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Christoblog

Humpday

Alycia Delmore. Pyramide DistributionUn homme marié reçoit en pleine nuit la visite d'un vieux copain perdu de vue, aussi routard et bohême que lui est "rangé".

Au cours d'une soirée arrosée chez des bobos/artistes notre jeune mari fume et boit un peu trop. Il fait le pari (stupide) de tourner un porno avec son vieux copain dans le cadre de la Hump Fest, un festival à la con où chacun peut mater des films amateurs pornos avant qu'ils soient détruits le soir même.

Le lendemain, une fois desaoûlés (c'est dur à écrire ça) que vont faire nos deux compères (par ailleurs totalement hétéros) ?

Laisser tomber ? Ou persister dans leur projet ? Et si oui, pourquoi ?


1-pour le plaisir de jouer et de se mettre en danger
2-pour solder toute pulsion homo potentielle
3-par vanité macho de ne pas céder
4-pour se trouver vraiment, en tant que personne
5-pour enfin mener un projet au bout
6-pour enterrer d'une certaine façon sa "vie de garçon"

Ah Ah, vous voudriez bien savoir comment cela se finit, et le cas échéant, qui se tape qui ? Eh bien, je ne vous le dirai pas, ça gâcherait le plaisir. Un plaisir simple, porté par des acteurs inconnus ou presque, très convaincants, la femme du mari en particulier (voir photo). On s'affranchira des montages approximatifs, des cadres mal cadrés, pour apprécier la véracité cassavetienne des dialogues et des situations. Une vraie tendresse et un charme discret émane de ce film, pas un chef-d'oeuvre OK, mais une sorte d'ovni dans le paysage du film indépendant américain. Qui ne laisse que de bons souvenirs, et une impression douce amère, pas désagréable du tout.

 

2e

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Lucky Luke (en présence de Jean Dujardin et James Huth)

Avant première de Lucky Luke à l'UGC Atlantis de Nantes ce soir.Sylvie Testud. Christine Tamalet

On y va en famille, principalement pour voir Jean Dujardin en vrai. Ce dernier est cool, chaussures noires, jean, blouson de cuir noir, chemise blanche, dents étincelantes et sourire ravageur. Conforme à l'image que l'on peut s'en faire. Huth en basket, jean, T-shirt. Les deux plaisantent avec la salle, n'hésitent pas à chambrer un peu, se laissent aller à une séquence de photos et autographes.

Dans leur intervention on sent comme une justification. Dujardin explique bien qu'il faut prendre le film au premier degré, que c'est un "vrai" film, que Huth est un "vrai" réalisateur. A un moment il avoue que Lucky Luke n'est pas drôle comme personnage. Huth raconte comment il était heureux de tourner en Argentine, et nous annonce qu'on va en avoir pour notre argent de paysages. Bref, ça pue un peu.

Les deux concluent par un prémonitoire : "Si vous aimez le film dites-le, si vous ne l'aimez pas, dites aux gens d'y aller quand même".

Et ben non, je suis honnête moi, je dis la vérité.


Le film est en effet pas loin de la catastrophe. Sans trop détailler, parce qu'il ne sert à rien d'être cruel, mais quand même : le scénario c'est du grand n'importe quoi, la mise en scène est tape à l'oeil au possible. Le plus triste, ce sont les acteurs. Dujardin joue comme il le dit au premier degré un Lucky Luke absolument pas crédible. On repense à ses brillantes performances au second degré, en particulier dans le dernier OSS. Le reste de la distribution ne vaut pas grand chose, à part peut-être Sylvie Testud.

Huth filme les paysages argentins comme des Découvertes du Monde, et semble faire joujou avec ses décors en carton pâte. Il passe d'un style à l'autre sans suite dans les idées : privates jokes (son nom écrit sur un mur, Lucky Luke en lettrage Hollywood, référence à Dutronc), quelques touches d'humour décalé quand même (les ongles de pieds, l'escargot), des allusions directes à la BD, une sorte de final psychédélique (on pense au Joker de Batman en moins bien) et 5 secondes de dialogue brillant (le "je vais lui agrandir son trou de balle").

OK. Je résume. Un gros gloubi-boulga indigeste, sans queue ni tête, probablement un des pires films de l'année. C'est clair ?  

 

1e

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Indigènes

Il y a deux façons de considérer un film comme Indigènes.

La première est cynique. Elle consiste à brocarder les bons sentiments, à ricaner des effets marqués du scénario, à gloser sur le jeu trop sage des acteurs, à caricaturer les quelques maladresses de mise en scène.

La seconde est empathique. Elle entrera en résonance avec le jeu habité de Debbouze et des autres acteurs (pas loin d'être collectivement parfaits), et vantera les mérites du final alsacien, très beau dans sa lenteur "Désert des Tartares", dans son progressif et inéluctable refroidissement.

C'est un peu court comme analyse, allez vous me dire. Oui, mais c'est comme ça. Et moi j'ai plutôt penché vers la deuxième solution, d'autant plus que le film gagne en sobriété en avançant, jusqu'à un final étrangement elliptique et rudement émouvant.

Rachid Bouchareb aurait en projet de tourner une suite à Indigènes : parviendra-t'il à garder cette sorte d'état de grâce ?

A suivre. 

 

2e

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District 9

Metropolitan FilmExport L'intérêt de District 9 réside principalement dans sa reconstitution "réaliste" d'un camp d'aliens échoués sur terre par accident. La poésie qui se dégage de l'immense vaisseau stationnant au-dessus de Jo'burg (Afrique du Sud) rappelle un peu la sourde nostalgie qui se dégage des romans de RC Wilson.

A part ça, l'analogie avec l'apartheid est évidente, sans que cela prête beaucoup à conséquence.

Le scénario ne vaut pas tripette. Le héros principal est transparent et les clichés sont légions. L'appel téléphonique de l'épouse éplorée par exemple : n'importe quel spectateur devinera dès les premières secondes qu'il y a un piège. Que les méchants n'interviennent pas immédiatement est encore plus bizarre. Etc.....

On se prend à penser à La mouche, le film de Cronenberg, mais l'empereur de l'altérité est évidemment 100 000 kilomètres au dessus de Peter Jackson et de son réalisateur factotum.

District 9 est un divertissement qui n'est pas honteux sans être génial. Ce n'est déjà pas si mal.



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Là-haut

Walt Disney Studios Motion Pictures FrancePixar : le meilleur c'est ce qui est avant.

En l'occurrence un court métrage à propos des cigognes qui apportent les bébés. Une des cigognes est attachée aux basses oeuvres : à elle les petits dont personne ne veut ! D'ailleurs c'est un nuage noir qui fabrique ces petits monstres qui la détruisent peu à peu : bébés requins, bouquetins, hérissons. Dans ce prologue, tout l'art de Pixar est présent. La vivacité, l'humour, l'émotion, le sens de la nouveauté, le rythme.

Le début du film lui-même est dans la même veine. Il passe en revue toute une vie, ses joies, ses tristesses, ses deuils, en quelques minutes absolument magnifiques. Cette ouverture justifie tous les commentaires dythirambiques que vous avez pu lire. Les scènes excellentes se succèdent : le vieux qui descend l'escalier sur son appareil, la maison entourée par les chantiers, les ballons élevant la maison dans les rues de la ville. Chaplin, Miyazaki, et quelques autres peuvent être convoqués au chevet de ce bizarre objet filmique.

Las ! Dans sa deuxième partie le film prend une tournure autrement plus classique. Le vieux grincheux trouve des ressources physiques de jeune adolescent et l'intrigue tourne ... au Disney (même s'il se sert de son dentier comme d'une arme fatale).

Le divertissement reste tout de même très haut de gamme et bourré de trouvailles jouissives, dont un collier pour chien très bien vu. 

 

3e

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A bittersweet life

Kim Jee-Woon est le cinéaste coréen spécialiste des films de genre : horreur (2 soeurs), western (Le bon, la brute et le cinglé), et ici film de gangster avec gunfight, à la mode Hong-Kongaise.

Le film a des airs de Kill Bill. On pense aussi à certains Scorsese.

Un malfrat va, parce qu'il tombe amoureux de la copine de son boss, avoir un petit moment de faiblesse. Sa nervosité va augmenter et lui faire commettre d'autres erreurs. Ses ennemis vont presque le tuer, mais pas complètement .... dommage pour eux, car dans la deuxième partie du film le héros se venge méthodiquement de tous ceux qui ont voulu sa mort.

Le film est propre, presque trop. La mise en scène est super léchée, avec quelques bonnes idées (le jeu avec les reflets, la patinoire, la scène où les deux protagonistes doivent remonter le plus vite possible un flingue pour pouvoir se tirer dessus, et quelques autres).

Mais globalement il manque au film un supplément d'âme, la virtuosité d'un Woo, la perfection chorégraphique d'un Tsui Hark, le réalisme romantique d'un Johnny To.

Un exercice de style, académique et quelquefois convenu, pas vraiment convaincant sans être complètement raté.

 

2e

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Non ma fille, tu n'iras pas danser

Alors d'abord, il y a le titre, d'une sophistication inutile.

Ensuite le film.

On a accompagné Honoré dans un tryptique parisien (excellent) qui se termine sur un quai de gare (dit comme ça, on dirait du Lelouch).

En l'occurrence celui de la gare Montparnasse, dans une scène bizarre, hybride, pas entièrement satisfaisante, voire franchement énervante, à l'image de tout le film.

En Bretagne, dans la première partie du film et sur sa terre natale, Honoré fait (en gros et pour résumer) du Desplechin façon Un conte de Noel, en moins bien. Maison familiale, intrigues entre membres de la famille, parents très forts, les points communs sont légion. Chiara Mastroianni jouait dans le Desplechin, la mère était Catherine Deneuve (vraie mère de Chiara), etc... on pourrait multiplier les effets de miroir à l'infini. Cette partie n'est pas convaincante. Honoré à la campagne c'est un peu comme le prince Charles pelletant du fumier, on n'y croit pas trop.

D'ailleurs, le fait de vouloir mettre un bébé animal dans les bras de chaque personnage prouve qu'Honoré n'est pas à l'aise. Faire jouer Julien Honoré (son frère) comme Garrel, pour ensuite mieux le confronter au vrai, bien plus fort, est aussi une marque d'indécision. Et je ne parle même pas des intrigues avortées, indignes d'un cinéaste de la trempe d'Honoré (la maladie du père, a priori très grave, qui disparait ensuite).

La deuxième partie, à Paris, n'est pas bien meilleure. On retrouve un peu le Garrel qu'on aime (ou qu'on aime détester, mais c'est pareil), un Jean Marc Barr quand même un peu salaud sous ses dehors très lisses et un coup de théâtre dramatique comme on les aime chez Honoré, mais sans relief véritable. Chiara Mastroianni, sans inspirer l'antipathie, ne suscite pas des tonnes d'empathie.

Bon, alors, pourquoi je ne peux pas me résoudre à dire que ce film est mauvais ?

A cause de la scène centrale - et bretonnante, représentation muette, superbe, de l'histoire de Katell, scène magistrale et qui éclaire le film de toute sa beauté. C'est peu et c'est beaucoup, mais c'est comme ça.

Aussi loin que ma mémoire puisse aller, je ne trouve pas de film qui se sauve (qui se redresse) par le biais d'une seule scène, allégorique qui plus est.

 

2e

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Mirage de la vie

Une plage bondée de Coney Island.

Deux femmes, l'une blanche, l'autre noire, perdent leur fille dans la foule. Elles sont seules toutes les deux. Leur fille sont curieusement aussi blanche de peau l'une que l'autre. L'une est blonde, l'autre brune. Les filles sympathisent. Un homme les photographie. La femme noire est sans domicile, elle propose à la femme blonde, qui se rêve en vedette de théâtre, de se mettre à son service.
Le temps passe, les filles grandissent ensemble, la femme blonde va réaliser son rêve...

Le titre original du film : Imitation of life, est l'un des plus beau de l'histoire du cinéma, et résume bien son propos. Bien que racontée sur un mode totalement réaliste, l'histoire semble mystérieusement artificielle, comme si elle recouvrait imparfaitement un sens caché, comme si un monstre invisible rôdait dans les belles maisons et derrière les visages trop lisses et trop bien éclairés. Cet aspect du film, qui le rend tendu et revêtu de couleurs changeantes comme la surface d'une bulle de savon, fait irrésistiblement penser à Hitchcock.

La vie de Lora Meredith est elle plus qu'un mirage, elle qui rate et l'amour de sa fille, et celle d'un homme ? Celle du personnageCollection Christophe L. de John Gavin, impossiblement impassible n'est elle pas qu'un paravent parfait, et que cache t'il ? Qui est vraiment Annie Johnson, pour annoncer aussi brutalement à sa maîtresse et meilleure amie de qui sa fille est amoureuse ? Par quelle sorte de démon Sarah Jane est elle habitée pour danser aussi gauchement ?

Mirage de la vie est donc plus, ou autre chose, qu'un splendide mélodrame : une sorte de labyrinthe fait de miroirs (de nombreuses scènes primordiales du film en contiennent d'ailleurs), dans lequel le spectateur est guidé presque malgré lui, ne connaissant jamais exactement la vraie nature de qu'il voit : le sens de la vie, ou son imitation.

 

3e

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