Cérémonie des Césars 2020
Croyez-moi ou pas, j'ai regardé la cérémonie des Césars pour la première fois hier soir.
Ca ressemble à quoi une cérémonie des Césars ?
A pas grand-chose, si on compare à quelques extraits des Oscars (l'extraordinaire numéro d'ouverture de Janelle Monae, Billie Eilish qui chante Yesterday).
Si Florence Foresti a fait ce qu'elle a pu, en vérité rien de bien transcendant, sauf lorsqu'elle fut aidée par l'incroyable Alban Ivanov, les intermèdes ont été de qualité très médiocres. De l'auto-promotion cheap d'Esteban au numéro pitoyable de Benjamin Lavernhe, les interventions se suivent avec un niveau de professionnalisme extrêmement variable et globalement faible. On oscille entre le balbutiement d'amateur et la longue déclaration politico-sociale, et globalement je n'ai vu qu'une prestation vraiment aboutie en terme de spectacle pur : le discours ahurissant de méchanceté drôle d'Emmanuelle Devos.
Le professionnalisme laisse donc à désirer à tous les niveaux : micro trop bas qui incite Antoine De Caunes à parler à moitié assis, clip de Bong Joon-Ho (par ailleurs génialement frais) qui ne démarre pas, présentation trop longue qui ampute le temps de parole des récompensés, etc.
Le Palmarès
A part le prix de la réalisation (j'y reviendrai), je dois reconnaître que ce Palmarès a de la gueule. Je peux même dire qu'il me convient pratiquement dans son intégralité. Je suis satisfait des prix reçus par Les misérables, Papicha (en espérant que cela provoque une ressortie en salle de ce très beau film), J'ai perdu mon corps, La belle époque (l'éclosion d'une nouvelle comédie française de qualité), Parasite (il faudra que j'écrive un article sur l'incroyable moisson de prix de ce film), Anaïs Demoustier, Swann Arlaud, Fanny Ardant, Claire Mathon (pour la photographie de Portrait de la jeune fille en feu, le point fort du film).
Je suis particulièrement reconnaissant à l'Académie d'avoir honoré Roschdy Zem, immense acteur d'un film magnifique, et sans conteste auteur du plus beau discours de la soirée.
Bon, et Polanski alors ?
Polanski aux Césars aurait probablement du être ignoré. La focalisation des intervenants sur son cas (Floresti et son Atchoum, Darroussin qui ne prononce pas son nom, Haenel qui se barre) a nuit à la célébration des autres gagnants. C'est sûrement bien trop d'honneur de lui avoir permis d'écraser ainsi de sa présence la cérémonie.
L'attribution du prix de la réalisation à Polanski, indépendamment de tout jugement moral, pose un double problème : le manque de discernement (d'intelligence ?) des votants, car quelque soit leur avis sur le film, il était préférable aux yeux de tous ne pas lui donner ce prix là, et également l'injustice que cela représente en terme de mérite (Ozon, qui signe avec Grâce à Dieu son meilleur film, l'aurait amplement mérité)
Finalement, avec une activité annexe et en suivant les tweets en direct, l'expérience n'est pas désagréable, bien qu'un peu longue. Je recommencerai peut-être l'année prochaine.