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Christoblog

Gaspard va au mariage

Beaucoup de choses sympathiques dans ce petit film, qui peine toutefois à tenir la distance.

Parmi les points forts du film d'Anthony Cordier, il faut d'abord signaler un casting d'un goût exquis, incluant la révélation de Jeune femme, Laetitia Dosch, aussi bien que le grand acteur flamand Johan Heldenbergh, qu'on a vu dans tous les grands films belges récents (de La merditude des choses à Alabama Monroe).

Autre élément favorable, la fantaisie déjantée de cette famille hors du commun, qui se matérialise dans quelques scènes amusantes (le bain de poissons par exemple).

Malheureusement, l'esprit enjoué et facétieux du début s'étiole vite. C'est probablement la faute à un scénario qui file tout droit, sans véritables surprises, et qui ne parvient pas à mettre en véritable relation des personnages qui sont tous individuellement intéressants.

Gaspard va au mariage manque également (et paradoxalement) d'unité et ressemble finalement à un puzzle moche dont chaque brique est agréable à l'oeil. La relation quasi incestueuse du frère et de la soeur + les inventions Chindogu + les animaux ont une âme + c'est triste de perdre sa mère + les tatouages + .... = Trop.

 

2e

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Total recall

La vision la semaine dernière sur Arte de Total recall m'a laissé une drôle d'impression.

La première partie du film m'a beaucoup plu. Le scénario diabolique issu de l'imagination de Philip K Dick est brillant, l'aspect cartoonesque de l'interprétation (Schwarzenegger, et encore plus Sharon Stone) colle bien au style visuel du film. On peut juste regretter à ce stade que certains éléments de décor (notamment les voitures) vieillissent particulièrement mal - mais c'est le lot commun, et paradoxal, de tous les films de SF. Le futur se démode plus que le présent.

La seconde partie m'a semblé beaucoup moins intéressante, abandonnant plusieurs des ressorts complexes du début pour se muer en un film d'action beaucoup plus traditionnel. 

Il reste quand même sur toute la durée du film une patte Verhoeven reconnaissable, même s'il s'agit ici d'un film de commande, comme par exemple le mauvais goût assumé de nombreuses scènes gore, au nombre desquelles celle des deux bras sectionnés par l'ascenseur fait figure de joyau. 

 

2e

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Certaines femmes

Le problème avec le cinéma de Kelly Reichardt, c'est que je n'en perçois pas les intentions.

Quel intérêt de voir Michelle Williams se promener dans les bois, faire des sandwichs et boire du vin pendant que son mari regarde du sport à la télé ?

S'il s'agit de montrer sa tristesse ou de matérialiser sa solitude, alors le film est un grand pléonasme, tant la façon qu'à Reichardt de filmer (pas de musique, une image terne et sombre, des scènes qui s'étirent) souligne les thèmes abordés (incommunicabilité, solitude). La réalisatrice filme de façon dépressive et minimaliste des situations déprimantes.

Il est intéressant de comparer ce film à Moonlight. Les deux films partagent en effet un certain nombre d'éléments communs : ils sont constitués de trois parties distinctes, abordant chacune une thématique différente, et mettent tous deux en scène des personnages en difficulté dans leur relation aux autres. Alors que Moonlight est porté par une foi dans le cinéma qui lui permet de donner de sublimes plans presque joyeux dans la façon dont il sont conçus, Certaines femmes ajoute de l'ennui à l'ennui, et de la tristesse à la tristesse. 

Vingt-quatre heures après l'avoir vu, il faut tout de même que je reconnaisse que certains moments laissent une empreinte profonde : la scène du cheval dans la troisième partie par exemple. Ces quelques séquences ne rendent pas le film passionnant, mais juste intéressant.

 

2e

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Pentagon papers

La première partie du nouveau Spielberg m'a légèrement ennuyée. Ce n'est qu'a posteriori, quand l'action se déclenche véritablement, qu'on comprend que cette longue mise en place était nécessaire, notamment pour bien dessiner l'ensemble des enjeux qui pèsent sur la décision que doit prendre May vers le milieu du film.

Pour résumer, cette héritière peu légitime (elle ne doit son poste qu'au décès de son mari) doit en quelques heures prendre une décision qui engage non seulement la réputation de son journal, mais aussi son sort propre (elle risque la prison), la fin d'une longue amitié politique et l'équilibre financier de son entreprise. 

Meryl Streep assume ce rôle avec une classe impeccable et beaucoup de subtilité. Tom Hanks est très convaincant en pitbull bonhomme, et l'ensemble du casting est parfait.

Spielberg assure le boulot avec classe, à travers une mise en scène très fluide et très classique, dans la droite ligne d'un de ses films précédents, avec Tom Hanks également, Le pont des espions. Le découpage du film est assez curieux, enchaînant avec précision des mini-ellipses à répétition qui permettent au scénario de déployer d'amples parenthèses au sein d'un film d'une durée raisonnable (1h55).

Pentagon papers est un vibrant plaidoyer pour la liberté de la presse, et donc une missive personnelle à l'actuel locataire de la Maison Blanche. Si ces effets sont parfois un poil appuyés, le résultat final est à la fois instructif et plaisant.

 

3e

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American crime story (Saison 1) : The people vs OJ Simpson

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas trouvé une série aussi addictive.

Difficile en effet de ne pas être happé dès le premier épisode par cette reconstitution du procès de OJ Simpson, star noire du foot américain, accusé du meurtre de son ex-femme et de son compagnon.

On suit avec une délectation un peu morbide les méandres de cette affaire, dans laquelle les rebondissements successifs (côté défense, côté accusation, mais aussi chez le juge ou les jurés) paraitraient totalement improbables si on ne les savait pas ... réels !

La qualité de l'écriture est exceptionnelle, le casting incroyable (Sarah Paulson en tête) et la mise en scène d'une solidité à toute épreuve. La série est édifiante en ce qu'elle montre les incroyables faiblesses du système judiciaire américain, et le racisme croisé des deux communautés qui empêche tout jugement équitable.

On sort de cette série lessivé et passablement pessimiste quant à l'avenir de la nation américaine - qui depuis 1995 a montré qu'elle pouvait être aussi irréfléchie que ces évènements le laissent penser.  

A voir absolument. 

 

4e 

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La juste route

Ce n'est pas seulement parce qu'il est hongrois et tourné en noir et blanc que La juste route est un film étonnant : c'est surtout parce que le traitement de son sujet est profondément original.

Nous sommes en 1945 et deux juifs reviennent dans un village de la Hongrie profonde, suscitant toutes sortes de réaction chez les habitants, qui ont spoliés et dénoncés des Juifs durant la guerre.

Le réalisateur, Ferenc Torok, filme l'arrivée des Juifs dans la ville comme un mélange de film noir américain et de suspense à la Hitchcock : cadrage serré, forte expressivité des visages, petite musique cristalline et oppressante.  C'est un peu comme si Le ruban blanc de Haneke était croisé avec Les oiseaux

Comme toute la mise en scène est hyper-maîtrisée, le film donne le sentiment d'une réussite formelle indéniable, appliquée à un sujet qui n'est pas vraiment adapté à cette forme. On oscille durant tout le film entre intérêt pour l'histoire racontée (bien servie par la performance des acteurs, tous très bons), et observation distanciée du savoir-faire de Torok. J'ai par exemple remarqué qu'un nombre incalculable de plans comprenaient un premier plan flou induisant que le spectateur est aussi un voyeur.

Une curiosité résolument originale, qui a remporté de nombreux prix en festival, dont un dans la section Panorama de la Berlinale 2017.

  

2e

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Les heures sombres

Difficile de ne pas être intéressé par ce film si on aime l'Angleterre ou l'histoire. 

Les heures sombres retrace en effet une période de l'histoire anglaise palpitante : ces quelques jours durant lesquels on voit à la fois Lord Chamberlain démissionner, Churchill parvenir au pouvoir et Hitler envahir la France. 

Le film montre très bien, et c'est vraiment son principal intérêt, les hésitations de Churchill et l'extrême précarité de sa situation politique. A l'image de l'emblématique opération Dynamo, les décisions qu'il prend sont sur le moment assez folles, et le film montre bien que Churchill joue sa tête à de multiples reprises.

Le réalisateur Joe Wright rend une copie très propre, trop propre à mon goût. Il n'évite ni les tics maniéristes (la caméra qui s'élève à la verticale dans les airs jusqu'au ciel), ni les excès d'une direction artistique trop bien léchée (les décors et la photographie sont un peu tape-à-l'oeil). 

Le résultat, d'un point de vue visuel, donne une impression de reconstitution sortie du formol, impression renforcée par le jeu très marqué de Gary Oldman, méconnaissable sous les couches de maquillage.

La fin du film fait cependant basculer l'impression générale du côté positif : difficile de résister aux talents d'orateur de Churchill et à l'anecdote de sa visite dans le métro.

 

2e

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3 billboards, les panneaux de la vengeance

Voici un film qui possède tout ce que j'attends du cinéma : des surprises, de la beauté, des émotions.

La réussite est quasi générale quel que soit l'angle sous lequel on observe 3 billboards, mais ses deux points forts sont sans conteste son scénario et son casting.

Cela faisait bien longtemps qu'un scénario ne m'avait pas ébloui à ce point (disons Une séparation). On ne sait jamais vraiment là où le film va nous entraîner, que ce soit au niveau d'une scène (va-t-elle frapper ?) ou d'un pan entier de l'histoire générale. L'intrigue rebondit ainsi plusieurs fois dans le film sans qu'à aucun moment on ait l'impression d'être manipulé. Notre regard sur chacun des personnages ne cesse d'évoluer tout au long des développements de l'intrigue. Du grand art.

Côté interprétation, c'est du très très très haut niveau. Frances McDormand est évidemment impériale. Plutôt que d'insister comme tout le monde sur son côté John Wayne, je parlerais plutôt de l'incroyable plasticité de son visage. Woody Harrelson et plus encore Sam Rockwell sont parfaits également, mais la réussite ultime du film, c'est la farandole de seconds rôles parfaitement choisis. Je pense évidemment à Peter Dinkladge échappé de son rôle de Tyrion, mais aussi par exemple à Caleb Landry Jones dans le rôle de Red Welby.

Le talent de Martin McDonagh manipule différentes tonalités dans un ensemble parfaitement cohérent. On passe ainsi d'une série de punchlines jouissives à une scène très violente, qui peut être immédiatement contredite par une émotion profonde (les lettres post-mortem) ou un clin d'oeil tendre (le dialogue des pantoufles). Ce n'est pas le moindre des nombreux mérites du film que de fondre en un seul creuset une critique du Sud redneck, un dilemme moral de haut vol et l'ambiance d'un film noir.

3 billboards invente un nouveau genre, qu'il porte à la perfection : le mélodrame drôle et humaniste.

 

4e 

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In the fade

Constatons pour commencer que l'ensemble de la critique dite "sérieuse" descend le dernier film de Fatih Akin.

Ces critiques portent-elles sur des considérations liées aux qualités du film ? Souvent non. Les articles focalisent dans la plupart des cas sur des problèmes d'ordre politique ou moraux.

On reproche à Fatih Akin le parcours de son personnage, comme si le réalisateur affichait de facto sa solidarité avec lui (l'article de Serge Kaganski dans les Inrocks est à ce titre d'un niveau de bêtise inouï). En raisonnant aussi bêtement, on pourrait reprocher à Scorsese les errements du personnage de Taxi Driver, à Coppola le comportement des soldats de Apocalypse now, etc.  A travers cet écheveau de jugements négatifs en tout genre, c'est finalement une sorte de nouvel ordre moral qui semble émerger de façon inquiétante.

Mais je reviens au film. Katjia perd son mari et son fils dans un attentat. Qui sont les auteurs ? Le passé de son mari explique-t-il l'attentat ? Comment la justice va-t-elle agir ? Comment le deuil de Katjia peut-il s'exprimer ?

Akin répond à ses questions dans trois parties très différentes, dont la variété donne du piment au film. Personnellement, j'ai souvent été égaré par la conduite de l'intrigue, et cela m'a beaucoup plu. L'accusation de certaines critiques sur la prévisibilité des évènements me semble absolument injuste, le dénouement final possédant un véritable effet dramatique.

La prestation de Diane Kruger est exceptionnelle (prix d'interprétation féminine à Cannes) et on aura rarement ressenti avec autant d'acuité la difficulté du travail de deuil, qui irrigue le film du début à la fin. La mise en scène de Fatih Akin retrouve le niveau de qualité de ses débuts (on songe à De l'autre côté) : elle est à la fois ample et déliée.

En synthèse In the fade ne me semble pas mériter la curée dont il est l'objet. Même s'il est globalement un peu trop appliqué pour vraiment décoller, il n'est pas sans mérite : la presse américaine lui a octroyé le Golden globe de meilleur film en langue étrangère.

 

2e

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Concours Centaure (Terminé)

A l'occasion de la sortie le 31 janvier du très joli film Centaure, je vous propose de gagner 2 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "De quelle nationalité est le réalisateur Aktan Arym Kubat ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 30 janvier 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

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I'm not a witch

Parmi les bonnes surprises que peut réserver un Festival comme Cannes, il y a celle de se retrouver un petit matin dans une salle de la Quinzaine à regarder un premier film qui sort de nulle part (en fait de Zambie), et de dialoguer ensuite avec sa lumineuse réalisatrice.

Quel plaisir de suivre les méandres de ce conte qui s'inspire de la réalité (à moins que ce soit le contraire) et qui parvient à la fois à être drôle (les scènes avec le représentant du gouvernement) et beau (les rubans, et une myriade d'inventions).

Subtilement critique, à la limite de l'esthétisme gratuit, I'm not a witch étonne par la sûreté et la cohérence de ses choix de mise en scène. L'Afrique a définitivement besoin de ces films qui la raconte, loin des stéréotypes, dans un geste créatif parfait techniquement.

Une délicieuse surprise.

 

3e

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Si tu voyais son coeur

Difficile de comprendre comment il est possible de réussir et de rater à ce point un film.

La première scène par exemple est magnifique. On se retrouve projeté dans un mariage gitan extraordinairement filmé par un plan-séquence d'anthologie. 

La chronologie est très audacieuse, puisque les séquences de différentes temporalités alternent sans aucune indication spécifique : c'est donc la subtilité du scénario qui fait tenir l'ensemble debout. 

Et pourtant, malgré tous ses atouts et un casting exceptionnel pour un premier film (Nahuel Perez Biscayart avant qu'il explose dans 120 BPM, Karim Leklou très bon comme d'habitude, Gabriel Yared à la musique),  Si tu voyais son coeur ne parvient jamais à vraiment emporter le spectateur. Gael Garcia Bernal est trop mou, trop lisse. Marine Vacth est trop belle pour être crédible dans son rôle de Madonne du pauvre et leur histoire ne nous intéresse pas. Le film hésite et se perd entre plusieurs sujets : documentaire sur la communauté gitane, film de rédemption, puzzle sensoriel, histoire d'amour. La recherche de la belle image est aussi par moment un peu pesante. 

Le film de Joan Chemla est comme un kaleidoscope qui proposerait alternativement le meilleur et le pire du cinéma, tout en partant dans tous les sens. Au final, le projet du film, son intention me semble bien plus intéressant que le produit final, mal maîtrisé.

 

2e

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L'échange des princesses

De mon point de vue, Marc Dugain est le premier écrivain à vraiment réussir un film.

L'échange des princesses est en effet appréciable de bout en bout et présente de nombreuses qualités.

Le film est tout d'abord une merveille à regarder : photographie admirable sans être ostentatoire, direction artistique (costumes, décors, musique) qui parvient à donner une sensation de réalisme comme j'en ai rarement vu dans un film en costumes.

Le scénario est ensuite admirable. A travers ce double mariage croisé entre les cours de France et d'Espagne, Marc Dugain donne à voir l'absolue dureté avec laquelle on traitait les enfants royaux ou nobles à l'époque. Comme le dit un des personnages du film, les petites filles sont de la "chair à marier". De ce point de vue, L'échange des princesses réussit un miracle : il parvient à être à la fois plaisant à regarder (on sourit, on est intrigué et ému), et extrêmement noir sur le fond.

Ajouter à toutes ces qualités un casting très convaincant (la petite Juliane Lepoureau - photo - est craquante) et une découverte quasi-documentaire des rites de l'époque, et vous obtiendrez le prétexte à une excellente sortie de début d'année.

 

3e

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Vers la lumière

J'éprouve toujours des scrupules à dire du mal d'un film de Naomi Kawase, tellement la personne m'est sympathique et ses intentions louables.

Le début de Vers la lumière est par exemple parfaitement brillant. L'idée de donner au personnage principal du film la profession d'audio-descriptice est un coup de maître. 

Cela donne des premières séquences délicieuses dans lesquelles la bande-son prend une saveur très particulière, et qui suscitent chez le spectateur de stimulantes réflexions sur le sens de l'image, les choix des créateurs et bien d'autres sujets.

Les premières bonnes idées du film s'essoufflent cependant rapidement. L'histoire entre l'héroïne et le photographe devenant aveugle n'échappe pas à la mièvrerie.  La subtilité du début disparaît au profit d'une succession de scènes irréaliste, de coïncidences incroyables (les rencontres fortuites des personnages, le paysage récurrent), d'élans très peu sensuels et de larmes creuses.

La médiocrité du film dans le film (la statue de sable) aggrave la sensation de déception et d'ennui qui grandit au fil de la projection. Comme parfois chez Kawase, on est triste de voir tant de sensibilité gâchée.

Naomi Kawase sur Christoblog : Still the water - 2014 (***) / Les délices de Tokyo - 2015 (****) 

 

2e

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Downsizing

Impression mitigée à la vue du dernier Alexander Payne, qui est un réalisateur (Nebraska, Sideways, The descendants) que j'aime beaucoup.

Côté positif d'abord.

On retrouve dans Downsizing cet art de l'understatement narratif, cette façon de ne pas y toucher qui fait souvent mouche et qui peut, sous ses aspects très policés, être particulièrement cruelle.

Le film fourmille de petits détails qui émoustillent intellectuellement et qui font sourire à l'occasion (un exemple : l'explosion qui condamne de tunnel, sorte de manifeste anti-spectacle caractéristique du cinéma de Payne).

A porter également au crédit du film : une dénonciation non voilée du mode de vie américain, un sens du merveilleux qui touche parfois (la découverte des différents milieux est jouissive), une interprétation hors pair (Christoph Waltz est une nouvelle fois impayable).

Côté négatif ensuite.

On voit assez bien ce qui sera reproché au film : une nonchalance qui peut parfois ennuyer, une incapacité à installer une vraie tension dramatique, une séquence finale qui pourra paraître un peu gnangnan et enfin une morale qui manque de subtilité. Et de cruauté.

Au final, cette histoire d'hommes qui rapetissent pour le bien de la planète (ou pas) m'a plutôt séduit. L'art de la litote permanente au service d'histoires de ratés chroniques me touche toujours, à titre personnel.

Alexander Payne sur Christoblog : The descendants - 2011 (****) / Nebraska - 2013 (****)

 

2e

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Kedi - Des chats et des hommes

J'ai éprouvé plusieurs sentiments successifs vis à vis de ce film.

Avant de le voir : la crainte de me confronter à une "chatonnerie". Il faut dire que ceux et celles qui postent en minaudant des adorables photos de chatons dans une poubelle sur leur compte Facebook me révulsent. Il faudra que je me fasse analyser pour cela.

Dans un deuxième temps, celui de la vision, Kedi m'a plutôt intéressé. Le tableau qu'il dessine d'Istanbul et de ses habitants est plaisant dans sa variété. Le caractère d'un chat peut capter l'attention quelques minutes, alors que discours humaniste d'un vieux monsieur pourra charmer.

Après l'avoir vu, le sentiment qui prédomine est finalement l'indifférence. Le film est bâti sur une idée mignonne, mais sa réalisation est insipide (les plans de coupe aériens sont très médiocres) et son effet à long terme proche du néant. Sans être honteuse, la tentative est donc un peu vaine. 

Point positif : cela ne dure qu'une 1h20.

 

2e

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Les avis sont (à peine) partagés sur : A ghost story

 

Vous connaissez peut-être ma liste de bons blogs cinéma.  Amusant de voir ce que mes excellents collègues blogueurs pensent de A ghost story... et de constater que je suis un peu seul contre tous !

 

Contre 

Pour Baz'art, qui ne daigne même pas consacrer tout un article au film, le réalisateur David Lowery "pompe allègrement le cinéma de Malick et son ambition métaphysique de raconter l'histoire de la vie et du monde à travers un film, sauf qu'il accouche d'un film terriblement contemplatif et vide qui en ennuiera plus d'un à force de plans fixes interminables et vains".

Il est à peu près le seul à partager mon opinion, puisque j'écrivais que le film était "une sorte de variante minimaliste du new-age malickien".

Décidément, Malick est la référence des détracteurs du film. Exemple sur La Critiquerie : "En résulte un film malheureusement chiant comme la mort qui passe totalement à côté de l’effet escompté : plonger le spectateur dans une course contre le temps poétique et hypnotique. A côté, les oeuvres de Terrence Malick sont comparables à des Fast and Furious sous LSD".

Même référence à Malick dans l'article du souvent impertinent Il a osé, qui revient également sur l'inénarrable scène de 6 ou 7 minutes qui voit Rooney Mara manger une tarte en plan fixe : "Vers la 25ème minute, David Lowery place ce qu'il a appelé lui-même une scène-test, censée mettre à rude épreuve l'endurance et la patience de son audience. Du haut de son arrogance, le réalisateur s'attend à ce qu'une partie des spectateurs abandonne alors le film et que d'autres accrochent définitivement, pour mieux kiffer la suite. Je suis fier de vous annoncer que je fais partie des plus courageux, mais cela ne m'a hélas pas permis d'apprécier davantage le reste". 

 

Pour

Pour Cinéphiles44, le film est "une ode à l'amour et un petit chef d'oeuvre". Pour le site franco-belge Cinéphilia, il s'agit d'"un des meilleurs films de l'année". Rien de moins.

Même son de cloche sur Le blog du cinéma : "Le film finira, tôt ou tard, par se glisser sous le sommier de votre lit et venir vous pourchasser dans votre paisible sommeil".

Cinematraque qualifie les spectateurs ayant aimé film d'une façon intéressante : "Les chefs-d’œuvre ont ça de fascinant qu’ils sont rares et toujours profondément liés à notre perception du monde. Si vous ne croyez pas en un amour qui transcende le temps et l’espace, il y a peut-être peu de chances pour que le film de David Lowery s’inscrive en vous". Hum, je me reconnais bien là.

Même enthousiasme sur Cinérama : "Un véritable petit bijou". Fais pas genre est un peu plus mesuré : "A Ghost Story fait partie de ces films qui impriment dans notre esprit leur rythme et leurs visions".

Pour Le Bleu du miroir, qui l'a mis dans son Top 2017 "Il suffit de se laisser prendre par l’atmosphère cotonneuse, la tonalité élégiaque et les compositions mélancoliques de Daniel Hart pour goûter pleinement à cette proposition de cinéma fantastique humble – sans effet tape-à-l’œil – et paradoxalement audacieuse". 

Chez Fred, l'appréciation est positive : "On en ressort aussi perturbé que bouleversé. Un beau film, que l’on peut prendre avec autant de simplicité que de prise de tête".  Comme sur le site Perstistance Rétinienne, où le film intègre aussi le Top 10 2017 : "Travaillant ici l'épure dans une forme tendant à l'abstraction, il réalise un film à l'envoutante mélancolie : par son évidence et sa simplicité, A Ghost Story touche à l'essentiel et renvoie l'humain à sa fragile condition de mortel. "

C'est finalement Seuil critique(s) qui résume ce qu'on aime et/ou déteste dans le film : "Mais A ghost story a sa propre singularité, ses pulsations à lui, ses splendeurs faites de plans qui s’éternisent et d’ellipses fabuleuses, de retours et de perditions. De frémissements, d’un écho de l’au-delà". 

 

Ni pour ni contre

Je range dans cette catégorie J'me fais mon cinéma, qui résume son avis de cette jolie manière :  " A ghost story joue sur une apesanteur fragile et parfois contradictoire dans sa manière très appuyée de signifier. Pourtant ses lignes abstraites et son parti-pris contemplatif déjouent toutes les règles scénaristiques attendues. Un bizarre et mélancolique moment suspendu… A destination des spectateurs patients !"

 

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The wedding plan

Comme souvent, le dernier petit film israélien à débouler sur nos écrans s'avère très bon.

Le pitch est imparable. Michal, 32 ans, est heureuse. Après avoir cherché pendant des années l'âme soeur, elle va enfin se marier dans une vingtaine de jours.... quand, patatras, son futur mari la laisse tomber.

Michal n'en peut plus d'attendre, elle prend donc une décision qui surprend tout le monde : elle maintient sa cérémonie de mariage, en espérant que Dieu lui enverra un mari d'ici là. 

Le film est très plaisant pour plusieurs raisons. Il donne déjà à voir des rites et habitudes exotiques (l'action se passe dans un milieu qui est orthodoxe, sans être ultra). Le personnage de Michal est ensuite très émouvant. Elle est pleine de force et de fragilités en même temps, parfois séduisante et parfois énervante.

Le suspense presque métaphysique qu'il entretient tout du long donne le tournis. Michal y arrivera-t-elle ? Dieu l'aidera-t-il ? Comment moi-même je peux y croire ? Evidemment, je ne révèlerai absolument rien de la fin de l'histoire, savamment préparée par un scénario qui brille par son intelligence et sa subtilité.

Une sorte de comédie romantique à la fois triste, charmante et dépaysante.

 

3e

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The Florida project

Très remarqué pour son premier film, Tangerine, Sean Baker était attendu au virage du deuxième film.

Il négocie celui-ci plutôt bien avec The Florida project, un tableau à la fois coloré, décapant et parfois émouvant, mettant en scène une jeune femme white trash vivant dans un motel avec sa petite fille.

Le film parvient, un peu à la façon des comédies italiennes des années 70, à manier de front plusieurs registres.

Le premier est le film d'enfants. La petite Moonee est renversante, et Sean Baker saisit parfaitement ce qui fait le sel des jeux d'enfants et des amitiés naissantes. L'aspect quasi documentaire du film (la petite fille jouant Jancey a été recrutée sur place suite à un casting sauvage) est très intéressant.

Le second registre du film est le drame qui montre la descente aux enfers progressive de la jeune femme jouée par l'explosive Bria Vinaite. Ces parties sont un peu moins convaincantes, par la faute probablement d'un scénario un peu faiblard et par le sentiment d'avoir déjà vu ce type d'enchaînement dramatique des dizaines de fois (par exemple dans Moi, Daniel Blake, dans un tout autre genre, évidemment).

Le troisième dominante du film, la plus plaisante pour moi, c'est le tableau vivant de la petite communauté vivant dans ces motels hyper-colorés jouxtant Disney World. Outre le décor extrêmement photogénique, on appréciera particulièrement la prestation tout en subtilité de Willem Dafoe. Sean Baker parvient à signer des scènes à la fois poétiques (le safari des vaches, les échassiers devant le motel), tendre (la locataire qui doit cacher ses seins) ou inquiétante (le pédophile qui rôde).

Un petit miracle chamarré, imparfait et attachant.

 

3e

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Le grand jeu

Pour ce premier film de 2018, je joue la sécurité. Pas beaucoup de surprise en effet avec le premier film d'Aaron Sorkin, mythique scénariste des quatre première saisons de A la maison blanche (et accessoirement de quelques films, comme Steve Jobs ou The social network).

On sait pour quoi on vient. Un scénario un tout petit peu alambiqué, des dialogues copieux parsemés de punchlines, et un vrai récit. 

Jessica Chastain est absolument renversante, les autres acteurs sont très bien (Idriss Elba en tête), et il est vraiment difficile de ne pas se laisser emporter par cette histoire abracadabrante - et néanmoins vraie, comme souvent. 

Sans être parfait (la mise en scène est ... hétéroclite), Le grand jeu est bon film de début d'année, qui n'a pas d'autre objet que de nous distraire en nous racontant une histoire étonnante.  

Je le conseille pour ce premier mercredi de sorties.

 

3e

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