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Christoblog

Prometheus

Comme beaucoup de films très attendus, Prometheus déçoit beaucoup.

Le début du film est pourtant assez réussi, avec un très beau et mystérieux pré-générique, qui n'a malheureusement aucun rapport avec la suite du film, puis une introduction dans laquelle Michael Fassbender est assez intrigant. Les décors sont alors assez plaisants à regarder.

Les choses se gâtent ensuite assez vite, le film présentant une propension assez étonnante à passer de l'objet arty à la série Z la plus nulle : on reconnaît ici la patte Ridley Scott, capable du meilleur comme du pire.

Cette glissade vers la médiocrité commence avec des peintures rupestres assez ridicules et grossières, puis continue avec des scènes d'une bêtise crasse (la découverte du pourquoi de la mission après deux ans de sommeil, l'accouchement par césarienne), des personnages annonant des répliques qu'on a entendu 1000 fois, les bégaiements séniles du scénario qui répète son Alien, des caricatures de scènes d'action (oh, qu'ils sont contents de se suicider pour sauver l'humanité, nos trois valeureux pilotes : ils font même des blagues avant de mourir !).

Les décors prennent progressivement l'allure d'égypto-visco-barocco-machins en carton pâte. On n'évitera même pas la bondieuserie new-age, ni le truc du robot dont la tête est coupée et qui continue à parler, ni les masques pré-colombiens et africains qui donnent une touche so chic and so world au voyage interstellaire.

La fin est bâclée, comme si Ridley Scott souhaitait en finir au plus vite. Bonne nouvelle - attention spoiler : on expédie le décollage du vaisseau de secours en 30 secondes. Mauvaise nouvelle : il y aura peut-être une suite.

  

1e

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Sur la route

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/04/97/20094642.jpgWalter Salles s'égare en route.

 

Son adaptation du livre de Kerouac est platement illustrative. Les paysages sont beaux, le trois acteurs/trices principaux ont de belles gueules, les voitures sont visiblement d'époque, la machine à écrire est sûrement estampillée "véritable modèle utilisée par notre génie", mais l'ensemble distille un ennui profond.

 

Jusqu'au premier voyage, un intérêt poli arrive à surnager. Mais lorsqu'on comprend que le héros va revenir, puis repartir, puis revenir, puis repartir, puis... une sourde terreur nous envahit, nous spectateurs : peut-être le film va-t-il durer 6 heures ? Son émoliente monotonie nous terrasse.

 

Une des caractéristique étonnante et paradoxale du film, c'est qu'il ne parvient pas à nous faire ressentir les grands espaces américains, ce que réussissait bien mieux Into the wild, par exemple.

 

Le film est vraiment bien propre, et même s'il s'essaye à quelques allusions salaces, il s'arrête aux portes du politiquement correct : le récit de la partouze par Dean est soigneusement édulcorée, les relations entre hommes semblent moins explicites que dans les souvenirs d'autres protagonistes (la longue et intense relation homosexuelle entre Carlo / Ginzberg et Dean est ainsi occultée) , etc. Les aventures de Kerouac et de ses compagnons étaient à coup sûr plus trash que ce que veut bien nous montrer le film.

 

Ce ripolinage prudent empêche finalement l'empathie avec la brochette de loustics, qui semblent avoir pris plus de plaisir à tourner le film que nous n'en prenons à le regarder.

 

1e 

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Cosmopolis

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/59/53/20089910.jpgL'écriture de Don DeLillo est particulièrement hermétique. Dans son roman Cosmopolis, cela donne des choses du genre : "C'étaient des scènes qui l'exaltaient habituellement, cet immense flux rapace où la volonté physique de la ville, les fièvres de l'égo, les affirmations de l'industrie, du commerce et des foules façonnent l'anecdotique dans chacun de ses moments

Vous voyez le genre.

Et bien le film de Cronenberg est parfaitement conforme au style abscons de DeLillo : il est parfaitement incompréhensible au commun des mortels, et autant vous le dire si vous ne l'avez pas vu, vous ne comprendrez guère qu'une phrase sur deux. En plus, parmi celles qu'on comprend, il y a des répétitions, comme le déjà tristement célèbre "I want a haircut".

Que dire de plus ?

Pattinson joue avec la conviction d'un mollusque par temps chaud. La mise en scène se résume au défi de tourner à l'intérieur d'une limousine, comme Buried le faisait dans un cercueil. Les scènes fantastiques ou oniriques, qui sont généralement un des points forts de Cronenberg, paraissent ici un peu ridicules et cheaps (les adeptes du rat). L'apparition successive des différents interlocuteurs sous forme de vignettes caricaturales est vaine et lassante. Juliette Binoche fait une apparition qui n'est pas à son avantage.

Difficile de faire plus mauvais, d'ailleurs à Cannes les gens partaient nombreux avant la fin de la séance. Amusant : le premier plan de Cosmopolis montre une limousine, le dernier du Carax en montre plusieurs, et les deux se déroulent en grande partie dans un de ces engins. Le navet et le chef d'oeuvre.

Un autre extrait pour rire ? "Il voulait être enterré dans son bombardier nucléaire, son Blackjack A. Il voulait être solarisé"

Cronenberg sur Christoblog : Les promesses de l'ombre / A dangerous method

 

1e

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Cannes 2012 : mon bilan

long4.jpg

Premier constat, les 5 premiers films de mon classement (cf ci-dessous) sont réalisés par des Français. Tant mieux, d'autant que je parie sur un gros succès en salle de Camille redouble, tant le film est à la fois émouvant et drôle, un peu à l'image de La guerre est déclarée. L'accueil du public cannois semble d'ailleurs avoir été le même dans les deux cas.

Deuxième évidence, la sélection officielle était d'un faible niveau cette année. Trop de films US mainstream et peu originaux (Lawless en est l'exemple type, et sa présence en compétition est même choquante). Trop de ratages pour ceux qui tentent (Reygadas, Cronenberg, Kiarostami). Toute la sélection semble d'ailleurs marquée par un manque évident d'originalité (dans les scénarios, les sujets traités, la mise en scène), dont le symbole pourrait être La chasse, un film dont chaque plan annonce le suivant. Pas d'humour non plus, ni de films de genre. Tout cela fait à dire vrai un peu vieillot et triste. Le joyau Holy motors heureusement a sauvé la semaine, comme l'intelligence et l'audace du jeune Resnais (90 ans !). Mungiu et Losnitza sont deux grands réalisateurs, et leur propos, presque métaphysiques, ont une profondeur qui les démarquent des autres concurrents. Leur deux films, bien que trop longs, resteront dans les mémoires. 

Troisième point : les sections parallèles sont apparues du coup comme des réservoirs d'excitation et de découvertes. La Quinzaine des réalisateurs en particulier a joué avec un franc succès la carte de l'humour avec des films à la fois amusants et profonds. Camille redouble, The we and the I, Rengaine, Sightseers et No font rire, sourire, et réfléchir à des degrés divers. De même, les films qui ont fait le buzz sur la Croisette se trouvaient plutôt à Un certain regard qu'en sélection (Les bêtes du Sud sauvage de Benth Zeitlin, Antiviral de Brandon Cronenberg, Laurence anyways de Xavier Dolan, Le grand soir de Délépine / Kervern). Si Thierry Frémeaux avaient mis ces quatre là en sélection, cette dernière aurait pris un bon coup de jeune.

 

Et maintenant mon classement, en attendant la Palme ce soir (qui devrait en toute logique aller à Carax, mais dont je crains qu'elle ne soit attribuée au clip promotionnel pour l'euthanasie d'Haneke) :

 

4e

Holy motors, de Léos Carax

Camille redouble, de Noémie Lvovsky (QR)

The we and the I, de Michel Gondry (QR)

Vous n'avez encore rien vu, d'Alain Resnais

3e

Rengaine, de Rachid Djaïdani (QR)

Au-delà des collines, de Christian Mungiu (prix du scénario et double prix d'interprétation féminine)

Dans la brume, de Serguei Losnitza

In another country, de Hong Sang-Soo

La part des anges, de Ken Loach (prix du jury)

The paperboy, de Lee Daniels

Sightseers, de Ben Wheatley (QR)

No, de Pablo Larrain (QR)

2e

Io e te, de Bernardo Bertolucci (HC)

Le repenti, de Merzak Allouache (QR)

Gimme the loot, d'Adam Leon (UCR)

Gangs of Wasseypur, de Anurag Kashyap (QR)

For love's sake, de Takashi Miike (HC)

Noor, de Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti (ACID)

Mud, de Jeff Nichols

Trois mondes, de Catherine Corsini (UCR)

Amour, de Michael Haneke (Palme d'or)

Lawless, de John Hillcoat

1e

Cosmopolis de David Cronenberg

Le goût de l'argent, de Im Sang-Soo

La chasse, de Thomas Vinterberg (prix d'interprétation masculine)

La Sirga, de William Vega (QR)

Sur la route, de Walter Salles

Miss lovely, de Ashim Ahluwalia (UCR)

3, de Pablo Stoll Ward (QR)

Post tenebras lux, de Carlos Reygadas (prix de la mise en scène)

Like someone in love, d'Abbas Kiarostami

 

HC : Hors compétition

UCR : Un certain regard

QR : Quinzaine des réalisateurs

 

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Journal de Cannes 2012

Jour 8 - 26 mai

Déception de tôt matin avec Mud, de Jeff Nichols (Take shelter). Le film est classique, trop classique, ce qui constitue un défaut un peu général de la sélection 2012, qui manque d'étincelles. Le film n'est pas affligeant, il est simplement convenu, à l'image de son happy end à l'eau de rose. Il constitue tout de même une belle plongée dans le Sud des USA et dans le monde de l'enfance.

Pas grand-chose à dire du dernier film en compétition, Le goût de l'argent, de Im Sang-Soo, dont on se demande ce qu'il fait en compétition. Il s'agit d'une variation un peu vaine sur les mêmes éléments que The housemaid : sexe sur fond de lutte des classes entre domestiques et maîtres, intérieurs design. Là aussi, une fin stupide.

Comme c'est un peu l'habitude cette année, c'est dans les compétitions parallèles que je trouve mon bonheur. A Un certain regard d'abord, avec Gimme the loot, un petit film qui fait respirer l'air de New-York, dans le sillage d'un couple d'ados noirs. Nos deux compères (un gars et une fille) se sont mis en tête de tager la célèbre pomme dans le stade des Mets (une des deux équipe de base-ball de NY). Problème : il faut réunir 500 $ pour soudoyer le portier. Un courant d'air frais circule dans ce film.

31ème - et dernier -  film de mon périple cannois à la Quinzaine : No, film chilien de Pablo Larrain. Au début très suprenant (écran carré, image un peu trash) le film devient progressivement palpitant. Il montre comment lors d'un référendum organisé par Pinochet en 1988 un jeune publicitaire va changer la donne en orchestrant la campagne du NON. C'est du Mad Men low-fi, avec Gabriel Garcia Bernal dans le rôle principal.

En sortant de ce film un peu pointu, je tombe sur une Lamborghini orange V12 immatriculée au Koweit. Salut la Croisette, à la prochaine !

 

Jour 7 - 25 mai

Début de journée dans un grand éclat de rire avec l'euphorique Camille redouble de Noémie Lvovsky, à la Quinzaine. La salle a réservé une longue ovation pour ce film qui est promis à un grand succès en salle. Il s'agit d'une histoire fantastique, sentimentale et rigolote : foncez-y dès que ça sort.

Le retour à la compétition est rude avec le beau et dur Dans la brume du russe Sergei Loznitsa (My joy). Le film est d'une beauté formelle incroyable, et il soulève des questions très profondes sur le sacrifice et le devoir, dans le contexte de la seconde guerre mondiale en Biélorrussie. C'est dommage qu'il soit trop long. Très peu de photographes lors de la montée des marches (une dizaine) et une salle pas complète, mais qui a applaudi longuement le cinéaste et son équipe, visiblement très émue.

Contraste saisissant avec ce qui a suivi : une cohue indescriptible pour la montée des marches du Cronenberg à 19h, Pattinson qui roucoule avec Juliette Binoche, 400 invités laissés sur le carreau, des robes de soirée à foison, BHL qui fait son cinéma, le crépitement de milliers de flash, les tops modèles qui défilent ... et un film qui fait flop. Nombreux départs pendant la séance, applaudissements à peine polis et commentaires acerbes des spectateurs à la sortie. Cosmopolis est effroyablement raté, il faut bien le reconnaître.

Avant le dodo, petit détour au cinéma de la plage. Un écran géant, des centaines de transats, et une distribution de plaids. J'ai regardé 30 minutes de Red tails, un film américain qui décrit la vie d'un groupe d'aviateurs noirs pendant la seconde guerre mondiale. Un gros machin pyrotechnique sans grand intérêt, mais quel plaisir d'être au cinéma face à la mer, en regardant les mouettes voler et les doigts de pied dans le sable. Georges Lucas himself nous accueillait sur la plage, en tant que producteur. Cannes, c'est ça.

 

Jour 6 - 24 mai

Comme c'est maintenant l'habitude je commence la journée avec un film en compétition : The paperboy, de Lee Daniels. Quelques sifflets à la fin et un début de polémique sur la toile que je ne m'explique pas, car il s'agit d'un produit somme toute classique, que j'ai plutôt aimé pour son scénario complexe, la qualité de ses interprètes et le dynamisme de sa mise en scène (Daniels s'est assagi depuis Precious). Pour moi le meilleur film US en compétition. Les puritains seront peut-être choqués d'y voir Nicole Kidman uriner sur Zac Efron. J'embraye ensuite avec ma première séance dans la belle salle Debussy (Un certain regard) : Miss Lovely. Un film qui tente de tracer une voie réaliste dans le paysage du cinéma indien. Pas facile. C'est appliqué, scolaire et raté, sans être honteux. Retour à la compétition avec le pire film vu dans ce cadre : Post Tenebras Lux du sulfureux mexicain Carlos Reygadas, qui joue trop au rugby et à la prétention de faire du Malick sans être Malick, ce qui constitue une grave erreur. Faites moi confiance et n'allez jamais voir ce film, sinon vous le regretterez, je vous le promets.

Changement total de décors pour une autre première : un film dans le cadre de la sélection ACID, qui accueille des films sans distributeurs (Les vieux chats y avaient été présentés en 2011). Noor dure 1h18 (ça fait du bien,un film court) et raconte l'histoire d'un transgenre qui ressemble à une femme mais veut devenir un homme. Tourné au Pakistan le film est très plaisant et donne à voir des paysages à couper le souffle.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/56/81/20106605.jpgA la fin de cette journée marathon je tente vaguement ma chance, sans y croire,  pour le nouveau Catherine Corsini, Trois mondes. Et en quelques minutes de patience j'obtiens une invit ... pour le carré VIP. Me voici assis à 1 siège de Pierre Salvadori, et quelques uns  de Catherine Corsini, Clothilde Hesme, Raphaël Personnaz et un peu plus loin Emmanuel Carrère, présenté par Thierry Frémeau comme "le plus grand écrivain français vivant". Le film est un thriller psychologique et sentimental sur le thème bien connu de l'accident-de-voiture-avec-délit-de-fuite-et-culpabilité-du-conducteur. Le film se laisse regarder sans déplaisir même si j'ai trouvé la véracité psychologique des personnages un peu flottante sur la durée.

 

Jour 5 - 23 mai

Début de journée réservé à la compétition avec Sur la route dès 8h30. Le film n'est que joliement illustratif (beaux paysages, belles gueules des personnages). Pour le reste, il est monotone, plat et trop long. Je n'ai pas accroché du tout. A midi, un des moments que j'attendais le plus dans ce festival : la projection de Holy Motors, premier film de Leos Carax depuis une dizaine d'année. Holy motors est une ode au pouvoir du cinéma, une expérience sensuelle et onirique hors du commun. Je suppose qu'il va diviser, mais il peut sans aucun doute prétendre à la Palme d'Or, comme Lynch le pouvait avec Mulholland Drive.

A 16h, séance spéciale avec la projection de Io e te, le dernier film de Bernardo Bertolucci, toujours alerte malgré son fauteuil roulant (montée des marches par l'ascenseur de service) et ses 71 ans.  Longue standing ovation à la fin de la projection. Le film est étonamment modeste et frais. On dirait un premier film. Une réussite. Fin de journée détente avec une amusante comédie anglaise à la Quinzaine, noire et décapante, Sightseers, où un couple de trentenaires qui découvre le tourisme en caravane s'avèrent être des monstres de beaufitude, puis des monstres tout court. Eclats de rire garantis.

 

Jour 4 - 22 mai

Grasse matinée... jusqu'à 9h. Premier film de la journée en compétition : La part des anges, de Ken Loach. Un bon cru, réaliste et optimiste. Toujours ancré solidement dans les problèmes de la société britannique, mais résolument joyeux. A la Quinzaine, je tente, après la séance de minuit hier soir, un autre défi d'importance : voir le film indien Gangs of Wasseypur qui dure ... 5h20. Le film est assez plaisant et on ne s'ennuie pas. Il faut imaginer un film de mafia type Les affranchis avec un petit côté Bollywood. C'est du mainstream indien, non destiné à l'exportation et donc rarement visible en Europe. Pléthorique équipe du film dans la salle, visiblement ravie d'être à Cannes.

Fin de journée encore à la Quinzaine avec 3, de Pablo Stoll Ward. Scénario évanescent, mise en scène quelconque, enjeux anodins, ce film restera uniquement dans les annales de Christoblog comme le premier film uruguayen chroniqué.

 

Jour 3  - 21 mai

Grosse journée, qui commence à 8h30 bien plus gaiment que hier, avec Vous n'avez encore rien vu, d'Alain Resnais, que je me suis surpris a beaucoup http://images.allocine.fr/c_100_100/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/64/60/20110419.jpgaimer. Le film est brillant, et même magistral par moment. Petit détour ensuite par la Quinzaine. Je me trompe de file et je vais voir un film que je n'avais pas prévu dans mon programme et qui s'avère très bon : Rengaine de Rachid Djaïdani. Une jeune femme musulmane qui a 40 frères veut se marier avec un jeune homme noir et chrétien. Problèmes en perspective... Rengaine est une comédie fraîche et énergique qui rappelle Donoma, sans avoir le souffle de ce dernier.

Retour à la compétition pour In another country de mon chouchou Hong San Soo, servi cette fois-ci par une Isabelle Huppert au mieux de sa forme. J'aime toujours la petite musique du coréen, mélange de Rohmer et de Woody Allen. Il nous propose ici 3 histoires pour le prix d'une.

En soirée, le Kiarostami de service tourné au Japon, m'ennuie au plus haut point. En réalité je n'ai rien compris à ce que propose Like someone in love, il faudrait que l'iranien se remette au cinéma et laisse les oeuvres conceptuelles pour les musées.

Clou de la soirée : la fameuse séance de minuit (en réalité 0h30) pour le nouveau Miike : For love's sake. Comme d'habitude c'est super déjanté, cette fois-ci dans le registre de la comédie musicale mélodramatique burlesque et grotesque. Indescriptible. La salle applaudit, siffle et s'esclaffe pendant le film. Réjouissant, bien que trop long (2h14).

 

Jour 2 - 20 mai

Début de journée en sélection officielle avec La chasse, le nouveau film de Thomas Vinterberg (Festen). On est ici à mille lieues de ce dernier. La chasse est en effet très sage, très prévisible, et ... très peu intéressant. En matière de rumeur http://s.excessif.com/mmdia/i/86/7/la-chasse-de-thomas-vinterberg-10694867eitkb.jpg?v=1destructrice de pédophilie, Outrault est malheureusement bien plus fort, et en vrai.

Suite avec Amour, le nouvel Haneke. On suit un couple de vieillards qui s'aiment, alors qu'elle s'enfonce dans la déchéance. Je n'aime pas le cinéma de Hanneke, et ce n'est pas avec celui-ci que ça va s'arranger. C'est affecté, poseur, artificiel et froid. On dirait un long clip médical pour la promotion de l'euthanasie.

Il se met ensuite à pleuvoir des trombes d'eau, dans un froid automnal. Drôle d'ambiance.

Du coup je passe la soirée au Studio 13, petite salle un peu miteuse et à l'écart, pour voir deux films dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. D'abord Le repenti de Merzak Allouache, qui traite de la réinsertion des terroristes islamiques repentis suite à la Concorde Nationale algérienne. Le film est imparfait, comporte des longueurs, mais mon sentiment est plutôt positif, grâce à un scénario intelligent et à un beau final. Pour finir la journée, direction un lac assez exceptionnel en Colombie, pour La Sirga. Je suis beaucoup plus réservé sur ce film, qui est une sorte de désert des Tartares humide et lacustre. Pas nul, mais à 22h en quatrième film de la journée, un peu raide. Dans les deux cas, les équipes complètes des films étaient là, dans une ambiance MJC étonnante qui contraste avec le strass de la Croisette.

 

Jour 1 - 19 mai

Débuts un peu difficiles. Je cherche pendant plus d'une heure des invitations sans succés. Je fais la queue pour Antiviral, le film de fiston Cronenberg, sans pouvoir entrer. Et puis, alors que le découragement allait me gagner, un gentil monsieur me donne une place pour le dernier Mungiu : Au-delà des collines. C'http://www.lefigaro.fr/medias/2012/05/19/812ceed2-a19d-11e1-821f-68a64c57ee6f-493x328.jpgest peu de dire que le film du réalisateur de 4 mois, 3 semaines, 2 jours est une oeuvre ambigue et potentiellement polémique. Il est question de religion, de superstition, du malin et d'amour. C'est long (2h30), bavard, parfois énervant, souvent sublime, lassant et génial. Un prix à l'horizon (mise en scène, prix du jury ?).

Dans la foulée, je mets mon noeud papillon et coup de bol, j'obtiens quasi instantanément une invitation pour Lawless, en compétition offcielle également. Le film se déroule lors de la prohibition, dans la campagne américaine. De facture très classique, il n'est pas désagréable à regarder. Le rythme molasson est t zébré de séquences de violence quasi insoutenables, ce qui lui aliénera peut-être une partie du public. Sa sélection détonne quand même un peu.

Et pour finir séquence de rattrapage à la Quinzaine à 22h30 avec The we and the I, le dernier Gondry, que j'ai adoré. On suit des lycéens du Bronx dans le bus qui les ramène chez eux le dernier jour d'école. C'est vif, touchant, inventif. Du Gondry en grande forme.

 

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De rouille et d'os

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/98/20086124.jpgDeuxième film vu de la sélection officielle (après le délectable Moonrise kingdom) et deuxième coup de coeur : on peut dire que Cannes 2012 commence fort.

Dès les premiers plans, il apparaît clairement qu'Audiard fait désormais partie des plus grands réalisateurs actuels. Il compose des images de générique absolument éblouissantes, mixant plusieurs thèmes du film comme dans un rêve. C'est de toute beauté.

Le récit embraye ensuite avec une belle efficacité, et nous happe rapidement, donnant une impression de réalité extrêmement intense. Audiard excelle dans la reconstitution d'un milieu, d'un évènement, d'une ambiance (le parc marin, l'appartement d'Anna et de son mari, la salle de sport...). On est tellement ébloui par la beauté des images qu'on tarde un peu à se rendre compte de la qualité de jeu des interprètes : Marion Cotillard, qui signe son plus grand rôle (j'ai envie de dire son premier vrai rôle), Matthias Schoenaerts, Marlon Brando belge et Corinne Louise Wimmer Masiero

Le film enfin n'est pas qu'un mélo de haute volée, il est aussi un puissant révélateur de l'état de la société, et il donne à voir un renversant tableau de la façon dont le système amène aujourd'hui les pauvres à surveiller les pauvres (étonnant écho dans l'actualité du jour avec l'affaire Ikea).

La bande-son est osée et bourrée de références : les plus anciens apprécieront de voir Stéphanie se déchaîner en fauteuil sur le toujours énergisant Love Shack des B-52. Pour ma part, j'ai particulièrement aimé le remix ébourriffant du State trooper de Springsteen par Trentemoller (écoutez), dont les paroles entrent parfaitement en résonance avec le film. Un grand moment de cinéma.

Seul petit bémol : la toute dernière partie dans la neige m'a semblé ne pas éviter complètement le piège de la sensiblerie. Mais c'est un détail au regard de la puissance de cette oeuvre, qui en fait - évidemment - une Palme d'or en puissance.

Audiard sur Christoblog : Un prophète

 

4e 

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Moonrise kingdom

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/63/68/20081694.JPGCela commence comme beaucoup d'autres films de Wes Anderson : une démonstration de virtuosité en forme de revue de toutes les sortes de travellings et de panoramiques (horizontal, vertical, avant, circulaire...).

Mais il apparaît en quelques instants que cette virtuosité ne sera pas gratuite : elle est mise au service de l'histoire et des personnages. On est immédiatement happé par la narration très alerte et inventive.

Le film suit deux enfants qui tombent amoureux l'un de l'autre et fuguent ensemble, sur une île d'opérette, au cours de l'année 1965. Lui est orphelin, binoclard et scout. Elle est un peu folle, incomprise et violente. Leur amour est pur, calme, adulte.

Wes Anderson filme magnifiquement ces deux enfants, dont la composition est saisissante. Par un art consommé de l'effet comique et du contrepoint, les adultes semblent enfantins, perdus dans leur déprime et leur mesquinerie. Il est donc question d'abandon, de famille dysfonctionnelle, mais aussi d'espoir, de courage et de rédemption. 

Cette très belle aventure est traversée d'une douce nostalgie (de la nature, de l'enfance, du passé, de cinéma) qui fait baigner l'ensemble dans une teinte ocre et une athmosphère brumeuse, parfaitement adaptées au propos du film. Il faut noter tous les détails qui contribuent sa parfaite réussite, comme la bande-son ou les multiples artifices et effets (ralentis, split screens) toujours utilisés exactement au bon moment. Anderson offre en passant des scènes d'anthologie comme la danse sur la plage au son de Françoise Hardy : je m'en souviendrai longtemps.

Un plaisir acidulé et craquant, pour tous les âges - parfaite ouverture, optimiste sans être frivole, du Festival de Cannes 2012.

Wes Anderson sur Christoblog : La vie aquatique / A bord du Darjeeling limited / Fantastic Mr. Fox

 

4e 

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The day he arrives

Ce qu'il y a de bien avec Hong Sang-Soo, c'est qu'on se retrouve à chaque film entre copains, autour d'un verre d'une oeuvre qui semble être une nouvelle facette du même objet.

Le héros marche dans la rue, il est l'éternel alter ego de Hong Sang-Soo lui-même, cinéaste raté. Ou presque. Tout le monde boit (et accessoirement mange et fume) dans des proportions déraisonnables. Les femmes y sont moins lâches et moins idiotes que les hommes. On se dit des demi-mensonges et des fausses vérités, les sentiments restent emmurés derrière la façade des conventions coréennes, toujours aussi lourdes.

Le destin, comme cela arrive souvent avec ce cinéaste, joue des petits tours aux personnages : les rencontres se répètent, les prémonitions se réalisent (4 rencontres de personnes touchant le cinéma), les mêmes dialogues réapparaissent presqu'à l'identique dans plusieurs scènes.

Le film est donc très bavard, que dis-je, il n'est QUE bavardage, mais on aime toujours ça.

La particularité de ce court épisode (1h19 seulement) est de se dérouler dans une atmosphère ouatée et neigeuse, magnifiée par un beau noir et blanc. Cet ensemble confère au film un surcroît de mélancolie et permet à Hong Sang-Soo de nous offrir une magnifique scène de baiser.

Une oeuvre mineure du cinéaste coréen, mais une oeuvre délicate et sensible.

 

3e

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Dark shadows

Burton fait du Burton.

Il prend ses acteurs fétiches (Johnny Depp, Helena Bonham Carter) et leur fait faire les mimiques habituelles. Depp reprend donc sans efforts une partie de sa composition du Chapelier Fou dans le désastreux Alice. Le reste est à l'avenant, dans un registre qui flirte constamment avec l'auto-citation : gargouilles en carton pâte, fantômes transparents, plans de coupe sur les vagues déchaînées, enfance brisée et incomprise, filtres colorés, etc.

Le ton du film a la prétention d'être léger, il ne parvient qu'à être inconsistant.

Le contraste entre le XVIIIème siècle et les années 70 aurait pu être beaucoup plus habilement développé qu'il ne l'est ici, réduit tristement à des clichés et à un concert ....d'Alice Cooper (!?!).

Le scénario est flasque et personne n'y prêtera attention probablement. On vient maintenant dans les films de Burton un peu comme on visite la maison hantée de la fête du village : on ne sait pas trop pourquoi on y va (rire, avoir peur ?), on trouve ça de plus en plus kitsch en vieillissant, on est toujours déçu, mais on y retourne.

Le plus triste est le manque d'imagination qui semble avoir atteint Burton : aucune fulgurance, aucun éclat brillant d'imagination. La scène - très physique - d'amour entre Barnabas et Angélique n'exploite qu'une idée, en la répétant une vingtaine de fois. C'en est presque pitoyable.

Au final j'ai eu l'impression de voir un long clip paresseux. A éviter donc, même si une seule raison peut (peut-être) justifier de voir le film : les robes d'Eva Green (et surtout la rouge).

 

1e

 

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Barbara

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/85/09/19865494.jpgAllemagne de l'Est, 1980. Barbara, médecin à Berlin, est soupçonnée de vouloir passer à l'Ouest. Elle est exilée dans un hôpital de province, et surveillée par la Stasi. Alors qu'elle prépare effectivement son départ, André, le chirurgien qui l'accueille dans son nouvel hôpital semble tomber amoureux d'elle...

Dans ce film de Christian Petzold, jeune prodige du cinéma allemand, rien ne dépasse. Tout est programmé pour faire "auteur" : une certaine lenteur, un jeu assez hermétique de l'actrice principale, de jolis cadres, une ambiance un peu curieuse qui fait ressembler cette ville du passé à celle de la série Le prisonnier.

Du coup, je me suis passablement ennuyé, d'autant plus que le film ne réserve aucune surprise (mais c'est peut-être là que réside sa force, me direz-vous) : le gentil est très gentil, le méchant est méchant, les malades sont très malades, la malheureuse jeune fille est très malheureuse, les Trabants roulent comme des Trabants, etc...Tout est assez convenu, prévisible, et parfois un peu lourd, voire hasardeux (les raccords de la balade à vélo, lors de laquelle le vent violent s'arrête brusquement au changement de plan).

Il y a une application scolaire dans la mise en scène qui empêche d'adhérer complètement au propos du film, qui ne captive pas, mais n'est pas non plus à fuir.

 

2e

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Christoblog à Cannes

Pour la première fois, Christoblog va traîner du côté de la Croisette, du 19 au 27 mai, muni de la modeste accréditation Cannes Cinéphiles.

Je ne désespère pas de voir quelques films de la compétition officielle, moyennant (si je suis les conseils de blogueurs plus expérimentés) une bonne dose de patience et d'humilité.

En tout cas, pour suivre mes (més)aventures au coeur du plus grand festival du monde rien ne vaudra la page :

ou pour être encore plus réactif :

Si vous aussi prévoyez d'être à Cannes, vous pouvez m'envoyer un message privé pour échanger N° de portables.

La sélection de 2012 a une sacrée gueule avec les habitués (Audiard, Cronenberg, Haneke, Im Sang-soo, Kiarostami, Ken Loach, Resnais), la jeune garde (Wes Anderson, Lee Daniels, Matteo Garrone, Hong Sang-soo, Jeff Nichols, Reygadas, Walter Salles, Dominik), et 3 de mes réalisateurs fétiches (Mungiu, Vinterberg, Nasrallah). Sans compter l'énigme Carax et les inconnus, en tout cas de moi (John Hillcoat, Ulrich Seidl, Sergei Loznitsa). Tous les grands pays européens sont représentés (sauf l'Espagne), et l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud également. Il ne manque qu'un petit film iranien pour que le panorama soit complet.

Les à-côtés sont particulièrement alléchants avec le duo Delépine/Kervern, Xavier Dolan, Omirbayev, Trapero, Wakamatsu et Lou Ye dans Un certain regard, et Dario Argento, Miike, Fatih Akin et Weerasethakul hors compétition.

Si j'arrive à voir qu'un quart de tout ça, j'aurai réussi ma semaine.

 

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Avengers

Je m'attendais sûrement trop à quelque chose de décalé, une sorte d'assemblage dans lequel les différentes personnalités de super-héros se seraient confrontées et enrichies. Une sorte de Sept samouraïs à la sauce Marvel, ce qu'avait assez bien réussi X-men : le commencement.

Las. Passés les premiers instants qui remplissent ce cahier des charges (formidable ce que peut faire Scarlett Johansson avec une chaise), le film devient la lourde machinerie à baston, avec scènes interminables de méga-bagarres entre les méchants et les gentils. Heureusement que Robert Downey Jr zèbre parfois le film d'une remarque acerbe et que Hulk apporte un petit zeste de surréalisme dans l'affaire (comme le moment où il ratatine le méchant après que ce dernier s'est proclamé Dieu).

A part ça, on ne peut que souligner l'aspect terriblement américain du produit, en notant au passage qu'un vrai héros US préfère courir le risque d'anéantir le monde entier plutôt que de stopper l'invasion d'immondes bestioles en rayant Manhattan de la carte. A la fin du film, on aperçoit une vue de la Tour Eiffel illuminées par les feux d'artifice : aux sauveurs américains les Français reconnaissant !

Impossible également de ne pas penser lors de l'attaque finale aux attentats du 11 septembre, les immeubles s'écroulent, les dégats sont immenses mais aucune image ne vient troubler le spectacle, pas de corps qui tombent, pas de cadavres dans les rues.

Tout est donc bien calibré, bien propet. Du grand spectacle bien foutu, mais sans caractère.

 

2e

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Avé

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/99/86/19721479.jpgIl arrive qu'on aille voir des films un peu à reculons (par conscience professionnelle de blogueur, si je puis dire) et qu'on en sorte conquis.

 

La première partie d'Avé est classique. La bande-annonce la résume très bien, ce qui devient d'ailleurs un peu énervant, tant les BA révèlent désormais la structure des longs-métrages. Un jeune homme se rend en stop à l'enterrement d'un ami à Roussé. Il rencontre sur la route une jeune fille un peu bizarre, Avé, qui semble mentir (presque) tout le temps.

 

On est immédiatement séduit par les physiques curieux des deux jeunes, leur jeu sobre et intense, et la mise en scène très élégante de Konstantin Bojanov. L'errance des deux héros de routes paumées en petites gares, dans des paysages monotones et tristes, se suit avec plaisir. Quelques scènes, comme celles du routier allemand, révèlent déjà un cinéaste de talent.

 

A l'arrivée à Roussé, le film prend une toute autre ampleur et devient véritablement génial. Cette partie est dans la veine d'Angelopoulos ou de Nuri Bilge Ceylan. Certaines scènes (le repas de deuil) peuvent déjà figurer dans le best of 2012, par leur beauté, leur sensibilité à fleur de peau et leur maîtrise parfaite. Ces moments concentrent toutes les émotions (psychologiques, narratives, plastiques, émotionnelles) que peut apporter le cinéma.

 

Après cet apex, les personnages et nous-même ne pouvons que redescendre sur terre. On reprend alors la route, on en apprend un peu plus sur Avé (très belle scène au téléphone), on s'égare un peu, on se perd de vue, mais ce n'est pas grave. Le plus beau a eu lieu.

 

Une découverte indispensable. Et un autre film bulgare sur Christoblog : Eastern plays

 

3e

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Babycall

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/68/56/20017475.jpgTout n'est pas mauvais dans Babycall, au contraire. Les acteurs sont par exemple très bien. Noomi Rapace (la Lisbeth du Millénium norvégien) est parfaitement convaincante en mère paranoïaque.

 

La mise en scène de Pal Sletaune est élégante, j'allais dire typiquement scandinave dans sa précision, son utilisation optimale de la largeur du cadre, sa photographie grise et claire. Je ne connaissais d'aillleurs pas ce réalisateur, à propos duquel je vous conseille le beau dossier que le site Cineaster.net (consacré au cinéma nordique) lui consacre.

 

Ambiance lourde, mystère s'épaississant progressivement : le début du film est plutôt bon.

 

Le seul problème du film - mais il est de taille - c'est l'aspect complètement approximatif du scénario, qui nous égare dans une myriade de fausses pistes qui deviennent progressivement contradictoires entre elles.

 

Le problème des manipulations de spectateur ("ce que tu vois n'est pas ce que tu crois, non, non, non"), c'est qu'elles doivent suivre une logique absolument implacable pour fonctionner (Le sixième sens, Les autres sont de bons exemples).

 

Ici, on comprend assez rapidement que ce qu'on voit n'est pas ce qu'on croit, mais comme les scénaristes y ajoutent fantômes, visions extra-lucides et scènes qui logiquement ne peuvent exister si on se conforme au twist final, l'égarement est complet.

 

C'est dommage, parce que ce film (primé à Gérardmer), méritait bien mieux que ce travail de sagouin.

 

2e

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Les vieux chats

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/81/71/19759656.jpgUne vieille dame perd sa lucidité. Elle est dans cette phase (début d'Alzheimer ?) durant laquelle les périodes de lucidité, majoritaires, alternent avec les absences, de telle façon qu'elle est parfaitement consciente d'avoir des absences. 

Sa fille, lesbienne, vient la voir en fin d'après-midi en vue de lui faire signer un contrat qui lui permettrait de s'installer dans l'appartement de sa mère, cette dernière étant relogée ailleurs.

Le compagnon de la vieille dame (qui n'est pas le père de la fille), tente de l'en dissuader. La copine de la fille lesbienne, très mâle (elle se fait appeler Hugo) débarque dans l'après-midi.

Ce film chilien présenté à Cannes l'année dernière dans la sélection ACID est un exercice de style intéressant, qui aurait idéalement fait l'objet d'un excellent moyen-métrage. Sur le format du long, il ménage quelques scènes un peu longuettes, mais est heureusement sauvé en grande partie par la prestation époustouflante de l'actrice principale, nonagénaire. La mise en scène de Sebastian Silva est maîtrisée, et même très talentueuse quand il s'agit d'évoquer les moments d'absence (le lavabo qui déborde...).

Un film intéressant pour ceux qui suivent le cinéma d'Amérique Latine, un peu ennuyeux pour les autres, peut-être.

 

2e

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Margin call

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/82/78/77/19786946.jpgL'idée n'était pas mauvaise : raconter de l'intérieur et en temps réel (ou presque) une catastrophe ressemblant à la chute de Lehman Brothers.

Le problème c'est que Margin call, sur cette bonne base, parvient à rater tout ce qu'il entreprend, et ce, malgré un casting carrément étoilé : Jeremy Irons, Kevin Spicey, Demi Moore, et le photogénique Zachary Spock Quinto (Star trek).

Le scénario est au départ trop simple (toute la faillite du système financier mondial tient sur une clé USB), puis trop compliqué (MSB, kesaco ?), et enfin trop démonstratif. La conclusion du film est en effet simpliste : le bon (Kevin Spicey) fait des vilaines choses par sens du devoir, parce que "si c'est pas lui, ce sera un autre". Et aussi parce que sa chienne est morte. Le méchant est cynique, mais de tout temps le capitalisme a besoin de méchants cyniques qui gagnent. Voilà.

Plusieurs personnages sont hyper-caricaturaux, réduits à des silhouettes (comme les traders, qu'on ne voit même pas en action), et le film manque cruellement de rythme, d'enjeux dramatiques, de tension. La mise en scène est proprement affligeante, le réalisateur ne parvenant même pas à faire des champ/contrechamp raccord.

On s'ennuie donc ferme. Je me suis demandé pourquoi j'étais en train de regarder des personnes regarder le soleil se lever : je devrais le faire moi-même, l'effet serait plus frappant, et pour moins cher.

 

1e

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Miss Bala

J'ai vu ce film lors du Festival des 3 continents 2011, et j'en garde un souvenir ému.

Le film commence comme un nième opus sud-américain montrant comment une fille pas très riche cherche à briller en s'inscrivant à un concours de beauté (et je jure qu'elle a des atouts - cf photo ci-contre !).

Mais très vite, elle se trouve emportée dans une affaire criminelle, malgré elle, dont elle ne va pas parvenir à sortir. Le film fonctionne donc sur un principe type "After Hours", enchaînement haletant et inévitable de situations de plus en plus problématiques pour l'héroïne, jusqu'à un climax ... dont je ne parlerai pas.

Miss Bala est un thriller de haute qualité, que nombre de productions US pourraient prendre en exemple.

L'actrice principale, outre sa plastique exceptionnelle, donne un visage résolu et rationnel à cette aventure un peu abracadabrante. On guette avec elle la moindre échappatoire, et le film est absolument réaliste de ce point de vue. Il est servi par des acteurs très crédibles (le malfrat à sang-froid est glaçant) et une production haut de gamme (rien de moins que Diego Luna et Gabriel Garcia Bernal aux manettes). Miss Bala a représenté le Mexique aux Oscars, et il donne du pays un tableau en creux qui, s'il n'est pas flatteur, est passionnant.

Des sensations, de l'émotion, du suspense, de l'exotisme, je conseille vivement Miss Bala.

 

3e

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Le prénom

Le prénom permet de passer un bon moment, et c'est déjà ça.

Bien sûr, il s'agit quasiment de théâtre filmé, l'action se déroulant le temps d'une soirée entre amis d'enfance, dans un appartement parisien (dont le décor a été intégralement construit pour les besoins du film).

L'impression d'être au théâtre est renforcée par le fait que les comédiens principaux du film jouaient également au Théâtre Edouard VII, où la pièce à été donnée plus de 200 fois (sauf Charles Berling). C'est peut-être pour cette raison que le film semble si efficace, du moins dans ses deux premiers tiers, avec un rythme enlevé et des réparties qui font mouche, quittant (un peu) les sentiers battus de la comédie franchouillarde de repas bourgeois.

La fameuse histoire du prénom n'est que le prétexte initial à un grand déballage, à la fois amusant, tendre et cruel.

J'ai tout particulièrement aimé la prestation de l'incroyable Guillaume de Tonquédec, décisif en timide un peu mou, que les autres prennent pour un homo (la preuve : il écoute Etienne Daho et porte des chemises oranges), ce qu'il n'est pas, comme le twist final le révèlera. Bruel est absolument convainquant en quarantenaire qui a réussi, face à un Charles Berling campant idéalement le bobo de gauche, qui lit Télérama et n'a pas de télé. Les deux actrices (Valérie Benguigui et Judith El Zein) sont au diapason.

Un divertissement de qualité.

 

3e

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