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Christoblog

Articles avec #margot robbie

Barbie

Barbie est un film savonnette. Jusqu'à la grande tirade centrale qui éclaircit le propos du film, on ne sait pas trop ce qu'on est en train de regarder tant les situations peuvent être lues de manière différente.

Les stéréotypes sexistes et féministes sont en effet exposés de multiples façons, qui ne permettent pas de déterminer nettement la part de moquerie, de burlesque et de militantisme que contient chaque scène.

En ce sens, Barbie m'a rappelé le cinéma des Monty Python : des scènes plus ou moins réalistes découlant de situations initiales complètement absurdes, un travail de déconstruction du langage sensible dans chaque dialogue, de la drôlerie parfois teintée d'un surréalisme extrême, le tout entraînant au final un sentiment de sidération inquiète chez le spectateur.

Le film est donc passionnant à regarder et suscite de nombreuses réflexions. La direction artistique est exceptionnelle et l'interprétation de Ryan Gosling mémorable. Margot Robbie assure le job avec un aplomb étonnant.

L'univers que propose le film, dans ses allers-retours entre le monde de plastique rose de Barbie et la réalité, est tellement riche qu'on peut s'attendre au développement d'une franchise juteuse pour Mattel, qui accepte d'ailleurs d'être copieusement ridiculisé dans sa propre production : l'un des nombreux et réjouissant paradoxe de Barbie.

Greta Gerwig sur Christoblog : Lady Bird - 2017 (***) / Les filles du Docteur March - 2019 (***)

 

3e

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Babylon

Babylon est comme un frigo rempli à ras bord.

Il ne faut donc pas chercher un repas équilibré ou délicat quand on va voir le dernier film de Damien Chazelle, mais plutôt un déversoir non maîtrisé de plats succulents, d'ingrédients plus ou moins frais, et enfin d'expérimentations culinaires osées.

Parmi ce que le film propose de meilleur, on peut citer sa première heure (un tournage apocalyptique, suivi d'une orgie chez un mogul du cinéma muet) qui est à la fois folle par son ampleur délirante et son rythme échevelé, mais aussi utile à l'intrigue en nous présentant in situ les six personnages principaux.

Parmi les ingrédients tirés du bac à légumes, il y a de tout : une excursion - un peu gratuite car peu reliée au reste du film - dans un souterrain lynchien qui sent un peu le fruit blet, des tics avariés que Chazelle devrait mettre à la poubelle (les gros plans sur les pavillons de trompette), des épices éparpillées au petit bonheur la chance (et hop un peu de cannelle façon Chantons sous la pluie, et zou du vomi pimenté façon Ruben Östlund). 

Au rayon des expérimentations ratées, je mettrais en avant le catastrophique dernier quart d'heure du film, mash-up horriblement prétentieux (mais naïvement attendrissant) mélangeant images de chefs-d'oeuvre du septième art (Godard, sors de ce corps) et immonde image WTF d'encres colorées se délayant dans un grand vide conceptuel.

Dans ce gloubi-boulga on peine à trouver du sens : s'il est indubitable qu'on parle ici du passage du muet au parlant, on cherchera en vain une profondeur psychologique dans l'évolution des personnages, une émotion dans les relations les liant les uns aux autres,  ou un approfondissement de thématiques qui l'auraient pourtant mérité (le temps qui passe, la place des Noirs dans les débuts du cinéma, les évolutions technologiques et économiques de ce Hollywood des origines, l'amour contrarié, l'instabilité psychologique).

Le miracle de Babylon est qu'on ne s'y ennuie pas vraiment : la boulimie de cinéma et de musique qu'il représente séduit autant qu'elle horripile, voire un peu plus en ce qui me concerne.

Damien Chazelle sur Christoblog : Whiplash - 2013 (****) / La la land - 2016 (****) / First man - 2018 (**) / The Eddy - 2020 (**)

 

2e

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Scandale

Scandale ne marquera certainement pas l'histoire du cinéma, ni même celle du mouvement #metoo, mais il reste une oeuvre utile, et relativement bien maîtrisée.

La mise en place est plutôt intéressante. L'exposition des différentes protagonistes est réussie : Nicole Kidman en attaquante sûre d'elle, Charlize Theron en présentatrice hésitante au faîte de sa gloire, Margot Robbie en bombe sexuelle multi-fonction.

La mise en scène adopte un point de vue de journal télévisé haut de gamme, speed et efficace.

Dans sa deuxième partie, le film de Jay Roach patine un peu : la résolution des conflits est expédiée, certains personnages sont sacrifiés et la narration s'étiole. Il reste le plaisir de découvrir le fonctionnement de Fox news vu de l'intérieur.

On est tout de même loin de la finesse et de la profondeur d'autres films dénonciateurs basés sur des faits réels, comme Spotlight ou Grâce à Dieu par exemple. Peut tout de même être vu.

 

2e

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Once upon a time ... in Hollywood

A l'image de son titre affublé de points de suspension dubitatifs, ou de sa durée inutilement longue, le dernier film de Tarantino est un objet complexe, mauvais film réussi ou bon film qui se cherche.

Les raisons de ne pas apprécier le film sont nombreuses : ventre mou qui s'éternise, clichés qui se multiplient, facilités tarantiniennes trop facilement identifiables, et surtout cette façon de mêler un fait divers dramatique (l'assassinat de Sharon Tate par la bande de Charles Manson) à une fiction "rêvée".

Alors oui, le film sait être par éclat brillant, et même impressionnant dans sa construction décomplexée (on imagine la tête des producteurs à la lecture du script), mais il ne parvient pas au final à être totalement convaincant.

Pour ma part j'ai pourtant (après une délibération avec une partie de moi-même) été globalement séduit par cette proposition de cinéma totale qui mixe nostalgie hollywoodienne, plaisir de faire du cinéma scène par scène, jubilation de perdre le spectateur dans un entrelacs de narrations parallèles et naïveté assumée.

Le jeu de Brad Pitt et de Leonardo di Caprio est littéralement époustouflant et contribue grandement à l'intérêt du film, qu'on peine toutefois à conseiller tellement il est bancalement attachant.

 

3e

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Le loup de Wall Street

Bien sûr, il y a des airs de déjà vu dans Le loup de Wall Street qui empêchent de considérer le film comme une réussite absolue.

La fantaisie débordante de Di Caprio rappelle celle qui était la sienne dans Catch me if you can, son ascension rappelle celle des mafiosi des Affranchis, ses addictions maladives celles d'Aviator, etc.

Les bimbos renvoient à Springbreakers, la nébulosité des transactions financières à Margin call, la bêtise de certains protagonistes et l'argent facile allié à la critique d'une certaine Amérique à No pain no gain : le dernier Scorsese est une somme qui récapitule une année - et peut-être même une décennie - de cinéma américain.

Tout y est assez merveilleusement agencé. Leonardo Di Caprio est a proprement parler étourdissant, utilisant tous les registres possible de l'acteur, et multipliant les morceaux de bravoures (les harangues à ses troupes sont toutes des séquences d'anthologie), tandis que Scorsese semble au sommet de sa forme, utilisant tous les procédés connus de mise en scène et se permettant quelques fantaisies (la Ferrari qui change de couleur parce que la voix off avoue s'être trompé).

Les sous-textes du film sont riches et complexes, et pourraient donner lieu à de multiples digressions : rêve américain dévoyé, bulle financière, libre entreprise contre mépris du consommateur, hédonisme contre sobriété, drogue comme dopant de la créativité, place des femmes aux USA, etc...

Le film est monté superbement, nous entraînant dans un tourbillon qui fait paraître les trois heures bien courtes même si le film connaît un tout petit coup de mou vers le milieu, et une fin légèrement décevante.

Un excellent moment de cinéma au final.

 

4e

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