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Christoblog

Utopiales 2012

http://www.animeland.com/files/news/4347/Utopiales-2012-276.jpgChristoblog sera présent et accrédité pour la troisième fois aux Utopiales, du 8 au 11 novembre, le plus grand festival européen consacré à la SF.

Le programme est copieux dans tous les domaines (et surtout en littérature), mais je me concentrerai surtout comme vous l'imaginez sur la programmation cinéma.

Je serai FORCEMENT à la projection d'Antiviral de Brandon Cronenberg, le 9 novembre à 21h15.

Parmi mes autres cibles potentielles, je lorgne sur l'OVNI Iron Sky, du finlandais Timo Vuorensola (les nazis reviennent en 2018 fonder le quatrième reich sur Terre), et sur le déjà culte The human race, présenté comme puissant et profondément déstabilisant.

Après l'expérience exceptionnelle d'avoir vu Robot l'année dernière, je pourrais être tenté par une deuxième expérience de Bollywood SF : Eega (une histoire de jeune homme qui se réincarne en ... mouche) ou RA.One d'Anubhav Sinha avec la méga star Shah Rukh Kahn. Après tout, on ne voit jamais de Bollywood en salle, sauf dans ce genre d'occasion.

Possible aussi : Room 237 de Rodney Ascher, présenté à Cannes l'année dernière, documentaire entièrement consacré à l'exégèse du Shining de Kubrick, et de multiples pépites en provenance du Japon, dont le Voyage vers Agharta de Makoto Shinkai ou A letter to Momo de Hiroyuki Okiura.

A bientôt en direct de Nantes.

 

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Skyfall

15 raisons d'être déçu par ce James Bond

1/ Le film manque cruellement d'imagination et accumule les poncifs de film d'action : je me bats sur le toit d'un train et il y a des tunnels (!), je tiens mon ennemi par la main au-dessus du vide et zut je le lâche, j'élimine le méchant en lui lançant un couteau dans le dos et le bougre se retourne et avance vers moi, etc.

2/ Craig arbore toujours le même masque crispé (cf photo)

3/ Le générique est très laid, dans un genre psychédélique revisité du plus mauvais effet

4/ Les James Bond Girl sont ridicules (pauvre Berenice Marlohe, réduite à une pauvre petite chose tremblante)

5/ Le film manque de rythme, les scènes d'exposition sont interminables (l'attente à Shanghai, l'arrivée en Ecosse)

6/ L'exhumation des vieilleries (l'Aston Martin, la tombe des parents, le fusil de chasse du papa) tombe à plat

7/ Plus grand-chose ne différencie aujourd'hui un Bond d'un autre film d'action US, et la noirceur en est la trame commune (cf les Batman)

8/ L'envahissement du film par les marques devient ridicule : Audi, VW, Heineken, Sony... Que Bond ne boive plus de Dom Perignon est déjà triste, mais qu'il sirote de la bière au goulot en permanence est décevant.

9/ Les décors sont laids (l'île désertée est complètement artificielle), mal exploités (Istanbul) ou réduits à de simples cartes postales (Shanghai, Macao)

10/ Sam Mendes (Les noces rebelles) confirme être le réalisateur d'un académisme glacial et coincé aux entournures

11/ Les scènes d'actions dites spectaculaires se résument au tropisme "je vais envoyer un gros engin défoncer un bâtiment". Exemple : "Une rame de métro défonce les égouts" ou "Un hélicoptère défonce un manoir"

12/ Le méchant joué par Javier Bardem est sous-exploité, sa première apparition est fantastique (à tel point qu'il éclipse instantanément le pâle Daniel Craig), mais les suivantes le ramène à une figure de psychopathe névrosé

13/ Daniel Craig est trop musclé, c'est dégoutant, il a tellement abusé de la musculation qu'on a peur que la peau éclate sous la pression des pectoraux, trapèzes et autres biceps

14/ La vision que donne le film du hacking, de l'informatique et de la technologie en général est ridicule

15/ L'humour est presque absent du film, on sourit deux fois.

 

2e

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César doit mourir

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/14/13/20131226.jpgContre tout attente, j'ai pris un énorme plaisir à regarder le nouveau film des frères Taviani, cinéastes cultes rescapés du siècle dernier.

 

Je  m'attendais à un documentaire sur des prisonniers jouant Shakespeare en prison, mais le film est bien plus que ça.

 

Il nous plonge dans la trame même de la pièce (c'est à dire qu'on est passionné par l'histoire de Brutus, Antoine, Cassius et des autres) tout en y insérant constamment des éléments du making of : casting préliminaires, états d'âmes des acteurs (vrais ou faux ?), engueulades, répétitions dans les cellules...

 

Le film parvient de cette façon à restituer toute la magie du cinéma et du théâtre, sur un mode qui rappelle les jeux de miroirs de Vous n'avez encore rien vu. S'il y parvient si bien, c'est aussi grâce aux acteurs, incroyables tronches, mais aussi formidables interprètes, complètement habités par leur rôle.

 

Le film est brillant jusque dans sa sublime photographie en noir et blanc (le présent de la représentation est filmé en couleur alors que le long flash black qui constitue la majeure partie du film est en noir et blanc).

 

Si ce n'étaient quelques maladresses un peu lourdes, comme les derniers plans par exemple (qui rappellent bizarement les fautes de goût qui émaillent également le Resnais), l'oeuvre des Taviani serait parfaite, associant la force brute des amateurs (on songe aussi aux danseurs des Rêves dansants) au génie du dramaturge anglais et au savoir-faire des réalisateurs.

 

Un Ours d'or mérité à la Berlinale 2012.

 

3e

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Amour

J'ai la larme très facile au cinéma, ce qui m'oblige souvent à inventer de subtiles manigances au moment où les lumières reviennent dans la salle, pour masquer mon humidité oculaire. Mais en regardant Amour, de Michael Haneke, qui a reçu hier soir la Palme d'Or à Cannes, je n'ai absolument rien ressenti d'émouvant : même pas une goutelette au coin de l'oeil.

Rien, nada, que dalle.

Ma critique va être donc en complet déphasage avec les avis de la quasi totalité des critiques présents à Cannes, qui se déclarent (presque) tous irrémédiablement touchés par le film.

Suis-je donc à ce point insensible ? J'espère que non.

Dès le début du film, les grosses ficelles qu'utilise habituellement Haneke m'ont sauté comme d'habitude aux yeux, et du coup, l'artificialité glaçante du film a empêché pour moi toute forme d'empathie.

Prenons par exemple le parti-pris de réalisme absolu dont beaucoup parlent. Haneke, en montrant un couple d'octagénaires dont la femme sombre dans la déchéance physique suite à une attaque, montrerait "pour de vrai" une agonie. C'est faux ! Ce que montre Haneke reste bien en-dessous de ce qu'est réellement la fin de vie. Le maquillage de l'actrice Emmanuelle Riva est réussi, mais manquent (heureusement ou malheureusement) les rictus horribles, les sécrétions diverses et beaucoup des horreurs réelles qui accompagnent ces moments. Les draps et la chemise de nuit de la malade sont toujours immaculés, et la couche ... ne déborde pas.

Le scénario, qui file tout droit comme un clip de promotion de l'euthanasie, ne laisse place qu'à un nombre réduit d'états d'âme chez les différents protagonistes, le père comme la fille, ce qui est aussi très peu réaliste. La machine Haneke, artificielle, compassée et finalement aussi peu dramaturgique que possible, passe évidemment ici beaucoup mieux auprès des spectateurs que quand elle était mise au service des sadiques de Funny Games, mais c'est la même. Que dit finalement le film ? Que voir quelqu'un qu'on aime sombrer dans la déchéance physique est insupportable. Belle découverte ! Et finalement quoi d'autre ? Rien.

La mise en scène est à l'image du jeu des acteurs (le phrasé de Trintignant est toujours aussi peu naturel, et celui d'Emmanuelle Riva est pire), des décors (très froids, les vues de Paris par les fenêtres sont toutes fausses et cela se voit), de la lumière (trop belle pour être vraie, comme dans la scène du pigeon) : maniérée et désincarnée. Composer de jolis plans fixes de portes, de couloirs et de tableaux aux murs ne suffit pas à faire un film.

Au final, et je sais que le terme pourra être mal interprété, Amour me semble être le prototype du film bourgeois. Bourgeois, pas seulement parce qu'il montre (quoique le petit personnel y soit caricaturé d'une façon presque odieuse) mais aussi par la façon dont il est fait : sagement, académiquement et sans trop fouiller dans les coins.

On aimerait un jour voir Haneke plonger un peu plus dans la mêlée, se frotter à d'autres milieux et se mettre plus en danger. On pourrait alors juger plus clairement de ses réelles qualités.

Michael Haneke sur Christoblog : Le ruban blanc - 2009 (**)

 

2e 

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The hole

Vu au festival de La Roche sur Yon 2012.

The hole est un film apocalyptique lent et humide.

Nous approchons de l'an 2000 et un virus étrange se développe à Taipei. Les personnes touchées adoptent un comportement proche de celui du cafard : elles rampent, cherchent à se terrer dans les endroits humides et sombres.

L'eau potable manque, mais des trombes de pluie s'abattent sans discontinuer à l'extérieur.

Un homme dans son appartement, une femme dans celui d'en-dessous et un trou entre les deux, produit par un plombier peu scrupuleux : voilà les éléments autour desquels Tsai Ming-Liang construit son oeuvre. C'est lent, un peu ennuyeux par moment, mais globalement puissamment évocateur et complètement maîtrisé. Le film est parsemé de scénettes de comédie musicale kitsch, qui tranchent incroyablement avec l'atmosphère mortifère du film : un bel exemple de l'effet de contraste produit (patientez 44 secondes SVP) : Achoo-Cha-Cha

Le film est très intéressant, s'appuyant sur une bande-son remarquable et un sens des décors très sûr (magasins déserts, murs suintants). La copie projetée à La Roche m'a semblé très abîmée et cela m'a un peu gâché le plaisir, mais du coup j'ai très envie de voir La saveur de la pastèque, du même Tsai Ming-Liang. A suivre...

 

2e

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Festival de la Roche sur Yon 2012

http://www.fif-85.com/ckfinder/userfiles/images/2012/Visuel/FIF2012_Paysage.jpgPour la première fois je suis accrédité et présent au Festival International du Film de la Roche sur Yon, qui propose cette année, entre autres choses, un cycle sur l'Apocalypse au cinéma, une compétition officielle, une rétrospective Nobuhiro Suwa, un hommage à Jean-Pierre Léaud et une carte blanche Delépine / Kervern.

 

20 octobre

 

Après-midi glaciale ce samedi dans le théâtre de La Roche sur Yon, curieusement non chauffé. Je vois d'abord un des films en compétition : Pincus, de David Fenster. Drôle de film dans lequel le jeune réalisateur américain met en scène son propre père atteint de la maladie de Parkinson. Dans le film, le fils de celui-ci (un alter ego du cinéaste ?) est un gros glandeur, fumeur de shit, inapte à effectuer un quelconque travail, attiré par une prof de yoga spécialiste de thérapies alternatives (en réalité just to have sex, comme il l'avouera à sa voyante). On croise aussi un ouvrier allemand qui disparait dans un trou... bref, le film ne sortira jamais en France, c'est certain, et globalement il est d'un niveau assez faible, du sous-sous-sous-Caouette. Comme il est court (1h18) et monté de façon assez vive, l'ennui ne se transforme pas en torture.

Le plus drôle fut certainement la goujaterie d'une spectatrice n'ayant visiblement pas aimé le film, qui n'hésita pas à demander au réalisateur s'il aimait son propre film (sous-entendu : "moi pas"), ce qui constitue la question la plus bête que j'ai jamais entendu poser dans une salle de cinéma.

 

Dans la foulée, je persiste à rester dans le théâtre, emmitoufflé dans mon manteau et mon écharpe, pour voir Ini Avan, du réalisateur sri lankais Asoka Handagama, qui est beaucoup plus intéressant. Je reviendrai dans un article dédié en détail sur ce film d'une beauté plastique étourdissante et que j'avais manqué à Cannes, où il était présenté dans la délicieuse sélection aCid, qui présente des films d'auteur en attente de distributeurs.

 

21 octobre

 

Je rejoins de tôt matin le théâtre pour assister à la table ronde réunissant des représentants de sites non-professionnels de critiques cinéma : Accreds, Débordements, Zinzolin et Ceci dit (au bas mot). Pas inintéressant, mais une chose m'a étonné, c'est l'aspect auto-centré des débats, chacun expliquant sa ligne éditoriale (en général il n'y en a d'ailleurs pas), sa trajectoire (universitaire pour la plupart), et finalement personne ne parlant pendant 1h30 ... de cinéma ! Nous autres, pauvres blogueurs ayant une activité professionnelle différente (et accessoirement ayant plus de 40 ans) paraissons instantanément à la fois moins précoces, et plus féroces.

 

Je retrouve PierreAfeu et heavenlycreature pour écumer les salles du festival, sillonnant la mégapole vendéenne.

Premier arrêt pour redécouvrir un des premiers films de Tsaï Ming-Liang, The hole, sorte de conte apocalytique et très, très humide, émaillé d'apparitions acidulées et délectables de l'incomparable Grace Chang. J'y reviendrai.

 

Le temps de boire un coup au Clémenceau, et nous voilà devant le Concorde (alors que Melville Poupaud, membre du jury, se fait interviewer sur le trottoir d'en face), pour voir Sharqiya, un film israélien en compétition officielle (présent lui aussi à la sélection aCid du dernier festival de Cannes, décidément). Le scénario du film est complètement inconsistant et c'est bien dommage, car le réalisateur Ami Livne semble assez doué. Plutôt décevant.

 

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Paperboy

Dans la morosité de la sélection officielle cannoise 2012, le deuxième film de Lee Daniels (Precious) a apporté une touche de folie et de moiteur.

L'intrigue est tirée d'un roman de l'excellentissime Pete Dexter, dont je recommande les livres, et nous entraîne dans une sordide histoire de criminel défendu par une équipe constituée de journalistes en quête de succès et d'une nymphomane passionnée par les prisonniers.

Le premier plaisir que donne le film est celui d'un scénario complexe, non prévisible et centré sur les relations entre les personnages et les questions de société (le racisme surtout).

J'ai été complètement bluffé par la performance des acteurs. Nicole Kidman, vulgaire à en crever, bimbo nympho, est tout simplement brillante. C'est un plaisir (coupable) de la voir uriner sur le mignon Zac Efron, de mimer une fellation, de décroiser les jambes de façon suggestive et de mâcher son chewing-gum avec un air de bêtise insondable. Matthew McConaughey confirme être l'acteur le plus passionnant du moment. Quant à John Cusack, il joue avec une perversité diabolique le plus beau méchant vu récemment.

La réalisation de Lee Daniels est brillante, moite, vive, plus sage que dans Precious mais tout aussi dynamique. Le film est parsemé d'éclairs trash du plus bel effet.

Une réussite.

 

3e

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In another country

Les fidèles lecteurs de Christoblog savent combien j'apprécie le petite musique de Hong Sang-Soo.

C'est donc avec une émotion particulière que j'attendais à Cannes la projection d'In another country en sélection officielle, en me demandant si la greffe Isabelle Huppert allait fonctionner

Et la réponse est oui, l'actrice française s'intègre parfaitement à l'univers si particulier du Woody Allen coréen.

Le principe du film frôle le génie : trois histoires différentes, un même lieu, des anecdotes similaires (l'héroïne cherche toujours un phare), des bouts de dialogues identiques. Isabelle Huppert joue avec beaucoup de talent successivement une réalisatrice de cinéma, une européenne qui attend son amant coréen et une femme qui voyage avec son amie.

Si les péripéties de chacun des tryptiques sont somme toute négligeables, c'est que pour une fois la forme prévaut sur le fond. La mise en parallèle de ces trois histoires réinterroge brillament les thèmes chers au réalisateur : les relations hommes / femmes, les diverses façons de se ridiculiser, les petites mesquineries, les occasions ratées, le poids du destin, l'indécision, l'alcool. Ces thématiques trouvent dans le décalage culturel entre la Française et ses partenaires coréens un nouvel espace à investir. Il ressort de tout cela le fort sentiment que les hommes coréens sont ... des obsédés sexuels de premier ordre.

Fascinant à regarder, comme un kaléidoscope de la condition humaine amoureuse, le film est également extrêmement drôle grâce au personnage du maître nageur joué par Yu Yung-San, présent dans les trois derniers films de Hong Sang-Soo. Son apparition dans la première histoire donne lieu à une scène d'anthologie, sous forme d'une chanson improvisée sous une tente, probablement le moment le plus drôle de tout le Festival de Cannes. On retiendra une autre scène hilarante dans laquelle un moine zen, sensé être détaché de tout, se voit demander son stylo Mont-Blanc par une Isabelle Huppert sans aucune gêne.

Comme dans d'autres films de HSS, on peut s'amuser à remarquer mille détails, comme par exemple ces objets qui voyagent d'une histoire à l'autre (une bouteille de bière abandonnée sur la plage, un parapluie dissimulé).

C'est drôle, brillant, pétillant, modeste et par moment franchement génial.

 

3e

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Ted

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/62/03/20141182.JPGAmateurs de pets, réjouissez-vous.

 

Les frères Farrelly vous ennuyaient ? Vous trouviez Jude Apatow apathique ? Seth MacFarlane vous propose mieux (ou pire ?) : un ours en peluche qui pète, qui baise les caissières de supermarché dans les remises (mais il a aussi sauté Norah Jones...), qui conduit comme un manche en tweetant, qui sniffe de la coke à s'en blanchir le museau, qui jure à tous les bouts de phrases, qui manipule le politiquement non-correct à un rythme de mitraillette, etc.

 

C'est complètement bluffant, bourré de références qui m'ont pour 95 % d'entre elles échappé, et au final assez marrant.

 

Fi du scénario idiot et d'un Mark Wahlberg transparent, le film ne vaut que par le jeu de l'ourson en peluche et d'une pléiade de seconds rôles tordants. On n'oubliera pas de sitôt, entre autres, le déhanchement ahurissant de Giovanni Ribisi.

 

Pour ce qui est du film culte d'une génération Star Wars, je ne suis pas très bien placé pour en parler, ayant en gros une décennie de plus, mais je suis preneur de compléments d'information sur le nombre incalculable d'allusions via name dropping, sonneries de téléphone portable, extraits de show télé.

 

On rit modestement mais souvent, tellement le flow de Ted l'ourson est plein de trouvailles et de saillies qui portent presque toutes.

 

2e

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Almanya

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/09/80/19665339.jpg

Almanya est une comédie qui raconte le destin d'une famille d'immigrés turcs arrivant en Allemagne dans les années 1960. On suit avec un grand plaisir l'odyssée de Huseyn et de ses 4 enfants, du départ de Turquie aux surprises réservées par l'installation en Allemagne, puis au retour de toute la famille en Anatolie, suite à l'idée improbable du grand-père d'acheter là-bas une maison.

La réalisatrice Yasemin Samdereli choisit un ton délibérément léger, à mille lieues de la critique sociale, et son talent consiste à maîtriser parfaitement toutes les ficelles du feel-good movie : personnages très attachants, changement de rythme incessant, anecdotes bien trouvée, intrigues secondaires, trame narrative (à base de flash-backs) habilement tissée. Le scénario, très fouillé, aurait été travaillé pendant 7 ans.

Le film n'hésite pas à solliciter les glandes lacrymales de multiples façons, mais il le fait en évitant les pièges d'une sensiblerie trop envahissante, et en maintenant toujours une distance amusée mais empathique avec ses personnages.

Immense succès en Allemagne (Almanya y fut le 4ème succès au box-office 2012), le film vient compléter dans le registre de la comédie les beaux films d'autres enfants allemands ou autrichiens de l'immigration turque : les drames Une autre femme d'Umut Dag et L'étrangère de Feo Aladag, ainsi que les films de Fatih Akin.

Un excellent film de dimanche après-midi pluvieux.

 

3e

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Dans la maison

Dans la maison n'est pas un film infâme. Il bénéficie d'un scénario intéressant, et la réalisation de François Ozon est comme toujours très maîtrisée, et même parfois brillante

Il y a pourtant des éléments dans le film qui m'ont empêché d'y adhérer vraiment.

Je trouve d'abord que tous les personnages sont hyper-caricaturaux, rabaissés en quelque sorte à leur simple silhouette. Prenons la famille Rapha : le père est ridicule avec son goût pour le basket (il ne joue même pas correctement), la mère réduite à son tropisme pour la décoration et le fils à une vague entité quasi décérébrée. Le tout ne fonctionne tout simplement pas, à tel point que j'ai cru pendant toute une partie de film que toute cette famille allait s'avérer n'être qu'une oeuvre d'imagination.

Luchini est artificiel (pléonasme ?), Kristin Scott-Thomas l'est encore plus, les enseignants et proviseurs ne sont absolument pas réalistes, les jumelles jouées par Yolande Moreau n'existent par vraiment, etc... Même les décors semblent surjouer ! Quant au personnage de Claude, sensé être diabolique, il se résume tristement à un petit rictus qu'on ne qualifiera même pas de pervers.

L'univers usuellement fantaisiste d'Ozon, avec son côté dessiné à gros traits, s'adaptait bien aux trames de 8 femmes et Potiche. Ici le mélange ne prend pas, par manque de réalisme. Pour que l'histoire fonctionne parfaitement, il faudrait que nous croyions à la vérité des situations, et ce n'est pas le cas.

Le film est enfin franchement mou du genou dans ses parti-pris : j'attendais plus de transgressions, plus d'audace, à la fois dans la matière narrative du film (on est loin des relations sulfureuses du modèle revendiqué, le Théorème de Pasolini), et aussi dans son jeu autour de l'imagination (les scènes rejouées pourraient être beaucoup plus stimulantes).

Dans la dernière partie, Ozon utilise carrément le bulldozer à symboles (Germain assommé par une lourde version du Voyage au bout de la nuit ?!?). Le film se finit en capilotade, accumulant raccourcis et ellipses improbables.

Prometteur sur le papier, Dans la maison accouche d'une souris en pleine cure de Xanax.

 

2e

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Like someone in love

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/78/70/20066631.jpgVous trouverez probablement sur la toile des personnes qui ont aimé ce film et vous en parleront comme "d'une oeuvre d'art".

 

D'une certaine façon, si on considère la dernière production d'Abbas Kiarostami comme une oeuvre destinée à tourner en boucle dans une salle d'exposition, elle peut en effet être considérée comme telle. Cadrage impec, actrice au physique magnétique, reflets parfaits dans un pare-brise, dépaysement absolu dans un Tokyo fantasmé : Like someone in love aurait sa place dans un musée d'art contemporain.

 

Au cinéma, j'aime autant vous le dire, vous allez royalement vous ennuyer.

 

J'ai lu que Kiarostami avait tourné ce film sans aucun scénario et improvisait au fur et à mesure, ce qui troublait beaucoup ses acteurs. Ca se voit.

 

En réalité, je n'ai absolument rien compris au propos du film (s'il y en a un) : tout y est approximé, inachevé, à l'image d'une fin effroyablement ratée. Les qualités de cinéaste de Kiarostami sont pourtant bien présentes : capacité de capter les émotions, de filmer les longues discussions et leurs évolutions, photo propre et cadre hyper-maîtrisé. Le film est fait de tics et de trucs, et aurait probablement fait un très beau court-métrage.

 

Délayé comme il l'est dans la durée, il n'entraîne qu'un discret dédain.

 

1e  

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Reality

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/57/09/20110343.jpgReality est très plaisant à suivre dans sa première partie. Matteo Garrone y dessine un tableau attendrissant de la société napolitaine : obésité, faconde, palais décatis, arnaques en tous genres, tronches de cirque, gouaille maximale. On est littéralement emportés par un tourbillon de sensations, conçu par une caméra virtuose et un peu tape-à-l'oeil (grues et hélicoptère sont de sortie).

Las ! Le film devient sur la fin une énième variation sur l'aliénation que génère la télévision et plus spécialement la télé-réalité... mais le Loft est loin et tout cela paraît aujourd'hui presque suranné.

Subsiste tout de même cette tronche incroyable, celle d'Anielle Arena, l'acteur principal, dont on sait qu'il est en prison (depuis 20 ans et à perpétuité, voir l'article de Libé) pour meurtre et qu'il utilisait ses permissions pour tourner le film. Un acteur-né, qui évoque par les mouvements de son visage toute une palette de sentiments, de l'énervement le plus hargneux à l'amour le plus pur.

Le film ne se réduit pas à cette anecdote, mais cette dernière l'illustre parfaitement : il est à la fois bancal et séduisant.

 

2e 

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Gebo et l'ombre

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/56/92/20197665.jpgAlain Resnais a 90 ans et ça ne se voit pas.

Manoel de Oliviera à 103 ans, et ça se voit.

Autant Vous n'avez encore rien vu est un film vif, plein d'intentions et d'imagination, autant Gebo et l'ombre est un film empesé, sépulcral, comme réalisé d'outre-tombe.

L'intrigue, de style dostoievskien, est noire et peu intéressante. Elle est tirée d'une pièce d'un obscur écrivain portugais, Raul Brandao (1923).

De Oliveira a écrit les dialogues, qui semblent renvoyer à l'avant-dernier siècle et forment une loghorée générant un ennui profond. L'esprit du spectateur souhaite s'échapper de cette morose prison verbale, mais les plans fixes interminables et la pauvreté du décor l'en empêchent.

Reste alors la possibilité de guetter que Michael Lonsdale trébuche sur une difficulté (comme "Que ne donnerions-nous pas ?"), de constater que Claudia Cardinale, en bonne italienne, annonce ou conclut toutes ses répliques par un geste illustratif, et que Jeanne Moreau garde son espiéglerie de jeunesse dans son corps de vieille femme.

Les acteurs portugais fétiches sont aussi là (Ricardo Trepa et Luis Miguel Cintra), parlant français avec un accent curieux qui m'a empêché de bien me concentrer sur ce qu'ils disent. Trepa en particulier mange les syllabes et le "r" ce qui l'amène à dire "voa" au lieu de "voleur". C'est assez dérangeant.

Si on excepte la photographie assez proche des tableaux flamands (mais dont il faut accepter le caractère résolument factice), le film ne présente aucun intérêt.

Du maître portugais je n'avais déjà pas aimé L'étrange affaire Angelica.

 

1e

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Tous les garçons aiment Mandy Lane

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/64/74/96/19478997.jpgDVD prêté par Fab, du curieux rélaisateur Jonathan Levine (50/50) et commenté ici en dehors de toute actualité : ça change !

 

Le film est présenté comme une variation de Scream, un "survival" comme en a vu des millions, avec des ados aussi écervelés que dénudés (les deux semblent s'auto-amplifier), perdus dans la nature sauvage, mais dans une grande demeure mystérieuse, et en proie à un tueur sadique.

 

C'est à la fois une vérité (c'est bien ce qu'est le film, au final) et une tromperie : il est aussi quelque chose d'autre, une sorte de variation diabolique autour de l'innocence - ou de l'absence d'innocence - ou l'inverse.

 

Doté d'une intro plutôt fumeuse (on ne comprendra - vaguement - son sens que très tard), d'une photographie saoûlante (les années 80 speedées à la Danny Boyle), d'un rythme de clip de bas étage et d'une interprétation pour le moins inégale, le film laisse le spectateur un peu groggy. Certaines scènes frôlent le grand-guignol, comme celle de la fosse commune aux bovins, d'autres sont consternantes de conformité.

 

Au final je refuse presque de donner un avis. Sauf peut-être qu'on a quand même bien envie de savoir la fin dès le début, et que celle-ci s'avère malgré tout surprenante.

 

2e

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Después de Lucia

Después de Lucia commence comme un film sur le deuil (on comprend dès les premières scènes que la mère est décédée dans un accident de voiture) et évolue rapidement vers le sujet du harcèlement chez les adoslescents.

Les deux sujets peuvent apparaître associés dans le même film d'une façon factice, mais en réalité les réactions d'Alejandra, et en particulier lors de la scène pivot où elle se laisse filmer pendant un rapport sexuel, s'expliquent probablement à la lumière du drame qu'elle vient de vivre.

Si elle semble forte et résolue au début du film, on comprend vite qu'elle compense le désespoir du père sans avoir elle-même effectué l'intégralité de son travail de deuil.

Le film est dur, mais il n'est curieusement pas très émouvant. On a en réalité envie de dire à la victime : mais bouge un peu, réagit, dénonce, ne sacrifie pas ton besoin de socialiser à ta dignité d'être humain (une impression déjà éprouvée récemment à la projection de Compliance). Evidemment, dans les cas de harcèlement, les choses sont très complexes et ma réaction est foncièrement injuste (j'en suis conscient), surtout si on ajoute la problématique du deuil - qui conduit peut-être à une espèce d'auto-punition, voire de masochisme.

En ce qui concerne la réalisation du jeune mexicain Michel Franco, on peut dire qu'elle est aussi glaciale que possible. Caméra fixe qui enregistre froidement des situations très cruelles, mutisme borné de certains personnages, ellipses diverses, plans de coupe semblant sans rapport avec l'intrigue, décors signifiants filmés commes des états d'esprits : la manière évoque irrésistiblement Haneke. Je l'ai remarqué, et je pense que je ne serai pas le seul.

Ceux qui suivent Christoblog savent à quel point le cinéma de l'autrichien m'indispose par son minimalisme outrancier et sa sourde complaisance, celui de Michel Franco me semble intellectuellement plus honnête, les effets y sont moins démonstratifs et le rythme mieux tenu.

Au global, je reste toutefois assez mitigé sur le résultat. Globalement je me suis plutôt ennuyé, mais au lendemain de la projection une trace tenace du film subsiste, notamment dûe à un dernier plan d'une précision et d'une cruauté assez effrayante, associé à un troisième sujet, la vengeance.

Verdict : à voir par curiosité, et avec un moral plutôt au top.

 

2e

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