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Christoblog

Un beau soleil intérieur

Le cinéma de Claire Denis peut être agaçant.

L'association de son écriture si particulière à la plume de Christine Angot rend le scénario de Un beau soleil intérieur un peu bancal, et produit des dialogues souvent horripilants.  

Répétitions et ellipses, manque de naturel, sentiment généré d'entre soi et d'élitisme, les mots que Angot met dans les bouches des personnages sont rarement beaux, mêmes s'ils sont parfois frappants.

Ce qui sauve finalement le film ce sont les performances d'acteurs. Juliette Binoche est exceptionnelle de virtuosité, Xavier Beauvois parfait en goujat lubrique, Gérard Depardieu très convaincant en voyant inspiré, Nicolas Duvauchelle glaçant en torturé distant. Même les petits rôles, comme celui qui échoit à l'impayable Philippe Katerine, sont délicieusement croqués.

La caméra de Claire Denis est parfois très inspirée, et Un beau soleil intérieur est donc plutôt agréable à regarder.

Le film plaira donc aficionados de Juliette Binoche, à ceux de la réalisatrice et plus généralement aux amateurs de scénario décalé et de dialogues énervants.

Claire Denis sur Christoblog : Les salauds - 2013 (**)

 

2e

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Concours Le sens de la fête (Terminé)

A l'occasion de la sortie le 4 octobre du nouveau film du duo Toledano / Nakache, je vous propose de gagner 5 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Quel acteur présent dans Le sens de la fête a déjà tourné deux films avec les réalisateurs ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 8 octobre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

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The night of

Dans l'univers feutré et un peu confidentiel des mini-séries (sont-ce des films à rallonge ou des séries avortées ?) The night of s'impose comme un must-see.

Le pitch est pourtant d'un classicisme inquiétant : un jeune pakistanais très propre sur lui, après une soirée arrosée, se réveille aux côtés d'une jeune fille poignardée à mort. Il ne se souvient de rien.

La série aurait pu se contenter d'égrener les constats éculés : le racisme, c'est pas bien, et les médias devraient faire leur boulot. Au lieu de cela, les scénaristes nous font douter nous-mêmes de la culpabilité de Naz, et c'est bien plus subtil. Le sage jeune homme s'avère devenir lors de son incarcération provisoire un criminel sans état d'âme. Et si finalement, il était bien l'assassin ? 

L'acteur Riz Ahmed est excellent, et vient à juste de titre de remporter l'Emmy award du meilleur acteur dans une mini-série, mais The night of vaut aussi (et surtout) par la performance comme toujours sidérante de John Turturro, qui campe un avocat déclassé atteint d'une maladie de peau sur les pieds (beurk !) absolument irrésistible.

Aux manettes se trouve entre autres Richard Price, scénariste des saisons 3, 4 et 5 de Sur écoute, ce qui constitue un gage indubitable de haute qualité. A voir absolument.

 

4e 

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Concours DVD Personal affairs (Terminé)

A l'occasion de la sortie en DVD du film israelien Personal affairs je vous propose de gagner 2 DVD.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Dans quelle série française joue un des acteurs principaux du film ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 2 octobre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD envoyé directement par le distributeur.

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A ciambra

Avant d'aller voir ce film, il est intéressant d'en connaître la genèse. Jonas Carpignano, réalisateur italo-américain, filme dans la ville calabraise de Gioia Tauro depuis 2011. Il y a tourné un court métrage et son premier long-métrage, Mediterranea.

La famille gitane Amato, qui est au coeur du film, est donc ici filmée "dans son jus", au naturel. 

Certes, l'intrigue du film est évidemment inventée, mais tout le décorum est directement issu de la vraie vie. A ciambra est donc né dans un territoire peu exploré, qui se situerait pile à mi-chemin du documentaire (les funérailles montrées dans le film sont réelles, par exemple) et la fiction.

Le résultat m'a littéralement fasciné. Pas sûr que ce soit le cas de tous les spectateurs qui verront le film, car celui-ci n'est pas très facile d'accès : il faut accepter la caméra à l'épaule qui donne le tournis, les lambeaux de conversations inaudibles, le fouillis qui semble envahir tout l'écran. 

La magie du film est de parvenir à nous faire entrer dans ce monde très marginal. On apprend la langue, on s'habitue progressivement à ce qui nous choque au début (les enfants qui fument, les vols comme mode vie, les adultes qui ne savent pas lire) et à la fin du film, on se sent miraculeusement chez soi.

Si l'aspect documentaire est passionnant, le volet fictionnel n'est pas négligeable pour autant. Le scénario est habilement construit, il parvient à installer progressivement une belle tension dramatique qui se dénoue dans un dilemme moral de toute beauté.

A la fin du film on ne sait pas trop ce qu'il faut admirer le plus : l'énergie fantastique qui l'électrise, l'impression de réalisme absolu qui sidère (on pense à Wang Bing) ou l'inventivité du scénario qui parvient injecter du réalisme magique (le grand-père, le cheval) aux entournures d'un naturalisme très cru.

C'est magnifique.

 

4e 

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Faute d'amour

Il faut reconnaître qu'Andrey Zvyagintsev est probablement un des plus brillants stylistes en activité (avec Nuri Bilge Ceylan). Il fait partie de ces cinéastes dont chaque image semble admirablement composée, au service d'une narration parfaitement maîtrisée.

Quand la maestria du réalisateur est mis au service d'un sujet aussi sec que le désamour de deux parents vis à vis de leur enfant, le résultat peut être glaçant, et, disons-le (car je dois la vérité à mes lecteurs) peu aimable au premier abord.  

La précision chirurgicale de la narration, l'absolue perfection de la mise en scène aboutit à un récit désespérant, âpre et clinique (les adultes sont avant tout égoïstes), zébré par un plan terrifiant, qui fut pour moi le plus grand moment de cinéma du dernier festival de Cannes : un hurlement silencieux qui ne laissera personne indifférent.

Le tour de force du film est de montrer les comportements des adultes, plutôt que la détresse de l'enfant. En dépit de l'évanouissement de la figure enfantine, ou peut-être grâce à lui, l'histoire somme toute commune de Faute d'amour devient presque mythologique : choc frontal de la libido et de la culpabilité, figure stoïque du patron de l'association, voyage aux enfers chez la grand-mère, tableau symbolique de la Russie contemporaine dans le bâtiment abandonné. C'est à la fois beau et très désagréable à regarder, on se sent complices des turpitudes anodines que Zvyagintsev nous met sous les yeux, turpitudes qu'on préférerait croire totalement étrangères à soi-même.

Pour résumer : un plaisir qui fait mal, un choc esthétique saisissant.

 

4e 

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Dans un recoin de ce monde

Les potentialités de l'anime japonais semblent infinies.

On a vu par exemple ces derniers temps un manifeste d'esthétisme pop new age (Your name), une fable poétique formidable (Le garçon et la bête) et un portrait de femme sur fond historique (Miss Hokusai).

Dans un recoin de ce monde aborde un nouveau genre : le mélodrame à la Douglas Sirk. Le réalisateur Sunao Katabuchi nous raconte l'histoire de la jeune Suzu, obligée de quitter sa famille pour aller se marier avec un inconnu dans un village éloigné. 

Suzu est un peu simplette. Elle apprécie les petits plaisirs quotidiens, est plutôt réservée et dessine très bien. Sa nouvelle famille est composée d'une belle soeur acariâtre, d'un doux mari, d'une petite nièce ravissante et de beaux-parents qui vieillissent. Il est très touchant de suivre cette expérience de vie à la fois unique et un peu quelconque.  

Le fait que l'action se situe aux environs d'Hiroshima en 1944 ajoute bien sûr à l'intérêt du film, même si le sujet de la bombe n'est pas décisif dans le film, et fait l'objet d'un traitement admirablement distant. La description des conditions de vie durant la phase de guerre conventionnelle est très intéressante, et c'est un autre évènement, dont je ne dirai rien ici, qui va entraîner le récit dans une autre dimension, immensément triste.

Sans être bouleversant (Kutabuchi adopte une distance narrative à grand coup d'ellipses qui limite les épanchements lacrymaux), le film est captivant par son attention portée à des détails de la vie quotidienne, sa capacité à rendre la nature merveilleusement exotique et une intelligence pour exploiter la géographie des lieux de l'action (paysage, maison).

Un bien beau moment, qui recèle de magnifiques parenthèses poétiques. 

 

3e

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Good time

Good time est avant tout un trip sensoriel.

Le scénario ne brille en effet pas par son originalité : le principe de l''enchaînement de circonstances néfastes qui conduit à la catastrophe en l'espace d'une nuit a été déjà largement exploité. 

L'intérêt du film des frères Safdie est dans le traitement qu'ils réservent à cette histoire peu originale. Des plans très rapprochés, une image faiblement éclairée et un montage nerveux donnent à Good time une ambiance très particulière, à la fois quasi naturaliste et d'une certaine façon mythologique. Les tribulations de Connie peuvent en effet se lire de deux façons différentes : une plongée vériste dans le New-York des marges, ou une sorte de voyage d'Ulysse.

Robert Pattinson trouve ici probablement son meilleur rôle. Il est vibrant et magnétique. L'ensemble du film est admirablement servi par la musique très présente, dans un style vaguement électro, prenante et planante à la fois.

Un projet de cinéma d'une grande force esthétique.

 

3e

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Mother !

Mother ! commence et finit par des images d'une laideur abyssale. 

Entre les deux, il faut subir deux heures d'élucubrations fantastico-biblico-intellectuelles, qui brassent des pelletées de références en tout genre, de Polanski à Hitchcock, en passant par Stephen King.

Ce serait peu dire que les effets mis en place par Darren Aronofsky tombent à plat. C'est pire que cela : le film ne semble jamais devoir commencer. Il multiplie grossièrement les fausses pistes, les recettes éculées et les fautes de goût.

Pour couronner la catastrophe, il est beaucoup trop long, et il semble bégayer en répétant deux fois le même scénario d'un envahissement par des invités indésirables. Les deux acteurs principaux surjouent gaiement, la direction artistique est très moche, et le twist final fait complètement plaqué (on l'a trop vu pour qu'il fasse encore de l'effet).  

Aronofsky est décidément capable du pire, comme du meilleur !

 

1e

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Nos années folles

Au début de Nos années folles, je me suis dit : Téchiné est foutu, son cinéma est devenu un cinéma de grand-papa. Costumes d'époque, mise en scène un peu datée, reconstitution poussiéreuse.

Et puis, petit à petit, le film dévoile sa complexité : la structure narrative y est élégante, les acteurs (Céline Sallette et Pierre Deladonchamps) s'avèrent brillants, et l'histoire racontée devient tout à coup d'une modernité invraisemblable.

Du récit initial centré sur la guerre, le film évolue en chronique d'un amour hors norme, sorte de trio amoureux et sexuellement débridé, logé à l'intérieur d'un couple.

La force de caractère du personnage de Louise, sa soif d'aimer, son appétit sexuel, entre en collision avec un désir de liberté encore plus immense, une soif plus féroce. Le film illustre le colossal affrontement de deux personnalités absolument hors norme avec un beau brio. 

Quand Téchiné en vient au final à explorer les noirceurs finales du couple, la bien-pensance sépia dans laquelle baignait le début du film semble bien éloignée. Après de longs flashbacks imbriqués, le basculement ultime dans le présent est un très joli moment, et la fin de Nos années folles suscite un véritable vertige.

Vous apprécierez encore plus le film, si vous ne connaissez rien de son histoire, c'est pourquoi j'ai évité de vous révéler trop de détails sur l'intrigue, inspirée d'une histoire vraie déjà racontée dans l'excellente BD Mauvais genre, de Chloé Cruchaudet.

 

3e

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Concours DVD Le concours (Terminé)

A l'occasion de la sortie en DVD du film de Claire Simon, je vous propose de gagner 2 DVD.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Dans quel Festival Le concours a t il obtenu un prix ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 17 septembre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD envoyé directement par le distributeur.

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Une famille syrienne

Une famille syrienne est un étouffant huis-clos, qui fonctionne sur les mêmes mécanismes que le cinéma d'Asghar Farhadi : dilemme moral, suspense psychologique, attention portée à chaque personnage.

Le résultat est tout à fait prenant. Dans un appartement encore préservé (le dernier habité de l'immeuble) vit cloitrée toute une famille : une mère courage (formidable Hiam Abbass), un grand-père silencieux, deux jeunes filles adolescentes, un petit garçon, un cousin, une servante asiatique et un couple de voisin avec leur bébé. 

Philippe Van Leeuw installe avec beaucoup de brio un sentiment d'intense claustration, par la grâce de très beaux mouvements de caméra et de cadrages parfaits. Il réussit aussi à faire sentir la volonté de vivre des jeunes, et les états d'âmes de l'ancien. C'est un intense sentiment de vie qui se dégage du film, plusieurs fois brutalisé par des évènements provenant du dehors, qui bouleversent l'équilibre du groupe.

La scène pivot du film, dont je ne dirai rien ici, est bouleversante d'intensité. Tous les acteurs y sont extraordinaires.

Au-delà du témoignage saisissant qu'il constitue, Une famille syrienne enthousiasme par sa compacité et sa profondeur psychologique. 

 

3e

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Wind river

Taylor Sheridan, le scénariste hyper-doué de Sicario et Comancheria, passe derrière la caméra pour réaliser ce très beau premier film sur fond de neige et de réserve indienne.

On reconnait vite la patte Sheridan, subtile et séduisante : un personnage féminin à la fois couillu et fragile (comme dans Sicario), un ancrage profond dans une certaine réalité sociale (comme dans Comancheria) et un scénario qui sait ménager détours signifiants (les monologues mystico-sentimentaux de Cory) et alternance de temps forts et de temps faibles.

Les paysages du Wyoming sont magnifiés, les acteurs sont comme transfigurés (je pense qu'il s'agit du meilleur rôle de Jeremy Renner) et le film distille sa dose de séances éprouvantes (le magnifique flashback, le gunfight des caravanes). La détresse des réserves indiennes est montrée avec beaucoup de délicatesse.

Une vraie réussite.

 

3e

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Otez-moi d'un doute

Ne boudons pas notre plaisir. Les comédies françaises de qualité, finement écrite et bien jouées, ne sont pas légion.

On savoure donc le nouveau film de Carine Tardieu, dont l'idée de départ est très jolie : que faire quand on est d'âge mûr, en passe d'être grand-père, et que l'on découvre que son propre paternel (encore vivant), n'est pas son père biologique ? Faut-il remuer le passer et déranger ces vieux monsieurs ? 

Cette idée assez originale est magistralement servie par un casting quatre étoiles : François Damiens dans un rôle taillé pour lui, Cécile de France impeccable, la jeune Alice de Lencquesaing parfaite et un Esteban qui arrache vraiment tout sur son passage, aux confins du burlesque et de l'attendrissant.

Le film brille aussi par ses dialogues cinglants qui mettent en valeur la personnalité foncièrement séduisante du personnage jouée par Cécile de France.

Alors bien sûr, les péripéties du scénario résultent de combinaisons hautement improbables, mais c'est finalement le propre de nombre de ces comédies dans lesquelles la véracité des réactions psychologiques importe plus que la vraisemblance générale.

Un vrai petit plaisir de samedi soir.

 

2e

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Petit paysan

En 1h30, Hubert Charuel tente de bâtir un suspense haletant autour de ce pitch : un paysan tente de dissimuler aux yeux de tous que son troupeau est infecté par une maladie qui nécessite d'abattre l'ensemble des bêtes.

Dans la première partie du film, l'idée fonctionne plutôt pas mal. L'enchaînement des évènements est assez bien vu, et la personnalité du paysan solitaire et trentenaire éveille notre curiosité.

Le scénario est malheureusement un peu faiblard sur la durée. Les seconds rôles sont expédiés sans profondeur. Dommage, car le personnage de la soeur est du coup réduite à celui d'une jeune fille qui fronce les sourcils, et ceux des amis ou de la boulangère, prometteurs, ne sont que des silhouettes caricaturales. Les péripéties deviennent au fil du temps ennuyeuses en même temps qu'improbables (la visite en Belgique n'a pas beaucoup de sens). 

Le film se réduit progressivement à son contenu programmatique : décrire la symbiose d'un paysan avec ses bêtes, et le déchirement de devoir s'en séparer. C'est à la fois sympathique, car le bétail est très bien filmé, mais insuffisant. Petit paysan souffre de la comparaison qu'on ne peut manquer de faire avec le film islandais Béliers, d'une toute autre force, et qui porte sur le même sujet.

 

2e

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Concours Une famille syrienne (Terminé)

A l'occasion de la sortie le 6 septembre du film  Une famille syrienne, je vous propose de gagner 3 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Dans quel Festival ce film a-t-il remporté trois prix ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 9 septembre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

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Gabriel et la montagne

Peut-être faut-il, pour apprécier pleinement ce film, en connaître préalablement le sujet profond.

Gabriel Buchman était un ami du réalisateur, Fellipe Barbosa. Etudiant en économie, il décide de faire un tour du monde avant d'intégrer une prestigieuse université américaine, et trouve la mort en 2009 sur le mont Mulanje, au Malawi.

Barbosa retrace les 70 derniers jours de Gabriel sur la terre africaine. Il marche littéralement sur ses traces, à tel point qu'il rencontre et fait jouer dans son film les Africains (guides, chauffeurs, instituteurs, hôtes...) qui ont croisé la route du jeune brésilien. Il résulte de ce dispositif une ambiance très particulière dans les scènes où jouent ces quidams : on a littéralement l'impression qu'ils parlent à un fantôme.

Gabriel et la montagne est avant tout un très bel hommage à un personnage hors du commun, parfois attendrissant, souvent énervant, dont l'enthousiasme positif est réellement impressionnant, mais dont le voyage évoque parfois la course d'un poulet sans tête. La caméra se tient à l'exacte bonne distance de son sujet. Bien qu'on sente le réalisateur très empathique vis à vis de Gabriel, il parvient à dresser un tableau de son ami qui n'est pas idyllique. En multipliant les causes possibles de son mal-être (deuil du père, peur de l'échec, désordre physique et/ou psychologique), il donne au film une plaisante complexité.

L'autre grand intérêt du film est le magnifique tableau de l'Afrique contemporaine qu'il dessine. Les paysages traversés (Kenya, Tanzanie, Zambie, Malawi) sont sublimes, et les habitants que croisent Gabriel sont incroyables de justesse.

Les amoureux des voyages seront curieux de découvrir cette façon de voyager en s'invitant chez les gens au gré des rencontres, pour 2 ou 3 euros par jours. Filmé comme on le voit là, cela paraît toujours (trop ?) incroyablement simple pour Gabriel de trouver gîte et couvert, dans de bonnes conditions de sécurité.

Une découverte, très originale et d'une grande sensibilité.

 

3e

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