Avatar
J'aime, oui. Mais de peu.
Au départ, mon a priori est assez favorable vis à vis de James Cameron. Aliens, Abyss, Terminator, et même Titanic partageaient de grandes qualités : une
confrontation réalisme / sentiments pleine de richesse, et une capacité à surprendre avec le plan d'après, de telle façon qu'on ne savait jamais où le film allait (et cela même avec
Titanic ... dont la fin était pourtant prévisible).
Pour Avatar, le film réunit dans les premiers instants approximativement les mêmes qualités : art du montage, mise en scène hyper-efficace à la Spielberg, et confrontation poésie /
réalisme magnifique, teintée d'une problématique intéressante sur l'altérité, le corps, la frontière entre rêve et réalité. Autant de sujets qui auraient pu être creusé avec brio par un cinéaste
comme Cronenberg.
Malheureusement le film dérive dans sa deuxième partie vers des standards typiquement hollywoodiens, sombrant dans un manichéisme que Cameron avait jusqu'à présent su éviter. Plusieurs parallèles
ont été amplement évoqués, il n'est pas nécessaire de revenir dessus : l'extermination des indiens, Pocahontas, la guerre en Iraq, la fable écologique, les analogies avec Miyazaki. Je
trouve pour ma part que le parallèle avec Mia et le Migou est saisissant : catastrophe écologique, arbre géant, vengeance de la déesse Terre.
Il y a dans cette partie du film des passages assez navrants : le corps de Sigourney Weaver recouvert d'une pudibonde et ridicule liane de lierre, la messe incantatoire façon Disney...
Au final, le divertissement n'est pas déplaisant même s'il apparaît clairement que Cameron y a laissé une partie de son talent : l'argent dépensé dans les effets numériques, certes remarquables,
l'a été au détriment de la qualité du scénario !
J'ai vu le film en 2D (mais en VO) et les effets de la 3 D sont prévisibles : monstres qui attaquent, vols en piqués des dinosaures volants.
La création du monde de Pandora n'est donc réussie qu'à moitié. Et pourtant, l'impression générale que laisse le film est plutôt positive, comme si l'art d'un vrai créateur ne se dissolvait
jamais complètement dans le travail de commande.