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Christoblog

Looking for Eric

Après Johnny Hallyday chez Johnnie To, voici à nouveau, dans un tout autre registre, un acteur non professionnel français dans un film étranger.

Eric Cantona s'en tire merveilleusement bien, bien mieux à mon avis que notre Johnny national dans Vengeance.

A la limite de l'auto-parodie, que dis-je, à fond dans l'auto-parodie, Canto est assez génial. Maniant le Français à merveille, avec la mauvaise foi délicieuse qu'on lui connait, enchainant les aphorismes à la noix comme des perles sur un collier (voir dans le générique de fin le plus célèbre d'entre eux, celui des mouettes), roulant des gros yeux en expliquant que le NON doit venir des BALLS, il est à la fois conforme à son image et plein d'humanité, voire de poésie.

Ce en quoi le film est très intéressant, c'est qu'il est avant tout un film de Loach avant d'être un film avec Cantona. Un Loach assez léger mais très émouvant, rythmé sur un excellent tempo et dans une gamme douce amère qui sonne très juste. Toute la première partie est réellement excellente grâce à des acteurs et actrices remarquables (Steve Evets exceptionnel, Stéphanie Bishop très bonne). Les flash backs sont très bien filmés et l'ensemble (réalisme à l'anglaise / accent de Manchester / romantisme / Cantona en fantôme de luxe) fonctionne à la perfection, un peu comme un conte moderne.

Avec l'intrigue du pistolet, le film baisse à mon avis d'un ton, qui correspond d'ailleurs à une baisse de fréquence dans les apparitions cantonesques. D'une certaine façon, il reproduit dans cette deuxième partie le schéma de Gran Torino (conflits inter générationnels, violence de gang) dans un registre évidemment totalement différent.

Finalement un bon moment en provenance de Cannes.

 

3e

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Vengeance

Johnny Hallyday. ARP SélectionJ'aime bien Johnnie To. Son dyptique Election 1 et 2, vu il y a deux ans, était vraiment excellent et faisait penser au meilleur Scorsese par son ampleur dramatique, la complexité de ses personnages et l'intensité de sa dramaturgie.

Vengeance commence bien, par une séquence assez caractéristique du style de To : parfaitement maitrisée, maniant l'ellipse superbement. Quand notre Johnny à nous arrive, c'est à dire juste après, ca se gâte. Oh, ce n'est pas qu'il est spécialement mauvais, mais comment dire : on croit à son personnage comme on croirait à Danny Boon dans un biopic de Sartre.

Et son accent n'arrange rien. L'intrigue se développe ensuite filandreusement : l'ex tueur à gage venu à Macao venger sa fille perd peu à peu la mémoire, progressivement il ne sait plus qui il doit tuer, ni pourquoi. En soi, le sujet est intrigant, et même peut-être passionant. Le problème c'est que les quelques mimiques de Johnny (moue satisfaite en cuisinant les pâtes, digne de la palette de Don Camillo) casse la magie. Le film aurait été bien plus fort avec un acteur du cru, c'est sûr.

To paraît lui même peu inspiré, sombrant par moment dans un maniérisme pompier sans intérêt, nous ménageant des scènes ridicules (la désignation des tueurs par quelques mots piqués dans le journal, la séance de tir sur le vélo). On a même droit à un passage ridiculement new age dans lequel Johnny en immersion dans la mer, et sous la pleine lune, voit tous les morts venir le saluer. Tristement Johnny devient meilleur lorsque son personnage perd sa mémoire : n'y voyez pas malice de ma part.
Les gun fights sont filmés poussivement, sans imagination, comme du sous John Woo. Bref, vous pouvez passer votre chemin et éviter cette première déception cannoise.

 

1e

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Star trek

Paramount PicturesN'étant pas un spécialiste de Star Trek, c'est vierge de tout a priori que je suis allé à la rencontre de Spok, le bonhomme bizarre aux oreilles pointues.

Ce qui m'intriguait plutôt, c'était de voir ce que donnait la nouvelle production de JJ Abrams. De ce côté là on n'est pas dépaysé : lettrages sortis de Fringe, matière rouge qui rappelle la boule géante en suspension au dessus de la ville russe dans Alias, paradoxes temporels comme dans Lost. La mise en scène est très efficace et les scènes d'ouverture (le combat, puis la poursuite dans l'Iowa) en sont de magnifiques exemples : rapides, efficaces, et installant en quelques minutes des personnages attachants, tout en donnant à voir des images somptueuses.

A part la mise en scène, appréciable, le reste me laisse assez froid, le scénario est peu profond, et à part Spok, très intéressant, les autres personnages sont un peu fades. Le paradoxe temporel est traité légèrement à mon sens et avec beaucoup moins de subtilité que dans bon nombre d'oeuvres traitant du sujet. Les quelques personnages "exotiques" (la femme verte, etc) sont amusants.

Par rapport à d'autres productions d'Abrams, le manichéisme outrancier des personnages, surtout le "méchant", est décevant. Les dernières scènes laissent présager une suite : si c'est le cas, espérons que les intrigues y seront un peu plus subtiles et les évènements un peu moins improbables.

 

2e

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Romaine par moins 30

Sandrine Kiberlain. UGCAllez, après la (super) bonne surprise OSS 117 pourquoi ne pas être un peu aventureux et continuer d'explorer le continent des comédies françaises ?

Voici donc la suite des aventures de Romaine, personnage inventé par Agnès Obadia, la réalisatrice, et précédemment joué par elle même dans une série de courts-métrages que je n'ai pas vu (mais sont ils visibles ?).
 
Au programme, les mésaventures canadiennes d'une fille un peu flippée, pleine de petites et de grandes phobies, passablement maladroite, semblant toujours dépassée par les évènements (quoique, la fin montre que pas tant que ça finalement). Sandrine Kiberlain est curieusement à l'aise dans ce rôle de loufoque qui se réveille dans le lit de mecs qu'elle ne connaît pas, ou qu'un acupuncteur en délicatesse avec le fisc néglige.

Le début du film, vif, alerte, est très réussi et culmine admirablement dans une scène de mariage nocturne d'anthologie. Après ce climax, forcément le rythme faiblit un peu mais l'histoire reste plaisante et jamais niaise.

J'ai vu le film un samedi soir, après un bon restau et ma conclusion est : un bon film de samedi soir. 

 

2e

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Still walking

Un beau film.

Le sujet est assez traditionnel : une famille se réunit à l'occasion de l'anniversaire de la mort du fils aîné, qui s'est noyé en sauvant un enfant.

Le fils cadet est plus ou moins un raté, il est évidemment brimé et mal dans sa peau. Il s'est marié avec une veuve qui a déjà un enfant. Il y a aussi une soeur, insouciante et pleine de vie, mariée à une sorte de benêt et qui a deux enfants turbulents.

Les parents vivent dans le souvenir de leur aîné mort, à l'évidence leur préféré. Le père est une sorte de Pialat médecin, bougon et taciturne, la mère est encore alerte mais d'une cruauté étale. Finalement, une sorte de La vie des morts au Japon.

Le film est agréable à regarder, quoiqu'un peu long, et très subtil. Les acteurs et actrices sont beaux, bons et chacun développe sa personnalité tout au long du film. Les thèmes traités sont multiples et la mise en scène est délicate, réfléchie et sereine. La photographie est belle.

Certains moments sont magiques (la visite surréaliste de l'enfant sauvé par le frère noyé, le papillon). L'ombre portée du mort n'empêche pas le film d'être plein de vie.

Un succès critique mérité.

 

3e

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