Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Animal kingdom

ARP SélectionJ'attendais beaucoup du film australien Animal kingdom. Le pitch était intrigant : une famille de malfrats australiens violents et cruels, et un drame shakespearien mêlant apprentissage et trahison...

Malheureusement, le résultat est passablement raté. La faute d'abord à l'acteur principal James Frecheville, qui joue le jeune neveu intégrant sans vraiment le vouloir le gang des oncles. Son jeu a l'expressivité d'une brique. Et même d'une brique immobile, car une brique lancée, ou transportée en brouette, manifesterait probablement plus de sentiments que notre ami James, mutique, acnéique, et dont la largeur du cou semble inversement proportionnelle au talent.

La mise en scène est maniérée (du genre à mettre des ralentis quand la tension est à son comble), et la bande-son du film procure la même sensation qu'une colonne de fourmis en procession vers votre cerveau à travers votre conduit auditif. Le scénario enfin est cousu de fil blanc, il en devient risible sur la fin : après une ellipse gigantesque, le dénouement prévisible arrive... par surprise.

Regardez la photo ci-dessus : le film ne se prend pas pour de la m...e, et n'hésite pas à singer le Tintoret ou Véronèse... les Sopranos avaient osé le même type d'image, mais eux pouvaient se le permettre. Faites circuler les kangourous, il n'y a rien à voir.

 

1e

Voir les commentaires

Detective Dee

Le PacteOn ne peut qu'être épaté par le début de Detective Dee. Passée la désagréable impression liminaire provoquée par le gigantesque décors en carton-pâte numérique, le film surprend par sa complexité, son originalité dans les ambiances, son rythme insensé.

Cette première partie multiplie les situations curieuses, les décors improbables et les combats plus originaux les uns que les autres. Le film culmine alors dans un scène qui commence par une surréaliste attaque de cerfs et se termine dans une abstraction quasi complète, un des combattant n'étant plus figuré que par une trace rouge à l'écran.

On se dit à ce moment là qu'on tient un objet tout à fait singulier. Mais tristement le film prend alors un tour beaucoup plus convenu et pour tout dire moins chinois, plus hollywoodien. Un pathos un peu ridicule fait son apparition, et l'action tourne au film catastrophe tout à fait classique.

Du temps qu'ils tournaient tous les deux à Hong Kong, je plaçais Tsui Hark un cran sous John Woo. C'est toujours le cas. Sans démériter, Detective Dee est moins réussi que le dernier (très beau) film chinois de Woo, Les trois royaumes.

 

2e

Voir les commentaires

Tous mes pères

Malheureusement, vous ne pourrez pas voir ce film.

J'ai eu la chance de voir Tous mes pères dans le cadre d'un petit festival local et aucune date de sortie n'est prévue en France, ni d'ailleurs en Allemagne, son pays d'origine. Il s'agit typiquement d'un film de festival.

Et c'est bien dommage. A ma connaissance le film tente une expérience complètement radicale : le documentaire autobiographique instrumentalisé.

Je m'explique :

Documentaire : caméra DV, micro apparent, interview de face des personnes, instants volés

Autobiographique : le réalisateur Jan Raiber a envie d'aller filmer son père biologique, qu'il n'a jamais vu. Cette idée déclenche chez sa mère l'aveu d'une incroyable vérité : patatra, son prétendu père biologique (qui a versé pendant 18 ans une pension alimentaire...) ne l'est en réalité pas ! Et il ne le sait pas ! Et le vrai père non plus !

Instrumentalisé : parce qu'on ne peut s'empêcher de penser que les réactions des personnages seraient différentes sans la caméra.

Tout cela fait un mélange détonnant et follement excitant. On suit avec un ébahissement amusé les pérégrinations de notre Pied Nickelé allemand qui navigue entre ses trois pères, et qui met chacun devant ses responsabilités, accompagné par une mère formidable. Les révélations éclaboussent au passage le demi-frère (qui apprend à cette occasion que son frère ne l'est pas) et les grands-parents qui tirent sur tout ce qui bougent.

C'est cruel, c'est pétri de matière humaine, c'est drôle, c'est émouvant quand dans une incroyable pirouette du destin on découvre que le vrai père de Jan ... n'a jamais eu d'enfant avec sa femme.

Tout cela est filmé à l'arrache en deux semaines et demi, et fait l'effet d'une bombe.

 

3e

Voir les commentaires

Tomboy

Laure a 10 ans. Arrivée dans un nouveau quartier, un quiproquo la fait passer pour un garçon : elle joue le jeu. La confusion des genres dure tout l'été, jusqu'au jour où...

Ce deuxième film de Céline Sciamma (Naissance des pieuvres)  est merveilleux. Il accumule les bienfaits pour l'oeil et l'esprit : beau jeu des jeunes acteurs/actrices et des parents (Mathieu Demy parfait), scénario tendu comme la course d'une flèche, très belle photographie, délicate et précise (le film a été tourné avec le fameux appareil photo Canon 7D).

Mais c'est la mise en scène qu'il faut ici surtout saluer. Il y a dans ce film la même qualité que dans Lady Chatterley : c'est ce que je me disais pendant tout le film, avant de voir la réalisatrice remercier Pascale Ferran dans le générique de fin. Le parti pris est de filmer les enfants à leur hauteur, et les parents sont presque toujours hors champ. Cela donne un ton inimitable au film, à la fois très intérieur et très sensuel. La deuxième particularité de Tomboy est de tirer un profit maximal d'un décor a priori quelconque : un immeuble lambda d'Ile de France. Sous les caresses de la caméra de Céline Sciamma, la forêt devient un lieu de danger, un pont et ses rambardes rouges semble sortir d'un film d'Imamura, une baignade dans un plan d'eau devient un combat initiatique...

Mouvements fluides et cadres au cordeau, la réalisatrice ne nous donne pas seulement une leçon de beau cinéma, elle nous offre une oeuvre dans laquelle tous ses choix font sens, et servent admirablement le propos.

Tomboy, c'est un thriller psychologique d'1h20 qu'on suit en apesanteur, ravi et anxieux à la fois. Pour moi le meilleur film français de l'année.

 

4e

Voir les commentaires

Hot fuzz

StudioCanalSuite des aventures de la paire Simon Pegg / Nick Frost, sorte de Laurel et Hardy modernes, sur Christoblog.

Après Shaun of the dead (film culte comme on peut encore le vérifier dans Scream 4 qui en montre quelques extraits) et avant le réussi Paul, Hot Fuzz est une parodie de film policier.

Un des meilleurs policeman londonien est exilé dans un village de la campagne anglaise dans laquelle il va faire respecter la loi avec la même rigueur que dans la capitale, y compris sur des sujets mineurs, comme l'évasion ... d'une oie. Une série de meurtre abominable vont pourtant se dérouler dans ce village tranquille, dont on découvrira les auteurs (et leur mobile débile) dans la deuxième partie du film.

C'est plein de trouvailles agréables, comme ce combat improbable dans un village miniature, et le film regorge de rebondissements étonnants. Je lui reproche d'abuser lors du retour dans le village de scènes d'action un peu trop pam-boom-tactactac, qui ne sont pas du tout second degré et détonnent par rapport à l'ensemble du film, mais qui visent peut-être à montrer que le duo a acquis des moyens financiers qu'il n'avait pas lors de leur premier film.

Un divertissement agréable que je mettrais en tête sur mon podium, avant Paul (dans lequel Nick Frost a cependant son plus beau rôle) et Shaun of the dead. 

 

2e

Voir les commentaires

Scream 4

Courteney Cox, David Arquette et Neve Campbell. SNDJe garde un vague souvenir, plutôt bon, du premier Scream. L'équilibre entre peur et second degré était à l'époque assez nouveau. Puis je n'ai pas vu les deux opus suivants.

Pour ceux qui ne sont pas des fans, comme moi, le film apparaitra comme un navet. Il ne fait ni frissonner, ni rire.

Les scènes avec le tueur sont répétitives et dénotent d'un immense manque d'inspiration que Wes Craven essaie de justifier par une ultime pirouette : le film serait un film sur des tueurs s'ingéniant à copier le premier Scream et le remake doit respecter l'original.

Ce qui se veut drôle est pitoyable. Les acteurs sont nuls, le scénario est écrit avec les pieds.
Les personnages sont tellement bêtes qu'on a envie de les trucider tous soi-même en une demi-heure, et de rentrer se coucher.

Une soirée de perdue.

 

1e

Voir les commentaires

Easy money

MK2 DiffusionLe héros de Easy money, JW, jeune étudiant fauché, cherche à intégrer le monde des trafiquants de drogue, comme celui de Jewish Connection. Leur objectif se ressemble : JW cherche à s'élever socialement, alors que Sam voulait sortir de son milieu d'origine. La fin sera approximativement la même.

On peut dire que le réalisateur, Daniel Espinosa, voit grand.

 

Le scénario qu'il filme est volontiers complexe, exposant plusieurs personnages principaux évoluant dans une intrigue foisonnante. La première partie où l'on assiste à l'ascension de ce Rastignac suédois est assez réussie et m'a même beaucoup plu. La partie médiane du film est par contre un peu molle, véhiculant de plus en plus de clichés, et si la fin réussit à remettre un peu de tension, elle ne m'a pas convaincu.

La mise en scène se veut recherchée et résolument chic et choc : insertion de microscopiques flashforward annonçant la scène suivante, montage cut et saccadé, ambiance glauque et beaux mouvements de caméra. Il y a du Inarritu nordique chez Espinosa, même si la maîtrise n'est évidemment pas la même.

Pour résumer : des choses intéressantes, mais peut mieux faire.

 

2e

Voir les commentaires

Essential killing

Essential killing est un concept film. Autant le savoir avant d'y aller, sinon l'atterrissage risque d'être brutal, un peu comme pour celui qui irait voir Enter the void ou Le guerrier silencieux sans avertissement.

Vincent Gallo joue un taliban arrêté dans son pays, transféré dans un pays d'Europe de l'Est (la Pologne ?), et qui s'évade à l'occasion d'un accident.

Il ne dit pas un mot durant tout le film, erre dans la neige, et lorsqu'il rencontre une fermière isolée (Emmanuelle Seigner en fermière isolée !), cette dernière est muette, ce qui tombe bien.

Que fait le fugitif ? Il cherche à manger (poisson cru, écorce d'arbre, fourmis, sein d'une cycliste qui allaite). Il fuit (beaux paysages enneigés). Il tue, sans qu'on puisse d'ailleurs y voir autre chose qu'un malheureux concours de circonstances (un bûcheron à la tronçonneuse, des poursuivants, des automobilistes). Il se rappelle (flash-backs ensoleillés et un tantinet caricaturaux de son pays : moutons, femme voilée, appel à la prière). Dans le dernier plan, ne reste plus qu'un cheval, on supposera que notre héros est mort.

C'est minimal et parfois très beau. Gallo est effectivement halluciné (on le serait pour moins que ça). Le film ne tient debout que grâce à une photographie magnifique et une belle mise en scène. Après un début tonitruant (quelles scènes d'hélicoptère !), j'ai trouvé que le film s'étiolait progressivement, cédant au passage à quelques facilités scénaristiques.
 

2e

Voir les commentaires

Titeuf, le film (3D)

Pathé DistributionMouais bof, un rapide mot pour acter le fait que j'ai été voir ce truc avec ma fille de 8 ans.

D'abord, le film n'a de 3D que le nom. En fait de 3D il s'agit de plans en 2D qui se superposent, comment dire ? Comme des marionnettes thaïlandaises sur plusieurs plans. Ouais c'est ça : de la 2D en mille-feuilles, bref l'arnaque totale. Il faudra quand même un jour dire : "Stop à la 3D prétexte à majorer le tarif d'entrée".

Voilà.

Autre chose ? Ah oui, la bonne surprise c'est qu'il y a un semblant de scénario, pas trop nunuche, et qui peut se lire à plusieurs niveaux. Pour le reste, c'est difficile à décrire : si vous connaissez Titeuf, vous serez peut-être déçu, si non, vous serez au mieux intrigué, au pire indifférent.

A noter toutefois une apparition assez réussie de Johnny en vieux rockeur fringant et fatigué, et quelques jeux de déformation de mots amusants. Un spectacle honorable, qui finalement se révèle être un petit peu Le Petit Nicolas d'aujourd'hui, le pipi-caca-zizi-sexuel en plus.

2e

Voir les commentaires

Pain noir

logo-espagnol.jpgLe festival a rendu hier son verdict. Le prix du public revient à No controles, petite comédie bien menée et plaisante dont j'ai parlé récemment.

Le prix Jules Verne est décerné à Pain noir, qui arrive d'Espagne auréolé de toutes une séries de Goyas, l'équivalent de nos Césars (9 !), comme Dans ses yeux l'année dernière. Et comme ce dernier, le film de Agusti Villaronga joue dans la catégorie du lourd et du solide. La mise en scène est classique, parfois percutante (comme dans la violente ouverture qui fait ressembler True grit à de la guimauve), parfois zébrée d'éclairs de génie (les derniers plans), la plupart du temps conventionnelle. Mais comme Dans ses yeux, l'intérêt du film est dans le scénario, complexe, foisonnant, explorant mille pistes à la fois.

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/85/33/65/19786231.jpg

Nous sommes en 1944, un homme et son enfant sont sauvagement assassinés. Par qui ? Pourquoi et comment le père du jeune héros est il impliqué ? A ces questions, le film va nous emberlificoter dans des scénarios de vendettas, de fantastique, de lynchage d'homosexuel, de meurtre politique, de roman d'apprentissage amoureux morbide, de drame social, de pédophilie, de chronique de la haine, avant de nous dévoiler la vérité ... que je ne révélerai pas, mais qui n'a rien d'un happy end.

Le film est de bonne facture et ferait un classique Oscar du meilleur film étranger. Il y a quelques maladresses qui empêchent l'émotion de se développer pleinement, mais le sentiment que le cinéaste tient bien le manche l'emporte, et en plus Sergi Lopez fait quelques apparitions en brute épaisse.

Je conseille donc de le voir s'il a l'honneur des écrans français, ce qui sera à mon avis le cas.

 

2e

Voir les commentaires

Shaun of the dead

Mars DistributionSuite à un échange de DVD avec pierreAfeu et heavenlycreature (une pratique qu'on pourrait d'ailleurs généraliser entre blogueurs de confiance), je peaufine ma connaissance des performances du duo anglais Simon Pegg / Nick Frost.

Autant leur découverte dans le récent Paul m'a finalement convaincu, autant j'ai trouvé Shaun of the dead assez décevant. Le film semble en effet beaucoup plus cheap, moins riche en référence et en subtilités, que Paul. Les zombies sont ici vraiment pitoyables, et les effets spéciaux sont (volontairement ?) bien ringards, de telle façon qu'on n'a jamais vraiment peur.

Je n'ai donc pas réellement accroché, même si un certain second degré est effectivement présent et que l'exercice est britannique en diable, ce qui lui assure une note minimale de **. Prochaine étape : Hot fuzz.

 

2e

Voir les commentaires

We want sex equality

Sally Hawkins, Jaime Winstone et Andrea Riseborough. ARP SélectionJe recommande chaudement We want sex equality à tous ceux qui ont aimé Le discours d'un roi.

Les ingrédients sont en effet les mêmes : contexte historique, casting parfait, interprétation exemplaire, mise en scène agréable, décors et montage méticuleux, scénario efficace, accent british a gogo.

De plus, les deux films parlent au fond de la même chose : ce qui est juste de faire, et la capacité à assumer son destin.

Nous suivons l'histoire de 187 femmes employées d'une usine Ford en Angleterre en 1968, qui luttent pour obtenir le même salaire que les hommes. C'est tout bête, mais finalement, et toute proportions gardées, ce qui les meut est de la même nature que ce qui a animé Martin Luther King pour défendre la cause des noirs aux USA. Chaque être humain se vaut, voilà ce que nos jeunes et moins jeunes femmes nous démontrent.

Le film se regarde avec un plaisir gourmand. Il y a de l'humour, de la réflexion, du charme, de l'émotion (mais pas de sexe !).

Je conseille vraiment de le voir tant qu'il est à l'affiche, et tout particulièrement en couple...

 

4e

Voir les commentaires