Les poings desserrés
Voici un premier film russe âpre, peu aimable et globalement oppressant.
On suit une jeune adolescente (formidable Milana Azugarova) qui se débat contre toutes les formes de masculinité toxique possible : un père intransigeant et silencieux, un frère simple d'esprit qui l'aime probablement un peu trop, un corps marqué par les dures conséquences d'un attentat terroriste, un copain trop collant.
L'action se déroule dans une ville minière qui pourrait concourir pour le prix de la ville la plus déprimante vue en 2022 au cinéma, et les décors (appartements, magasin, extérieurs) donne une bonne idée de ce que la Russie peut avoir de plus sinistre.
Malgré ce contexte peu avenant, le film laisse une trace durable dans l'esprit du spectateur, par la grâce d'une mise en scène charnelle et engagée, qu'on doit à la réalisatrice Kira Kovalenko. Cette dernière parvient à saisir avec brio les frémissement qui agitent l'âme de son héroïne, les ambiances (le repas devant la caravane, les bains publics) et l'incroyable mélange d'amour et de haine qui soude les membres de cette famille.
Il rappelle en cela un autre remarquable premier film russe, découvert comme celui-ci dans la section Un certain regard du festival de Cannes : Tesnota, de Kantemir Balagov. Les deux films ont d'ailleurs le même type de personnage principal, une jeune fille en quête d'émancipation.
A découvrir absolument si vous aimez le cinéma russe.