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Christoblog

Le labyrinthe de Pan

Doug Jones. Wild Bunch DistributionDans les 10 premières minutes du DVD du Labyrinthe de Pan, je n'en menais pas large. L'assemblage conte de fée et chronique de fin de guerre civile en Espagne (1944) ne me semblaient pas trop tenir la route, et je commençais à regretter mes 12,99 €€.

Et puis opère ce qu'on peut appeler la magie du cinéma, et je pèse mes mots, car ce type de sensation est bien rare (1 fois sur 20 ?).

C'est à dire : comment à partir d'un matériau de départ hypothétique (une mante religieuse qui en réalité est une fée, un Sergi Lopez raide et pas loin d'être sadique), voire franchement bizarre, un vrai cinéaste qui a un vrai projet arrive à faire une grande oeuvre.

Car plus le film s'écoule, plus on entre dans l'histoire, plus la cohérence profonde des personnagIvana Baquero. Wild Bunch Distributiones s'impose, et plus le poids du fatum se fait lourd.

En somme, tout à fait le contraire de films récents où c'est exactement le contraire qui se produit (on part du lourd pour finir dans l'inexistant, en perdant le sens au passage).


Difficile de faire le tri dans les émotions qui vous assaillent vers la fin du film : émerveillement, jouissance cinéphilique, tristesse pure, joie sans mélange...
La petite actrice, comme toute la distribution, est digne d'éloge.

Je ne me souviens pas d'un film qui entremêle si parfaitement le merveilleux et le sordide, pourtant j'en ai comme la trace ténue en tête : une nostalgie de chose vues et vécues avant de naître.

 

4e

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A bord du Darjeeling limited

Je comprend qu'on puisse ne pas aimer les films de Wes Anderson. J'ai moi-même émis de sérieuses réserves sur La vie aquatique.

Son penchant adolescent qui n'arrive pas à devenir adulte, assumé et revendiqué, peut ne pas plaire à ceux qui préfère un cinéma plus mature, ou plus construit.

 

A l'inverse, ceux qui peuvent entrer dans la bulle du réalisateur trouveront dans ce film un joyeux fourre-tout sillonnant une Inde rêvée à bord d'un (trop ?) joli train bleu qui arrive à se perdre dans un désert. "Mais comment un train peut il se perdre, il est sur des rails, non ?" se demande fort justement l'excellent Jason Schwartzman, as de la litote et du silence qui tue.

Il est question de fratrie, comme si souvent au cinéma, et plus exactement de 3 frères mal remis du décès de leur père (dont il trainent les bagages, à la fois réellement et métaphoriquement), et en manque de mère, comme on le verra.

Leurs mésaventures indiennes sont pleines d'un humour décalé, d'un burlesque au ralenti et d'un sens aigu de la répartie imparable.

Les trois acteurs sont magnifiques, avec une mention spéciale à Adrien Brody. Les guest stars sont sublimes, Natalie Portman, toujours plus mince, dans un court métrage introductif et parisien à montrer dans toutes les écoles de cinéma tellement il est bien mis en scène, Bill Murray, excellent dans un Lost in Transportation décoiffant, Anjelica Huston, pleine de force et de vie.

Sur le fond l'ambiance indienne est bien restituée, sur la forme le pays est montré plus beau qu'il n'est et dans les scènes du village l'aspect hollywoodien en devient franchement gênant.

La deuxième partie, pleine de rebondissements - dont un tragique - et de fausses fins, est moins bonne que la première durant laquelle la finesse psychologique de la mise en place des trois caractères est délectable.

Un très bon moment si vous appréciez l'humour décalé ou connaissez l'Inde.


3e

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There will be blood

There will be blood n'est pas un mauvais film. Comme No country for old man ou comme La nuit nous appartient, il représente une certaine qualité américaine.

Le scénario est ambitieux, et se rapproche de celui de Casino par exemple : ascension puis décadence d'un homme seul (et sans pitié).

La mise en scène est classique, avec quelques tics tout de même, et sans génie. Les acteurs sont bons, et Daniel Day-Lewis est même très bon, mais très bon comme on est très bon quand on essaye d'avoir un oscar, c'est à dire prévisiblement très bon.

L'aspect historique n'est pas inintéressant. Il y a par moment un certain sens de la dramaturgie, comme au début par exemple.

A part ça, on s'ennuie ferme.

Les pistes que le film ouvre (le conflit entre pouvoir spirituel et temporel, le faux frère, le fils exclu) sont toutes avortées et aucune ne trouve son plein développement dramatique comme Scorsese a su si bien le faire dans Casino par exemple ou dans les Affranchis.

A ce titre le rôle du prédicateur est totalement saboté : il devrait être l'égal du héros principal, mais il n'en est que le faire-valoir. Les deux derniers plans du film sont à ce titre pitoyables. La musique enfin - pour moi qui suis très sensible à la bande son - est insupportable : sirènes d'avions, scies circulaires fonctionnant à l'infini, cordes désacordées, la musique amplifie les carences du film.

A éviter.

 

2e

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Be kind rewind

Il y a dans ce film deux parties bien distinctes.

La première met bien en évidence les talents de Michel Gondry : une certaine poésie déjantée, une efficacité souple et racée dans la mise en scène. Cette partie est plaisante mais un peu anecdotique.

On retiendra surtout certaines performances de Jack Black par exemple quand il évacue sa radioactivité en pissant, ou le moment saisissant et un peu surréaliste ou les deux héros se transforment en caméléons sur fond de poste électrique.

La deuxième partie, pour moi moins convaincante, même si l'émotion est bien présente, tourne un peu au sentimentalisme style Cinéma Paradiso à la mode new yorkaise.

Restent la façon dont les films sont "suédés" et le résultat qui est souvent très drôle (Rush Hour 2) ou émouvant (Miss Daisy). Dans le générique de fin il est précisé qu'on peut voir les films suédés sur un site, mais je n'ai pas trouvé. Par contre beaucoup d'amateurs réalisent leur propres films suédés : Dailymotion organise même un concours. Est ce que les majors vont intervenir, comme dans le film ?

Probablement anecdotique dans la carrière de Michel Gondry, Be kind Rewind vient s'ajouter à la longue liste des films "qui montrent le tournage d'un film", ici dans une variante bricolage de génie.

Un bon moment.

 

2e

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Bienvenue chez les Ch'tis

Dany Boon et Kad Merad. Pathé DistributionBon, vous allez me dire, quelle drôle d'idée d'aller voir un film de Dany Boon.

Vous avez raison, mais j'étais à la neige, le cinéma local ne proposait rien de plus passionnant (en tout cas pas There will be blood, ni Redacted) et le cinéma français c'est aussi ça : une bonne comédie familiale avec un cinéma plein et un gars devant qui rigole fort, et pas au même moment que vous.

Au final le résultat est assez plaisant.

Dany Boon et surtout Kad arrivent à jouer des personnages attachants, sans surjouer, évitant le syndrôme De Funès. Boon arrive à ne pas être ridicule en n'apparaissant jamais complètement idiot, voir en maniant un second ou troisième degré (Ch'tivie Wonder...).

Pour ceux qui connaissent le Nord, le film est plein de souvenirs plus ou moins appuyés : les mots, la cuisine, l'alcoolisme, les baraques à frittes, le beffroi, les têtes de géant, le kop des Sang et Or du Racing Club de Lens, le char à voile sur les plages immenses, les maisons en briques....

Il faut bien l'avouer, si l'histoire ne vaut pas grand chose, on a bien rigolé, et sans se complaire dans la vulgarité. C'est déjà pas mal.

 

2e

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