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Christoblog

Fausta

Magaly Solier. Jour2fêteQue dire à propos de Fausta ?

Factuel : ce film a obtenu l'Ours d'or à Berlin (succédant à The Wrestler).

Esthétique : c'est probablement d'un point de vue visuel le plus beau film que j'ai vu depuis....que je tiens ce blog. Le nombre de plans d'anthologie est de l'ordre de la trentaine. Le travelling arrière sur le bateau et le tunnel est ce que j'ai vu de plus beau cette année.

Réaliste : si avant d'aller voir le film, on m'avait dit à quel point je me ferais chier pendant (en partie) je n'y serais pas allé. Si on m'avait dit à quel point son charme vénéneux pouvait être proche de celui de Mulholand Drive (dans un genre tout différent) j'y aurais couru.

Tiers mondiste : pour voir ce Lima là.

Médical : comment une pomme de terre enfoncée dans le vagin peut elle germer sans lumière ? (Vous allez me dire les pommes de terre dans les caves germent aussi).

Révolutionnaire : si vous voulez en savoir plus sur le Sentier Lumineux, n'allez pas voir ce film.

Scénaristique : le film est plus retord que sa trame linéaire semble le dessiner. Repensez y après l'avoir vu.

Ethnographique : des mariages comme ça, hein, vous saviez que ça existait ?

Mélomane : vous pensiez que des mélodies pareilles pouvaient être chantées ?

Midinette : elle a quelque chose cette actrice vous trouvez pas ? Pendant 90 % du film on dirait une huitre, mais LE moment où elle sourit, c'est BON, non ? Ca libère.

Et si tout simplement Berlin était plus audacieux que Cannes ?

 

3e

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Amerrika

Voilà typiquement le genre de film sympa auquel il est difficile de résister.

Une famille palestinienne est d'abord filmée en Palestine. Le mur (vision saisissante de cette horreur). Les contrôles israeliens haineux, mille fois montrés mais toujours aussi pénibles. Paysages désertiques. On y est vraiment, et sans la langueur traditionnelle des films proche-orientaux, ici le montage est rythmé.

Par un bonheur inespéré, la maman et son fils peuvent partir aux US rejoindre de la famille : contrastes en pagaille. Chaud / froid. Fantasme / réalité. Gay à cheveux bleux / mamma orientale.

Le film prend alors un rythme de croisière pas désagréable mais d'où toute surprise notable est exclue. Les méchants sont méchants (esquissés seulement), le gentil est gentil (et sauve la réputation de l'Amérique : le proviseur).

Les USA viennent d'envahir l'Iraq, cette famille palestinienne (et même pas musulmane) va se faire donc traiter d'Oussama comme il se doit par les red necks. Finalement une situation assez peu montrée, sauf dans les séries (je pense à 24 heures chrono).

Le plus intéressant dans le film, c'est la façon dont la famille d'accueil se délite. La performance de l'actrice principale tient la baraque : moins sculpturale et explosive que Ronnie Elkabetz, plus ronde, mais avec autant de pêche.

 

2e

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L'illusionniste

Affiche américaine. Michael London ProductionsJe ne me souviens pas trop du moment ou L'illusionniste est sorti. Il me semble peu de temps après Le prestige, un autre film sur le même milieu. Je confondais d'ailleurs un peu les deux, n'ayant pas vu le Prestige non plus.

Sur DVD ce qui frappe en premier lieu ce sont les couleurs volontairement jaunies, le flou hamiltonien et la reconstitution toute hollywoodienne de la Vienne du début du siècle. Tout ce décorum fait un peu toc.

L'histoire d'amour adolescente est tournée de façon vraiment mièvre. Lorsque Eisenheim commence ses tours l'intérêt montre d'un cran, mais malheureusement les numéros ne sont pas assez développés à mon goût.

Norton n'est vraiment pas un acteur que j'apprécie, je le trouve totallement insipide. Il l'est toutefois moins que Jessica Biel, absolument transparente. La bonne surprise vient de Paul Giamatti, changeant radicalement de monde après Sideways, mais toujours aussi "terrien", et accrochant l'intrigue à quelque chose de crédible.

Le film apparaît seulement sur sa fin comme un long prologue destiné à conduire à un twist insensé et diabolique, et dont le policier prend conscience grâce à une succession de flash backs très rapides, exactement comme à la fin de Sixième sens. Mais n'est pas Shyalaman qui veut.

 

1e

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Departures

Regent ReleasingIl faut bien le dire, c'est un peu parce que Departures avait emporté l'Oscar du meilleur film étranger au nez et à la barbe de Entre les murs (et de Valse avec Bachir) que j'ai eu envie de le voir.

L'histoire est celle d'un jeune japonais, joueur de violoncelle pas assez doué pour faire carrière à Tokyo, qui retourne dans sa province natale. Il va trouver un peu par hasard un travail dont personne ne veut, car il est tabou au Japon : préparer les cadavres avant leur mise en bière. Il va d'abord l'exercer sans le dire à sa femme, puis ... il va se passer plein de choses, et ce n'est pas le moindre des mérites de ce superbe film que de nous emmener à travers une histoire pleine de rebondissements.

Vous allez me dire, brrr, comme sujet on trouve plus joyeux. C'est vrai en principe, mais Six Feet Under, pour les connaisseurs, a largement prouvé que les histoires de croques-morts peuvent être captivantes, marrantes, et même sexy.

Le film a ceci d'étonnant qu'il multiplie les changements de ton : pendant toute la première heure du film, les rires fusent d'ailleurs dans la salle. A la fin, ce sont plutôt les sanglots retenus et les reniflements discrets qui prédominent, mais sans que le pathos soit sur-exploité, c'est simplement l'histoire qui atteint une densité exceptionnelle dans la deuxième partie.

Le film doit beaucoup aux remarquables acteurs. Le jeune héros est d'abord à la limite du burlesque, puis il s'opacifie, gagne en profondeur tout au long du film. Sa femme, petite souris inexistante, va elle-même profondément évoluer. Le patron est formidable de hiératisme patibulaire, et tous les seconds rôles sont parfaits.

La vie provinciale japonaise est superbement montrée, dégageant une belle impression Tsutomu Yamazaki. Metropolitan FilmExportde naturalisme et de symbolisme à la fois. L'intérêt des scènes de mise en bière, documentaires au début, pittoresques au milieu, romanesques vers la fin, est sans cesse renouvelé.


Mais la qualité ultime du film est dans la perception qu'il donne de l'éternel sujet vie/mort, décliné très subtilement à travers de nombreux sujets (printemps/hiver, animal/végétal, mort des parents / abandon des enfants). Il montre d'une manière bouleversante l'emprise de l'amour sur la mort.
Departures a rencontré un grand succès au Japon, et a gagné fort justement de nombreux prix internationaux avant de triompher à Los Angeles.

Un film magnifique, à découvrir immédiatement.

4e

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Etreintes brisées

Ce n'est probablement pas avec ce film qu'Almodovar pouvait espérer gagner la Palme d'Or. Il n'est pas mauvais, ce n'est simplement pas le plus abouti de son auteur, loin de là.

Moins alerte que Volver, moins complexe que La mauvaise éducation, moins intense que Parle avec elle, Etreintes brisées souffre un peu d'anémie.

On s'intéresse d'assez loin aux personnages, sans que je sache bien expliquer pourquoi : peut être sont ils un peu trop caricaturaux dans leur ensemble à l'image du fils gay Ray X, et même dans une certaine mesure du personnage de Lena elle-même.

De temps à autre, Almodovar, qui semble globalement tourner ce film avec le frein à main serré, se lâche et redevient un immense cinéaste le temps d'une scène (lorsque Pénélope "double" son propre personnage projeté sur l'écran par exemple, une scène sublime, ou lors des travelling latéraux entre Harry et celui qu'il ne sait pas être son fils, ou en filmant simplement des draps). 

Un petit creux relatif donc à mon sens dans la carrière de l'espagnol, en forme d'hommage passionné à Penelope Cruz, et un peu limité par cela peut-être. Pedro devrait peut-être se ressourcer en allant voir ailleurs et autre chose, comme Woody Allen l'a fait en allant tourner 3 fois en Angleterre, puis une fois en Espagne. Almodovar à New York, ça aurait de la gueule, non ?

A voir quand même bien sûr, ne serait-ce que pour Penelope en blonde.

 

3e

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The president's last bang

Bénéficiant d'une très belle édition DVD chez Potemkine voici l'occasion de découvrir un film dont on a dit beaucoup de bien, par Im Sang-soo, le réalisateur d'Une femme coréenne et du Vieux Jardin.

Le thème du film est la reconstitution de l'assassinat du président/dictateur Park Chung-hee en 1979. Il montre la journée avant, puis la nuit suivant le crime.

Tout d'abord, et comme dans beaucoup de films coréens on est fasciné par la qualité technique de la production : mise en scène, photo, jeu des acteurs. Ensuite surpris par la première demi-heure, un peu pagailleuse, passant d'un personnage à l'autre sans que l'on comprenne bien ce qui se passe, ni qu'on s'attache aux personnages. La scène du crime est assez ahurissante, l'assassin (directeur de la CIA coréenne si je ne m'abuse) se décidant semble-t'il sur un coup de tête, entraînant ses collaborateurs dans un plan dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est complètement foireux. La dernière partie, qui montre les suites de l'assassinat est dans la même veine surréaliste, le meurtrier n'a rien anticipé et vogue à vue, ses aides ne savent plus quoi faire et tournent en rond dans la ville déserte, le conseil des ministres se réunit dans une ambiance délétère. On se croirait dans un drame shakespearien revu en opéra-bouffe.

Comme dans beaucoup d'autres films coréens, les personnages masculins sont tournés en ridicule et se révèlent incapables, quelque soit leur niveau : du général qu'on découvre en slip, jusqu'au trouffion qui ne connaît pas son chef et au garde du corps qui hésite à partir. Truffé de scènes tout à fait étonnantes et originales (comme le nettoyage des cadavres à la mitraillette, ou de longs et somptueux travellings), The president's last bang est une curiosité à découvrir.

Le coeur a un peu de mal à s'impliquer dans la narration, mais la tête y trouve son compte.

 

2e

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