Conversation secrète
Palme d'or à Cannes en 1974, ce film du tout jeune Francis Ford Coppola est une leçon de cinéma sur le thème de la paranoïa.
Conversation secrète débute comme un film d'espionnage : le détective Harry Caul, joué par Gene Hackman, spécialisé dans les écoutes téléphoniques, nous est tout d'abord montré en pleine action, en train d'épier la conversation d'un couple.
Il acquiert rapidement le sentiment qu'un danger de mort menace ces deux-là, et renonce à livrer la teneur de leur conversation (on découvre qu'il a été responsable dans le passé de l'assassinat de toute une famille).
Mais le danger existe-t-il vraiment ? Les inquiétudes de Harry ne sont-elles pas le fruit de son imagination ?
Coppola nous égare avec brio dans un dédale de plans d'une virtuosité sans égale. Le personnage d'Harry, seul et mutique, semble se mouvoir dans un monde à double fond, à l'image de la multitude d'écrans et de surfaces transparentes qui l'environnent. Le film est oppressant, et génère une claustrophobie mentale, dont seule la musique jazz semble pouvoir permettre au héros de s'échapper.
Un grand moment de cinéma. Si certaines parties sont un peu longues, l'impression de spleen diffus que dégage Conversation secrète mérite de revoir cette oeuvre cinquantenaire, dont la maîtrise fascine encore aujourd'hui.