21 mai
Pour le dernier jour, la compétition hausse son niveau. Elle (5/5) est une claque magistrale envoyée par Paul Verhoeven. Son film, adapté d'un roman de Djian (Oh...) est subservif, amusant, captivant de bout en bout. Isabelle Huppert y est parfaitement utilisée dans un rôle de femme à poigne qui lui va comme un gant. Le reste du casting est parfait et Verhoeven semble distiller l'efficacité holywoodienne dans un cinéma français un peu pantouflard.
Le dernier film en compétition, Le client (4/5) d'Asghar Farhadi, est un bon film lui aussi. Très proche dans sa construction de Une séparation, il peut légitimement concourir pour une récompense. Il est une fois de plus question de culpabilité, thématique récurrente cette année.
Les séances se faisant rares le dernier jour, je vais voir ce que je peux ... c'est à dire un film finlandais d'Un certain regard : The happiest day in the life of Olli Maki (2/5), de Juho Kuosmamen. Le pitch ne fait pas rêver : le film, en noir et blanc, raconte la préparation d'un boxeur finlandais pour les championnats du monde en 1962, match qu'il perdra en seulement deux rounds. Le film est bien fait, et rappelle un peu l'approche de Jean Echenoz dans son livre Courir à propos d'Emile Zatopek. C'est poétique et un peu distant. J'apprends en sortant de la salle que le jury Un certain regard vient de décerner à ce film son Grand Prix, ce qui me parait un peu exagéré.
Pour finir, j'atteins de justesse mon objectif (40 films, dont les 21 en compétition) en accrochant une séance de rattrapage de The neon demon (2/5). Au début, le film m'a paru moins mauvais que ce qu'en dit la Presse, mais malheureusement, après une demi-heure, Nicolas Winding Refn verse dans une esthétique porno chic du plus mauvais effet. Où il est question de tops modèles lesbiennes nécrophiles et cannibales, filmées dans des décors de pub pour Chanel.
Merci à ceux qui m'ont suivi pendant ces 10 jours, et à l'année prochaine.
20 mai
Aujourd'hui, énorme avant-dernière journée avec cinq films, dans des styles et des niveaux de qualité très différents. Projection à 8h30 du nullissime The last face (0/5), de Sean Penn, à laquelle j'attribue une note de 0, ce que je ne fais en principe jamais. Une phrase en introduction du film fait d'abord rigoler les spectateurs : elle dit en gros que pour un occidental le mieux pour imaginer la guerre en Afrique c'est de la comparer à un amour impossible... Ridicule ! L'histoire d'amour sur fond d'humanitaire est affreusement décrite et la complaisance avec laquelle Penn filme les souffrances rend le film indécent. L'accueil de la critique internationale est d'une violence hallucinante : une moyenne de 0,2 sur 4, la plus faible depuis que ce système existe (13 ans).
Je passe ensuite à la Semaine de la critique pour des séances de rattrapage. J'ai adoré Diamond island (5/5) de Davy Chou. On suit des jeunes qui travaillent sur une sorte de ville nouvelle à Phnom Penh. L'histoire n'a rien de spécial, mais la photographie et la mise en scène sont d'une beauté iréelle. L'image transcende le quotidien et instille une poésie colorée qui m'a beaucoup touché. J'imagine que c'est ce type d'effet que fait Weerasethakul sur certains.
Je fais une parenthèse à Un certain regard pour La tortue rouge (2/5), de Michael Dudok de Wit, présenté comme un film d'animation Ghibli et globalement encensé sur la Croisette. Il s'agit d'une histoire à la Robinson Crusoé, assez simpliste, et je n'ai pas trouvé beaucoup d'originalité dans l'animation. On est bien loin du Voyage de Chihiro par exemple.
Retour à la Semaine pour un film que je vais tenter de vite oublier. Mimosas (1/5) a pourtant reçu le prix principal de cette section. Le réalisateur espagnol Oliver Laxe propose un voyage initiatique et en partie religieux dans l'Atlas marocain. Il rejoint la liste des réalisateurs que je déteste, ceux qui se fichent complètement qu'on comprenne quelque chose à ce qu'ils racontent (Albert Serra, Bela Tarr, Lisandro Alonso).
Heureusement que la journée se termine sur une bonne note en provenance d'Israel. One week and a day (4/5) raconte la journée d'un couple, première journée qui suit la semaine de deuil religieux suivant les obsèques de leur fils unique de 25 ans. Comme l'a dit Charles Tesson, le boss de la Semaine, en présentant le film, il s'agit d'un "feel-good sad movie". Une sorte de Chambre du fils où on sourit tout le temps - et où à la fin, on pleure. C'est très réussi, sur un sujet difficile, et le réalisateur israélien Asaph Polonski doit être suivi de près.
19 mai
De tôt matin, Cristian Mungiu confirme son incroyable talent de disséqueur d'âme. Bacalauréat (4/5) est une psychanalyse de la Roumanie et un suspense psychologique sur le thème de ce qui est juste de faire, ou non. C'est précis, subtil, dynamique, même si l'intensité de 4 mois, 3 semaines, 2 jours reste ici inégalée.
C'est peu de dire que Juste la fin du monde (1/5), de Xavier Dolan, me déçoit beaucoup. C'est bien simple : au moment le film se termine, j'ai l'impression qu'il n'a pas encore commencé. Les personnages sont prisonniers de leur caricatures, à un point où cela en devient très gênant. Vincent Cassel surjoue de façon abonimable, il faudrait pouvoir l'empêcher de sévir sur les plateaux.
A Un certain regard je tente Pericle il nero (2/5), de Stefano Mordini. Film de mafia dont l'originalité est de se passer en Belgique (les Dardenne coproduisent). Rien de bien neuf sous le manque de soleil liégeois. A éviter.
La bonne surprise du jour, c'est le décoiffant Divines (5/5) de Houda Benyamina, ou comment une jeune fille de banlieue se rêve en Scarface. C'est drôle, plein d'une énergie folle, et décapant. Je prédis un grand succès public à ce film, porté par des actrices charismatiques.
18 mai
Au final, la compétition me parait plus faible cette année que l'année dernière, malgré ses promesses sur le papier. Je n'attendais pas grand-chose de La fille inconnue (2/5) des frères Dardenne. Je n'ai donc pas été déçu de ne pas aimer. Le film ressemble un peu au précédent, Deux jours, une nuit, en en reprenant des motifs : le parcours linéaire d'un fort personnage féminin, qui progresse en faisant du porte à porte. C'est insipide.
La vraie claque de la journée vient du brûlot Goksung (The strangers) (4/5), en sélection mais hors compétition (on se demande bien pourquoi). Na Hong-Jin (The chaser, Murderer) propose une vaste fresque sur la façon dont l'empire du mal se propage dans un petit village de Corée. Cela commence par une chronique provinciale pour finir en film d'épouvante très réussi. Une mise en scène virtuose. Seul petit bémol, la fin du film est pour le moins confuse.
Ma'Rosa (3/5) de Brillante Mendoza, m'a déçu. Le film est une plongée en apnée dans une Manille corrompue, moite, grouillante. Le film vaut surtout pour son aspect documentaire. Le style Mendoza (période Kinatay), pourra en déranger certains : caméra à l'épaule, image sombre, musique stridente. Peu de renouvellement chez ce réalisateur.
Pour finir la journée en douceur, découverte à la Quinzaine d'un premier film fort sympathique : Mercenaire (3/5) de Sacha Wolff. Une histoire originale qui montre comment les joueurs de Polynésie sont recrutés comme du bétail pour les clubs de rugby français. Le film est sans concession et sait rendre ses acteur aimables. Une réussite.
17 mai
Aujourd'hui, et je crois que c'est la première fois depuis que je viens à Cannes, trois films sont présentés en compétition dans la même journée. J'attaque donc avec Julieta (5/5) de Pedro Almodovar. Ce qu'il y a de bien avec le maître espagnol, c'est qu'on vieillit ensemble... Le film est hitchcockien en diable et magnifique visuellement. Pedro filme comme à l'habitude avec beaucoup d'habileté ses superbes actrices. Un bon moment. Le film manque toutefois un peu de densité pour faire une Palme.
J'enchaîne avec le nouveau film de Olivier Assayas, dont j'avais adoré Sils Maria. Personal shopper (2/5) est construit autour de, à cause de, et pour Kristen Stewart. C'est sa valeur (la jeune actrice révèle l'étendue de son talent) et sa limite (le scénario semble non fini). Assayas n'est pas très à l'aise pour filmer les fantômes, il donne beaucoup dans les clichés. Décevant.
Troisième et dernier film en compétition, Aquarius (4/5) de Kleber Mendonça Filho. Il s'agit du beau portrait d'une femme de caractère, qui résiste aux forces qui veulent l'obliger à quitter son appartement. Une mise en scène de haute volée et une interprète hors norme (la somptueuse Sonia Braga) font de ce film brésilien un prétendant à une récompense. Il manque toutefois l'étincelle pour enflammer le public.
Soirée émotion à la Quinzaine pour finir la journée, avec la projection en présence de l'équipe du dernier film de la regrettée Solveig Anspach, décédée récemment. L'effet aquatique (4/5) est un peu une déclinaison islandaise du film Queen of Montreuil. J'ai une tendresse particulière pour le grutier lunaire jouée par Samir Guesmi et pour la survoltée Agathe, jouée par Florence Loiret-Caille. Ce n'est pas très rationnel, car je suis conscient des limites du film, mais j'ai passé un bon moment et c'est comme ça. On ne va pas non plus être objectif tout le temps.
16 mai
La journée commence avec Loving (3/5) de Jeff Nichols, en compétition. Le film me réconcilie avec le réalisateur, qui m'avait beaucoup déçu avec Midnight special. L'histoire est celle d'un couple, illustrant le combat mené pour abolir les lois interdisant les mariages inter-raciaux dans certains états des USA, dans les années 50. Le film est doux, intime, convaincant, modeste.
Devant la salle Debussy, l'attachée de presse du film Apprentice (3/5) me tend une invitation en Rangs Réservés. Je la prends pour deux raisons : la perspective de pouvoir étendre mes jambes, et le film. Ce dernier est assez frappant : c'est un thriller psychologique sur fond de peine de mort à Singapour. Ou la pendaison vu du côté bourreau. Comme souvent dans le cinéma asiatique, c'est carré, efficace et superbement réalisé. Seul bémol, le scénario est un peu court.
Deuxième film de la compétition aujourd'hui, Paterson (1/5) de Jim Jarmusch, me déçoit beaucoup. La montée des marches est triste à mourir : le réalisateur et ses deux acteurs/trices (Adam Driver et Golshifteh Farahani) semblent faire la gueule et éviter de se toucher. Le film est ennuyeux. Il montre un chauffeur de bus écrire de la (mauvaise) poésie, et répète sept fois de suite le même rituel journalier, avec des variantes. L'accueil du GTL est glacial, les applaudissements épars. La critique internationale, curieusement, semble adorer.
Pour finir la journée j'embraye à la Quinzaine avec un film d'Anurag Kashyap, Raman Raghav 2.0 (2/5), qui ne me convainc pas. Le réalisateur, qui est en train de devenir un chouchou de la Quinzaine, répète en moins bien les recettes de ses précédents films, Gangs of Wasseypour ou Ugly. C'est du film noir à la sauce Bollywood. Seul intérêt notable du film, la vision qu'il donne des bidonvilles de Bombay, saisissante.
15 mai
Le premier film de la journée, Mal de pierres (1/5) de Nicole Garcia, est la première véritable erreur de casting de la compétition. Le film est d'une platitude totale, à l'image du jeu de Marion Cotillard. Aucun intérêt.
Le film d'animation que nous voyons ensuite à la Quinzaine, Ma vie de courgette (5/5), est à l'inverse remarquable. Le scénario de Céline Sciamma est très fin, et la réalisation de Claude Barras dégage à la fois une profonde poésie et un grand réalisme. C'est beau, et extrêmement émouvant, sans être du tout tire-larme. J'espère que cette histoire de bande de copains qui se forme à l'orphelinat va connaître l'immense succès qu'il mérite.
Les 2h40 du film d'Andrea Arnold, American Honey (4/5) passent relativement vite, au regard de l'aspect intransigeant et un peu rébarbatif du film (cadre carré, image un peu sale, impression d'improvisation constante, scénario très approximatif). C'est un film qui se mérite, mais qui possède une belle longueur en bouche. Shia LaBeouf et l'inconnue Sasha Lane tous deux impeccables.
Soirée à la Quinzaine pour le deuxième film de Rachid Djaïdani, Tour de France (2/5) avec Depardieu. Ce dernier fait le show sur la scène, demande une chaise car "il ne peut plus supporter le poids de son corps" et déclare être "fatigué par la vie et effrayé par la mort". La salle s'insurge ! Le film est très léger et sympathique, avec trop d'approximation côté scénario et mise en scène pour être recommandé. Depardieu est en roue libre.
14 mai
Début de journée à fond avec Folles de joie (4/5) à la Quinzaine, en présence du réalisateur Paolo Virzi (La prima cosa bella, Les opportunistes) et de Valéria Bruni Tedeschi. Le film raconte la fugue de deux femmes internées dans un établissement psychiatrique. C'est vif, énergique, parfois drôle et gorgé d'un sentimentalisme que certains pourront trouver exacerbé.
Le long film de l'après-midi marque le retour de l'Allemagne en compétition. Toni Erdmann (5/5), de la jeune Maria Ande, est un film admirable sur les rapport père / fille, d'une originalité et d'une subtilité remarquable. Il y a plusieurs climax dans la deuxième partie du film qui entraînent une hilarité et un enthousiasme irrésistible : c'est la première fois depuis longtemps que j'entends une salle applaudir à tout rompre pendant une scène.
Par la profondeur de son propos et le jeu subtil de ses acteurs, le film marque durablement. Impossible de ne pas le retrouver au Palmarès.
A 22h, montée des marches en noeud pap pour le Park Chan-Wook. Un hasard incroyable nous propulse dans une place numérotée à trois rangs devant toute l'équipe du film. Très impressionnant. Mademoiselle (5/5) est un thriller particulièrement retors, bâti sur l'effet Rashomon : on voit la même histoire plusieurs fois, en découvrant à chaque fois une nouvelle version. Mise en scène nerveuse, direction artistique impeccable et scénario à la fois complexe et limpide : il manque juste un peu d'émotion pour que ce film féministe soit parfait.
13 mai
Aujourd'hui, matinée consacrée aux films en compétition. Je commence par Ma loute (5/5) de Bruno Dumont, qui m'a enthousiasmé. Ce ne sera pas le cas de tout le monde j'imagine, car le film est un mélange de genre tout à fait étrange : à la fois comédie burlesque, film d'initiation amoureuse et critique sociale au vitriol. La photographie est exceptionnelle.
Moi, Daniel Blake (4/5) est semble-t-il le dernier Ken Loach (avant le prochain ?). Ca se pourrait, tellement le film ressemble à un testament. On a l'impression d'avoir vu cent fois ces films sociaux anglais qui semblent tous découler d'un remake à la sauce UK du Voleur de bicyclette, mais ici le chant d'amour de Ken Loach pour ses acteurs est particulièrement réussi. Et aussi très émouvant : j'ai maladroitement étouffé quelques sanglots, et j'atteste qu'il en a été de même pour mes voisins de gauche et de droite. Forte production lacrymale dans la salle.
Je parviens ensuite à me glisser dans une séance d'Un certain regard très demandée : La danseuse (2/5) de Stéphanie di Giusto. Le casting du film est impressionant : la chanteuse Soko (qui s'est faite larguée ces derniers jours par Kristen Stewart, mais ça n'a rien à voir avec le film), François Damiens, Mélanie Thierry, Lili-Rose Depp (la fille de Vanessa Paradis, apologie vivante de l'anorexie mais ça n'a rien à voir avec le film), Gaspard Ulliel. Il s'agit d'un biopic d'une danseuse oubliée, qui veut se donner les moyens de la reconstitution historique, mais que j'ai trouvé très peu incarné. Problème de direction d'acteur ou de casting. Une direction artistique un peu empesée aussi (décors, costumes).
Pour finir, et après une heure de queue inutile à la Quinzaine (ce sont des choses qui arrivent), je me rabats sur une séance de rattrapage dans une salle annexe de Fais de beaux rêves (4/5) de Marco Bellochio, film d'ouverture de la Quinzaine. C'est un beau mélo ample et profond, qui montre les conséquences de perdre sa mère jeune tout au long de sa vie. Formidables acteurs et scénario de très haute volée.
12 mai
La journée commence en salle Debussy (une nouveauté de cette année) pour le premier film en compétition, Rester vertical (2/5). Le format n'étant pas le bon (?!), les spectateurs ont du siffler au bout de cinq minutes pour que les personnages n'aient pas la tête coupée.
En bref, disons que le film est complètement barré, à l'image de son réalisateur aveyronnais, Alain Guiraudie. On est dans un truc bizarre qui est à la fois très naïf (et même caricatural) et ancré socialement. Le film possède ce lot de scènes chocs propres à lancer un Festival sur de bonnes bases, comme une sodomie doublée d'une euthanasie, qui donne un délicieux titre en une du Midi LIbre de Séverac-le-Château. C'est L'inconnu du lac en moins bien.
Dans la foulée, j'enchaîne à Debussy grâce à une place gentiment donnée par l'équipe du film, avec le film égyptien Eshtebak (Clash) (5/5) de Mohamed Diab, le réalisateur des Femmes du bus 678. Le film est entièrement tourné depuis l'intérieur d'un fourgon de police pendant les évènements de 2013 entre Frères Musulmans et partisans de l'armée. C'est génial, oppressant, magnifiquement scénarisé et réalisé. Un vrai thriller qui mélange politique, action, suspense et drame. Un film qui aurait mérité d'être en compétition, même si l'ouverture de Un certain regard, c'est bien aussi !
Deuxième film de la compétition aujourd'hui, Sieranevada (3/5) du roumain Cristi Puiu, m'a un peu déçu. Je m'attendais à quelque chose de renversant, mais le film n'est finalement que le "filmage" d'un très long et pénible repas de famille. C'est génial fugitivement, comme un croisement de Festen et de Mungiu, c'est brillamment réalisé, mais beaucoup de personnes dans la salle ont fait des micro-siestes. Il faut quand même tenir près de trois heures...
Après avoir échoué à entrer dans la salle pour l'ouverture de la Semaine de la critique, j'aterris dans la salle du Soixantième pour la projection d'un documentaire signé par deux auteurs (un italien et un grec) : L'ultima Spiaggia (1/5). C'est filmé à la manière d'un Wiseman, c'est-à-dire que la caméra est posée là et enregistre tout ce qui se passe, mais ce n'est pas du tout à la hauteur du maître : manque de talent ou choix d'un sujet trop léger (une plage à Trieste) ?