L'enlèvement
Voici un Bellocchio très solide, cependant un petit peu en-dessous de ses meilleurs films.
Certes, l'interprétation et la direction artistique sont irréprochables, et la mise en scène est très solide. Mais une fois qu'on a fait ces compliments au film, on a un petit peu tout dit.
Le sujet est formidable. Il s'agit de l'histoire vraie d'un enfant juif arraché à sa famille par le Pape en 1850, au prétexte qu'il aurait été baptisé clandestinement à l'insu des parents par la servante de la famille.
Je m'imaginais Bellocchio explorant avec ferveur et cruauté tous les recoins de cette histoire terrible, creusant dans la psyché des différents protagonistes, éclairé par un anticléricalisme acide. Mais curieusement, le film est d'une facture très classique, au final très sage, illustratif et presque scolaire.
S'il montre bien les mécanismes d'endoctrinement rodés de l'Eglise catholique, et dresse un portrait saisissant du Pape Pie IX, il survole un peu vite un certain nombre de péripéties (la rencontre de l'inquisiteur et de la servante, le faux retournement d'Edgardo lors du transport du corps...).
Moins original et subtil que le dernier film du réalisateur italien (Le traitre) dont l'ampleur narrative était impressionnante, L'enlèvement est typique du film victime d'un sujet captivant qu'il ne parvient pas à dépasser. On aurait aimé approcher de plus près le chemin spirituel et sentimental d'Edgardo.
Marco Bellochio sur Christoblog : Vincere - 2009 (****) / La belle endormie - 2012 (**) / Fais de beaux rêves - 2016 (***) / Le traître - 2019 (***)