Incroyable vitalité du cinéma israélien, qui nous propose ici un petit chef d'oeuvre plein d'intensité et de variété.
En suivant l'itinéraire de cet ours mal léché (je ne peux pas m'empêcher de penser au Denis Ménochet de Jusqu'à la garde), on parcourt à la fois le spectre de la masculinité bafouée, et celui de la société israélienne.
C'est puissant, excellemment filmé, magnifiquement interprété, et intrigant au possible. On a hâte de découvrir le deuxième volet de ce tableau du couple moderne, Beloved.
A signaler que le réalisateur de ce film est également l'auteur d'une oeuvre trop injustement méconnue, l'exceptionnel Ajami.
Foncez-y, c'est un des meilleurs films actuellement sur les écrans.
Si l'entreprise est louable (faire à la fois rire et réfléchir sur le thème de "Qu'est ce qu'être Noir aujourd'hui en France"), le film de Jean Pascal Zadi et John Wax ne m'a pas entièrement convaincu.
Au rayon des points positifs : une volonté d'autodérision qui fait souvent mouche. L'esprit de Candide est vraiment présent dans ce film, à travers toute une série de velléités militantes qui, justes dans l'esprit de notre anti-héros, se heurtent à leur contraire, ou à une autre cause tout aussi juste.
Le film est de ce point de vue très malin en renvoyant tous les acteurs à leur propre conception du racisme (ou de l'anti-racisme). Rien n'y est simple et tout mérite d'être contextualisé : c'est la morale du film.
A l'aune de cette recherche de sens souvent pertinente, la qualité comique du film ne mérite pas d'être vraiment relevée, et a sûrement fait l'objet d'une survente dans la presse. En effet, le film n'est pas vraiment drôle. La suite de sketchs avec célébrités qu'il propose sera diversement appréciée suivant les goûts de chacun. Pour ma part, j'ai par exemple vraiment trouvé l'escalade avec Fabrice Eboué et Lucien Jean Baptiste assez géniale, alors que l'intervention d'Eric Judor m'a laissé de marbre.
Tout simplement Noir tente sur la fin un virage à 180 degrés vers le sérieux à travers une agression de policiers blancs, filmée avec le plus grand sérieux. On sait que le film a été imaginé et tourné avant les évènements ayant suivi la mort de George Floyd, mais ce moment m'a laissé un goût amer dans la bouche, celui d'un opportunisme en décalage de phase. C'est sûrement injuste, mais je n'ai pu m'empêcher de penser que cette scène, toute en rupture de ton, nuisait au film plutôt que l'inverse.
Chacun se fera son opinion sur ce dernier point, mais au final Tout simplement Noir est suffisamment original pour mériter d'être vu.
Le nouvel Ozon est une gentille bluette, qui veut se donner des airs de suspense hitchcokien.
Si la première partie se laisse regarder sans déplaisir (l'ambiance du bord de mer, les flashforwards qui entretiennent un suspense, la tension du coup de foudre), la seconde déçoit par sa plate conformité.
Les réactions des uns et des autres sont à la fois prévisibles et ridicules. Si les deux acteurs principaux jouent leur partition avec conviction, il faut signaler que tous les seconds rôles sont très mauvais : Valeria Bruni Tedeschi surjoue terriblement, Philippine Velge est horripilante, Isabelle Nanty et Laurent Fernandez ne semblent pas quoi faire à l'écran, Melvil Poupaud n'est pas crédible pour un sou.
Le film n'évite pas alors le ridicule le plus absolu, lors de la pitoyable scène de la morgue, très mal jouée et mise en scène.
Ozon peine à maintenir son intrigue tout au long d'un long métrage : il lui faut l'entretenir par de sinueux détours qui ne passionnent pas (l'écriture de l'histoire, la relation au prof), alors que l'ambiance charmante du début se délite doucement.
A l'occasion de sa sortie le 7 juillet, je vous propose en partenariat avec Epicentre de gagner 5 exemplaires du DVD du film de Midi Z,Nina Wu.
Pour ce faire :
- répondez à la question suivante : quelle est la nationalité du réalisateur?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par iciavant le 17 juillet 20 h.
Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le coffret DVD envoyé par le distributeur. NB : un des deux DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB oumon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)
Voici un film qui ne présente aucun défaut majeur. Ni aucune qualité notable.
J'ai donc beaucoup de mal à en dire du mal : l'interprétation est très solide (Emmanuelle Devos et Grégory Montel sauvent le film), la mise en scène inodore, le scénario inoffensif.
J'ai aussi du mal à en dire du bien : le film ne présente quasiment aucun intérêt, à part celui d'être dans une salle de cinéma à regarder une histoire sans grands enjeux, sans sexe, sans amour, sans violence, sans exposition de la réalité sociale contemporaine, sans suspense mais raisonnablement bien filmée.
Le film s'égare un peu entre différents sujets anodins (le père divorcé en mal de reconnaissance, l'anosmie comme maladie professionnelle). Comme c'est fait avec beaucoup de conscience professionnelle et de modestie, Les parfums nous incite à la bienveillance critique.
La dernière fois que j'ai vu ce film, je devais avoir douze ou treize ans. Inutile de dire que je ne me souvenais pratiquement de rien, si ce n'est d'une sorte de pétillement de champagne permanent.
Revoir L'homme de Rio quarante après procure une drôle de sensation. Si l'impression de vitesse permanente est toujours bien là, générée à la fois par les mouvements de caméra, le jeu des acteurs et la science du montage, il faut reconnaître que le film n'a pas tout à fait bien vieilli.
Il faut d'abord dire que le scénario n'est pas très intéressant, et qu'il est servi par des dialogues minimum. La qualité technique de l'image et du son m'a paru également très moyenne : le film mériterait une bonne restauration (à moins que ce soit mon DVD TF1 Video !).
Le plus impressionnant dans le film de De Broca, c'est la présence physique de Jean-Paul Belmondo, véritable monstre d'énergie, musculeux et puissant. Il y a quelque chose de surnaturel en lui, y compris quand il se contente de marcher.
L'autre caractéristique du film qui frappe aujourd'hui, c'est sa naïveté joyeuse, réjouissante dans le dépouillement total qui est celui dans lequel se déplace Adrien, et symbolisée par la fameuse voiture rose aux étoiles vertes.
Une friandise désuète, dans l'esprit assez proche de la naïveté déterminée qu'on trouve chez Tintin.
Dark waters, s'il n'est pas un chef d'oeuvre, est un exemple de ce que le cinéma peut produire de plus riche et de plus gratifiant pour le spectateur.
Tout est en effet porté à haut niveau d'excellence dans ce dernier film de Todd Haynes. On savait ce dernier grand styliste, mais il porte ici l'art de la mise en scène à son plus haut niveau : tout est habile, beau, stylé dans ce que Haynes propose, des couleurs magnétiquement grisâtres aux plus subtils mouvements de caméra.
L'interprétation de Mark Ruffalo atteint ici une intensité inusitée (même si dans Spotlight et Foxcatcher, il était déjà formidable), pleine de failles et de creux. Rarement la sourde obstination d'un justicier laborieux aura trouvé si parfaite illustration.
L'aspect documentaire donne au film une profondeur incroyable : rien n'y est simple, tout y est long.
Pas forcément facile d'accès, Dark waters enthousiasme par sa puissance et sa densité. Un must de 2020.
Il est toujours intéressant de se frotter à la vision tardive d'un prétendu "classique". C'est pourquoi, profitant d'une offre FNAC avantageuse, j'ai visionné hier soir l'archétype du film culte, The big Lebowski.
On voit très vite pourquoi le film des Coen bénéficie de cet aura quasi-magique : son héros est un parangon de coolitude et le style des Coen amplifie cette coolitude à la puissance dix (les passages oniriques, la bande-son, les contrastes avec les mecs "pas cool"). Quelques vieilles recettes (le buddy movie entre deux personnages assez dissemblables, des punchlines qui établissent une légende, des têtes de turc que tout le monde aime détester - comme les Eagles) et le tour est joué.
Le résultat est certes un film agréable, qui se regarde sans déplaisir, mais qui au final paraît un peu daté et dont les vives couleurs peinent à masquer la vacuité narrative et émotionnelle. L'intrigue est loin d'être passionnante et les références sont écrasantes : en gros le film tente d'être un Grand sommeil sous weed.
Ce n'est donc pas The big Lebowski qui va me faire changer d'opinion sur les Coen, qui m'ont toujours paru être d'habiles faiseurs surcôtés, qui parviennent souvent à être en légère avance de phase sur leur époque, ce qui explique leur succès.