Il y a dix bonnes minutes dans L'affaire Collini, vers la fin.
Pour le reste, ce film très scolaire de l'allemand Kreuzpaintner ne génère pas beaucoup d'enthousiasme.
Nous sommes ici dans le genre très classique du film de procès, mâtiné d'une énigme psycho-historique... dont la solution est révélée dans l'affiche du film, qui expose bien visiblement une croix gammée !
La première heure est globalement de trop. Un faux suspense est installé laborieusement, le film est extrêmement maladroit à la fois dans sa narration (les romances superficielles) et ses idées de mise en scène (éclairages et musiques trop démonstratifs). Tout est trop long et trop appuyé.
Les choses s'améliorent ensuite un peu lors du procès, même si la façon dont les différents personnages sont dessinés reste très balourde. Malheureusement les derniers plans sont à nouveau très mauvais, et le dernier est véritablement catastrophique, d'une niaiserie abyssale.
Dommage, car le fond est intéressant. Il aurait mérité un traitement moins clinquant et plus profond.
Ce film argentin découvert à la Berlinale 2020, serait sorti en France le 13 avril 2022, mais je ne l'ai vu au programme d'aucun cinéma... ce qui ne me semble pas très dérangeant.
En effet le film de Sol Berruezo Pichon-Rivière est un exercice de style assez plombant, qui rappelle le cinéma européen d'auteur dans son expression la moins attrayante. Il rencontre pourtant un succès certain partout où il est présenté.
Le sujet du film n'est pas inintéressant (le deuil d'une soeur vécue par une petite fille et sa cousinade féminine), la mise en scène ne manque pas d'idées, mais la narration évanescente, les effets appuyés et l'abus d'ellipses énervent le spectateur : on ne comprend que très lentement ce qu'on voit.
Certains voit dans le film un cousinage avec la Sofia Coppola de Virgin suicides, j'ai pour ma part plutôt pensé au mélange de délicatesse et d'afféteries grossières qui caractérise le cinéma d'Alice Rochwacher (Les merveilles). Je n'ai pas vraiment accroché à cette chronique, certes homogène stylistiquement, mais que j'ai trouvé vaguement insipide, et pour tout dire, assez inconsistante.
Le film possède cependant une grande qualité : il ne dure qu'une heure et cinq minutes.
Drôle, la nouvelle série de Fanny Herrero (Dix pour cent) est-elle drôle ? Et bien, pas vraiment.
Mais elle présente l'intérêt de montrer l'univers du stand up de l'intérieur, et elle met en scène des personnages attachants, Aïssatou (Mariama Gueye) et Nezir (Younès Boucif) en tête. On souhaite à ces deux-là les destins de Laure Calamy, Camille Cotin, Nicolas Maury, ils en ont potentiellement l'étoffe.
Drôle est donc plutôt agréable à suivre, même si (et je me souviens que j'avais eu le même type de sentiments au début de Dix pour cent) l'écriture peut paraître parfois brouillonne et même vulgaire. La plupart des personnages sont stéréotypés sans finesse (la mère d'Apolline par exemple) et certaines scènes tombent à plat.
Malgré ces défauts, je dois avouer que j'ai tout de même dévoré les six épisodes, tant le talent de Fanny Herrero est grand pour tisser avec efficacité une progression dramatique certes un peu téléphonée, mais redoutablement efficace.
Je vais attendre la suite pour voir si l'amélioration qu'a connu Dix pour cent au fil des saisons (plus de densité, de profondeur, de subtilité, puis de noirceur) se retrouve ici.
Quel intérêt de faire le voyage au Kosovo pour filmer avec autant de platitude une montagne de clichés déjà vus mille fois : des jeunes qui glandent, qui voudraient s'en sortir et quitter leur trou pourri, qui traînent en bande, finissent par faire des conneries et explorent leur orientation sexuelle ?
L'apparition de l'actrice réalisatrice française d'origine kosovarde Luana Bajarami dans son propre film est assez ridicule. Elle observe les trois jeunes filles comme des animaux, et ne dit que des banalités. On peut se demander si ce n'est pas sa notoriété récente (on l'a vue dans L'évènement, Les 2 Alfred...) qui lui a permis de réaliser ce film médiocre aux relents autobiographiques, de plus sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs 2021.
Les évènements sont invraisemblables, les personnages stéréotypés. Tout n'est qu'esquissé, ou parfois surligné (on court toutes habillées dans le lac au ralenti ? allez !).
Bref, rien ne va dans ce film, qui n'est même pas sauvé par un pittoresque mariage local, assez mal filmé.
Jonas Carpignano poursuit ici son exploration, entre fiction et documentaire, de "sa ville" calabraise, Gioia Tauro.
Ce troisième film, après Mediterranea et A ciambra, nous emmène dans le milieu de la mafia. On suit le destin d'une jeune fille qui se rend progressivement compte à quinze ans que son père est un mafieux.
La façon de Carpignano fait ici merveille : mélange de réalisme brut (les scènes familiales du début, caméra à l'épaule, image à gros grain façon Kechiche) et d'onirisme égrené par petite touche (les rêves de Chiaria, la chambre en feu, le gouffre dans le salon).
Le film a une bande-son formidable, très travaillée et signifiante. La thématique du choix de vie, celui du passage à la condition d'adulte sont très bien traités. Mais ce qui emporte tout, c'est le visage et le corps rayonnants de Chiara, sa volonté de vivre, son exigence de comprendre.
Quelques scènes sont tout simplement géniales : la cache dans la brume, le passage du contrôle policier. Urgence, captation des sentiments les plus complexes au plus prêt, la vie semble ruisseler de l'écran dans les films de Carpignano.
Un formidable thriller psychologique mâtiné de documentaire brut.
Jonas Carpignano sur Christoblog : A ciambra - 2017 (****)
Je n'ai rien aimé dans le dernier Gaspar Noé. Au vu de son sujet, le film devrait être dérangeant, oppressant, déstabilisant, mais il est simplement chiant.
Lui (Dario Argento) écrit un livre sur le cinéma, et dit parfois de jolies phrases. Elle (Françoise Lebrun) perd la boule. Alex Lutz est leur fils, ex-drogué.
Et ? Rien du tout. Vortex ne raconte rien et la seule idée de mise en scène qu'il propose est le split screen, par ailleurs bien mieux utilisé dans Lux Aeterna. Certains diront qu'il n'a pas besoin de raconter puisqu'il montre : les deux acteurs pissent, se lavent, s'habillent, fréquentent les épiceries de quartier, errent dans un logement tellement envahi de souvenirs et de livres qu'il en devient un cauchemar de claustrophobe. Mais cette absence de point de vue lasse vite, après avoir brièvement intrigué.
Il y a dans le film une complaisance benoîte à filmer la décrépitude, bien éloignée de l'exaltation des corps qui sublimait Climax. Le cinéma de Noé est avant tout sensoriel : quand il échoue à faire sentir, il apparaît comme une terrible et cruelle coquille vide.
Ce joli film israélien présente beaucoup de qualités et constitue une très jolie découverte.
L'idée de départ est très maline : un arabe qui habite Jérusalem et qui méprise son milieu d'origine reste bloqué dans son village natal où il est venu assister à un mariage, suite à un blocus inexpliqué mis en place par l'armée israélienne.
S'en suit une suite de mésaventures tour à tour comiques, émouvantes, tendres, et dramatiques. Notre personnage principal n'a plus accès à internet et va devoir communiquer avec sa famille, ses amis du passé et sa femme !
Le film est très composé (le scénario est remarquable) et riche en thématiques (la situation politique, les factions palestiniennes, les sans-papiers, le courage, la déliquescence d'un couple).
La mise en scène de Kolirin est intelligente et inspirée, à l'image de ses coeurs palestiniens qui chantent lorsque la ville est privée d'électricité. Et il y eut un matin est à la fois un beau film politique et une chronique délicate de nos lâchetés quotidienne : le film est à découvrir.
A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 2 exemplaires du DVD duLuzzu.
Pour ce faire :
- répondez à la question suivante : Dans quel pays se déroule l'action de Luzzu?
- joignez votre adresse postale
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Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des deux DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB oumon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)
Grand vainqueur du Festival de Gérardmer 2022, ce film finlandais se place dans ce qui est en train de devenir une tendance lourde : l'épouvante nordique un peu barrée. Récemment, l'islandais (et poétique) Lamb, puis le norvégien (et alambiqué) Les innocents, ont montré le chemin d'un surnaturel profondément ancré dans le quotidien.
Ici, la réalisatrice Hanna Bergholm prend toutefois un chemin un petit peu différent en présentant la tableau d'une famille presque trop parfaite : la mère a un goût particulièrement kitsch en matière de décoration (du rose, du verre, des coeurs), elle tient un blog, et exerce une pression psychologique infernale sur sa fille de onze ans qui prépare un concours de gymnastique.
Evidemment ce monde parfait et sucré s'avère rapidement tordu : la mère a un amant et l'inconscient de la petite fille Tinja va revêtir plusieurs formes inquiétantes et assez réussies. Le film n'est pas avare de jumpscares, mais aussi de visions formelles d'une grande beauté, le tout assez concis et ramassé pour préserver l'intérêt de Ego jusqu'à la fin.
Je conseille donc plutôt ce film bien écrit (la dernière partie est assez surprenante), servi par l'interprétation impressionnante de la jeune Siiri Solalinna. J'ai pu voir le film en Blu-ray et apprécier encore plus la qualité de la belle photographie du film.
De film en film, Ryusuke Hamaguchi s'affirme comme l'un des plus grands cinéastes en activité.
Si cet opus est un peu moins complet et profond que son chef-d'oeuvre Drive my car, il met en exergue deux de ses qualités principales : une direction d'acteur de haut niveau, qui permet une exploration en profondeur des sentiments humains, et des talents de dialoguistes hors pair.
De contes, il y en a trois. Le premier est d'une facture assez classique (une femme raconte à son amie son coup de foudre pour celui qui s'avère être l'ex de son amie). Le second est vertigineux et constitue une approche de la libido (en particulier féminine) assez peu courante dans le cinéma japonais contemporain.
Le troisième, qui raconte les retrouvailles de deux femmes plusieurs dizaines d'année après leur lycée, est profondément émouvant. Dans cette dernière partie, Hamaguchi atteint des sommets en matière d'écriture : l'intrigue est surprenante, les fausses pistes nombreuses, les rebondissements psychologiques étonnants et la finesse d'interprétation atteint des sommets. C'est vraiment du grand art, d'autant plus que la mise en scène se met alors au diapason du scénario, multipliant les effets (symétries, transparences, angles) dans un huis clos d'une apparente simplicité. Magnifique.
A plein temps applique au quotidien d'une mère de famille élevant seule ses deux enfants les recettes des thrillers décrivant habituellement des situations exceptionnelles, ou des personnages hors la loi.
Il faut donc par exemple imaginer le torrent furieux de Uncut Gems, des frères Safdie, décrivant quelques jours de la vie de Julie, ballotée entre ses problèmes de boulot, une grève SNCF et la difficulté de faire garder ses deux enfants.
Le résultat est un exercice de style qui intéresse surtout par sa capacité à ne jamais faiblir dans son rythme, par la pure magie du montage et d'une caméra souvent portée à l'épaule. A plein temps peut aussi s'apprécier comme un documentaire consacré dans son intégralité à documenter les différentes transformations possible d'une Laure Calamy dont la profondeur de jeu s'affirme de film en film. C'est un spectacle extraordinaire de voir son visage traverser à peu près tout le spectre des émotions possibles (soumission, séduction, colère, amour, tristesse, détachement, concentration, etc).
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, The leftovers est l'une des toutes meilleures séries que j'ai eu l'occasion de regarder, à placer aux côtés de Six feet under, The wire ou The sopranos.
Pour se faire une idée de son degré de qualité, il faut imaginer la magie disgressive de Lost (des personnes comme vous et moi plongées tout à coup dans un monde irrationnel, des surprises vertigineuses et des renversements complets de perspectives, une poésie diffuse), mais une magie qui serait maîtrisée, canalisée, organisée.
Damon Lindelof, scénariste de Lost et de The leftovers, semble ici tirer les enseignements de son expérience précédente en adaptant le roman de Tom Perrotta : trois saisons au lieu de six, un meilleur contrôle des digressions narratives, une fin beaucoup plus travaillée.
La série commence par un événement incroyable : 2% de la population humaine disparait au même moment. Que sont ils devenus ? Et surtout comment le monde va réagir à cette évènement incroyable ? Et comment ceux qui ont perdu quelqu'un vont-ils (peuvent-ils) faire leur deuil ?
Les trois saisons nous font suivre les destinées de Kevin Garvey, policier, et de sa famille, de Nora et de son frère pasteur Matt, et de quelques autres protagonistes confrontés aux problématiques évoquées plus haut : tous ces personnages vont nous entraîner dans un fleuve de situations plus étranges les unes que les autres (on voyagera chez les morts, on partegera la vie d'une secte, on hésitera à suivre plusieurs messies) tout en gardant constamment ce qui fait la vraie valeur de la série : une analyse aigüe des sentiments humains.
La qualité des trois saisons (chacune étant centrée sur un lieu différent), s'améliore au fil de la série, ce qui est assez rare pour être noté. Certains épisodes sont parmi les plus impressionnants que j'ai pu voir, à la fois pour l'originalité de leur point de vue, la qualité de leur réalisation et la déflagration d'émotions qu'ils génèrent.
The leftovers est un torrent de sensations et d'intelligence, un voyage à la fois insensé et profondément crédible, un bijou comme il en apparaît qu'une ou deux fois par décennie. Un chef d'oeuvre.
Présenté à la Semaine de la Critique 2021 et couronné par le Goya du meilleur premier film, Libertad est un joli film sensible.
Les thématiques abordées ne sont pas très originales : une amitié entre deux jeunes adolescentes de classe très différentes (l'une est la fille de la maîtresse de maison, l'autre de la domestique colombienne), la position ambigüe d'une employée de maison qui à la fois fait partie de la famille et peut en être exclue sans autre forme de procès (un classique du cinéma sud-américain - même si le film est ici espagnol), les premiers émois sensuels de jeunes adolescentes, la maladie d'Alzheimer qui s'abat sur la grand-mère.
Rien de bien nouveau donc, mais une manière élégante, un scénario qui tisse habilement des liens entre les différents personnages, une mise en scène fluide et surtout des actrices formidables.
On est donc globalement séduit par cette chronique estivale assez classique qui ouvre la Quinzaine du cinéma espagnol et sud-américain de Chambéry, et on surveillera la carrière de la scénariste réalisatrice Clara Roquet, qui, nous a-t-elle dit ce soir, prépare un second long-métrage de fiction dont le sujet sera le polo en Argentine.
Dans la filmographie très inégale de Clint Eastwood, il faut apprécier les films comme celui-ci, dans lesquels le mauvais goût de l'américain s'efface devant une solide histoire.
C'est en effet avant tout au talent de Dennis Lehane que Mystic river doit sa belle tension intérieure : une intrigue d'abord tortueuse puis limpide, une plongée dans les méandres les plus noires de l'âme humaine et une sécheresse sans afféterie chez tous les protagonistes.
Eastwood n'ajoute presque rien de tape l'oeil dans la mise en scène (si ce n'est parfois un peu trop de musique, et une fin pas très heureuse). Il filme des acteurs formidables avec une élégance plaisante, parsemant le film de vues d'ensemble sur la ville ou la rivière, qui donnent une tonalité presque sacrée au drame qui se joue sous nos yeux.
Le film date de 2003. Il a très bien vieilli, et on peut se demander si aujourd'hui le cinéma américain de studio serait capable de produire un film aussi noir et aussi long (2h17). Sean Penn trouve ici peut-être le meilleur rôle de sa carrière, à la fois flippant et émouvant, mémorable à plusieurs reprises.
A priori, rien de bien original dans cette histoire : deux ados de la même ville vivent une histoire d'amour contrariée, sur plusieurs années.
Comment alors expliquer le succès mondial de cette mini-série irlandaise (douze épisodes de 30 minutes) ?
Peut-être d'abord par la situation de départ : sa mère à lui est femme de ménage chez sa mère à elle. Quand les deux jeunes sortent ensemble, leur différence de milieu social les empêcheront de s'afficher, d'autant que lui est très populaire, et elle très sauvage. Dans l'époque suivante, à l'université, la situation s'inverse et c'est ce contraste qui fait tout le sel de la série : c'est son tour à elle d'être populaire, et à lui d'être isolé.
Ajoutons à ces éléments sociaux une actrice charismatique (Daisy Edgar-Jones), des particularités psychologiques très humaines et inhabituelles (elle a un penchant masochiste, lui traverse une dépression), des scènes de sexe extrêmement convaincantes, et nous avons ici une très jolie réussite à mettre de nouveau au crédit de la BBC.
Vous apprécierez d'autant plus la série si votre coeur d'artichaut est sensible aux histoires tristes et romantiques, ce qui est mon cas.
Quel beau film que ce premier long-métrage de la réalisatrice Yukiko Sode !
Il y a dans ce long et ample récit polyphonique quelque chose de la subtilité du cinéma d'Hamaguchi, auquel j'ai souvent pensé.
Le sujet n'est a priori pas très excitant : une jeune femme de 27 ans, issue d'un milieu très aisé, est poussé par sa famille à trouver un mari...
L'occasion pour nous de vérifier que le Japon est bien une société très compartimentée (classes sociales, quartiers de Tokyo, rapports hommes femmes), est profondément ancrée dans des comportements ancestraux et sclérosés.
Tout l'intérêt d'Aristocrats est d'illustrer dans un premier temps ce constat glaçant très brillamment, avant de le dépasser tout doucement en donnant la parole à une autre femme de condition modeste, puis en entremêlant leur deux voix, sans donner jamais le point de vue de l'homme.
Le film est d'une subtilité rare, et d'une belle longueur en bouche. Yukiko Sode frappe un grand coup et confirme le retour en forme du cinéma japonais.
Caché est peut-être le film le plus abordable d'Haneke. Le pitch ressemble en effet à un thriller psychologique, comme aurait pu en tourner Chabrol, par exemple : une famille aisée reçoit des cassettes vidéo montrant que quelqu'un la filme en secret.
Il apparaît assez vite (et par le biais d'inserts sous forme de flashbacks pas toujours très élégants) que ce harcèlement à un rapport avec un événement se situant dans l'enfance du personnage joué par Daniel Auteuil.
Parmi les points positifs de Caché, il faut noter le jeu constant sur l'image : au début d'un nouveau plan, on ne sait jamais par avance si ce qu'on voit est le contenu de la prochaine cassette (car le visionnage de celles-ci n'est presque jamais annoncé), ou le film en lui-même. La confusion est amplifiée par la vision à l'écran d'autres écrans : journal télévisé, montage d'une émission de télé (car le personnage de Daniel Auteuil est présentateur télé).
Le jeu des acteurs est aussi un des points forts du film. Juliette Binoche est impressionnante de réalisme pragmatique.
Les points négatifs sont ceux qu'on trouve habituellement chez le réalisateur autrichien : une froideur clinique qui empêche le film de prendre son envol (sur un sujet comme celui-ci, on aurait aimé que certaines scènes de nature onirique soient plus enlevées), un manque de naturel dans certaines scènes (dans les dialogues notamment) et un aspect mécaniste dans l'avancée du scénario.
A noter qu'aucune explication totalement satisfaisante ne vient éclaircir l'intrigue à la fin du film, ce qui peut générer de la frustration, et causer chez le spectateur cette petite pointe de rancoeur qu'on ressent souvent envers Haneke, pourtant un peu moins manipulateur et surplombant dans ce film que dans les autres. A noter tout de même que le dernier plan est une sorte de coup de pied de l'âne qui en énervera plus d'un : un long plan fixe qui semble contenir des informations essentielles - mais en fait, non.
Caché est donc intéressant, mais je n'ai pas été complètement convaincu, comme souvent avec Haneke.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la date de sortie de ce film est subtilement choisie : il raconte en effet des événements se déroulant les trois derniers jours avant le premier tour d'une élection présidentielle !
Le pitch du film est plutôt sympa : alors qu'il est certain que le second tour opposera un candidat de la droite républicaine à un représentant de l'extrême droite, la présidente en exercice apprend qu'une vidéo compromettante pour le candidat républicain sortira entre les deux tours, à l'initiative de la Russie, garantissant ainsi la victoire finale du candidat extrémiste. Que faire ?
Cela aurait pu donner un thriller très intéressant, et les trente premières minutes laissent d'ailleurs espérer cela.
Malheureusement, le réalisateur Diastème choisi une autre voie : celle d'une opaque marche funèbre, dans laquelle tous les personnages semblent seuls et impuissants, évoluant dans des décors et des ambiances lugubres, et par ailleurs assez peu réalistes (comment peut on imaginer une présidente si isolée à deux jours d'une présidentielle ?). Il pense également bon de parsemer le scénario de digressions aussi inutiles que maladroites (la maladie, la fille, l'ex-mari).
Léa Drucker et Denis Podalylidès sont très bien dans leur rôle, mais les personnages secondaires sont à peine dessinés, et je n'ai pas vraiment compris la fin du film, ce qui laisse au final une impression de scénario un peu bâclé.
En ce qui concerne le monde politique, Les promesses était bien plus convaincant. Je déconseille.