Rifkin's festival
Certes, Rifkin's festival recycle pour une énième fois de nombreux thèmes cher au cinéaste : l'hypocondrie, la judaïcité, les affres de la création. Si ces sujets donnent encore ici l'occasion de jouir de savoureuses et cinglante punchlines, on peut être lassés par la redite.
L'intérêt du film (pas immense, je l'avoue) réside plutôt pour moi dans la couche discrète mais bien présente de mélancolie dépressive qui recouvre les péripéties exposées.
L'histoire entre les personnages joués par Wallace Shawn (alter ego de Woody Allen) et Elena Alaya est assez touchante : il s'agit de l'opportunité d'une rencontre entre deux êtres que la vie n'a pas gâté, et qui finalement ne se réalisera ni sur le mode amoureux, ni a fortiori sexuel. Ainsi, ceux qui critiquent Rifkin's festival sur le mode de "un vieux libidineux cherche à se taper une petite jeune" sont bien mal avisés : il n'y a rien de pervers, ni même de sensuel entre ces deux-là, si ce n'est l'envie diffuse et mutuelle d'être apprécié pour ce qu'on est.
La critique est d'autant plus étrange que dans le même temps le personnage féminin de Sue succombe charnellement à celui joué par Louis Garrel, d'autant meilleur ici qu'il joue une tête à claque.
C'est donc une tonalité élégiaque, nostalgique et peut-être testamentaire qui domine ici, renforcée par les rêves en noir et blanc en hommage aux grands cinéastes européens qu'Allen admire et par la lumière qui baigne les doux paysages de la côte basque.
Pas un chef-d'oeuvre, mais pas une catastrophe non plus.