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Christoblog

Articles avec #michel vuillermoz

Sauvages

Le grand intérêt du film précédent de Claude Barras (il est vrai écrit par Céline Sciamma, qui sait y faire) était délicieux car il pouvait être regardé de plusieurs points de vue : celui de l'enfant, celui de l'adulte, et celui de l'enfant sommeillant dans l'adulte.

Il y avait dans ce film une inventivité de tous les instants, une tendresse mêlée de nostalgie et de fantaisie.

Rien de tout cela n'est présent ici. Le propos est pachydermique et aussi inattaquable en terme de politiquement correct qu'insipide en terme d'enjeux narratifs. Il y a donc ici rassemblés le plus grand nombre de clichés bien-pensants vu depuis longtemps au cinéma : un gentil bébé orang-outang tout mignon qui ne sert à rien, de gentils sauvages proches de la nature, une méchante compagnie multinationale sans scrupule qui vient tout foutre en l'air (ce sont eux les vrais sauvages, non ?), une nature protectrice (le fameux "esprit de la forêt") , mais aussi une gentille botaniste et un méchant contremaître (le contraire eut été plus original). Et aussi une panthère bienveillante, évidemment.

Sauvages est plus un film militant à destination des plus jeunes qu'une oeuvre qui se préoccupe de développer une intrigue intéressante. Il est en cela très différent de Ma vie de courgette

L'animation est quant à elle plutôt réussie et la musique du film est très originale. Sauvages peut donc convenir entre sept et neuf ans. Au-delà, il y a fort à parier que la mièvrerie de ce prêche larmoyant agisse comme un repoussoir. 

Claude Barras sur Christoblog : Ma vie de courgette - 2016 (****)

 

1e

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L'abbé Pierre - Une vie de combat

L'intérêt N°1 du film, qui mérite à lui seul qu'on se déplace pour le voir, c'est tout ce qu'on apprend sur la jeunesse de l'abbé Pierre.

En vrac, on découvre que l'icône a connu l'amour charnel pendant la guerre avec une veuve, qu'il a laissé un traître se faire exécuter devant lui dans le maquis, qu'il a donné du cyanure à certains Juifs qu'il ne pouvait pas sauver, qu'il a été addict aux amphétamines avant d'être interné en établissement psychiatrique, etc. J'ai découvert également avec curiosité l'importance de Lucie Coutaz dans le destin de l'abbé Pierre.

Comme l'écriture est assez claire et le montage vif, on se laisse entraîner avec une certaine émotion dans le flux de cette destinée, parfois réalisée avec beaucoup d'efficacité (l'hiver 54) et à d'autres moments un peu plus poussive (la dernière partie). Frédéric Tellier évite l'hagiographie trop appuyée, et montre assez bien comment l'obstination de son personnage principal n'est pas toujours des plus efficaces.

On peut regretter que le réalisateur, comme à son habitude, ne fasse pas dans la dentelle en matière de mise en scène. L'abbé Pierre est en effet parsemé de procédés aux goût douteux (les montages alternés bien lourds du début, les visions "mystiques" avec vortex dans le ciel, les split screens pas forcément opportuns).

En ce qui me concerne les qualités du film l'emportent toutefois sur ces quelques défauts, et Benjamin Lavernhe y est pour beaucoup.

Frédéric Tellier sur Christoblog : L'affaire SK1 - 2013 (**)

 

2e

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Les 2 Alfred

Cela faisait longtemps que je n'avais pas ri de si bon coeur au cinéma.

Bruno Podalydès propose ici une comédie, qui certes se moque gentiment de l'air du temps (le tout numérique, les extrémités du management "cool" qui ne l'est pas du tout) mais qui parvient surtout à redynamiser un style quasiment disparu des écrans français : la comédie burlesque.

C'est dans cette veine que Les 2 Alfred atteint des sommets de drôlerie (la voiture automatique, le combat de drone, les drones qui s'échouent partout), alors que son aspect comédie sentimentale et sociale est de facture plus classique.

Les acteurs sont tous excellents, et il faut reconnaître que le couple des deux frères atteint un degré de complicité ahurie exceptionnelle. Sandrine Kiberlain prouve une nouvelle fois son talent comique et tous les seconds rôles sont amusants.

Je recommande chaudement ce film drôle et enlevé, qui parvient à faire rire sans être méchant : une sorte d'exploit.

 

3e

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Comme un avion

Comme un avion marque le retour en forme de Bruno Podalydès.

La première partie du film, qui expose l'acteur-réalisateur en infographiste doux dingue, est particulièrement réussie. On est intrigué, puis séduit, par cet éternel enfant que fait rêver l'Aéropostale.

La figure légèrement inquiétante de Sandrine Kiberlain, trop bienveillante pour être honnête, rehausse l'étrangeté du film pour le porter vers des sommets de bizarrerie poétique.

Le film perd ensuite un peu en intensité quand notre ami passe à l'acte, les effets si légers du début devenant plus appuyés. Arditi en pêcheur psychopate, Vimala Pons en évidente aguicheuse, sont des clichés certes efficaces mais un peu téléphonés.

De cette seconde partie on retiendra principalement la sensualité épanouie d'Agnès Jaoui, remarquable en femme d'âge mûr jouant avec les post-it.

Un éloge de la fugue nécessaire et plaisant.

 

2e

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L'affaire SK1

Symbole d'une nouvelle qualité française un peu poussive, L'affaire SK1 ne présente pas beaucoup d'intérêt en terme cinématographique. 

Frédéric Tellier fait partie de ces réalisateurs laborieux qui n'hésitent pas à nous offrir un travelling vertical sur la Tour Eiffel quand celle-ci entre dans le champ de la caméra, comme le ferait n'importe quel touriste chinois en goguette sur le Trocadéro.

La plupart des acteurs et actrices sont mauvais (William Nadylam est catastrophique en avocat de Guy Georges) ou moyen (Raphael Personnaz est transparent, comme souvent, Olivier Gourmet et Michel Vuillermoz assurent tout juste, dans leur registre habituel). Une exception toutefois dans la grisaille du casting : l'extraordinaire prestation de Adama Niane, qui joue le tueur, et qui parvient à la fois a nous terrifier et à nous intriguer. 

Le film, s'il ne présente que peu d'intérêt en tant qu'objet cinématographique, excite un peu notre curiosité quant au fait divers qu'il représente. Le début de la traque est en particulier étonnante, avec ces coïncidences incroyables qui égarent les enquêteurs (le meurtre de Dijon, la présence de Reboul sur les différents lieux de crime). 

Petit à petit, la curiosité s'émousse cependant, la répétitivité des meurtres générant un certain ennui, ce qui contraint le réalisateur à faire le choix d'un montage "cache-misère", qui tente sans grand succès de dynamiser le film par un montage temporel alterné. On est évidemment très loin des vertiges métaphysiques que générait le Zodiac de Fincher, sur un sujet comparable.

Malgré tous ces défauts, L'affaire SK1 ne parvient pas à être totalement inintéressant : le portrait qu'il dessine de Guy Georges est suffisamment frappant pour marquer l'esprit du spectateur. A voir si vous avez le temps.

 

2e

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Aimer, boire et chanter

Il est désagréable de tirer sur une ambulance, mais ça l'est encore plus de tirer sur un corbillard. Alain Resnais ne m'en voudra pas de ce clin d'oeil, lui qui finit son film sur l'image prémonitoire d'un cercueil.

Où qu'il soit, il sait également à quel point j'avais adoré et défendu son film précédent, Vous n'avez encore rien vu

Nous sommes en présence ici d'un grand écart maximum entre l'avis de la critique, qui salue en quelque sorte un maître respecté, un compagnon de route, et celui du public, qui est extrêmement mauvais (des notes très basses de 2,3/5 sur Allociné et 5,3/10 sur SensCritique).

Alors disons-le tout de suite, qu'on le prenne par n'importe quel bout, et sous n'importe quel angle, le film est très ennuyeux et raté de bout en bout. Les décors sont hideux, et hideux paraît presque un compliment tellement on peine à croire que ces élucubrations de fêtes de maternelle soit issues d'un savoir-faire professionnel. Les dialogues sont terribles, les acteurs jouent tous comme des balais (sauf Sandrine Kiberlain, qui est la seule à sembler un peu naturelle). Le sujet n'a aucun intérêt, les péripéties sont téléphonées, les dessins de Blutch sont d'une laideur insigne. Je ne vois rien à sauver dans ce naufrage catastrophique qui sent le rance et le formol, à l'image de cet image immonde d'une sorte de taupe en peluche émergeant d'un gazon synthétique.

Ite missa est.

 

1e

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Les grandes ondes (à l'ouest)

Oh, la charmante comédie subtile et décalée que l'on n'attendait pas !

Il faut sûrement être Suisse pour inventer une histoire aussi bizarre et originale : un trio de journalistes suisses en service commandé au Portugal se retrouve par hasard en pleine révolution des oeillets. Le vieux baroudeur (excellent Vuillermoz) perd progressivement la mémoire, l'ambitieuse jeune journaliste (pimpante Valérie Donzelli) est radicalement féministe, et le vieux technicien (charmant Patrick Lapp) a plus d'un tour dans son combi. Quand ces trois-là croisent le chemin d'un jeune portugais qui a appris le Français en regardant les films de Pagnol, on sait que le road movie, déjà délicieusement bancal jusqu'à présent, va partir sérieusement en vrille.

Et c'est bien ce qui se passe, lors d'une nuit lisboète très poétique et très drôle, durant laquelle les corps et les esprits trouveront à se libérer, pour notre plus grande joie.

Souvent amusant, le film est parsemé de gags doux et délicieux, de moments de grâce inatendus (la chorégraphie nocturne) et d'effets de contraste parfois saisissants (l'interview raciste, le compte-rendu de la petite fête nocturne).

C'est léger et plaisant, l'antidote parfait aux lourdeurs des Trois frères, le retour et de Supercondriaque. La comédie à voir en ce moment.

 

3e    

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Camille redouble

Comme je le disais dans l'article consacré à The we and the I, la Quinzaine des Réalisateurs fut cette année la sélection de Cannes dans laquelle on a le plus ri. Alors que la sélection officielle s'engonçait dans une pose auteuriste, les cinéastes de la Quinzaine nous faisaient plaisir avec des films énergiques et brillants.

Cela faisait un bout de temps que Noémie Lvovsky n'avait pas réalisé (2007 avec Faut que ça danse). Pour son retour derrière la caméra, elle se fait radicalement plaisir avec un argument à la Peggy Sue got married (Coppola) : une femme mûre se retrouve projeté au temps de son adolescence.

Contrairement à la plupart des films traitant du sujet des voyages dans le temps, Camille redouble ne s'attarde pas trop sur les éternels paradoxes tournant autour de la possibilité de changer le destin. Son intérêt réside plus dans le décalage subtil entre le personnage de Camille, qui garde son corps d'adulte et sa maturité, et son environnement. Le dispositif est sur le papier totalement absurde, et pourtant on y croit à fond, tellement le sujet est bien traité au niveau des sentiments. Noémie Lvovsky réussit l'exploit de nous faire croire que ses copines de l'époque la voit jeune, alors que nous la voyons agée.

Ajoutons que ce film admirable parvient à nous faire passer de francs éclats de rire à de gros sanglots compulsifs en quelques secondes, par la grâce d'une approche qui est souvent tendre et poétique. Camille, qui sait quel jour et à quelle heure sa mère va mourir, enregistre sa voix pour s'en souvenir, et c'est tout simplement bouleversant.

Si je ne vous ai pas encore convaincu, je finirai par évoquer une nostalgie des années 80 délicieuse (ah, le vieux T-shirt des Clash !) et une pléiade d'acteurs assurant des seconds rôles à casser la baraque : Yolande Moreau, Jean Pierre Léaud, Mathieu Amalric (en prof pervers), Michel Vuillermoz, Denis Podalydès.

Camille redouble va rendre l'automne souriant et ensoleillé, profitez-en.

 

4e

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