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Christoblog

Le jeu de la reine

Etonnant film en costume, Le jeu de la reine parvient à donner à une trame historique (le portrait de la dernière femme de Henry VIII, Catherine Parr) une tonalité tout à fait contemporaine, thriller politico-féministe à haute tension, parfois sidérant de réalisme cru.

Nous sommes en effet ici spectateurs d'intrigues autour du pouvoir comparables à celles que l'on a pu voir récemment dans une série comme Succession, sauf qu'ici la moindre faute peut se payer par ... une décapitation. 

Alicia Vikander est parfaite en épouse résolue à être plus intelligente que ceux qui la menacent, et Jude Law nous tétanise par son mélange de cruauté désinhibée et de fausse douceur.

Karim Aïnouz confirme ici son nouveau statut de grand cinéaste : Le jeu de la reine parvient à être à la fois beau, intrigant et séduisant. J'ai particulièrement apprécié la direction artistique, la photographie précise et évocatrice d'Hélène Louvart et le découpage alerte du film, qui lui confère une surprenante aura de contemporanéité.

Karim Aïnouz sur Christoblog : La vie invisible d'Euridice Gusmao - 2019 (****)

 

3e

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Concours Les filles vont bien : Gagnez 2 DVD

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 2 exemplaires du DVD du film du très bon film d'Itsaso Arana, Les filles vont bien.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : de quel réalisateur espagnol Itsaso Arana est-elle l'actrice fétiche ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 3 avril, 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des deux DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Smoke sauna sisterhood

Ils sont rares les documentaires qui trouvent le chemin des écrans français !

Il est donc très agréable de voir ce très beau film de l'Estonienne Anna Hints sortir en salle, même si c'est dans une configuration de salles extrêmement réduite.

Dans les "saunas sacrés" d'Estonie (qui n'ont rien de religieux au sens classique du terme), les femmes de tous âges et de toutes conditions parlent de tous les sujets qui peuvent les concerner : amour, maladie, violences, viols, mariage, deuil, maternité, avortement.

La caméra de la réalisatrice s'attardent sur les corps des femmes, mais jamais sur leur visage : le film est d'une grande sensualité, jamais inquisitrice ou érotique, mais rendant une sorte d'hommage formel à une féminité éternelle.

De temps à autre les femmes sortent de la cabane/sauna pour se baigner dans l'eau glacée ou uriner, en pleine nature. Ces parenthèses apportent une respiration entre les séquences de conversations, parfois très intenses.

Le sentiment général que procure le film est donc double : d'un côté on vit une immersion dans une réalité estonienne très exotique, de l'autre on a l'impression d'entrer dans un temple dédié à la féminité éternelle.

Une expérience à ne pas rater.

 

3e

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Tiger Stripes

Ce petit film a tout pour susciter le coup de coeur : une réalisatrice malaisienne (c'est rare), un propos gentiment insolent vis à vis des autorités (religion, pouvoir) et un aspect bricolé sympathique, à la limite du do it yourself.

Son problème, c'est d'arriver après beaucoup de films récents qui ont largement exploré la question de la transformation du corps adolescent : on pense à Grave,  au formidable Teddy et au consensuel Le règne animal. Les tentatives maladroites de la réalisatrice Amanda Nell Eu apparaissent du coup un peu vaines  : on a l'impression d'avoir déjà vu les mêmes effets cent fois, en beaucoup plus convaincants (les poils et les griffes qui poussent, etc). 

Tiger stripes recycle aussi d'autres influences asiatiques sans trouver sa voie propre. On croise ainsi les yeux rouges façon Weerasethakul et d'inquiétants phénomènes de possession qui rappelle le cinéma d'horreur japonais tendance Ring.

Le (petit) intérêt de ce film bric-à-brac réside à mon sens dans sa première partie. Il n'est pas si courant de s'immerger dans la jeunesse d'une société asiatique musulmane au cinéma.

La fin de Tiger stripes est un fourre-tout peu maîtrisé qui tente de mélanger burlesque, critique sociale et effroi. La tentative est ratée, le propos peu subtil et l'impression générale que m'a laissé ce final est celui d'un travail à la fois peu original et bâclé.

  

1e

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The sweet east

Sean Price Williams était jusqu'à présent connu comme directeur de la photographie, ayant travaillé notamment pour les frères Safdie.

Son premier film en tant que réalisateur est une comédie complètement barrée, qu'on appréciera différemment selon sa plus ou moins grande capacité à accepter l'improbable et à apprécier les coq-à-l'âne loufoques.

The sweet east commence par de grossières images de portables relatant un classique voyage scolaire. Il se poursuit par une fête de punks, un séjour chez un personnage inquiétant à tendance fascisante (le toujours parfait Simon Rex), un tournage de western qui finit en massacre, une immersion involontaire dans une communauté religieuse puis dans une organisation terroriste.

Le film ne cherche aucune vraisemblance mais trouve son équilibre dans la véracité psychologique de son héroïne, jouée par une excellente Talia Ryder (Never rarely sometimes always), véritable Candide ou Alice moderne traversant le miroir de l'Amérique contemporaine.

Un film frais, parfois jouissif, qui propose un voyage découverte plein d'inventions dans les marges US.

 

3e

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Eureka

Le nouveau film du très intellectuel Lisandro Alonso se compose de trois parties fort distinctes.

La première est un vrai-faux western mettant en scène Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni, tourné en noir et blanc. Le propos n'a quasiment aucun intérêt, et j'ai supposé que le but de cette ouverture était de montrer comment les Indiens étaient relégués au second plan dans la vision que le cinéma a longtemps proposé.

La seconde partie passe sans transition à l'errance nocturne d'une policière autochtone au Dakota, et du portrait de sa jeune nièce. Cette partie est très belle, distillant une atmosphère oitée (une tempête de neige fait rage) et un sentiment très prenant de contempler ce que la vie peut proposer de plus brut. Il y a dans les images d'Alonso un petit peu de la façon de filmer de Weerasethakul, la magie semblant pouvoir affleurer à tout moment d'images parfois sordides. 

La troisième partie nous téléporte en Amérique du Sud, dans la forêt amazonienne, où nous suivons un groupe d'Indiens qui se racontent leur rêve, puis un des protagoniste en particulier, qui s'enfuit pour devenir l'employé d'un chercheur d'or sans scrupule. Cette troisième partie m'a quant à elle fait penser au cinéma de Kelly Reichardt, façon Old joy ou First cow. Je me suis ennuyé ferme, ne percevant que formalisme compassé là où je ressentais, dans la partie précédente, une exaltation sensorielle. Je n'ai pas compris grand-chose à ce que je voyais, jusqu'à un dernier plan aussi beau qu'abscons.

Le tout est très lent, long et conceptuel. Si la démarche est un peu moins prétentieuse que celle d'un Albert Serra ou d'un Bela Tar, elle reste tout de même très exigeante.

Au final, je ne conseille que la seconde partie du film, soit moins de la moitié.

Lisandro Alonso : Jauja - 2015 (*)

 

2e

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Inchallah un fils

Très belle découverte de la Semaine de la Critique 2024, ce premier film jordanien est absolument captivant.

Inchallah un fils est bâti sur le même modèle que le meilleur du cinéma iranien : un scénario aux petits oignons qui évite tous les pièges, une mise en scène à la fois élégante et discrète, et une interprétation excellente de tous les acteurs et actrices (y compris, et peut-être surtout les rôles secondaires). Ce formidable suspense psychologique respire l'intelligence à tous les niveaux.

Le magnifique personnage principal, joué par l'actrice palestinienne Mouna Hawa, nous captive du premier plan au tout dernier. Nawal devient le temps de deux petites heures notre amie, et même peut-être notre soeur (on a tellement envie de remplacer sa chiffe molle de frère !). On l'admire, on s'inquiète pour elle, elle nous énerve parfois, on a envie de la conseiller : c'est un vrai et beau personnage de femme, comme le cinéma en propose rarement.

Evidemment, le réalisateur Amjad Al Rasheed ne se contente pas de nous offrir un drame familial subtil et délicat, il dresse aussi un tableau tout en nuance de la société jordanienne contemporaine, dont on ne parle finalement jamais en Europe. C'est donc aussi un des mérites du film de nous faire découvrir cette société assez ouverte, dans laquelle la population pratique un islam tolérant qui n'a pas d'équivalent dans la région - même si la condition de la femme n'y est pas, comme le film le montre, satisfaisante.

C'est vraiment le film sympa et efficace à ne pas rater en ce début d'année, il n'y en aura plus beaucoup d'aussi bon avant Cannes.

 

4e

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Le ravissement

Pour son premier film, Iris Kaltenbäck frappe fort.

Dès les premières images, l'histoire de Lydia, entrevue depuis le bus conduit par Milos, nous happe.

A quoi peut tenir ce sentiment d'hyper réalité qui nous serre alors la gorge et ne nous quittera plus ? Peut-être à une mise en scène épurée, une photographie un peu grise, un montage au cordeau... mais surtout à l'interprétation magistrale d'Hafsia Herzi. C'est peu dire que cette dernière est de nouveau renversante : tour à tour sage-femme dévouée, jeune femme dépitée au visage marqué, amoureuse décidée, sombre amie soumise à la tentation.

Hafsia Herzi est ici comme un paysage mental qui semble creuser l'écran. Ses tourments affleurent au moindre tremblement, ses gestes sont lourds tant elle est semble lasse de vivre, ses regards obliques aux paupières lourdes nous transpercent. 

Autour d'elle, le reste du casting joue une partition parfaite : Alexis Manenti exprime dans son jeu une densité comparable à celle de  sa partenaire, alors que Nina Meurisse excelle dans un rôle difficile de copine en proie à une sévère dépression post-partum.

La réalisatrice fait preuve d'une grande maestria quand il s'agit de filmer les émotions (superbe scène finale à l'hôtel) ou les scènes de groupe (la famille de Milos) : il y a du Cassavetes et du Kechiche dans sa façon de filmer frontalement l'expression des sentiments les plus intenses, dans un style qui rappelle certains documentaires.  

Une cinéaste dont on entendra à nouveau parler, c'est certain.

 

4e

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Vivants

Alix Delaporte est une cinéaste qui possède une belle sensibilité. Son premier film, le très beau Angèle et Tony, en est le meilleur exemple.

Malheureusement, ce talent naturel peine à trouver un scénario digne d'être filmé.

Vivants est en effet un gloubi-boulga de thématiques diverses dont on peine à distinguer laquelle est le véritable sujet du film : coup de foudre d'une jeune femme pour un homme cinquantenaire (c'eut été un vrai défi de développer ce point dans le contexte actuel), portrait d'une profession très spécifique, réflexion sur les lois du marché qui prévalent dans l'audio-visuel d'aujourd'hui, éloge de l'esprit d'équipe, récit d'apprentissage et de transmission, et j'en oublie probablement.

Le souci, c'est que le film ne réussit vraiment dans aucune de ces catégories, du fait de la grande confusion de son script et aussi par la faute d'un manque de moyen qui nuit à l'évidence au film (je pense aux scènes de déroulant en Afrique, ou à la scène de la girafe).

Je ne met pas la note la plus basse pour une raison : l'actrice Alice Isaaz, que je ne connaissais pas, est absolument rayonnante, et sa relation avec Roschdy Zem est tout à fait crédible.

Alix Delaporte sur Christoblog : Angèle et Tony - 2010 (***) / Le dernier coup de marteau - 2014 (**)

 

2e

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Le cercle des neiges

Pas grand-chose à dire de positif ou de négatif à propos de ce film de Juan Antonio Bayona, qui met ici en oeuvre le même savoir-faire pour filmer les catastrophes que dans The impossible.

Le film est une reconstitution assez efficace de la fameuse histoire bien connue de l'équipe de rugby uruguayenne échouée dans la cordillère des Andes en 1972. On attend pendant une bonne partie du film les premières scènes de cannibalisme, qui sont traitées avec pudeur et intelligence.

Quelques séquences parviennent à être réellement spectaculaires (celle de l'avalanche par exemple) et globalement le film vaut surtout pour ses extraordinaires décors naturels. Pour le reste, c'est du très classique et les destins individuels des différents passagers ne nous émeuvent pas beaucoup.

Juan Antonio Bayona sur Christoblog : The impossible - 2012 (**)

 

2e

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La salle des profs

Contrairement à la majorité des commentateurs, je n'ai pas vraiment apprécié le film d'Ilker Çatak.

Si ce tableau d'une professeur allemande d'origine polonaise est assez bien réalisé, j'ai trouvé le contenu qu'il propose trop programmatique pour être convaincant.

Ce film est en effet régit par une règle stricte : chaque personnage, défini en début de film en fonction de ses caractéristiques socio-culturelles, ne variera pas de trajectoire tout au long de l'histoire, rendant chaque péripétie hautement prévisible.

La jeune prof restera donc enfermée dans des idéaux qui l'amène à prendre mauvaise décision sur mauvaise décision, ses collègues sont cantonnés dans le rôle d'égocentriques mesquins et brutaux, la direction est quant à elle réduite à un désengagement prudent, l'assistante sociale à une présence compatissante et silencieuse, alors que les élèves qui éditent le journal seront jusqu'au bout des Robespierre sans scrupules.

Dans la classe, la répartition des rôles est aussi fixée dès le début et ne bougera plus, incluant le jeune harceleur blond comme un petit fasciste, et bien entendu au fond de la classe. Le personnage le plus emblématique de ce casting amidonné est la victime de la dénonciation, condamnée à errer dans les plans du film comme une âme au purgatoire : les cheveux toujours mouillés, le regard vague et la hargne douloureuse.

Puisque Çatak se place délibérément dans le champ du thriller psychologique et moral, il est impossible de ne pas comparer son film à ceux d'Asghar Farhadi ou à Anatomie du chute, d'autant plus que les points communs avec ce dernier sont nombreux (quasi huis-clos, indécision sur la réalité des faits, confrontation de plusieurs points de vue sur des questions d'ordre moral). La comparaison n'est pas à l'avantage du film allemand, tant le film de Justine Triet est infiniment plus nuancé dans son propos, permettant à ses personnages d'évoluer au grè des péripéties, et au spectateur de traverser de nombreux états de conscience différents.

Ici, le film n'inspire finalement qu'un seul sentiment, la consternation de voir cette pauvre prof isolée s'enfermer elle-même dans un écheveau d'erreurs évitables. J'en ai ressenti une certaine frustration, accentuée par le fait que le scénario n'évite pas certains poncifs lourdingues (le Rubik's cube...).

Faites vous donc votre propre idée. 

 

2e

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Bye Bye Tibériade

Bye bye Tibériade commence timidement. On ne sait pas trop vers où veut aller le film, et on se dit qu'il y va bien lentement.

Mais petit à petit, les éléments se mettent en place. On décode petit à petit les images qui relèvent d'archives historiques, celles qui sont issues de films familiaux, et on s'intéresse enfin à cette étrange relation entre quatre générations de femmes palestiniennes : la réalisatrice Lina Soualem, sa mère l'actrice Hiam Abbas, sa grand-mère et son arrière grand-mère.

Un des intérêts du film est d'entremêler subtilement les thématiques : l'exil palestinien (la naqba), l'attachement aux lieux, le poids des traditions, le désir d'émancipation par le théâtre, la sororité, le souvenir et la nostalgie. Tous ces éléments se marient à travers une grande variété de séquences, dont celles se déroulant en Cisjordanie sont les plus fortes.

Hiam Abbas dégage un charisme puissant. Ses propos sont principalement consacrés à son enfance, laissant dans l'ombre à peu près toute sa vie post-Palestine : elle apparait ainsi nimbée d'une sorte de mélancolie décidée qui dégage un puissant charme.

Une réussite délicate qui donne envie de suivre le travail futur de la réalisatrice.  

 

2e

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Le dernier des Juifs

Ce premier film de Noé Debré (réalisateur et scénariste facétieux de la série Parlement) est à moitié réussi.

Ce portrait du jeune Bellisha et de sa mère, derniers Juifs de leur quartier et qui hésitent à le quitter, est parfois amusant, et souvent un peu ennuyeux.

Bellisha ment comme il respire, par faiblesse la plupart du temps, mais aussi pour protéger sa mère, gravement malade. La manière dont il fuit constamment la réalité génère chez le spectateur un certain inconfort, égayé de loin en loin par un subtil décalage et quelques scènes attendrissantes.

C'est trop peu pour conseiller ce film modeste qui tente avec difficulté de se maintenir sur une ligne de crête poético-humoristique très étroite, bordée d'un coté par un océan de mièvrerie, et de l'autre un lac d'inconsistance.

Il faudra apprécier la sensibilité pince sans rire de Noé Debré dans un autre contexte, et la voir se déployer sur la base d'un scénario plus dense. 

 

2e

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Dune : deuxième partie

La première partie de Dune m'avait laissé un sentiment mitigé : certains parti-pris esthétiques de Denis Villeneuve ne m'avaient pas convaincus, et je trouvais Thimothée Chalamet un peu tendre pour le rôle de Paul Atreides.

La deuxième partie lève une grande partie de ces doutes.  

La mise en scène est cette fois-ci tout à fait convaincante. Villeneuve parvient d'abord à donner à voir toutes les dimensions de l'histoire racontée (sensorielle, mystique, philosophique, morale) en multipliant les changements d'échelle (du très gros plan sur un objet ou un détail jusqu'au plan hyper large) et changeant constamment de rythme (effréné pour certaines scènes d'action, ralenti pour générer du suspense ou de la réflexion).

La direction artistique est aussi particulièrement réussie, avec une mention spéciale pour les décors brutaliste de Giedi Prime et l'utilisation astucieuse du noir et blanc. Le sietch Tabr est aussi très beau.  

Thimothée Chalamet donne de l'épaisseur à son rôle et parvient même à être crédible lors des scènes de combat, qui sont à la fois courte et joliment chorégraphiées. Le reste du casting est lui aussi parfait, d'un Javier Bardem excellent en disciple énamouré à la composition saisissante d'un Austin Butler qui fait ici oublier qu'il a été récemment un très bon Elvis.

Dune : deuxième partie est un excellent divertissement, auquel je reprocherais juste quelques raccourcis inappropriés dans la narration et une représentation des prémonitions de Paul toujours un peu niaise. C'est peu de choses au regard des nombreuses qualités du film.

Denis Villeneuve sur Christoblog : Incendies - 2010 (***) / Prisoners - 2013 (**) / Sicario - 2015 (***) / Premier contact - 2016 (****) / Blade runner 2049 - 2017 (*) / Dune - 2021 (**)

 

3e

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L'empire

Au début du film, tout semble frais et mystérieux. Ce qui est proposé à l'écran a des airs de "jamais vu".

J'ai adoré cette poésie diffuse qui sourd des premiers plans, dans une ambiance fantastique et solaire. La première apparition du bambin divin est par exemple sidérante.

Malheureusement, le film, en quelque sorte aplati, ne sait pas thésauriser sur cette bonne entame et piétine rapidement, ressassant les mêmes recettes en boucle, tout en changeant brutalement de ton, oscillant entre burlesque et métaphysique,  grand spectacle et tableau naturaliste.

Lucchini est en roue libre (alors qu'il était bien dirigé dans Ma loute), les développements narratifs sont pauvres, les apparitions en guests de Carpentier et Van der Weygen n'apportent rien à l'histoire, et globalement le niveau d'ennui s'accroit de façon logarithmique pour atteindre son maximum absolu en fin de film.

Seules véritables satisfactions à mes yeux : la prestation incroyablement juste d'Anamaria Vartolomei et la beauté visuelle des effets spéciaux, qui parviennent à sublimer la lumière verticale des paysages du Pas de Calais.

Dernière remarque : le personnage de Lyna Khoudri est grotesque et son asservissement au personnage de Jony m'a mis mal à l'aise. Globalement la façon dont les rapports hommes / femmes sont montrés dans le film est étrangement brutale : pour simplifier, c'est la position du missionnaire en moins de deux minutes et basta cosi.

Décevant.

Bruno Dumont sur Christoblog : L'humanité - 1999 (****) / Flandres - 2006 (***) / Hors Satan - 2011 (*) / Camille Claudel, 1915 (**) /  P'tit quinquin - 2014 (**) / Ma Loute - 2016 (****) / France - 2021 (***)

 

2e

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Aller au festival de Cannes (pour les nuls) N°1

En tant que simple cinéphile, puis-je aller à Cannes pendant le festival, voir des films, et en particulier puis-je assister à la montée des marches des films en compétition ?

C'est à cette question à la fois simple et compliquée que je vais essayer de répondre.

 

Première approche

D'abord, si vous allez sur le site internet du Festival, vous constaterez vite que le spectateur lambda est dissuadé de se présenter sur la Croisette. La seule possibilité qui apparait est celle de "l'accréditation cinéphiles" dont vous trouverez le détail sur cette page. Après avoir créé un compte, il vous faudra fournir les éléments suivants : une lettre de motivation, une copie de pièce d'identité et une preuve que vous fréquentez assidûment les cinémas, par exemple en demandant à votre cinéma d'éditer la liste des films vus si vous avez une carte, ou en fournissant une preuve que vous avez une carte d'abonnement mensuel type UGC. Tout est assez bien expliqué sur le site. Une contribution de 24 euros est demandée dans le cadre de la politique environnement du festival. Je détaille plus bas le fonctionnement de l'accréditation Cannes Cinéphiles et les changements intervenus en 2023.

 

Les festivals de Cannes

Mais avant d'aller plus loin, il nous faut détailler les différentes sections. Le Festival de Cannes proprement dit, sous la houlette d'Iris Knobloch (qui a remplacé Pierre Lescure fin 2022) et Thierry Frémaux, comprend la célèbre Sélection officielle (Compétition, Hors compétition, Séances spéciales, Cannes premières), la section Un certain regard, ainsi que les sections moins courues comme Cannes Classics, Cannes Court métrage, le Cinéma de la plage. Géographiquement, toutes les projections du Festival "officiel" dont je parle ici ont lieu dans l'enceinte du Palais qui comprend plusieurs salles (Le Grand Théâtre Lumière, les salles Debussy, Bazin, Buñuel, Varda - cette dernière étant une salle amovible uniquement montée pour le Festival), à l'exception du Cinéma de la Plage dont les projections ont lieu... sur la plage Macé.

 

La Quinzaine des Cinéastes est une sélection totalement indépendante. Les projections ont lieu plus loin à l'est, au Théâtre Croisette (photo ci-contre), sous l'hôtel JW Marriott, entrée dans la rue Frédéric Amouretti.

La Semaine de la Critique, dont la sélection ne comporte que des premiers et deuxièmes films, se déroule encore plus loin sur la Croisette, à l'Espace Miramar, à l'angle de la rue Pasteur.

La programmation ACID est la dernière-née des manifestations, et la plus modeste. Les projections ont lieu principalement au cinéma les Arcades, 77 rue Félix Faure.

Tous ces lieux sont dans un périmètre de 15 minutes à pied autour du Palais.

 

Jamais sans mon badge

Quand vous marchez à Cannes, vous remarquez rapidement que les gens se promènent avec leur(s) badge(s) autour du cou en toute circonstance.

La première grande catégorie est constituée des badges Presse. Ils ont des couleurs différentes suivant l'importance du média, si j'ai bien compris, avec un code qui associe une couleur principale et une pastille qui peut être d'une couleur différente. Le badge blanc est ainsi exceptionnel, réservé aux big boss. Il y a des badges presse roses, bleus, jaunes (les moins prioritaires). Vous verrez ensuite des badges "Marché du film", réservé aux vendeurs, producteurs, acheteurs, et aussi des badges pour les techniciens et les photographes, tous d'une couleur particulière, qui varie selon les années.

Les badges Festivaliers professionnels sont les plus courants. Ils constituent le gros de la troupe, regroupant tous les professionnels du cinéma, qui viennent en masse au Festival. 

Et enfin, le badge Cannes Cinéphiles, modeste, dont nous allons parler en détail ci-dessous, et le seul que vous pouvez obtenir.

Si on veut compliquer un peu, il faut signaler qu'il est possible d'accrocher à son tour de cou un Pass Quinzaine des cinéastes ou Semaine de la critique, ou les précieux sésames qui donnent accès aux endroits où l'on fait la fête. Mais bon, je ne m'étends pas, c'est assez compliqué comme ça.

L'accréditation Cannes Cinéphiles sert-elle à quelque chose ?

Si vous êtes un quidam, le seul badge que vous avez une chance d'obtenir est le badge Cannes Cinéphiles.

4000 étaient attribués chaque année jusqu'en 2023. Pour ma part j'ai tout simplement rempli un dossier sur le site du Festival, en mettant en avant mon goût pour le cinéma à travers Christoblog et en transmettant un scan de ma carte UGC illimité (et aussi un relevé bancaire prouvant que j'ai bien payé un abonnement UGC illimité en janvier), ou désormais un relevé de mes séances produit par mon cinéma habituel. La demande est à faire en février (date limite 1er mars en 2024).

Vous recevez une réponse par mail, l'organisation est efficace. Le badge est à retirer à l'espace accréditation, à la gare maritime, à deux pas à l'ouest du Palais (ouverture 9h - 18h, 20h le premier jour). 

D'abord, douchons les enthousiasmes : Cannes Cinéphiles ne vous permet pas d'accéder facilement aux films de la sélection officielle dans le Grand Théâtre Lumière, dont ceux en compétition.

Pour ces derniers, avant de détailler d'autres méthodes d'accès plus bas, je précise tout de suite qu'il existe une queue "Accès Dernière minute" (ouverte pour toutes les séances mais qui ouvre un maximum de possibilités l'après-midi et à 22h), qui offre une possibilité aux badgés n'ayant pas obtenu de places d'entrer au Grand Théâtre Lumière quand il reste des sièges vides, mais l'accès n'est absolument pas garanti, et il arrive qu'aucune personne de cette queue ne soit autorisées à entrer. L'entrée de cette queue "Last minute" est à gauche quand on regarde les marches. Utile pour les réfractaires à la mendicité que je décrirai plus loin.

Tous les jours, à l'Espace Cannes Cinéphiles (il était à l'intérieur du Palais en 2023, près de la sortie Méditerranée) étaient distribuées jusqu'en 2021 des places pour 3 ou 4 séances du festival moins fréquentées mais parfois passionnantes : Cannes Classic, séance de minuit, et surtout master class de cinéastes. Parfois aussi quelques places pour des séance de la sélection officielle quand un groupe de scolaires a une défection.

 

La nouveauté 2021 : l'application billetterie

Depuis 2021 toutes les accréditations, Cannes Cinéphiles compris, doivent réserver leur places sur une application de billetterie en ligne spécifique au Festival, pour toutes les séances, quelque soit la section. Les billets sont envoyés par mail ou disponibles sur le site et se présente sous la forme d'un billet avec QR Code (photo ci-joint).

En 2023 l'accès aux séances de Un certain regard, la Quinzaine, la Semaine, ACID et reprise de la compétition dans les salles annexes, était relativement faciles par ce biais, y compris pour les Cannes Cinéphiles (sauf pour quelques séances exceptionnelles, particulièrement courues). 

En ce qui concerne les films en sélection officielle (en particulier la compétition), c'est plus compliqué. La probabilité que vous obteniez, en tant que Cinéphiles, des places pour la projection d'un film dans le Grand Théâtre Lumière par ce biais est assez faible (je dirais que j'en ai obtenu en moyenne une sur dix demandes environ). C'est pour les séances du matin, qui reprennent les films de la veille que vous avez le plus de chance, et pour les films très longs qui effraient le public (Nuri Bilge Ceylan ou Wang Bing en 2023 par exemple). 

Vous pourrez par contre voir facilement les films de la compétition lors des projections dans les salles annexes (mais dans ce cas vous ne verrez jamais les équipes de film) : les Arcades au centre ville, que je vous conseille, le Studio 13 un peu plus loin dans une ambiance MJC qui détonne un peu (20 minutes à pied, ou bus 1, 2 et 20 arrêt Médiathéque), la Licorne (bus 1, 2 ou 20, arrêt Mairie Annexe), le Raimu à la Bocca (bus 1, MJC Ranguin, plus loin), le théâtre Alexandre III, à l'est de Cannes (19 boulevard Alexandre III, accessible à pied du Palais), et enfin depuis 2021 dans les magnifiques et immenses salles du Cineum de Cannes La Bocca. Un bus navette relie gratuitement le Palais au Cineum pour ceux qui ont un badge (il faut télécharger le QR code sur son compte).

En conclusion, le badge Cinéphiles vous permettra de voir beaucoup de films durant votre séjour, mais si vous souhaitez vous immerger dans le coeur vital du Festival que constituent les projections de la sélection officielle dans le Grand Théâtre Lumière, et donc assister aux montées des marches, il vous faudra adopter une stratégie particulière que je détaillerai dans l'article suivant.

Avoir un truc rectangulaire qui pendouille sur sa poitrine à Cannes est donc quasiment indispensable pour se fondre dans la masse et procure un avantage psychologique certain sur celui ... qui est tout nu !

Je vous conseille donc fortement de tenter d'obtenir une accréditation Cannes Cinéphiles. Sans cette dernière, les moyens de voir des films est très limitée : obtenir une invitation bleue, ce qui est rare (j'en parle dans l'article suivant), acheter des billets à la Quinzaine, obtenir les quelques places gratuites octroyées à la Semaine et prendre des places dans les salles annexes en créant un compte "grand public", dont le fonctionnement n'est pas très fiable.

Si on résume :

  Films de la sélection officielle dans le Grand Théâtre Lumière Films de la sélection officielle dans les salles "annexes" Films des sections parallèles (Quinzaine, Semaine, ACID)
Avec accréditation Cannes Cinéphiles

Très difficile par la billetterie 

Alternatives :

- accès dernière minute
- quémander une place 
- obtenir une invitation bleue
- exceptionnellement quelques invitations à glaner à l'espace Cinéphiles

Très facile par la billetterie 

 

Possible par la billetterie, suivant les séances, dans les salles principales de chaque section (ne pas hésiter à consulter souvent l'appli billetterie).

Très facile par la billetterie dans les salles annexes

Sans rien

Invitation "bleue" seulement

Alternative :

- Quémander une place ET rentrer avec un "badgé"

 

Possible en créant un compte "grand public" sur le site du Festival (mais l'utilisation de la billetterie n'est pas simple) Achats de billets à la Quinzaine, quelques places offertes à la Semaine (dans le kiosque près de la salle : se renseigner) et parfois à l'ACID (le local est à la Malmaison, avec ceux de la Quinzaine)

 

Voir aussi :

Aller au Festival de Cannes pour les nuls #2

Aller au Festival de Cannes pour les nuls #3

Pour les 18/28 ans, un zoom sur le Pass 3 jours à Cannes : Aller au Festival de Cannes pour les nuls #4

 

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