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Christoblog

Magic in the moonlight

Woody se répète. Un titre et une ambiance qui renvoient à Midnight in Paris, la magie qui renvoie à Scoop, la photographie de Darius Khondji qui rappelle (entre autre) celle de To Rome with love, etc. 

On pourrait continuer longtemps la litanie des resucées inutiles pour ce film, dont au final je pense qu'il ne sert à rien.

Ni vraiment désagréable, ni vraiment moche, il n'est pas non plus particulièrement agréable ou spirituel. Pour tout dire, on s'attend à voir tout ce qu'on voit, et aussi tout ce qu'on ne voit pas. Les retournements de situations sont particulièrement insipides, et l'évolution de l'intrigue est aussi excitante qu'un épisode des Feux de l'amour

La lumière de Darius Khondji est trop belle, le jeu d'Emma Stone trop mutin et celui de Colin Firth trop taquin. On s'ennuie souvent et il faut vraiment chercher la jolie petite bête (la révélation de la prière, Dieu est finalement bien inspiré) pour trouver un petit intérêt à ce film qui appartient à une autre époque, un autre siècle.

 

2e

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Gone girl vs White bird : match nul !

Dans la série des matchs qui animent de temps en temps Christoblog, je vous propose aujourd'hui un duel entre deux films récents autour du thème "Une femme disparait", sortis à une semaine d'écart.  Gregg Araki (54 ans) contre David Fincher (52 ans).

Comme d'habitude, laissez votre vote en commentaire et je fais les comptes au fil de l'eau. Fin des votes : 2 novembre, minuit. Bien sûr, il faut avoir vu les deux films pour pouvoir voter. 

A vos claviers

 

Gone girl : 6 Antoine P-Ormsby (FB), Allan (FB), Stéphanie, johnmellor, Anna, mymp

White bird : 6 Christoblog, ffred, pierreAfeu, Alex Axs (FB), Bellin, Christophe, 

 

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Pt'it quinquin

Si on confie à Bruno Dumont la réalisation d'une série, comme vient de le faire Arte, nul doute qu'il fasse bien du Bruno Dumont.

Pas de surprise donc à ce qu'on retrouve dans Pt'it quinquin les qualités et les défauts du réalisateur :  un sens prodigieux des éclairages et des paysages, des fulgurences de mise en scène saisissantes, mais aussi un penchant pour la destructuration du récit et un intérêt douteux pour la cohérence de l'intrigue.

A Cannes, ou le film fut présenté à la Quinzaine, l'accueil fut à la fois enthousiaste (l'effet de surprise jouant à fond, Dumont se permettant ici quelques traits d'humour, ce qui n'est pas son habitude) et violemment négatif pour une petite minorité du public, qui considérait que Dumont exploitait les handicapés qui constituent ici une partie de son casting.

Ce sont en fait les deux types de réactions que la série a alternativement généré chez moi : au début un grand plaisir de découverte et de curiosité (les paysages du Boulonnais prennent ici un air particulièrement exotiques), mélangé à quelques sourires, puis un ennui grandissant dû à une intrigue qui s'effiloche et à des scènes qui mettent mal à l'aise. 

Si Bernard Pruvost, qui joue le commisssaire, semble en effet bien être un handicapé qui joue l'acteur, on n'a pas forcément la même impression avec d'autres participants à l'aventure, je pense au frère et aux grands-parents du personnage principal par exemple.

On comprendra que les gens du Pas de Calais n'acceptent pas facilement cette vision d'auteur qui donne d'eux une image peu engageante : arriérés et raciste (car Pt'it quinquin l'est sans contestation). La banderolle déployée au Parc des Princes par les supporters du PSG il y a six ans («Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch'tis») a laissé des traces qui trouvent ici un écho. 

Au final, reste pour moi quand même une impression plutôt positive, le talent exceptionel de Bruno Dumont (les majorettes !) effleurant souvent la surface de cette OVNI télévisuel, qui au passage ne respecte aucun canon des séries habituelles. Les audiences sur Arte ayant été très bonnes, une suite est maintenant envisagée.

 

2e

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Utopiales 2014

Christoblog sera présent du 30 octobre au 2 novembre aux Utopiales, à Nantes. Il s'agit du plus grand rassemblement consacré à la SF en Europe.

Le festival accueille des auteurs de romans et de BD, des scientifiques, des artistes et des films. Côté cinéma il propose des rétrospectives et une compétition qui présente des films inédits en France.

Cette année, j'essaierai de voir The midnight after, film hong-kongais de Fruit Chan, auteur de l'inénnarable Nouvelle cuisine, ainsi que Tusk, film d'horreur à base de morse (l'animal !!?) dans lequel la fille de Johnny Depp et Vanessa Paradis (Lily Rose) fait ses débuts. Tout un programme.

Pour le reste, au milieu d'un programme gargantuesque, on retiendra que les billets pour l'Exoconférence d'Alexandre Astier se sont envolés en quelques jours, et que le Festival présentera un hommage mérité au créateur d'Alien, le plasticien (entre autre...) HR Giger, décédé récemment. 

Plusieurs articles à venir sur Christoblog.

Le site officiel : Utopiales.

 

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White bird

Amusant de voir White bird après Gone girl. Le postulat de départ est le même ("Une femme disparait"), mais le traitement est radicalement différent.

Autant le cinéma de Fincher est mathématique dans sa construction - on dirait le travail d'un ingénieur, autant celui d'Araki est sensoriel et imprévu - c'est celui d'un peintre.

On est loin ici du délire de Kaboom. Le dernier film d'Araki retrouve plutôt la douceur terrifiante de son chef d'oeuvre : Mysterious skin, même si on n'atteint pas ici les mêmes sommets d'émotions.

Le film séduit particulièrement par le jeu de la jeune Shailene Woodley, d'un naturel et d'un aplomb extraordinaire. La disparition de sa mère ne semble pas la déranger tant que cela, sauf que l'inconscient fonctionne à toute berzingue, comme les rêves en témoignent. Au final, bien sûr, la disparition maternelle creuse un trou énorme, que les mecs et le sexe ne comblent pas. Il faudra aller au bout de l'intrigue pour que le noeud se dénoue définitivement.

Le film oscille doucement entre le milieu cosy d'une banlieue américaine typique, du sexe assez cru, une copine obèse et un copain gay, un père taiseux et des fausses pistes tordues. Son intérêt réside dans l'atmosphère ouatée qui le baigne tout du long : l'horreur est-elle là ? Non, semble nous murmurer la quiétude des images, alors qu'une partie de nous crie OUI.

Et cette dernière a raison.

 

3e

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Samba

En relisant ce matin ma critique d'Intouchables, je me disais que tout ce que j'écrivais sur ce film pouvait être repris à propos de Samba.

Je trouvais par exemple François Cluzet excellent dans Intouchables. Ici, Charlotte Gainsbourg trouve probablement un de ses meilleurs rôles en cadre dépressive et lunaire.

Omar Sy est époustouflant de présence, on rêverait de le voir dirigé par Scorsese dans un rôle de bad boy, tellement son physique en impose. Même Tahar Rahim, qui est l'un des acteurs que j'apprécie le moins, arrive ici à me surprendre en joyeux brésilien. Notre duo de réalisateurs excelle donc dans la direction d'acteurs, c'est une évidence.

Deuxième point fort du film : l'écriture de chaque scène. On retrouve dans Samba la même qualité que dans Intouchables, qui est souvent l'apanage des productions américaines : minutie de l'écriture qui fait que chaque punchline porte au bon moment, précision d'horloger dans le montage. Le résultat est que, prises séparément, plusieurs scènes du film sont des modèles d'efficacité. Je pense par exemple à la scène du Nouvel An à l'asso, qui mêle brillament poésie, séduction, émotion, et humour (merveilleuse Hélène Vincent).

Eric Toledano et Olivier Nakache savent donc construire une scène à la perfection et nous amener avec une facilité confondante aux bord des larmes et / ou au fou-rire (parfois simultanément). Mais il manque à Samba de la profondeur (et des méchants !) pour être un grand film.

Le cinéma de Toledano / Nakache est un cinéma de la générosité : c'est à la fois son prix et sa limite.

 

2e

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Gone girl

Difficile de me faire une idée bien arrêtée sur Gone girl.

D'un côté le film m'a ennuyé une bonne partie du temps.

En fait (attention quelques spoilers peuvent m'échapper), la première partie, centrée autour de lui, est classique, et ne casse pas des briques. La deuxième partie, qui s'intéresse à elle, est intrigante, on se demande alors où le film va aller, et c'est le meilleur moment. La troisième et dernière partie, qui s'éloigne du roman, est franchement tirée par les cheveux.

Le film est sans cesse tiraillé entre deux aspects opposés : la fluidité du style (on retrouve les qualités de Zodiac) et la grossièreté de l'écriture des personnages. Parce que, il faut bien le dire, la faiblesse du film est là : Ben Affleck joue le gros nounours inexpressif et Rosamund Pike la salope calculatrice. 

Leur deux personnages sont sous-écrits et manquent d'épaisseur. Pour le reste la critique de la société des médias est dressée au bazooka, celle du couple américain est un poil plus fine.

Le film parvient tout de même à vaguement entretenir l'intérêt par la concision et la légèreté de son montage. Il s'en faut de peu pour qu'on décroche, mais certains éléments (le personnage de l'avocat par exemple) nous ramène régulièrement au coeur de l'intrigue.

Au final, l'impression étrange que me laisse Gone girl peut se résumer ainsi : une mise en scène élégante au service d'un scénario de bûcheron.

 

2e

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Métamorphoses

Adapter l'oeuvre d'Ovide (12000 vers !) dans un décor de bordure d'autoroute et de parking désert du sud de la France : voilà le genre de défi que seul Honoré peut oser. Et réussir. 

Le film est décomposé en trois parties. La première, que j'ai trouvé vraiment excellente, conte l'enlèvement d'Europe par Jupiter, la seconde se concentre sur la figure de Bacchus, et la dernière sur celle d'Orphée - dont l'aspect christique est ici évident. Les trois comprennent des digressions étonantes (connaissez vous Penthée, Edmus ou Hippomène ?).

L'impression d'ensemble que dégage le film est pour moi celle d'une plongée dans l'inquiétante altérité des Dieux. En les représentant sous forme d'hommes et de femmes à peu près normaux (quoique), Honoré parvient à l'aide de son scénario et de quelques procédés subtils de mise en scène à nous les faire ressentir comme étrangers. Tout le film baigne donc dans une atmosphère étrange dans laquelle le plus trivial semble de façon indissoluble lié au divin : Narcisse joue au basket, Jupiter conduit un poids lourds.

Honoré parvient donc à la fois à surprendre, à impressionner (terribles bacchantes saisies dans un plan sidérant en train de dévorer un homme), à intéresser et à plaire. 

 

3e

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National gallery

Je suis un grand amateur du cinéma de Frederick Wiseman, le plus grand documentariste vivant, avec Raymond Depardon. Aussi ai-je foncé bille en tête découvrir son National Gallery à la dernière Quinzaine des Réalisateurs.

Passer près de trois heures dans un musée peut sembler a priori inquiétant, et soporifique. L'expérience s'avère pourtant aussi déroutante et passionnante qu'effectuer une excursion dans la forêt vierge.

Bien sûr on parle ici un peu de peinture, et les conférenciers sont vraiment fantastiques, à l'image de la première intervenante, qui dramatise toutes ses interventions. Mais des restaurateurs nous y font aussi découvrir des strates de peinture inconnues, qui sont autant de digressions magiques (les rayons X chez Rembrandt !).

Plus curieusement, nous faisons la connaissance du Directeur, capable de tacler un collaborateur en une phrase, ou de partir en vrille à propos du Duc d'Orléans (premier aristocrate à cuisiner lui-même, c'est un des nombreux enseignements du film).

Wiseman, fidèle à son habitude, se plante là et filme tout ce qu'il voit. On aura donc droit à des ébénistes, des journalistes, des danseurs, des débats houleux sur la stratégie commerciale à adopter, des doreurs à la feuille, des commissaires, des panneaux publicitaires "Picasso", des visages de visiteurs, de l'arrivée du Marathon de Londres, etc...

On réfléchit sur le fait que "penser que piquer l'image d'un chaton peut faire souffrir un chaton" est l'essence de la peinture. Vous me suivez ? National Gallery est un film qui fait du bien, un film qui vous rend (encore) plus intelligent. 

Frederick Wiseman sur Christoblog : Boxing Gym  (***) 

 

3e

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Mommy

On attendait la grande oeuvre de Xavier Dolan, la voici.

Tout ce que promettait le jeune prodige québécois explose ici avec une maîtrise exceptionnelle : direction d'acteurs admirable, énergie électrisante, sens de la mise en scène époustouflant. Je me souviendrai longtemps de la trouvaille visuelle qui accompagne la scène du skateboard et la musique d'Oasis (je ne veux pas en dire plus, au risque de gâcher l'effet de surprise) : je crois que c'est le moment de cinéma qui m'a le plus impressionné de toute ma vie de cinéphile. Mon coeur s'est littéralement dilaté. Des idées géniales commes celle-ci, le talent inné et complet de Dolan semble pouvoir en produire plusieurs à la minute.

Mommy est aussi - et sûrement avant tout - une tornade émotionnelle provoquée par deux actrices et un acteur qui repoussent les limites de l'art de jouer : ils sont géniaux de bout en bout, Anne Dorval en tête. La première scène de violence est déjà un paroxysme de tension et d'émotion, qui sera suivi par bien d'autres. Dolan y réussit également quelque chose d'un peu nouveau pour lui : changer de style visuel fréquemment, pour coller au sujet de la scène.

Le seul petit bémol pour moi se situe vers la fin du film, que je trouve moins convaincante : la projection dans l'avenir est un peu naïve, la scène du parking inutilement longue, et le tout dernier plan ne m'a pas entièrement convaincu. C'est toutefois bien peu de choses pour un film qui aurait fait une belle Palme d'Or. 

Xavier Dolan sur Christoblog : Tom à la ferme (**) / Laurence anyways (***) / J'ai tué ma mère (**) / Les amours imaginaires (**)

 

4e

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Festival international du court métrage de Lille / 2

Deuxième passage au Festival pour un tiers de la compétition nationale.

Nain géant est un film d'animation enfantin, assez poétique, mais sans grand relief (4/10).

Le deuxième film de la soirée, Jeanne, assez long (23mn), est un beau morceau de cinéma. Trois soeurs, jouées par trois actrices très différentes, font le deuil de leur soeur cadette en mimant des scènes. C'est assez beau, original et on sent qu'il y a une graine de vrai cinéaste dans ce deuxième court de Cosme Castro (7/10).

Golden boy est un court d'animation très stylé, sec, cruel et brillant, doté d'une esthétique post-rétro du meilleur effet (7/10). Mais mon film préféré est le suivant : Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne. Le film décrit sur un mode documentaire l'examen médical visant à déterminer si une jeune fille congolaise est majeure ou pas. Le contraste entre les émotions qui se dégagent de la jeune actrice et le ton froid du médecin qui décide finalement de son sort, est admirable. Du grand cinéma (9/10). Sans surprise, j'apprends sur internet que le film était présenté à Cannes et y a reçu un prix.

Le reste de la programmation parait du coup assez fade : Lead me est plus un clip qu'un court (5/10), Traversées est un documentaire expérimental qui montre simplement des personnes faisant du patin dans une patinoire en y associant des bruits bizarre (7/10) et Sneh est un film d'animation d'inspiration slovaque qui s'égare un peu (5/10).

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Still the water

Le nouveau film de Naomi Kawase commence doucement. Des plans fixes, un garçon mutique. 

Pour tout dire, on peut craindre de s'ennuyer ferme à ce moment-là. Mais Still the water se diversifie progressivement en s'attachant à plusieurs personnages : la mère mourante, le père magnifique, l'autre mère toujours absente. On comprend tout doucement pourquoi le jeune garçon est si silencieux. Kawase filme d'une façon admirable les personnages féminins : la jeune fille est un miracle de calme détermination. 

Les critiques insistent beaucoup sur le caractère panthéiste du film (fonds marins, vagues, plage, forêt, mangrove, excellemment filmés) mais c'est surtout la façon dont la jeune fille contamine petit à petit le garçon qui en fait la valeur. La communion ultime dans l'océan est une des plus scènes de cinéma vue cette année.

Le film de Kawase, dense et poétique, présente bien d'autres intérêts : une superbe musique, un caractère quasi documentaire sur la spiritualité des habitants de cette île, une scène spectaculaire pendant un typhon.

Un film (encore un !) qui a fait honneur à la belle sélection officielle du dernier Festival de Cannes.

 

3e  

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The tribe

The tribe est la plus grande imposture vue récemment. Qu'il ait obtenu toute une série de récompenses à la Semaine de la Critique indique la faiblesse de cette section du Festival de Cannes, dans laquelle la posture est si importante.

Myroslav Slaboshpytskiy filme des sourds-muets orphelins délinquants sans sous-titre. C'est beaucoup. C'est trop. Ce faisant, il nous contraint à la position de spectateur voyeur, et il réduit le handicap des acteurs à un certain type de réification : les personnages ne sont plus des êtres humains, mais des concepts agités devant une caméra complaisante. 

L'impression que le film m'a donné lors de sa projection à Cannes était extrêmement désagréable. Le réalisateur me semblait manquer de respect à la fois vis à vis de ses spectateurs, de son sujet, de ses acteurs et même de ses références. Slaboshpytskiy ne manque pas de convoquer la violence la plus crue, un peu à la manière d'un Tarantino ou d'un Winding Refn, mais sans l'hystérie joyeuse du premier, et sans l'ambition plastique du second.

Les femmes sont tout au long du film manipulées comme des objets, les scènes de sexe sont mises en scène comme des photos de calendrier porno soft (cf ci-dessus), bref, tout est emprunté, artificiel et pernicieusement calculé. 

D'émotions il n'est pas question ici, Slaboshpytskiy préfère manipuler les grosses ficelles du cinéma d'auteur formaté festival. Un véritable petit catalogue d'horreurs est ainsi proposé : violences, combats, avortement sauvage (on est si loin de la sécheresse émouvante de 4 mois 3 semaines 2 jours), prostitution, meurtre sanglant. 

The tribe est poseur, artificiel, vain, et son réalisateur est un manipulateur primé. 

 

1e

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