Pour la première fois je suis accrédité et présent au Festival International du Film de la Roche sur Yon, qui propose cette année, entre autres choses, un cycle sur
l'Apocalypse au cinéma, une compétition officielle, une rétrospective Nobuhiro Suwa, un hommage à Jean-Pierre Léaud et une carte blanche Delépine / Kervern.
20 octobre
Après-midi glaciale ce samedi dans le théâtre de La Roche sur Yon, curieusement non chauffé. Je vois d'abord un des films en compétition : Pincus, de David Fenster. Drôle de film dans lequel le jeune réalisateur américain met en scène son propre père atteint de la maladie de Parkinson. Dans le film,
le fils de celui-ci (un alter ego du cinéaste ?) est un gros glandeur, fumeur de shit, inapte à effectuer un quelconque travail, attiré par une prof de yoga spécialiste de thérapies alternatives
(en réalité just to have sex, comme il l'avouera à sa voyante). On croise aussi un ouvrier allemand qui disparait dans un trou... bref, le film ne sortira jamais en France, c'est
certain, et globalement il est d'un niveau assez faible, du sous-sous-sous-Caouette. Comme il est court (1h18) et monté de façon assez vive, l'ennui ne se transforme pas en torture.
Le plus drôle fut certainement la goujaterie d'une spectatrice n'ayant visiblement pas aimé le film, qui n'hésita pas à demander au réalisateur s'il aimait son propre film (sous-entendu : "moi
pas"), ce qui constitue la question la plus bête que j'ai jamais entendu poser dans une salle de cinéma.
Dans la foulée, je persiste à rester dans le théâtre, emmitoufflé dans mon manteau et mon écharpe, pour voir Ini Avan, du réalisateur sri
lankais Asoka Handagama, qui est beaucoup plus intéressant. Je reviendrai dans un article dédié en détail sur ce film d'une beauté plastique étourdissante et que j'avais manqué à Cannes, où il
était présenté dans la délicieuse sélection aCid, qui présente des films d'auteur en attente de distributeurs.
21 octobre
Je rejoins de tôt matin le théâtre pour assister à la table ronde réunissant des représentants de sites non-professionnels de critiques cinéma : Accreds,
Débordements, Zinzolin et Ceci dit (au bas mot). Pas
inintéressant, mais une chose m'a étonné, c'est l'aspect auto-centré des débats, chacun expliquant sa ligne éditoriale (en général il n'y en a d'ailleurs pas), sa trajectoire (universitaire pour
la plupart), et finalement personne ne parlant pendant 1h30 ... de cinéma ! Nous autres, pauvres blogueurs ayant une activité professionnelle différente (et accessoirement ayant plus de 40 ans)
paraissons instantanément à la fois moins précoces, et plus féroces.
Je retrouve PierreAfeu et heavenlycreature pour écumer les salles du festival,
sillonnant la mégapole vendéenne.
Premier arrêt pour redécouvrir un des premiers films de Tsaï Ming-Liang, The
hole, sorte de conte apocalytique et très, très humide, émaillé d'apparitions acidulées et délectables de l'incomparable Grace Chang. J'y reviendrai.
Le temps de boire un coup au Clémenceau, et nous voilà devant le Concorde (alors que Melville Poupaud, membre du jury, se fait interviewer sur le trottoir d'en face), pour voir
Sharqiya, un film israélien en compétition officielle (présent lui aussi à la sélection aCid du dernier festival de Cannes, décidément). Le
scénario du film est complètement inconsistant et c'est bien dommage, car le réalisateur Ami Livne semble assez doué. Plutôt décevant.