EO
1h29 de décalage permanent, au service d'une exploration poétique, sensorielle et cruelle de la condition humaine et animale : voici le nouveau projet du fantasque Skolimowski.
On croit suivre un âne, mais c'est plutôt les différentes variantes de l'être humain que nous allons découvrir, comme si l'animal était l'oeil de Dieu. Et ce n'est pas très joli : cruauté gratuite, égoïsme, inconséquence, stupidité, futilité pour bien peu de compassion.
Côté animal et nature, le film propose quelques images saisissantes, qui forcent l'admiration et font sentir la majesté du monde non humain. Je pense par exemple à cette balade de nuit dans une forêt diablement inquiétante, ou au paysage de la cascade et du pont. Les images et le design sonore font de EO une oeuvre souvent sublime.
Les parti-pris de mise en scène sont radicaux et fonctionnent à la perfection. Il y a une brillante idée de cinéma toutes les 3 minutes. EO (Hi Han en anglais...) est court, dense et parfaitement rythmé. Surprenant, atrocement drôle et parfaitement maîtrisé : un des meilleurs films de l'année, sans aucun doute, qui se finit sur une scène poignante.
Jerzy Skolimowski sur Christoblog : Deep end - 1970 (****) / Essential killing - 2010 (**) / 11 minutes - 2017 (**)