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Christoblog

Les aventures de Gigi la Loi

Drôle de ce film que cet OVNI signé Alessandro Comodin (L'été de Giacomo).

Cela commence comme une sorte de manifeste conceptuel : le "héros" s'engueule avec un voisin qu'on ne verra jamais, à travers une haie, pendant 10 minutes. La scène, minimaliste et austère (il fait nuit, on ne voit pas grand-chose, et on ne comprend pas les enjeux), est à l'image du reste du film.

Le personnage principal, Gigi, semble échappé d'un film de Tati. Il est filmé quasi exclusivement en plan fixe, même quand l'intérêt de la scène se déroule en dehors du cadre. On ne comprend pas grand-chose à ses allées et venues désenchantées et inefficaces, jusqu'à ce que l'on comprenne (ce n'est pas clair, mais c'est mon interprétation) qu'il souffre de troubles psychologiques.

Il faut donc une disposition particulière pour apprécier cette balade sans queue ni tête dans la campagne italienne, portrait évanescent d'un personnage surréaliste, qui peut rappeler le cinéma de Kaurismaki, en moins maîtrisé. Et je ne l'ai pas du tout.

 

1e

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R.M.N.

Ce nouveau film de Cristian Mungiu commence plutôt bien. L'acuité du tableau qu'il dessine, la profondeur des différents personnages et l'atmosphère d'étrangeté qu'il dégage rappellent les grandes heures du cinéaste roumain. De multiples pistes sont ouvertes (dont peu se résoudront).

La photographie est grise à souhait, la mise en scène d'une précision diabolique. La "méthode Mungiu" culmine dans un plan fixe d'anthologie regroupant au moins une soixantaine de personnages, assistant à une réunion publique sur le sujet de quelques travailleurs sri lankais venus travailler dans le village.

Cette scène est à la fois terrible par ce qu'elle montre (un racisme collectif et irrationnel, qui s'exerce à de multiples niveaux - Allemands, Hongrois, Roumains, gitans, Sri Lankais) et par la façon dont elle le montre (notre oeil de spectateur voyeur se fait presque complice de l'action). Elle mérite à elle seule qu'on aille voir le film.

Passé ce climax d'une qualité inouïe, le film se perd un peu, probablement à cause d'un point de vue un petit peu convenu sur le sujet de la xénophobie (on pense aux Dardenne) et d'un manque de précision dans le développement du scénario, qui ne sait pas vraiment conclure. Les dernières images du film sont à cet égard assez frustrantes : on ne comprend pas ce qu'on voit, et les interprétations qu'on peut donner à cette fin (que Mungiu refuse de commenter) sont vraiment trop variées pour que le procédé soit intéressant. Pour ma part j'y ai vu une allégorie de la xénophobie refoulée.

Du pour et du contre donc pour cette oeuvre un peu moins aboutie que les précédentes productions du cinéaste roumain.

Cristian Mungiu sur Christoblog : 4 mois, 3 semaine, 2 jours - 2007 (****) / Au-delà des collines - 2012 (***) / Baccalauréat - 2016 (***)

 

3e

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Concours Les repentis : Gagnez 3x2 places (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film Les repentis.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : quel film d'Iciar Bollain se déroule en Asie ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 6 novembre 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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EO

1h29 de décalage permanent, au service d'une exploration poétique, sensorielle et cruelle de la condition humaine et animale : voici le nouveau projet du fantasque Skolimowski.

On croit suivre un âne, mais c'est plutôt les différentes variantes de l'être humain que nous allons découvrir, comme si l'animal était l'oeil de Dieu. Et ce n'est pas très joli : cruauté gratuite, égoïsme, inconséquence, stupidité, futilité pour bien peu de compassion.  

Côté animal et nature, le film propose quelques images saisissantes, qui forcent l'admiration et font sentir la majesté du monde non humain. Je pense par exemple à cette balade de nuit dans une forêt diablement inquiétante, ou au paysage de la cascade et du pont. Les images et le design sonore font de EO une oeuvre souvent sublime.

Les parti-pris de mise en scène sont radicaux et fonctionnent à la perfection. Il y a une brillante idée de cinéma toutes les 3 minutes. EO (Hi Han en anglais...) est court, dense et parfaitement rythmé. Surprenant, atrocement drôle et parfaitement maîtrisé : un des meilleurs films de l'année, sans aucun doute, qui se finit sur une scène poignante. 

Jerzy Skolimowski sur Christoblog : Deep end - 1970 (****) / Essential killing - 2010 (**) / 11 minutes - 2017 (**)

 

3e

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Gazette du Grand Bivouac 2022

Une fois de plus, le monde des grands voyageurs se retrouve à Albertville pour une orgie de films documentaires, de conférences et de rencontres au salon du livre. L'ambiance est festive, multiculturelle et bon enfant au bord de l'Arly : un rendez-vous qui gagne à être connu.

 

19 octobre

Le Festival commence pour moi avec My name is Gulpilil (2/5), film australien sorti en août de cette année, qui nous montre l'acteur aborigène David Gulpilil finir sa vie, atteint d'un cancer, et se remémorant sa carrière. Si le visage de Gulpilil est impressionnant, le film pâtit à mon avis de partis-pris esthétiques pas très heureux de sa réalisatrice. Il finit aussi par radoter sur la fin, et ne fait que survoler quelques points qu'on aurait aimé voir plus creusés (l'alcoolisme ou la violence de l'acteur envers les femmes). On finit par être gêné d'observer l'agonie d'un homme dont on ne sait trop quoi penser.

 

21 octobre

Tout ce qui respire (5/5) de l'indien Shaunak Sen, a remporté toutes sortes de prix à travers le monde (Jury à Sundance, Oeil d'or à Cannes), et on comprend pourquoi en voyant le film.

En peignant le portrait de deux frères qui soignent des oiseaux (des milans noirs pour être précis) à New Delhi, Sen réussit à nous émouvoir aux larmes et à aborder énormément de sujets sur un mode poétique et inspiré.

La mis en scène est brillante, jouant sur beaucoup de paramètres pour exprimer les idées de l'auteur : profondeur de champs, variété des cadrages, ralentis, photographie. La co-existence des humains et des animaux a rarement été aussi bien montrée au cinéma.

C'est du grand art, à la façon d'un Depardon ou d'un Wang Bing. Formidable.

 

22 octobre

Ce samedi commence avec un film très agréable, La symphonie des arbres (4/5) du norvégien Hans Lukas Hansen. Le film suit l'itinéraire d'un luthiste italien de Crémone, qui se met en tête de fabriquer un violon parfait en cherchant l'érable de ses rêves dans les Balkans. Le contraste entre l'optimisme lunaire du personnage principal et les rudes milieux qu'il fréquente en Bosnie rend le film, par ailleurs réalisé comme un thriller, très sympathique.

En soirée, projection de Notre endroit silencieux (1/5) de la bulgare Elitza Gueorguieva, qui dresse le portrait de l'écrivaine biélorusse Aliona Ghoukova. Il est question de deuil du père et d'écrire dans une langue qui n'est pas sa langue natale, mais le dispositif est trop théorique pour convaincre. Ce film d'1h08 lorgne du côté de l'art contemporain.

La soirée se finit avec une table ronde d'une heure regroupant Rachid Benzine, Alain Mabanckou, Zarina Khan et l'héroïne du film, Aliona Ghoukova. Les débats sont un peu confus, heureusement animés par la faconde de Mabanckou. 

 

23 octobre

Ce dimanche commence de tôt matin avec la projection du film chinois Singing in the wilderness (3/5), de la réalisatrice Dongnan Chen. Le film nous plonge dans la minorité des Miao chrétiens du Yunan, à travers le destin d'une petite chorale locale qui est en quelque sorte instrumentalisé par le pouvoir communiste. S'étendant sur de nombreuses années, il suit le destin de quelques-uns de ses membres, tout en abordant plusieurs sujets de société (les rapports femme homme, le tourisme, la corruption). Un mélange d'intime et de collectif réussi.

La terre est bleue comme une orange (3/5), de l'Ukrainienne Irina Tsylik est aussi réjouissant, malgré son sujet : une mère célibataire élevant seule ses enfants dans le Donbass en guerre. La situation tragique est transcendée par le projet de la fille ainée de la famille, qui tourne un film sur la guerre en y impliquant toute sa famille. Force de l'art, magie du cinéma, formidable optimisme de tous les protagonistes : on est emporté par cette drôle de mise en abîme.

Je finis par la remise des prix qui couronne La combattante de Camille Ponsin, portrait de Marie José Tubiana. Le réalisateur et l'ethnologue (90 ans !) sont sur scène. Le film de clôture, River (1/5) de l'australienne Jennifer Peedom, est une collection de belles images façon Yann Arthus-Bertrand qui ne sont pas contextualisées , et qu'accompagne un discours soporifique et new age déclamé par Willem Dafoe. De belles images sans aucun sens, pour un brouet malickien en diable : j'ai détesté.

A l'année prochaine !

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Concours Vortex : Gagnez 3 DVD

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3 exemplaires du DVD du film de Gaspar Noe, Vortex.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quel film d'Arnaud Desplechin Françoise Lebrun a t elle tourné ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 26 octobre 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?

C'est un sentiment ambivalent que génère ce film.

D'un côté, l'aspect biographique qui concerne les deux protagonistes (Goscinny et Sempé) est assez intéressant, et leur amitié est bien rendue. Sans être renversant, cette partie du film peut vous donner un éclairage nouveau sur les deux compères, et plus particulièrement sur la vie de Goscinny.

De l'autre, les séances d'animation qui mettent en scène les histoires du Petit Nicolas sont un peu trop sages pour être vraiment captivantes. Un fumet désuet se dégage de ces illustrations sages, dont on ne sait s'il découle du récit originel de Sempé ou de l'adaptation insipide qu'en propose le film.

Ce n'est pas que les histoires soient en elle-même simplistes mais leur portage à l'écran semble les renvoyer ... à un autre siècle.

Le film peine donc à emporter l'assentiment, par excès de conformisme respectueux. 

 

2e

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Les harkis

Philippe Faucon est un cinéaste doué et Les harkis est un film intéressant.

Ceci étant dit, vous aurez probablement compris suite à cette introduction très langue de bois que Les harkis n'est pas passionnant, mais ressemble plutôt à un exposé très bien foutu de fin de Terminale.

Le sujet est chouette, la mise en scène proprette, la photographie sublime et les décors très réalistes, mais le contenu dramatique laisse à désirer : on aurait aimé une progression moins édifiante, mais des personnages plus incarnés et des enjeux moins attendus.

Agréable comme une conférence sur France Culture un dimanche pluvieux de novembre.

Philippe Faucon sur Chrsitoblog : La désintégration - 2012 (**) / Fatima - 2015 (***)

 

2e

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L'innocent

Ces dernières années, le Festival de Cannes a veillé à accueillir pour chaque édition une comédie française de qualité, Le grand bain, La belle époque et en 2022 L'innocent.

On n'attendait pas forcément Louis Garrel dans cet exercice, mais son film réussit parfaitement à cumuler les qualités de genres aussi différents que le polar, la comédie romantique et le film de braquage. 

Après un démarrage assez typique du cinéma français psychologisant, le film vire brusquement vers le burlesque et la comédie assumée, mâtinée d'un réel suspense. On se laisse littéralement happer par le scénario malin de Garrel, et à ce titre, la scène du repas dans le restaurant routier est peut-être le meilleur moment de cinéma de cette année.

Dans ce véritable bonbon générateur d'un immense sourire, Noémie Merland révèle un tempérament comique formidable alors qu'Anouk Grinbert réalise un come-back réjouissant. Une pépite.

 

3e

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Tori et Lokita

Il y a comme une tendance masochiste chez les Dardenne.

Tori et Lokita sont sympas, attendrissants, et on a vraiment envie que leur vie soit belle, que les gens qu'ils croisent soient sympas, qu'ils ne soient pas exploités et que la femme s'arrête dans les derniers plans pour les prendre en auto-stop. Les interprètes sont d'ailleurs formidables tous les deux.

Las ! Les Dardenne leur font subir tout ce qu'on peut imaginer de pire comme humiliations en tout genre, petites et grandes. Le film, par son accumulation de circonstances défavorables, finit par plus ressembler au manifeste d'une ONG qu'à un film de cinéma.

C'est dommage, car la mise en scène est solide et l'art de raconter des Dardenne est intacte : le problème est uniquement dans l'angle choisi pour raconter cette histoire, trop édifiante pour être émouvante.

Cela fait un bail que les frères ne nous ont pas proposé un vrai bon film...

Les Dardenne sur Christoblog : Le silence de Lorna - 2008 (**) / Le gamin au vélo - 2011 (***) / Deux jours, une nuit - 2014 (*) / La fille inconnue - 2016 (**) / Le jeune Ahmed - 2019 (**)

 

2e

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Novembre

Pas de doute. Dès les premiers plans, on sait qu'on est devant un film de Cédric Jimenez : crissement de pneus de grosses voitures noires filmées au ras du sol, envol de pigeon opportun, gros plan sur un téléphone qui sonne dans la nuit.

Les amateurs de finesse et de réflexion sur l'art de raconter une histoire peuvent passer leur chemin, la mise en scène est basique, la caractérisation des personnages se cantonne au niveau 0. 

Au vu du sujet (l'immersion dans la section anti-terroriste au lendemain des attentats du 13 novembre), le résultat obtenu pourrait être considéré comme acceptable : on suit cahin-caha des flics émus, se gourant parfois, mais finissant par atteindre leur but. Mais la vérité est que le scénario est trop laborieux pour être vraiment intéressant, et que les stéréotypes sont trop marqués pour que le film soit captivant. 

Le casting rassemble une bonne partie du gratin français du moment, mais Sandrine Kiberlain est à peine crédible et je n'ai pu m'empêcher de penser à OSS 117 dans certaines des intonations de Jean Dujardin (surtout dans ses dernières scènes). C'est Lyna Khoudry qui crève vraiment l'écran, grâce à une prestation solide et nuancée.

Pas de quoi me réconcilier avec le cinéma lourdaud de Jimenez. A voir éventuellement pour l'aspect documentaire sur le travail de la police.

Cédric Jimenez sur Christoblog : Bac Nord - 2020 (*)

 

2e

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