoquer une larme facile chez le spectateur. La musique d'Alexandre Desplat, par exemple, surligne les situations susceptibles de générer de l'émotion.

Les voix des personnages ne m'ont pas non plus convaincu, en particulier celle de de Dominique Blanc, que j'aime pourtant beaucoup.

Enfin, et c'est peut-être pour moi le pire, le traitement à l'image des camps ne m'a pas paru adéquat. Sous réserve de "représentation", Hazanavicius s'estime légitime à montrer les corps suppliciés, mais le résultat m'a vraiment mis mal à l'aise, comme d'ailleurs la voix d'outre-tombe de Jean-Louis Trintignant qui nous assène des phrases qui m'ont laissé perplexe ("Peut-être que tous ces morts ont été une illusion ?").

Je déconseille donc cet essai, qui me semble raté de plusieurs points de vue. 

Michel Hazanivicius sur Christoblog : OSS 117 ne répond plus - 2008 (***) / The artist - 2011 (**) /  The search - 2014 (***) / Coupez ! - 2022 (***)

 

1e

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Reality

Le premier film de la réalisatrice Tina Satter est un film concept.

Il s'agit de retranscrire pratiquement en temps réel l'arrestation d'une présumée lanceuse d'alerte. Retranscrire est le mot qui convient, puisqu'un carton nous avertit en début de film que les dialogues sont exactement ceux enregistrés par le FBI.

Le film s'auto-contraint donc à une unité de temps, de lieu (la maison de Reality) et d'action (avouera-t-elle ?). 

La première partie du film est assez forte. Les deux agents du FBI (Josh Hamilton et Marchant Davies) jouent parfaitement les gentils, et le small talk qui tend à mettre Reality en confiance est tellement bien restitué qu'il en devient presque inquiétant. Le film est à la limite du fantastique quand il parvient à nous faire ressentir l'inquiétante tension qui existe entre les différents personnages.

Malheureusement, dans la deuxième partie, il peine à tenir son rythme et finit par rompre l'unité de temps en proposant quelques flash-backs inutiles, ainsi que quelques effets numériques qui rompent la concentration du spectateur. Le talent de Sydney Sweeney (révélée dans Euphoria) ne suffit pas à maintenir notre intérêt au plus haut niveau.

Tina Satter propose un film intéressant, par moment captivant, mais dont le propos est vraiment trop ténu pour tenir la durée d'un long-métrage. Une réalisatrice qu'il faudra toutefois suivre avec attention.

 

2e

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Sauvages

Le grand intérêt du film précédent de Claude Barras (il est vrai écrit par Céline Sciamma, qui sait y faire) était délicieux car il pouvait être regardé de plusieurs points de vue : celui de l'enfant, celui de l'adulte, et celui de l'enfant sommeillant dans l'adulte.

Il y avait dans ce film une inventivité de tous les instants, une tendresse mêlée de nostalgie et de fantaisie.

Rien de tout cela n'est présent ici. Le propos est pachydermique et aussi inattaquable en terme de politiquement correct qu'insipide en terme d'enjeux narratifs. Il y a donc ici rassemblés le plus grand nombre de clichés bien-pensants vu depuis longtemps au cinéma : un gentil bébé orang-outang tout mignon qui ne sert à rien, de gentils sauvages proches de la nature, une méchante compagnie multinationale sans scrupule qui vient tout foutre en l'air (ce sont eux les vrais sauvages, non ?), une nature protectrice (le fameux "esprit de la forêt") , mais aussi une gentille botaniste et un méchant contremaître (le contraire eut été plus original). Et aussi une panthère bienveillante, évidemment.

Sauvages est plus un film militant à destination des plus jeunes qu'une oeuvre qui se préoccupe de développer une intrigue intéressante. Il est en cela très différent de Ma vie de courgette

L'animation est quant à elle plutôt réussie et la musique du film est très originale. Sauvages peut donc convenir entre sept et neuf ans. Au-delà, il y a fort à parier que la mièvrerie de ce prêche larmoyant agisse comme un repoussoir. 

Claude Barras sur Christoblog : Ma vie de courgette - 2016 (****)

 

1e

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Joker : folie à deux

Quand un film comprend des passages de comédie musicale, et que ces derniers ne fonctionnent pas, alors le sentiment d'un échec total gangrène le film sans rémission possible.

Joker : folie à deux reprend pourtant la plupart des éléments qui m'avaient plu dans le premier opus : l'absence totale d'effets spéciaux, une atmosphère glauque, une sorte de vérisme cru et alambiqué.

Malheureusement, les passages chantés sont ici d'une laideur insigne. Joaquin Phoenix s'avère un piètre chanteur, et ses mimiques surjouées n'aident pas à se montrer indulgent. Lady Gaga joue un rôle sans profondeur, sans charme et sans envergure. Ce n'est pas qu'elle est mauvaise, c'est que son rôle est très mal écrit. Chaque scène de musical est un calvaire.

Le film tourne en rond rapidement, à mi-chemin entre le film de procès insipide et le film de prison inconsistant. On s'ennuie ferme tout du long, et la fin, pompeuse et improbable, pose sur le brouet indigeste du film une cerise empoisonnée.

Todd Phillips sur Christoblog : Very bad trip - 2009 (*) / Joker - 2019 (***)

 

1e

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L'amour ouf

Devant son casting incroyable et l'intense battage médiatique qui l'accompagne, j'ai quelques scrupules à dire du mal de ce film.

D'autant plus que la première partie, consacrée à l'adolescence des deux personnages, est tout à fait charmante.

Les deux interprètes principaux (la formidable Mallory Wanecque, remarquée dans Les pires, et Malik Frikah) présentent l'énorme avantage de ne pas être connus : on peut d'autant plus facilement se glisser dans cette histoire d'amour entre deux adolescents que tout oppose, un peu finalement comme dans Titanic. La reconstitution des années 80 est délicieusement réussie.

Rien de vraiment extraordinaire, mais la justesse de ton de Gilles Lellouche, qui était le point fort du Grand bain, nous emporte ici aussi.

Malheureusement, dans sa deuxième partie, le film perd en crédibilité et en cohérence. Si Adèle Exarchopoulos est une nouvelle fois convaincante, j'ai franchement eu du mal à croire en François Civil en mauvais garçon et en Benoit Poelvoorde en parrain de la pègre, cynique et cruel. De fait, chaque acteur est tellement cantonné dans "ce qui est attendu de son personnage" que le film perd en subtilité, à l'image du personnage joué caricaturalement par Vincent Lacoste.

L'amour ouf, (trop) plein de bonne volonté, ressemble à un repas trop long et trop copieux, dont certains plats sont plutôt bons, mais d'autres sont franchement indigestes : les couchers de soleils langoureux, la partie comédie musicale, les scènes de polar façon Scorsese franchouillard.

Ni vraiment bon, ni totalement raté, le film possède un vrai souffle romantique : à vous de voir.

Gilles Lellouche réalisateur sur Christoblog : Les infidèles - 2012 (***) / Le grand bain - 2018 (***)

 

2e

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Quand vient l'automne

Aller voir le nouvel Ozon est devenu un rituel semblable à celui qui consistait il y a quelques temps à aller voir le nouveau Woody Allen : l'assurance quasi-annuelle de retrouver les fondamentaux d'un auteur, et la quasi certitude de ne pas voir un chef d'oeuvre.

La filmographie du réalisateur / scénariste / producteur semble s'accélérer ces dernières années avec une série de films produits à une cadence effrénée (c'est son sixième opus depuis 2019, covid compris !). 

Cela explique probablement l'impression vague de brouillon que dégage pour moi certains de ses films récents, dont celui-ci. C'est comme si le Ozon scénariste rechignait à peaufiner ses premiers jets. Ici par exemple, la très longue première partie de mise en place de l'intrigue semble un peu molle et aurait mérité à mon sens plus de concision. La deuxième partie du film vire au thriller chabrolien, sans la noirceur malsaine que ce dernier parvenait à donner à ses films.

Si on retrouve dans Quand vient l'automne cette immoralité décomplexée qui est un des thèmes préférés d'Ozon, il faut avouer que l'ennui n'est jamais très loin, souvent écarté de justesse par la prestation parfaite de la merveilleuse Hélène Vincent. 

Un film de dimanche soir pluvieux, pas assez bon pour être vraiment désirable.

François Ozon sur Christoblog : 8 femmes - 2001 (**)Swimming pool - 2003 (**) / Angel - 2007 (*)Potiche - 2010 (***) / Dans la maison - 2012 (**) /  Jeune et jolie - 2013 (*) / Une nouvelle amie - 2014 (***) /  Frantz - 2016 (***/ L'amant double - 2017 (**)Grâce à Dieu - 2019 (****) / Eté 85 - 2020 (**) / Tout s'est bien passé - 2021 (**) / Peter von Kant - 2022 (**) / Mon crime - 2023 (**)

 

2e

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Le fil

N'est pas Justine Triet qui veut.

Difficile en effet de ne pas comparer Le fil à Anatomie d'une chute : même sujet (l'accusé a potentiellement assassiné son conjoint), même ambigüité sur ce qui s'est réellement passé, même accent mis sur le rôle des différents protagonistes (et de l'avocat en particulier), même relativité des témoignages et mêmes coups de théâtre.

Dans le film de Daniel Auteuil, tout paraît un ou plusieurs crans en-dessous de la Palme d'or. Les second rôles sont mal dessinés (Sidse Babett Knudsen ne campe pas une compagne très crédible), l'ambiance du tribunal est assez mal rendue, les aléas semblent téléphonés et Le fil est rempli de plans inutiles qui ne servent qu'à meubler (l'avocat marche dans la rue, l'avocat rumine dans son canapé, l'avocat regarde par la fenêtre d'un air pénétré...), alors qu'Anatomie d'une chute brillait par son découpage au cordeau.

Heureusement, le film échappe au naufrage pour deux raisons : l'interprétation de Auteuil et Gadebois est impeccable, et l'aspect documentaire sur le fonctionnement de la justice est d'une grande précision. Deux avocats présents en fin de séance ont d'ailleurs confirmé au public que le tableau dressé par le film était en tout point semblable à leur quotidien.

Il y a toutefois beaucoup mieux à voir dans les salles en ce moment.

 

2e

 

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Les barbares

La bande annonce du nouveau film de Julie Delpy a un grand mérite : en se contentant de montrer quelques images du tout début du film, elle ne dévoile rien de l'intrigue. L'humour qu'elle révèle est par contre lui tout à fait représentatif de l'ensemble du film : chaque personnage sera enfermé dans le carcan d'une caricature pré-définie, dont il ne sortira pas, ou peu.

Les barbares oscille donc constamment entre bien-pensance téléphonée, mièvrerie assumée (oh, les jolis amoureux) et une causticité parfois mordante, mais qu'on aurait aimé plus constante.

Au final, le problème du film est à mon sens qu'il ne semble choisir qu'un seul camp : celui du "tout le monde est finalement gentil", à l'image du happy end idyllique qui semble renvoyer tous les protagonistes au pays des bisounours, Laurent Lafitte compris, encore une fois connard d'exception.

A chaque fois qu'une réplique porte en siphonnant habilement une série de clichés (comme lorsque le garde-champêtre sort un impayable "Vous êtes sûrs que ce ne sont pas des Roms") on souhaiterait que la machine s'emballe encore un peu plus, et que tous les personnages soient poussés dans leur derniers retranchements. Ce n'est malheureusement pas le cas. Le résultat final, s'il le laisse regarder grâce à un certain nombre de qualités de fabrication (écriture solide, finesse d'observation), manque trop de goût pour attirer vraiment l'attention.

Dans un casting qui ne démérite pas, Jean-Charles Clichet m'a tapé dans l'oeil, dans un rôle de maire dépassé, naïf et mielleux : une composition que seul Philippe Katerine aurait pu assumer avec autant de brio.

Julie Delpy sur Christoblog : La comtesse - 2010 (**) / 2 days in New-York - 2012 (**)

 

2e

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Anzu, chat-fantôme

J'aime beaucoup l'animation japonaise, et je suis toujours plutôt enclin à une opinion a priori favorable quand je vais voir un film de ce type - surtout s'il a été coopté par un grand festival (ici la Quinzaine des réalisateurs).

Anzu commence d'ailleurs plutôt bien : une atmosphère à la Ghibli, une attaque plutôt intrigante (une petite fille qui a perdu sa maman et dont le papa est inconséquent), et un chat patibulaire et pétomane.

Malheureusement, si la frimousse de la petite est ravissante et le caractère de l'animal amusant, tout le reste est un peu poussif, et peine à générer une véritable émotion.

Il m'a semblé que l'animation était un cran en-dessous de ce que propose d'habitude la crème de l'animation nippone, la mise en scène est sans relief et le scénario ne trouve pas la clé pour faire décoller l'histoire.

Lorsque les protagonistes s'aventurent dans le royaume des morts (à la faveur d'une prouesse scatologique, le film semble avoir un tropisme sur ce sujet) le niveau chute à mon sens encore d'un cran : on est alors pas très loin d'une parodie de ce que Ghibli propose de meilleur.

C'est donc une déception, attachante par éclairs.

 

2e

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A son image

Quelque chose ne va pas dans ce nouveau film de Thierry de Peretti, le plus corse de nos cinéastes.

Cette longue épopée qui se déroule sur une trentaine d'années essaye d'embrasser plusieurs thématiques, sans en approfondir une seule. Tour à tour destin d'une femme, réflexion sur le métier de photographe (en particulier de guerre), tableau de nationalistes corses filmés dans leur jus sociétal, et chronique historico-politique, A son image rate à peu près tout ce qu'il entreprend.

J'ai été particulièrement gêné par la façon de jouer de l'actrice principale, Claria-Maria Laredo. Je ne crois pas un instant à son talent de photographe : elle manipule maladroitement ses appareils, utilise toujours les mêmes mimiques avant d'appuyer sur le déclencheur, se positionne très mal pour cadrer. Je trouve incroyable qu'aucun conseiller technique ne l'ait aidé à appréhender le métier de photographe. On est ici à mille lieues du réalisme sec et enthousiasmant du magnifique Sympathie pour le diable, pour ne citer qu'un seul film sur le thème du photographe de guerre.

Les scènes de conflits sont de la même façon très peu crédibles (Alexis Menenti en soldat serbe ou croate ?!). Les dialogues m'ont semblé très artificiels, et j'ai capté plusieurs regards caméra involontaires : le film donne constamment l'impression d'un travail bâclé, d'un niveau incroyablement bas, proche de l'amateurisme.

Chaque personnage semble remplir "une case", sans incarnation ni chair. On ne perçoit jamais la nature de l'engagement des uns et des autres et j'ai désespérément cherché où souhaitait aller le film, au fil d'un nombre incalculable de scènes inutiles ou factices.

Une catastrophe scénaristique, que la piteuse mise en scène ne permet pas de sauver.

Thierry de Peretti sur Christoblog : Les Apaches - 2013 (**) / Enquête sur un scandale d'état - 2020 (**)

 

1e

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La prisonnière de Bordeaux

Le nouveau film de Patricia Mazuy commence plutôt bien. On est à la fois intrigué et charmé par la rencontre entre la bourgeoise Huppert et la prolo Herzi (je caricature à dessein, car le film, d'une certaine façon, le fait aussi).

Malheureusement, le charme n'opère que quelques minutes. La mise en scène lourdingue, le scénario écrit avec des moufles (François Bégaudeau fort peu inspiré sur ce coup), l'invraisemblance des situations (la scène de cambriolage est l'une des plus ridicules vues depuis longtemps), le manque de connivence entre les deux actrices, l'accumulation de clichés et de caricatures, le manque de relief des personnages secondaires, rendent assez rapidement le film insupportable.

D'une comédie légère est pétillante, Patricia Mazuy passe à un thriller social auquel on ne croît pas : c'est un échec complet.

 

1e

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Septembre sans attendre

Le cinéma de Jonas Trueba est un cinéma évanescent, qui brille par sa délicatesse et sa façon de survoler les sujets d'une façon tendre et atmosphérique. Le résultat est parfois anecdotique (Venez voir), mais peut aussi diffuser une belle mélancolie, comme c'était le cas dans l'estival Eva en août.

Dans ce nouvel opus, Trueba nous présente tout d'abord un couple qui se défait, et forme la curieuse et plaisante idée d'organiser une fête de rupture. Le principe est amusant, et les deux acteurs fétiches de Trueba (Itsaso Arana et Vito Sanz) livrent la partition amusante de deux égos qui semblent feindre le détachement distancié.

Le début du film est donc agréable, mais n'évite pas un certain nombre de scènes qui paraissent être autant de redites d'une même situation. Jusqu'au moment où Trueba met en scène une astuce narrative totalement gratuite (pour meubler son film, peut-être) : on voit l'actrice principale travailler au montage du film qu'on est en train de regarder.

Ce faisant, le réalisateur espagnol transforme son film, intriguant et elliptique, en une machine lourdingue, typique d'un certain cinéma d'auteur intellectualisant. Il cherche à briller plutôt qu'à faire ressentir.

Mon intérêt est alors tombé à un niveau proche de zéro. Trueba n'est en effet pas doué pour manier le second degré, et son idée "méta" tombe totalement à plat : elle a pour effet de faire sortir totalement le spectateur du film, qui n'apparaît plus alors que comme un pensum maniéré.

Jonas Trueba sur Christoblog :  Eva en août - 2020 (***) / Venez voir - 2023 (**)

 

1e

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Sons

Le premier film de Gustav Möller, The guilty, plébiscité par la critique et le public, était un film habile, basé sur une seule idée.

On retrouve dans ce second film le même type d'obsession, consistant à mener une trame narrative simple en en explorant toutes ses conséquences.

Le problème de cette méthode est de lasser le spectateur : on voit trop bien où veut en arriver le réalisateur, en accumulant les effets redondants.

Comme ici le propos est de nature cruelle, le résultat évoque une expérience d'entomologiste sadique. Un peu comme du Haneke en mode automatique, ou du Michel Franco sans imagination.

Sidse Babett Knudsen tente de s'en sortir comme elle peut, c'est à dire en prenant des poses exprimant la plus grande variété possible d'émotions, sur un spectre très étroit allant de la contrariété maladive à l'obsession souffreteuse. 

Vous l'avez compris, je n'ai pas aimé me sentir prisonnier de ce huis clos programmé, dont le rebondissement central m'a paru à la fois invraisemblable et peu productif en terme de nouveaux développements. J'aurais d'une certaine façon préféré que le parti-pris sadique de la première partie soit poussé le plus loin possible : cela aurait au moins donné du grain à moudre d'ordre moral.

Gustav Möller pratique ce que j'appelle un cinéma de petit malin : au mieux efficacement prenant, au pire programmatiquement malaisant.

Gustav Möller sur Christoblog : The guilty - 2018 (**)

 

1e

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Les premiers jours

Stéphane Breton est un théoricien du documentaire au moins autant qu'il est un documentariste.

Si ses propos sont souvent passionnants, quand il parle de la façon dont on peut rendre compte de la réalité à l'écran, il faut bien reconnaître que ce nouveau passage à l'acte cinématographique est assez ardu à regarder.

Nous sommes au Chili, et nous suivons un groupe de personnes esseulées qui vivent parmi des carcasses de voiture sur une plage déserte, vivant d'une étrange récolte d'algues.

C'est tout ? Et oui, c'est tout. 

La caméra ne montre que ce que je viens de décrire sommairement. Comme c'est évidemment un peu court, Breton propose une bande-son recherchée qui ne colle pas vraiment à ce que l'on voit à l'écran, de nombreuses images de chiens marchant au ralenti (?), des plans sur la mer ou/et les rochers (et aussi sur deux coquillages), plusieurs plans fixes sur des chaises. Il affiche une volonté délibérée de ne fournir aucune explication sur le contexte de la situation (à cet effet, les propos des personnages sont par exemple volontairement rendus inaudibles).

En ce qui me concerne, j'ai trouvé cela à la fois intéressant et totalement vain, l'ennui et la frustration l'emportant au final sur l'émerveillement. Je ne le conseillerai donc qu'aux passionnés du documentaire d'auteur. Les premiers jours est évidemment distribué dans un nombre très restreint de salles, et on comprend pourquoi.

 

1e

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Vice-versa 2

J'avais aimé le premier Vice versa, son imagination, sa cohérence et ses trouvailles.

Dans ce nouvel opus, les cinq bonnes vieilles émotions gouvernant la vie de Riley sont rejointe par quatre nouvelles venues, caractéristiques de la période adolescente : Anxiété, Ennui, Embarras et Envie. 

L'idée est évidemment plaisante, mais malheureusement le scénario ne parvient pas à intégrer la complexité que représente la coexistence de neufs émotions complexes dans le cerveau d'une jeune fille de treize ans. Il en découle qu'au lieu de tenter une interaction entre la vie réelle (un simple stage de hockey sur glace) et ce monde psychologique, le film propose plus simplement une sorte de film d'action dans des paysages mentaux oniriques. 

Autrement dit, tout le sel du premier opus (donner à voir les mécanismes psychologiques de façon ludique) est ici diluée dans un spectacle mainstream à l'intérêt incertain. Subsistent uniquement quelques éclairs plaisants (les personnages d'anciens dessins animés relégués dans un coffre-fort mémoriel, l'alerte "puberté") et un sens du rythme qui évite au film d'être complètement insignifiant. Il y avait beaucoup mieux à faire avec la riche matière que constitue la pré-adolescence. 

Décevant.

Sur Christoblog : Vice versa - 2015 (***)

  

2e

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Comme un lundi

Ce film du nouveau venu Ryo Takebayashi est un divertissement honorable sur le thème de la boucle temporelle : une équipe d'employés de bureau semble revivre indéfiniment la même semaine.

Dans un premier temps, l'enjeu de la narration se concentre sur un sujet intéressant : comment se rendre compte qu'on est dans une boucle temporelle ? Et si certains en ont conscience, comment ces derniers peuvent-ils en convaincre les autres, qui les prennent au premier abord pour des fous ?

Ce premier sujet étant traité (assez plaisamment), Comme un lundi s'oriente ensuite vers une comédie dramatique, axée sur la résolution du problème du "comment stopper la boucle ?". Pour ce faire il emprunte une voie teintée de nostalgie, dans un ton très consensuel glorifiant le pouvoir du collectif au service d'une belle idée. Cette deuxième partie est à mon sens un peu moins réussie, car trop convenue.

Le résultat final se laisse regarder sans déplaisir, mais le contenu du film est quand même un peu léger pour tenir la longueur d'un long-métrage : il aurait été parfaitement adapté à une durée de 50 minutes. A vous de voir.  

 

2e

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L'effet Coubertin

Il y a beaucoup de choses sympathiques dans L'effet Coubertin : le jeu pince sans-rire de Benjamin Voisin, celui beaucoup plus marqué d'Emmanuel Bercot, toujours prompte à surprendre, et enfin la mise en scène distanciée et pas désagréable de Jérémie Stein (qui oeuvre à la très bonne série Parlement).

Malheureusement, et même si le film se laisse regarder sans problème, je n'ai pas pu m'empêcher d'être un peu décu. Il manque à ce comique de situation un petit quelque chose qui nous arrache un vrai rire (et pas seulement les sourires qui, eux, ne manquent pas).

La vraie réussite de L'esprit Coubertin, au-delà des lieux communs qui s'accumulent dans le village olympique (ça fornique à tout va), c'est pour moi le portrait à la fois très caustique et finalement assez réaliste des journalistes sur le plateau télé. Ces passages sont vraiment drôles, y compris si on s'attache à lire les bandeaux qui défilent en bas de l'écran, façon chaÎne d'information continue.

Plaisant, mais inconsistant.

 

2e

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