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Christoblog

Madame Fang

Si vous êtes lecteur assidu de Christoblog, vous savez que je suis un grand fan de Wang Bing, et de ses projets qui dépassent les bornes habituelles du documentaire.

Le nouvel opus du génial chinois parait être un court-métrage (1h26), au regard de son film présenté au dernier Festival de Cannes, Les âmes mortes, qui dure... 8h26.

Ici, Wang Bing va à l'essentiel : quelques plans très courts sur une femme qui semble perdue (elle est victime d'une forme de la maladie d'Alzheimer), puis on passe très rapidement à cette même femme, dont le corps ne semble plus le même, en train de mourir parmi les siens. 

La caméra s'attarde donc longuement sur cet être humain qui n'est pas conscient d'être filmé, ce qui peut générer chez le spectateur un sentiment très perturbant de culpabilité. On regarde ce corps littéralement disparaître, mourir, alors que la famille tente de subsister autour du lit de mort, va pêcher des poissons (scènes de nuit d'une beauté vaporeuse), boit de l'alcool, ne fait rien, regarde ailleurs. 

C'est à la fois brillant, profond, et déstabilisant. C'est la mort en face dans un océan de trivialité, le sublime qui semble naître d'un mouvement incontrôlé de la mourante, un éclair d'humanité qui surgit quand un mouvement des yeux semble moins erratique que les autres. 

Wang Bing, comme d'habitude, nous bouscule et nous brusque, respectueux sans être empathique. C'est du grand art.

 

3e

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A genoux les gars

Mal fagoté, tourné n'importe comment, énervant. Oui, on peut dire tout ça de ce film imparfait bourré de défauts : les acteurs jouent parfois un peu faux, le montage est souvent chaotique et certaines scènes s'étendent sans nécessité.

Mais, pour peu qu'on se laisse bercer par le flow des donzelles, l'ensemble devient vite séduisant. L'aspect novateur du film, l'approche décomplexée des sujets évoqués, l'incroyable énergie qui se dégage des personnages féminins, la crudité du vocabulaire, la frontalité des situations : tous ces éléments contribuent à faire du film d'Antoine Desrosières un objet filmé non identifié, se situant quelque part entre le cinéma de Kéchiche, Divines et les films de Sophie Letourneur.

Ce qui m'a le plus intrigué et plu dans A genoux les gars, c'est sa dialectique zarbi servie par une logorrhée qui semble irréfragable. Bien sûr les situations exposées ne répondent à aucune logique rationnelle, mais elle finissent par obéir à une certaine rationalité issues des ressorts labyrinthiques d'un discours qu'on pourrait dire écrit par un Marivaux des banlieues. 

Le film est enfin (et surtout ?) un formidable manifeste féministe, où si l'on veut la chronique d'une émancipation sentimentale et sexuelle. 

Ce n'est pas très propre, et diablement plaisant.

 

3e

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La piel que habito

Bon, allez, on ne va pas tourner autour du pot : c'est un Almodovar pur jus, tourné en roue libre par Pedro.

Voilà. Donc, vous savez déjà ce que vous allez y trouver avant de le voir : du sexe, de la violence, des histoires de famille, une réflexion sur le corps, des décors toujours choisis avec un goût à la fois kitsch et très sûr, des acteurs et actrices plutôt très bons et entièrement dévoués au maestro, la musique pseudo classique de Iglesias, une chanson culte, un scénario alambiqué avec retour dans le passé, de discrets mais élégants mouvements de caméra, un sens du cadre absolu, des coups de feu, une confusion des genres, etc...

L'émotion manque parfois, les péripéties sont un peu trop prévisibles (tout en étant complètement improbables, c'est la curiosité du film) et certaines scènes semblent tournées par un assistant peu inspiré, mais ça reste tout de même au global du bel ouvrage. 

 

3e

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How to talk to girls at parties

Il est bien rare qu'un film apporte en même temps des plaisirs esthétiques, intellectuels et émotionnels, tout en restant léger et digeste.

C'est pourtant l'exploit que réussit le dernier film de John Cameron Mitchell, qui commence comme un tableau speed de la jeunesse punk des années 80 façon Dany Boyle, avant de se transformer en un délire psychédélique coloré et sucré.

Mitchell parvient avec une grâce incroyable à varier les tons, les rythmes et les ambiances avec un égal talent. Sous son apparente légèreté, How to talk to girls at parties aborde finalement avec un angle nouveau un sujet profond et universel : qu'est-ce que l'amour ? Le film est une sorte de comédie romantique acidulée, qui parvient à éviter la mièvrerie et tous les chausse-trappes inhérents au genre. Ce prodige est dû en particulier à la prestation mutine de Elle Fanning, qui s'affirme ici comme une vraie, grande actrice. Elle semble guidée dans cette émancipation par Nicole Kidman, méconnaissable en Cruella rock'n roll.

Le film n'est pas seulement beau et drôle, il est aussi piquant : pratiques sexuelles (ô combien) hors normes, punchlines décapantes, moqueries diverses. On sourit, on réfléchit, on est intrigués et émus. De la belle ouvrage.

 

4e 

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Une année polaire

Un jeune instituteur danois arrive dans un village perdu du Groënland. Va-t-il réussir à s'intégrer, alors qu'il reproduit inconsciemment des schémas néo-colonialistes ? Va-t-il rapidement craquer devant le nombre impressionnant de difficultés (les enfants incontrôlables, les difficultés climatiques, la barrière de la langue) ?

Samuel Collardey, adepte d'un mélange savant et indistinct de fiction et de réalité, va répondre à ses questions en prenant son temps, d'une façon élégante bien que sans surprise. 

Le film ne présente donc aucune originalité particulière dans le développement de son intrigue (il faut s'intéresser aux gens pour s'intégrer !), mais il vaut surtout pour son aspect documentaire. Les paysages sont d'une beauté à couper le souffle, pourvu qu'on ne soit pas réfractaire à une esthétique proche des "Découvertes du monde", et la plongée immersive dans la micro-société d'un minuscule village isolé de tout est vertigineuse.

A réserver donc aux amoureux des grands espaces.

Samuel Collardey sur Christoblog : Comme un lion - 2013 (*) / Tempête - 2016 (***)

 

2e

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Les réponses

Et voici les réponses (si vous avez des idées pour enrichir ce jeu, n'hésitez pas à me le communiquer par le formulaire Contact ou en laissant un commentaire ci-dessous) : 

JJ Abrams Lost / The Office (US) / Alias
Gus Van Sant Boss
David Lynch Twin peaks
Jean Marc Vallée Sharp objects / Big little lies
Jacques Audiard Le bureau des légendes
Martin Scorsese Boardwalk empire
Steven Spielberg Columbo / Band of brothers
Fabrice Gobert Les revenants
Jodie Foster Black Mirror / Orange is the new black / House of cards
John Cassavetes Columbo
Damien Chazelle The Eddy
Rian Johnson Breaking bad
Steven Soderbergh The Knick
Jonathan Demme Columbo
Eric Rochant Le bureau des légendes
Quentin Tarantino Les experts / Urgences / (+ acteur dans Alias !)
Asif Kapadia Mindhunter
Cédric Klapisch Dix pour cent
David Fincher House of cards / Mindhunter
Todd Haynes Mildred Pearce
Jane Campion Top of the lake
Dominik Moll Tunnel
   

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Trois visages

Il est certes un peu surfait, voire provocateur, de dire que le talent permet de transformer les pires contraintes en opportunités de création. Et pourtant c'est exactement ce que m'inspire le dernier film de Jafar Panahi.

Rappelons que le cinéaste iranien, interdit de tournage dans son pays, doit perpétuellement trouver de nouvelles ruses pour confectionner ses films en toute clandestinité. Cela l'oblige évidemment à une grande économie moyen : tournage dans des lieux improbables (son appartement dans Ceci n'est pas un film, l'intérieur d'un taxi dans Taxi Téhéran), nombre de prises limitées, direction artistique réduite au minimum.

Les limitations de tous ordres oblige Panahi à être particulièrement imaginatif en matière de scénario et celui de Trois visages est génial : une actrice célèbre reçoit la vidéo d'une adolescente voulant devenir comédienne, et qui se suicide parce que l'actrice n'a pas répondu à un mail d'appel à l'aide.

Bien entendu, l'actrice célèbre est rongée par la culpabilité et part à la recherche de la jeune fille, accompagnée de Jafar Panahi, jouant son propre rôle. S'en suit un road movie jouissif au tempo lent, durant lequel la rationalité froide et un peu distante de Panahi se confronte à des situations burlesques et profondes, dans le cadre champêtre de la campagne iranienne. La grand-mère qui teste sa tombe, le frère colérique, le taureau reproducteur qui fait une chute, les règles de klaxons sont autant de scènes qui font mouche dans ce brûlot placide et pince sans-rire.

Si les ressorts narratifs de ce conte moderne s'essoufflent un poil dans la deuxième partie du film, l'ensemble est suffisamment brillant pour dire que Trois visages mérite son Prix du Festival au Festival de Cannes 2018.

Jafar Panahi sur Christoblog : Taxi Téhéran - 2015 (****) / Ceci n'est pas un film - 2011 (***)

 

2e

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Twin peaks - Saison 1 / Episode pilote

Le 8 avril 1990 l'épisode pilote de Twin Peaks était diffusé sur ABC.

Est ce que, 28 ans après, cette excursion au long cours dans l'esprit dérangé de David Lynch garde son pouvoir de fascination ?

La réponse est oui, mille fois oui. On ne peut qu'être sidéré par la façon dont Lynch tisse dès ce premier épisode la trame riche et complexe de son oeuvre. 

Chacun des personnages acquière instantanément une personnalité et une densité qui lui est propre, la plupart des développements fantastiques à venir est esquissé comme si l'omniscience du créateur transcendait l'apparent réalisme de ce qu'on voit : cet épisode introductif, qui pourrait paraître morne et froid, possède en lui toutes les ramifications des délires futurs (la femme à la bûche, le reflet dans le miroir...). 

Côté mise en scène, on est proche de la perfection : elle est à la fois très présente et subtilement décalée. Les mouvements de caméra des premières scènes, la façon délicate de camper les principaux dilemmes de la série, les futurs gimmicks cultes (par exemple les tropismes culinaires de Cooper) et l'incroyable opportunisme de Lynch font déjà merveille. On raconte que la lumière stroboscopique de la scène de la morgue résulte d'une avarie technique de plateau subtilement utilisée par le réalisateur.

Les seuls éléments qui paraissent aujourd'hui datés sont les coiffures et les vêtements. Preuve que le génie transcende les années.

 

4e 

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Concours Coffret Le prisonnier d'Alcatraz (Terminé)

A l'occasion de sa sortie,  je vous propose de gagner 2 exemplaires du magnifique coffret Le prisonnier d'Alcatraz, qui regroupe DVD, Bluray et livre.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : " Quels animaux élève Robert Stroud en prison ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 20 juin 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le coffret envoyé directement par le distributeur.

NB : un des deux coffret sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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