Sieranevada
Sous ses aspects classiques de film de repas familial (façon Festen, Un air de famille ou Un conte de Nöel), Sieranevada brasse de nombreuses problématiques complexes, qui toutes au final évoquent la condition humaine.
Sans chercher à être exhaustif, Cristi Puiu évoque le communisme, la religion (d'abord moquée, puis procurant au final un véritable moment de grâce), l'amour et sa variante qu'on dirait inévitable, l'adultère (scène hilarante de la femme qui débite les turpitudes de son mari, ce qui provoque un fou rire général), la mort du père, la tentation de la violence salvatrice, etc.
Tout l'intérêt du film, qui est par ailleurs trop long (2h53), consiste dans ce dialogue permament entre une mise en scène de haute volée exploitant incroyablement l'espace confiné de l'appartement, et les grandes interrogations sur le sens de la vie.
Le film a des allures d'En attendant Godot matérialiste, le repas attendu ne semblant jamais devoir commencer, alors que comme le fait remarquer justement le personnage principal, tout s'arrange quand les estomacs se remplissent.
Mimi Bramescu porte le film sur ses épaules, toujours calme et apaisant, tentant de concilier les points de vues et d'extraire de toutes les situations, aussi bizarres soient elles, quelque chose d'utile.
Brillant exercice de style, parfois confondant de vituosité, mais aussi souvent un peu vain, Sieranevada conviendra avant tout aux amateurs de cinéma roumain. Ils me comprendront.
Cristi Puiu sur Christoblog : La mort de Dante Lazarescu - 2005 (***)