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Christoblog

Le jour de la bête

logo espagnolJ'ai vu hier l'étonnant film culte d'Alex de la Iglesia, le réalisateur d'Action mutante.

Le jour de la bête est généralement présenté comme un film d'horreur / épouvante, alors qu'il est à l'évidence une comédie loufoque et une satyre sociale.

Un prêtre foldingue croit avoir décrypté l'Apocalypse, et en avoir déduit la date (le 25 décembre 1995) et le lieu (Madrid) de la naissance de l'Antéchrist. Le soir du 24 il cherche donc à rentrer en contact par tous les moyens nécessaires avec le Diable. Dans ses pérégrinations burlesques et violentes, il croise un présentateur de télévision qui va être amené à croire en son histoire, un fan de death metal et une vierge dont il faudra tirer quelques centilitres de sang.

Le film se déroule intégralement en nocturne dans une ambiance de After hours sous acide.

L'art du réalisateur consiste à nous faire osciller durant tout le film entre deux positions : croire en la réalité de la prévision, ou pas. Et de ce point de vue, le film est très réussi, puisqu'on passe alternativement d'une position à l'autre au moins 3 ou 4 fois. L'atmosphère de violence libérée et un peu zarbi est également très agréable, rappelant celle de Tarantino, ou des Coen d'Arizona junior, mâtinée de couleurs à la Almodovar. A propos de ce dernier, il est amusant de constater que les fameuses tours Kio jouent un rôle essentiel dans ce film, comme dans En chair et en os, vu il y a 2 jours.

Le film ne se prive pas de démonter la télé trash au passage, et tisse une métaphore entre groupe d'extrême droite et satanisme. Le tout est étonnant, mérite d'être vu, même si certains aspects esthétiques (liés principalement aux effets spéciaux et aux extérieurs) ont assez mal vieillis.

 

2e

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Pajaros de papel

logo espagnolSuite des films en compétition ce matin, sous la pluie, cette fois ci dans la catégorie Opera Prima, qui comme son nom l'indique, récompense une première oeuvre.

Pajaros de papel (Cocottes en papier) est donc le premier film de Emilio Aragon. Ce dernier, bien que débutant dans la réalisation, n'est pas tout jeune : il est né en 1959. Présentateur de télévision, musicien (Bach to Cuba), chanteur, acteur, il s'est trouvé pour cette production à la tête d'un budget considérable, ce qui se voit nettement à l'écran. Les décors, costumes, véhicules et diverses reconstitutions sont en effet tout à fait crédibles - presque trop.

L'action se situe au lendemain de la guerre civile. Nous suivons une troupe d'artistes tentant de survivre. Les morts et disparus de la guerre sont encore bien présents, la résistance au franquisme tente de s'organiser. Le film montre des choses intéressantes, mais le fait avec une lourdeur et un académisme un peu glaçant. Le film ressemble donc à un téléfilm de haute qualité, à une reconstitution d'époque froide et bien léchée (du genre de celle de La princesse de Montpensier).

Certains y trouveront leur compte, et le film a déjà séduit le grand public (2 nominations aux Goyas, prix du public à Montréal), pour ma part ses tics de mise en scène (une utilisation forcenée du lent travelling latéral) et son insistance maladroite à tenter de nous tirer des larmes m'ont laissé plutôt de marbre.

J'ai tout de même bien aimé les deux acteurs principaux : Imanol Arias (vu dans les premiers Almodovar) et Lluis Homar, très bon (vu dans Les yeux de Julia).

 

2e

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No controles

J'entre de plein pied dans le festival 2011 avec ce film en compétition pour le prix Jules Verne du meilleur film.

Du réalisateur, Borja Cobeaga, je ne connais pas grand-chose, à part le fait qu'il est basque et qu'il a rencontré un certain succès avec son film précédent, Pagafantas, qui n'est cependant pas sorti en France.

http://images.allocine.fr/r_75_100/medias/nmedia/18/35/89/77/18668059.jpgNocontroles est une comédie classique qui repose sur un pitch accrocheur est potentiellement remakable par les Américains : Sergio a rompu depuis 7 mois avec sa compagne quand ils se retrouvent tous deux dans un aéroport bloqué par la neige. Ils doivent alors passer la nuit (qui est celle du 31 décembre) dans un hôtel d'autoroute entouré d'étrangers. Sergio retrouve un ancien camarade de CM2, pot de colle et qui se pense humoriste, qui va se mettre en tête de rabibocher les ex-amoureux. Les choses se compliquent quand le nouveau mec de la fille arrive à l'hôtel....

Le film vaut pour sa petite mécanique bien huilée et pas prétentieuse, et aussi par la prestation du copain réconciliateur, toujours de bonne humeur et pas avare de blagues nulles. Je verrais bien Jim Carrey dans ce rôle pour une version US.

Le film est léger, amusant, bien fait.

 

2e

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En chair et en os

Démarrage en douceur au festival espagnol 2011 avec un bon petit Almodovar.

C'est la première fois depuis longtemps que je revisite un film de Pedro en reculant aussi loin dans le temps (le film a 14 ans) ! Cela procure une étrange sensation, pas désagréable.

Almodovar apparaît clairement comme un cinéaste à la fois classique et majeur, à l'instar d'un Sirk, d'un Mankiewicz ou d'un Visconti. Sa mise en scène est brillante (voir cette scène d'ouverture époustouflante dans laquelle Penelope Cruz accouche dans un bus), sa direction d'acteur parfaite (tout le casting semble donner le meilleur de lui-même), son scénario retors (d'après Ruth Rendell), son montage réfléchi, ses tics déjà manifestes (sexe cru, intérieurs colorés, gros plans, musiques mélodramatiques).

Difficile de parler plus de Carne tremula (le titre original, difficilement traduisible - chair vacillante ? - est beaucoup plus beau que le titre français), sans en déflorer l'intrigue. Il s'agit de couples qui s'aiment - ou pas - et qui sur plus de 10 ans auront à faire avec la culpabilité, la jalousie, l'amour, le sexe, le handicap, la mort. C'est puissant, enlevé, rien à redire, c'est du mélo efficace servi par un Javier Bardem en fauteuil roulant, pivot malfaisant de l'histoire, impressionnant.

La soirée était dédiée à l'actrice Angela Molina, qui était présente et qui m'a fascinée : longs cheveux, silhouette magnifique, sourire solaire, nous gratifiant d'anecdotes croustillantes sur ces deux ans de vie nantaise, il y a 30 ans. Elle habitait près du château des Ducs et des oies la poursuivaient, elle et sa fille. Son premier mari est originaire des Sables-d'Olonne et elle nous a fait un beau récit de ces baignades dans l'Atlantique, elle qui ne connaissait que le liquide amniotique de la Méditerranée.

Une belle soirée.

 

3e

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Ma part du gâteau

Moins : Allez, le dernier Klapisch est vraiment une sous-merde rétrograde. Autant d'idées reçues dans un seul film, c'est simplement pas envisageable : la pauvre dunkerquoise est vraiment une looser pitoyable, les clichés sont tellement appuyés que le film relève plus de la décalcomanie que du cinéma.

La lourdeur des scènes pseudo-émouvantes n'a d'égale dans le film que la tendance lourdingue de la bande-son. Etc, etc...

Plus : Ben bizarrement le film m'a plus touché que je ne pensais qu'il le ferait. Alors je m'explique : et si Ma part du gâteau dessinait un portrait idéal (au sens de parfait) du méchant du XXIème siècle ? Car enfin, le film refuse une évolution qui parait évidente : celle qui aboutirait à un happy end où le méchant ne serait pas méchant. Ici (et n'est-ce pas le mérite de Klapisch ?) le méchant reste vraiment méchant jusqu'à la fin et, finalement, le mirage de Pretty Woman reste un mirage. Depuis quand a-t-on vu personnage aussi dérangeant que celui joué par Lelouche (ignoble rapace sexuel à Venise, raclure infatuée sur le balcon de l'hôtel londonien, narrant laconiquement sa conquête au téléphone) ?

Le cinéma de Klapisch possède bien des défauts.

Grâce au diable il admet bien des qualités, dont la moindre n'est pas l'empathie. Quand au sens du rythme, le cinéaste et ses assistants semble le posséder à la perfection. J'ai donc aimé, presque malgré moi.

 

3e

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Boxing gym

Boxing gym est un documentaire minimaliste : Frederick Wiseman, le réalisateur, film frontalement l'intérieur d'une salle d'entraînement dédiée à la boxe, sans chichis et sans fioritures. Techniquement les moyens sont très limités (éclairages naturels, cadrage à l'épaule...), et les partis pris de mise en scène sont radicaux : si des extraits de conversations sont captés, jamais les personnes filmées ne s'adressent directement à la caméra.

Le résultat est très intéressant, d'un double point de vue : esthétique et éthique.

Esthétique : les innombrables exercices ressemblent à de la danse. La géométrie d'un élastique tendu en diagonale d'un ring, la chorégraphie de plusieurs paires de pieds, la beauté étrange des différents appareils de torture utilisés, un gros plan sur des gants : chaque scène possède une beauté formelle indéniable, et l'ensemble finit littéralement par hypnotiser. J'ai pensé plusieurs fois à des cérémonies religieuses devant les sortes de transes que montre le film : derviches tourneurs au Texas...

Ethique : c'est l'aspect tout à fait étonnant du film. Alors que la salle de boxe devrait être le lieu où la violence et l'agressivité se concrétisent, voilà que par un étonnant renversement de perspective, elle devient une sorte de parangon de démocratie égalitaire. Sous la coupe d'un manager génial, doux et compréhensif, la petite salle est un microcosme dans lequel tous se valent. Riches (très riches) / pauvres (très pauvres) / Noirs / Blancs / Hispanos / jeunes (très jeunes) / vieux (très vieux) / hommes / femmes / gros / minces / pros / amateurs / malades (épileptiques, asthmatiques) : tout le monde aide tout le monde et respecte tout le monde.

Boxing gym, outre le fait d'être un excellent documentaire, est aussi une merveilleuse leçon de vie. A voir absolument en complément de Fighter.

 

3e

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Jimmy Rivière

Guillaume Gouix. Pyramide DistributionJimmy Rivière est un film sympathique qu'on aimerait conseiller.

D'abord, ce n'est pas tous les jours qu'un film prend pour cadre le monde des gens du voyage. De plus, son réalisateur Teddy Lussi-Modeste est lui-même issu de cette communauté.

Ensuite l'acteur principal, Guillaume Gouix (vu dans l'excellent Poupoupidou), est vraiment étonnant, et il faudra suivre sa carrière attentivement. Enfin, le scénario est co-signé par Rebecca Zlotowski, qui a montré son savoir-faire dans son premier film : Belle épine.

Malheureusement, le film ne décolle pas vraiment par la faute de plusieurs imperfections notables. Certains dialogues sont vraiment démonstratifs, voire carrément neuneu (la scène à la fenêtre, sorte de balcon à la Roméo et Juliette, cheap et ampoulé). La description de la communauté paraît bien artificielle (comparée à l'aspect hyper-réaliste de La BM du seigneur) et les scènes de boxe thaï sont ridicules (comparées aux combats de Fighter).

A part Guillaume Gouix et le pasteur, le reste de la distribution est peu convaincante. Hafsia Herzi n'est pas à l'aise, elle peine décidément à confirmer. Quant à Béatrice Dalle en manager de boxe, elle est aussi crédible que ne le serait Vanessa Paradis en ouvrière spécialisée. La réalisation enfin est faite de trucs et astuces sans liens entre eux, elle tâtonne sans trouver son style.

Au final, on ne sait pas trop quoi penser du film qui présente à la fois quelques promesses (la superbe scène d'ouverture par exemple), et des faiblesses très importantes.

 

1e

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L'étrange affaire Angélica

Pilar López de Ayala. Epicentre FilmsManoel de Oliveira est né le 11 décembre 1908. Imaginez : il avait 37 ans à la fin de la deuxième guerre mondiale !

Ces dernières années, il réalise un film par an.

Maintenant voyons si vous êtes pessimiste ou optimiste, suivant la première idée qui vous passe par l'esprit :

- très pessimiste : à ce rythme là, il nous reste 29 Lelouch à supporter (brrr...)

- pessimiste : 22 Eastwood

- optimiste : 65 Fatih Akin (yes !)

- très optimiste : 61 Aronofsky

Le problème, c'est de rester vivant pour voir tous ces films...

Bon, à part ça, je ne m'explique pas trop l'engouement de certaines critiques pour L'étrange affaire Angélica, présenté à Cannes 2010 (film du mois pour les Cahiers, quand même). L'histoire tient sur un billet de métro : un jeune photographe tombe amoureux d'un jeune fille morte qui lui sourit alors qu'il prend en photo son cadavre. C'est mimi, mais ça ne fait pas un film. Surtout que Manoel, à 103 ans, ne fait évidemment plus trop bouger sa caméra. Donc, c'est très lent, assez théâtral et démonstratif, ennuyeux. J'ai trouvé les rêves particulièrement moches et il faut que le critique des Cahiers s'envole vers des comparaisons hasardeuses et stratosphériques (Chagall !) pour trouver matière à défendre le film.

Je ne peux pas réellement dire que c'est nul, parce qu'on sent bien qu'il y a un grand réalisateur derrière la caméra, mais je ne conseillerais pas le film à des amis (sauf peut-être s'ils sont simultanément insomniaques et lusophones). 


1e

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Festival du cinéma espagnol Nantes 2011

logo espagnolChristoblog sera présent (et accrédité) au festival du cinéma espagnol de Nantes du 24 mars au 5 avril.

Au programme :

- Un hommage à l'actrice Angela Molina, des cycles Madrid et Famille(s)

- Une compétition officielle (Prix Jules Verne, premier film, documentaire)

- Beaucoup d'invités (dont Alex de la Iglesia, Fernando Trueba, Carlos Saura)

- Plus de 70 films

L'année dernière le festival avait primé deux films remarqués : Cellule 211 et Dans ses yeux.  A bientôt pour les chroniques du festival.

Toutes les infos sur le site officiel.

 

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Paul

Nick Frost. Universal Pictures International FranceDeux anglais fans de SF en pèlerinage dans l'Ouest des USA. Voilà le début de Paul.

Et pour tout dire, c'est le plus drôle. Les deux anglais (Simon Pegg et Nick Frost) sont très bons avec leur accent inimitable. Leur confrontation aux rednecks est savoureuse.

Nos deux gentils britishs tombent ensuite sur un vrai alien, grossier et hableur, qui vient de s'échapper d'une prison où les Américains le gardaient depuis quelques dizaines d'années. A partir de là, ça se gâte un peu, avec injures pipi-caca plus fréquentes que nécessaires. Des flics idiots pourchassent les fuyards, qui emmènent avec eux une jeune fondamentaliste chrétienne. Cette dernière effectue une sorte de conversion au contact de l'alien polisson, et se met à jurer de façon continue, genre syndrome de la Tourette. Quelques running gags sont amusants (le fait qu'on prennent le couple de copains pour des gays).

Le film manie avec quelque réussite le xième degré et accumule de très nombreuses références cinématographiques (Spielberg se tuyaute auprès de notre alien pour concevoir son ET).

Bah, ce n'est pas très fin, on suit les évènements avec un certain plaisir, mais sans éclater de rire non plus.

Paul ne vise pas haut, mais du coup, il ne rate pas sa cible.

 

2e

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Festival d'hiver : les résultats

Comme aux Oscars, le festival d'hiver aura été dominé par deux films : Black Swan et Le discours d'un roi, qui remportent à eux deux les 5 prix. True grit, Angèle et Tony et James Franco se partagent les places d'honneur.

Merci aux participants : ffred, Anna, pierreAfeu, heavenlycreature, Gagor, Bob Morane, Jérémy, Herodonte, Viggofan92, Christophe, Claire, Hallyne, Tching.

 

Flocon d'or : Black swan / Ce n'est pas une grosse surprise, Black Swan emporte la mise avec 130 points, en étant cité 10 fois à la première place (sur 14 possibles). Le discours d'un roi  prend une honorable deuxième place avec 115 points. True grit, qui partage les blogueurs en deux camps, emporte la troisième place avec 97 points, juste devant Angèle et Tony (85 pts) qui devance Carancho (79 pts), 127 heures (77 pts), Jewish Connection (70 pts), La permission de minuit (51 pts), Tron l'héritage (36 pts) et l'impayable Je suis un no man's land (30 pts).
Prix spécial pour Avant l'aube et Winter's bone (cités deux fois). Cité une fois : Slovenian girl, Never let me go, Faster, Les femmes du 6e étage et La BM du Seigneur.

   

Meilleur acteur : Colin Firth / Cela a été finalement un peu plus dur que prévu pour Colin Firth (9 points) qui a longtemps lutté au coude à coude avec son second, James Franco (5 points), avant que les quatre derniers votants fassent une nette différence.


Suivent Jesse Eisenberg, Jeff Bridges et Geoffrey Rush (3 pts), Ricardo Darin, Vincent Lindon (2 pts), Grégory Gadebois (1pt)...

 

Meilleur actrice : Natalie Portman / Pas de problème par contre pour Natalie Portman qui triomphe avec 12 points, entrainant d'ailleurs avec elle Mila Kunis (1 pt) et Barbara Hershey (1 pt). Clotilde Hesme emporte nettement une jolie deuxième place (7 pts) devant la jeune Hailee Steinfeld (4 pts) et Martina Gusman (3 pts).

 

Meilleur réalisateur : Darren Aronofsky /Comme c'est souvent le cas pour les Oscars ou Césars, Black swan offre à son réalisateur la première place (11 pts), devant les Coen (6 pts), Tom Hooper (4 pts), Pablo Trapero (3 pts), Danny Boyle (2 pts). Alix Delaporte et Kevin Asch sont cité chacun une fois pour leur premier film.

 

Meilleur scénario : David Seidler / Ce fut la catégorie la plus disputée, avec un coude à coude entre les deux gagnants. Le discours d'un roi l'emporte d'une courte tête (9 pts) devant Black swan (8 pts).


Suivent Carancho (4 pts), True grit (3 pts), Angèle et Tony (2 pts), 127 heures et Je suis un no man's land (1 pt).

 

Rendez-vous à tous ceux qui le veulent pour le Festival de printemps, à partir du 11 mai, et jusqu'à mi-juin. Au programme : Xavier Durringer (pour La conquête qui raconte l'ascension de Sarkozy vers l'Elysée), Pedro Almodovar, Terence Mallick, Woody Allen, Joann Sfar, Mia Hansen-Love et (s'il est bien distribué) l'Ours d'or du festival de Berlin, Une séparation, de l'iranien Farhadi.

Je suis preneur d'une jolie affiche sous forme de bandeau de préférence (et avec des fleurs SVP), si l'un d'entre vous est inspiré.

 

Merci à tous et à bientôt sur Christoblog pour un prochain festival !

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Winter's bone

Ree Dolly vit avec sa mère folle, son petit frère et sa petite soeur au sud du Missouri. Elle s'occupe de tout, mais les temps sont durs et l'argent manque. Le cheval est cédé aux voisins, il faut manger des écureuils. Son père, fabricant de drogue, vient d'être libéré de prison moyennant une grosse somme. Il a intégré sa maison dans la caution et s'il ne se présente pas à une certaine date, la maison sera saisie.

Pour Ree, une seule solution : trouver son père.

Commence alors un parcours difficile pour la jeune fille dans son propre village, pour comprendre ce qu'a fait son père et ce qu'il est devenu, pour tenter d'approcher la vérité. Elle va rencontrer la peur, la violence, la pauvreté, l'indifférence, la compassion, l'horreur.

Winter's bone porte en son sein une sorte de perfection apaisée. Tout y est parfaitement mesuré, idéalement décidé, magnifiquement réalisé.

Rarement une mise en scène m'a paru aussi fluide, aussi élégante, aussi sereinement sûre d'elle. La caméra oscille, tangue légèrement, s'approche des visages ou des mains, les caresse, puis s'éloigne dans un plan large brillamment composé. Le montage est exigeant, parfait. 

Le décors et les tronches des habitants évoquent irrésistiblement le contexte de Délivrance, le film de Boorman, banjo compris : il est vraiment rare de voir cette Amérique profonde au cinéma. Le film tire un profit maximal d'un décor étonnant. Une nature à la fois sauvage, superficiellement apprivoisée, et en même temps, quelconque dans sa tristesse hivernale. De ce décors expressif, troussé de caravanes à junkie, de fermes en friche et de décharges domestiques, sourd une atmosphère particulièrement anxiogène.

Tout cela ferait un excellent documentaire, si l'intrigue n'était pas elle-même subtile et déroutante, se dévoilant provisoirement dans sa limpidité et son horreur, approfondissant les relations entre les êtres en même temps qu'elle explore les personnalités.

Enfin, que dire de la prestation époustouflante de Jennifer Lawrence, littéralement bluffante et présente à l'écran de façon quasi continue du premier au dernier plan, sorte d'îlot de volonté pure (qui ne craquera que deux fois), à la fois solide et tendre.

Le film égrène sa musique sensuelle, triste, intelligente, bouleversante, assez proche de celle distillée par les héroïnes fragiles et puissantes à la fois qu'Andrea Arnold (Red road, Fish tank) nous montre dans d'autres milieux, urbains ceux-ci, mais tout aussi pauvres et violents. Au cours de ce voyage quasi-immobile se succèdent des scènes d'anthologie qui chacune mériterait une analyse détaillée : un concert improvisé, un rêve en noir et blanc, un recrutement de l'armée américaine, une visite à la ville, une poursuite dans un hangar à bestiaux. Et LA scène, bien sûr....

Le premier grand rôle de Jennifer Lawrence est aussi peut-être le meilleur.

 

4e

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Slice

Direct to DVD

Encore un film qui n'aura pas connu les écrans français.

Slice commence comme un Seven asiatique : un tueur en série massacre des personnes en apparence sans rapport entre elles, les découpent en morceau, puis les rangent bien proprement dans une valise rouge après avoir fait de vilaines choses aux parties génitales des dites victimes. Le film commence comme une série B (ou Z) thaïlandaise : mise en scène azimuthée à côté de laquelle celle de Danny Boyle paraît neurasthénique, couleur rouge saturée au point que j'ai craint que mon écran Bravia commence à dégouliner, jeu approximatif des acteurs dont les principaux moyens d'expressions semblent être les cheveux décolorés et les tatouages en forme de colonne vertébrale dans le dos.

Bref, je me suis dit à ce moment-là : ai-je vraiment bien fait de claquer 19,99 € pour vérifier que Weesarethakul pouvait avoir engendré une sorte d'héritier sous speed errant en cape rouge dans Bangkok en crucifiant sur des panneaux publicitaire de pauvres innocents ?

J'ai donc pris, défaitiste, un mystère à la noix de coco, coeur chocolat, dans le congélateur, en me disant que ça irait mieux.

Et effectivement : miracle. A partir du moment où j'ai mangé ma glace, le gore disparait et le film prend une toute autre voie : on suit un prisonnier libéré par la police à la recherche du tueur en série. Les deux protagonistes semblent avoir partagé un passé trouble (et notre prisonnier rêvait de valises rouges avant que le tueur ne les utilisent, bizarre non ?).

Slice emprunte alors des voies buissonnières, utilisant de nombreux flash-back vers une enfance campagnarde, usant certes toujours de procédés de mise en scène s'apparentant à l'avancée d'un bulldozer, mais titillant notre curiosité, puis - je le dis comme on avoue un plaisir coupable - devenant absolument captivant.

On ne peut évidemment révéler la fin, point d'aboutissement diabolique d'un scénario millimétrique, mais simplement, elle est ENORME.

Voilà un OFNI délectable, mélange de Seven, d'Old Boy, de Mysterious skin, du style de De Palma et du giallo italien (on pense souvent à Suspiria). Une réussite du film de genre asiatique à ne manquer sous aucun prétexte pour les amateurs de ce type de sensations fortes.

 

3e

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Fighter

Excellent !

On savait que la boxe inspirait traditionnellement les cinéastes américains (Rocky, Raging bull, Million dollar baby, Gentleman Jim, Nous avons gagné ce soir, Fat city), et cette fois-ci c'est très réussi.

Le film n'est pas d'une subtilité extrême mais il est parfaitement efficace. Tout y est solide, à commencer par la prestation époustouflante de Christian Bale. Mark Wahlberg (en Matt Damon version luxe) est également très bien dans un rôle aussi introverti que celui de Bale est extraverti. Le casting féminin est à la hauteur aussi : mère, soeurs (ah les soeurs !) et petite amie sont parfaites.

Le scénario, "based on a true story" (on voit lors du générique de fin les véritables protagonistes), est classiquement celui d'une ascension / rédemption à la Rocky, enrichie ici par un background social particulièrement expressif et une interaction complexe entre les différents acteurs qui gravitent autour du boxeur. La mise en scène, explosive et étonnante lors des 5 premières minutes, s'assagit ensuite, tout en restant très propre.

Fighter est donc un divertissement populaire de haute tenue et une réussite artistique. La figure de Micky est à la fois insaisissable et attachante, pivot un peu mystérieux mais très puissant d'une histoire qui convoque beaucoup d'archétypes américains (success story, importance de la famille, victoire sur les addictions) sans donner l'impression de radoter.

La boxe se révèle une fois de plus très cinégénique. A la fois danse, torture, jeu d'échec, confrontation ultime avec la peur et la douleur, lutte de deux volontés pures, le noble art peut répugner ou séduire mais dans tous les cas il fascine.

Le combat final est si prenant que vous esquisserez probablement dans l'obscurité de la salle de cinéma un ou deux crochets (ou uppercuts). Et si vous n'essuyez pas une petite larme à la fin, c'est que vous n'avez pas coeur.
 

4e

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Avant l'aube

Vincent Rottiers. UGC DistributionPour son deuxième film (je n'ai pas vu le premier : Barrage), Raphaël Jacoulot choisit une voie étroite situé quelque part entre Chabrol et Hitchcock.

Il se rapproche du premier par l'acuité de sa peinture de caractère, et par la cruauté avec laquelle il expose la décomposition d'une famille. Quant à l'ombre du grand Alfred, elle plane sur tout le film qui entretient un air de faux/vrai suspense psychologique sur la longueur.

Le film possède bien des qualités : une mise en scène élégante, précise, aux mouvements de caméra amples et souples, des acteurs perfomants (Bacri et Rottiers en tête). Il ne passe cependant pas un certain cap, à cause me semble-t-il d'une faiblesse structurelle du scénario : une fois de plus, on semble ignorer en France qu'écrire est un métier, différent de celui de réalisateur. L'histoire s'égare en effet dans des impasses improbables, quelques invraisemblances et approximations. Elle souffre aussi d'un manque de rythme, et la fin du film me semble un peu pagailleuse

Hormis ces quelques remarques, Avant l'aube reste un film de qualité, plaisant à voir, qui ne dépareille pas dans les bonnes (et très bonnes) productions françaises de ce début d'année : Poupoupidou, Angèle et Tony, La BM du Seigneur, La permission de minuit.


2e

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La permission de minuit

Rezo FilmsUne fois n'est pas coutume, je vais défendre un film qui est décrié par l'ensemble des blogueurs (la presse est moins sévère : cf Libération, Positif, L'Huma, Télérama, L'Express et Le Point).

J'ai en effet vu dans l'oeuvre de Delphine Gleize de nombreuses qualités.

Tout d'abord, le sujet traité est très intéressant et cinégénique. Il s'agit de découvrir cet affreuse maladie (XP : Xeroderma pigmentosum) qui interdit aux enfants atteints de s'exposer aux UV sous peine de mourir de cancers de la peau. Cinégénique parce que cette situation fournit nombre de variations intéressantes : tomber en panne de voiture avant le lever du soleil devient un piège mortel, porter sa combinaison de protection c'est comme aller au bal masqué, Romain vit la nuit en toute sécurité alors que les autres enfants apprennent que danger = nuit, etc. La peau de Romain apparait finalement comme une pellicule sensible, captant la lumière des évènements comme une plaque photographique, en négatif. 
Impossible de ne pas penser aux récents films de vampires, et en particulier au superbe Morse. Il y a dans le jeu du jeune acteur un petit quelque chose qui rappelle dans sa sauvagerie un peu rebutante et en même temps attendrissante le/la jeune héroïne du film suédois.

Cette trame initiale se double de nombreuses variations sur d'autres sujets tout aussi puissants : la transmission de pouvoir, l'amitié, la lâcheté, la façon dont les mères et les épouses supportent les faiblesses des maris et des enfants, la mort, le hasard, la fatalité. Le film évite avec habileté tout pathos (il suffit d'entrapercevoir quelques secondes des photos sur un écran d'ordinateur pour deviner l'horreur, et la mort d'une amie est symbolisée par le cadre d'une porte ouverte).

La réalisatrice parvient à construire quelques scènes qui sont d'une beauté rare : je pense à celle, que j'ai trouvée magnifique, dans la chambre d'hôtel à Bruxelles. Une façon d'utiliser les images télé d'un match de rugby à contre-emploi, de filer une bande-son discrète et oppressante, de ciseler quelques répliques glaçantes ("J'ai peur" "Moi aussi, j'ai peur") qui rendent la mort tout à coup présente : cette scène peut être montrée dans les écoles de cinéma.

Le film tient par la performance exceptionnelle de Vincent Lindon, une fois de plus absolument convaincant dans un rôle assez différent des précédents, d'une Emmanuelle Devos surprenante, dont on ne peut jamais prévoir les intonations, et d'une Caroline Proust toute en nuance. Le jeu du jeune acteur Quentin Challal finit également par s'imposer.

Le film est parfois maladroit, notamment dans la façon dont sont dessinés les personnages secondaires (l'histoire d'amour de Romain par exemple). Certains développements sont invraisemblables, les musiques un peu fatigantes et les dialogues curieusement inaudibles, mais la balance est pour moi nettement positive : il s'en dégage une ambiance qui marque et dont on a du mal à débarrasser - ambiance due en grande partie à une utilisation très intelligente du décor : le plus souvent désert et grandiose, et tout à coup banal (une simple rue piétonne) lorsqu'ils devient mortel.

2e


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Les femmes du 6e étage

Fabrice Luchini & Sandrine Kiberlain. SNDAu premier abord, on pourrait trouver un intérêt à ce film.

 

Une mise en scène assez élégante, un montage nerveux, des acteurs qui donnent le meilleur d'eux-mêmes sans se caricaturer. Bref, un moment de plaisir sans conséquences, pour un dimanche soir pluvieux par exemple.

 

Et puis, le temps passant, on se rend compte que Les femmes du 6e étage, outre le fait de véhiculer des stéréotypes assez affligeants, voire dérangeants (sur les femmes, sur les espagnols....), est bâti sur un scénario particulièrement outrancier, ce qui apparaît pleinement dans la deuxième partie du film.

En effet, difficile de dire que les scènes de sexe avec Luchini soient enthousiasmantes - et mêmes crédibles (!!). Quant à la fin du film en Espagne, elle est d'un ridicule consommé.

 

C'est donc en ultime analyse assez mauvais dans son inconséquence, bien que regardable dans sa première partie, grâce au jeu tout en nuance de Luchini, qui campe un "adulte dans lequel un grand gamin sensible sommeille" assez crédible.

 

1e



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