Ok, j'expérimente un truc spécial : je vais commenter le season final de Lost sans l'avoir vu. En réalité c'est que j'en ai marre d'attendre : 6 ans déjà ... pff... et pourquoi ça ? Je suis normalement constitué, pas plus maniaque obsessionnel que vous (quoique ?). Et même, je dirais que je suis assez rationnel.
Alors, à quelques minutes (2h30 tout au plus) de comprendre pourquoi j'ai passé plus de 100 heures à regarder ce salmigondis de croyances à la mords-moi-le-noeud, de machins improbables et toujours habillés d'une sorte de rationalité extrinsèque (voilà que je me mets à délirer maintenant), oui, à quelques minutes de cela, qu'attends-je ?
Rien.
Me reviens en tête cette sentence : "Le meilleur dans l'amour, c'est la montée de l'escalier".
Oui, quoique ce season final me révèle, il sera en-dessous de ce que j'ai imaginé. Ainsi Lost restera comme la plus grande série en terme de promesses (tenues ou non, peu importe). "L'attente aiguise le plaisir" pourrait être son frontispice. Je reviens bientôt, après avoir vu la fin ... et je ne serai pas déçu quoiqu'il arrive.
(Interruption 21h13, le 24 mai 2010)
Eh ben si. J'ai été déçu. Et toc.
Que le dernier épisode n'explique pas les pseudo-mystères scientifiques (la fumée noire, l'électromagnétisme, les nombres, qui a érigé la statue, pourquoi les femmes ne pouvaient pas avoir d'enfants sur l'île, etc...), finalement peu importe. Il n'y a que les crypto-scientifiques en mal d'explications rationnelles qui s'en offusqueront. Mais ceux là devraient avoir compris depuis longtemps que les révélations importantes avaient déjà eu lieu (les deux épisodes Ab Aeterno et Across the sea en ont révélé une tonne). Après tout, comme je l'ai lu ailleurs, se demande-t'on pourquoi Perter Pan peut voler ?
Donc le dernier épisode se concentre sur les personnages, et non sur les mystères, comme annoncé par les showrunners. OK. Rien contre. Jusque là, je suis.
Maintenant, vous qui êtes fondamentalement réticents aux spoilers, partez. ET VITE.
Car les 15 dernières minutes m'ont cruellement déçues. On dirait que JJ Abrams (et c'est possible) a imaginé les 5 dernières minutes à la suite des 5 premières. En effet, sans dévoiler la fin (mais qui se trouve être dans le même registre que la fin de Six Feet Under, en 500 fois moins bien), on peut tout de même dire qu'on n'y retrouve que les tout premiers participants (except Desmond, évidemment), y compris les plus accessoires : Shannon et son frère, Bernard et Rose...
Ainsi, apparait pour la première fois dans le vaste monde des séries cette incongruité : 5 minutes au début, 5 minutes à la fin, et au milieu, du grand remplissage, assez approximatif. Ceux qui ont vu Alias, la première série imaginée par JJ Abrams, comprendront ce que je veux dire par remplissage - et la frustration qui va avec.
Je précise : la fin en soi ne me heurte pas trop, sauf peut-être par son caractère religioso-panthéiste un peu ridicule voire tendancieusement scientologue. Mais quand même : elle ignore, elle souille, elle annihile tous les autres personnages de la série, en vrac : Jacob, MIB, l'île elle même (qui aurait méritée son centric), Wildmore, Eloise, Daniel, Charlotte, Ben, Eko, Ana Lucia, Rousseau, Mickael, Walt, Nadia, Richard, Ethan, etc... à quoi ça rimait de mettre tous ces gens en scène s'il ne servaient à rien , en tout cas à rien de plus que Boone, appelé lui à la petite scène finale "tout le monde il est beau, tout le monde il content" ? Comment imaginer qu'au moment de quitter un purgatoire (de pacotille entre parenthèse) il faille s'entourer de cette gourde de Shannon, plutôt que de sa mère ou de son père ? C'est quand même un peu n'importe quoi dans le genre bisounours au Paradis. Et je passe sur le vitrail rassemblant ostensiblement toutes les religions : on n'est quand même pas loin du foutage de gueule intégral.
Bon, je me résume. La fin n'est pas complètement nulle, mais presque. Je ne déteste pas, mais à l'image de la série j'ai envie de dire : aurait pu tellement mieux faire ! Les réalisateurs avaient toute une saison pour remettre les choses à l'endroit et mettre un peu de cohérence dans toutes les intrigues lancées. Au lieu de cela, ils ont développé les flashsideways, qui apparaissent aujourd'hui comme bien fades et inutiles. De 3* la série se voit rétrogradée en 2* au Paradis des séries.
Ce fut un long voyage, et je fus heureux d'en être, car Lost fut plus une expérience collective qu'une série.
Lost, S6, mon avis après le 12ème épisode
Lost, S6, mon avis après le 6ème épisode