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Christoblog

Petit tailleur

Léa Seydoux. MK2 DiffusionEn allant voir le film de Garrel réalisateur, je m'attendais à voir un film typé Garrel acteur : un certain romantisme désabusé et flamboyant, des réparties biens senties assénées d'un ton à la fois infantile et insupportable.

Mais bonne surprise, le film débute par un réveil express, une course à pied dans les rues de Paris (le personnage principal, Arthur, a peur du métro, une bonne idée), puis une immersion chez un très vieux tailleur juif, en passe de céder son affaire et de mourir, accessoirement, et qui s'avérera bien moins sympa qu'il n'y parait. 

Un noir et blanc parfait, tantôt passé au gros grain de l'obscurité sensuelle, tantôt nous égarant dans une surexposition blanchâtre hallucinante de précision, un rythme assez proche d'un battement de coeur, une atmosphère très nouvelle vague - mais pas rancie, non, nouvelle vague dans l'esprit 2010, une Léa Seydoux qui commence sérieusement à envahir ma sphère émotiono/cognito/sensuelle - au détriment de Naomi Watts et de Scarlett Joanson réunies, c'est vous dire, une narration sur le fil qui ménage l'expression brute du sentiment amoureux au détriment de la paraphrase démonstrative (c'est joli, il faudra que je m'en souvienne), cet idiot de metteur en scène est aussi beau qu'une porte de prison fermée sur laquelle un détenu aurait pissé, une bande son aux allures d'hommage générationnel (The Smith, The Smith, The Smith !), une façon de dire plus en 40 minutes ce que d'autres essayent d'étirer sur plus de 2 heures, ouais, je pourrais continuer comme ça longtemps mais l'important que vous devez retenir, c'est que ce moyen métrage mérite d'être vu, qu'il vaut son pesant de cacahuètes ou de salsepareille, ça n'a rien à voir mais je fais un apparté pour saluer les 20 ans de la mort de Jacques Demy et je pense quand même à Lola, le deuxième meilleur film de la nouvelle vague après A bout de souffle, à l'expo que j'ai vue à la Médiathèque de Nantes sur Jacquot, à la magie indescriptible que dégageait cet artisan de l'imaginaire, et au livre à propos de Demy que j'ai acheté et dont je vais vous parler bientôt, et puis (j'en reviens à mon sujet) Garrel je l'adore chez Honoré, et pourtant là ça n'a rien vo

Oh et puis allez voir le film, ça durera moins longtemps que de me lire.


3e

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Mystères de Lisbonne

Ouah !

L'idée de passer 4 heures 26 dans une salle de ciné m'inquiétait un peu. Ou le film est bien, et c'est le pied. Ou il est ennuyeux, et c'est le calvaire absolu.

Heureusement le dernier Ruiz est un bijou et on ne s'ennuie pas une seule seconde.

Au niveau de la forme, c'est d'un grand classicisme. Ruiz a remisé ses effets au placard. Enfin presque : subsistent ici ou là une plongée ou une contre-plongée intégrale, un regard caméra étonnant, un effet de surimpression, une image déformée. Mais globalement Ruiz utilise sa caméra comme un pinceau qui caresse les acteurs : lents et courts travellings circulaires ou transversaux, caméra qui traverse les murs à l'ancienne. On est dans du classique, mais très haut de gamme, loin d'une qualité de téléfilm (et même si le film va être montré en épisodes sur Arte). Les cadres y sont éblouissants et certains mouvements de caméra absolument virtuoses.

Sur le fond, l'épopée à laquelle nous convie le film est un délice qui rappelle volontiers l'atmosphère des romans de Dumas. On y croise un jeune orphelin qui découvre progressivement la vie des gens qui l'entourent, un prêtre qui ne l'a pas toujours été, une jeune femme française prête à tout pour se venger d'un homme qui l'a abandonnée, un brésilien qui n'en est pas un, un mari qui s'acharne à faire mourir sa femme à petit feu, un père qui finit aveugle après avoir raté son suicide, etc.

Comme dans Les Mille et une nuit, ou dans Le manuscrit trouvé à Saragosse, les histoires de chacun s'enchaînent en se répondant, se complétant comme un puzzle parfait et diabolique. On n'en finirait pas d'énumérer les symboles d'espionnage, d'observation, d'illusion, de malentendu que recèle le film : c'est un festival de faux-semblants romanesques. Celui qu'on croit être méchant s'avère pardonnable ou même innocent, et inversement. 

Tout cela est conté merveilleusement par un cinéaste qu'on sent au sommet de son art, débarrassé de ses coquetteries et entièrement concentré sur sa substance narrative. Les acteurs et actrices (Clotilde Hesme et Léa Seydoux en tête) sont admirablement dirigés.

Un beau moment si vous aimez l'ambiance XIXème et les intrigues feuilletonnantes.

 

4e

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Achille et la tortue

Takeshi Kitano et Kanako Higuchi. Océan FilmsAchille et la tortue intéressera particulièrement :

- les fans de Kitano cinéaste

- ceux qui envisage la peinture comme concept

- les fans de l'artiste peintre Kitano, en particulier ceux qui ont vu l'exposition récente à la fondation Cartier (beaucoup des toiles qu'on voit dans le film rappellent l'expo)

Takeshi Beat Kitano y explore la figure de l'artiste possédé par son art (mais impuissant à produire une oeuvre de qualité) à trois ages de la vie : l'enfant, le jeune adulte, l'homme mûr.

La partie de l'enfance, un peu longuette, montre un héros mutique et obsédé, qui déjà met sa vie et celles des autres en danger. Dans la deuxième partie, la meilleure à mes yeux, les expériences d'art conceptuel tournent à la catastrophe quand un jeune peintre se tue en projetant une voiture transportant des seaux de peintures contre une toile. Cette période donne à voir une scène de happening hallucinante durant laquelle 4 déjantés rivalisent de défis stupides sur une scène : très représentatif des performances de Kitano sur la télé japonaise, façon Jackass.

La dernière, franchement amère, montre l'artiste en prise avec une sorte de folie qui ne connait plus de limite : il prostitue sa fille, puis dessine avec du rouge à lèvre sur son cadavre, sa femme le quitte, il manque de mourir brulé en peignant un feu.

Bien entendu, tout cela est intelligent, beaucoup de clins d'oeil rendent le film intellectuellement stimulant. Mais il manque au final un je ne sais quoi qui emporte l'adhésion du coeur au-delà de celle de l'esprit.

 

2e

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Moon

Moon fait partie de ces films qui ne sont jamais sortis en salle en France, pour des raisons qui semblent inexplicables tant leur qualité est supérieure à la production moyenne.

Le réalisateur, Duncan Jones, a tout d'un grand, et on peut parier qu'on oubliera vite qu'il est le fils de David Bowie.

Moon n'est pas un film de SF de plus. Il instaure dans sa première partie une ambiance qui lui est propre, sorte de Solaris avec du rythme, si vous pouvez imaginer. On est absolument captivé par la vie du personnage principal, finissant dans la plus grande solitude un contrat de 3 ans dans une mine d'hélium 3 située sur la lune. Les images sont belles, poétiques et précises.


Le robot Gerty qui l'accompagne au quotidien, bien que ne s'exprimant que par smileys (et aussi par la voix de Kevin Spacey) acquière un personnalité attachante et inquiétante à la fois.

Après une première demi-heure parfaite, un twist brutal amène le film à une sorte de climax qui est franchement vertigineux et qu'on ne peut pas dévoiler sans gâcher le plaisir du spectateur. A partir de ce point, je trouve que le film faiblit assez nettement, n'exploitant qu'imparfaitement un scénario fascinant : une vraie réflexion philosophique le rendrait exaltant, il préfère exploiter une trame suspense qui ne m'a pas réellement convaincu.

A voir dans tous les cas pour un trip lunaire hors du commun, pour la performance exceptionnelle de l'unique acteur (Sam Rockwell), et pour la musique de Clint Mansell, parfaitement adaptée aux images.

3e

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Utopiales 2010

Christoblog sera présent du 10 au 14 novembre aux Utopiales, festival de SF organisé tous les ans à Nantes.

Le festival accueille des auteurs de romans, de BD, des scientifiques, des artistes et des films. Côté cinéma il propose des rétrospectives et une compétition qui présente des films inédits en France, et qui souvent le restent, malgré leur qualité. Ainsi était présenté l'année dernière le réputé Moon, de Duncan Jones, bientôt commenté sur ce blog, qui est malheureusement passé directement en DVD, sans passer par la case "sortie en salle".

Pour cette édition l'évènement sera créé par la présentation en exclusivité de 30 minutes du Tron l'héritage, suite du fameux film de 1982, produit par les studios Disney.

Au programme de la compétition, deux films à gros budgets belge et suisse (Glenn 3948 et Cargo), deux anime japonais (Redline et King of thorn), trois films US plutôt indé (Mars, Hunter Prey et Earthling) et un film espagnol (For the good of others).

Plusieurs articles à venir sur Christoblog.

Le site officiel : Utopiales.
 

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Biutiful

Javier Bardem. ARP SélectionC'est à un voyage monotone dans un long tunnel d'ennui et d'indifférence que nous invite Inarritu.

J'ai découvert le réalisateur il y a deux jours à travers 21 grammes. J'avais trouvé sa mise en scène assez intéressante. Dans Biutiful, cette virtuosité un peu brute tourne à vide, produisant des images fades et sans relief, ne suscitant pas le début d'un commencement d'empathie.

Le scénario est squelettique : il convenait pour un court métrage. Inarritu l'étend tristement pendant plus de 2h15, en partant dans plusieurs directions qui jamais ne se rejoignent pour former un vrai film : dénonciation réaliste d'un phénomène social (le travail des clandestins), drame familial, fable surnaturelle, chronique médicale d'une déchéance physique. La musique insiste lourdement sur quelques moments clés avec une franche indélicatesse (riffs de guitare ou piano solo).

Très rarement, une fulgurance rappelle ce que le réalisateur est capable de faire : le long plan séquence de l'entrée dans la boite de nuit, par exemple. Mais ces quelques pépites ne sauvent pas le film. Que Bardem ait obtenu le prix d'interprétation masculine à Cannes est surprenant : sa grande carcasse adopte le masque buté de la douleur pendant 95 % du film.

En résumé (elle est un peu facile, mais j'y ai pensé pendant le film tellement je m'ennuyais) : Biutiful ne l'est pas.

 

2e

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Participez au festival d'automne sur Christoblog

festivaldautomneIl y a 2 semaines, nous nous sommes lancés avec ffred, pierreAfeu et heavenlycreature dans une sorte de marathon cinématographique.

Je vous propose (en réalité c'est une idée originale de pierreAfeu, il ne faut pas que je fasse mon Zuckerberg !) aujourd'hui un semi-marathon (plus raisonnable) sous forme de festival dont voici le réglement :

Tous les participants doivent voir les 7 films suivant avant le 17 novembre :

Sortie le 20 octobre
-Biutiful (Inarritu)
Sortie le 27 octobre
-Vénus noire (Kechiche)
-The american (Corbijn)
Sortie le 3 novembre
-Des filles en noir (Civeyrac)
-Buried (Cortes)
Sortie le 10 novembre
-Rubber (Dupieux)
-Potiche (Ozon)

Chacun m'envoie après le 17 novembre sa liste par message privé : le premier film a 7 points, ..., le dernier film 1 point. Le film gagnant est celui qui a le plus de points : il gagne la Feuille morte d'or (bravo !). Le dernier remporte la Cuillère de bois (ouh, ouh !). Attention : pour que le vote d'un blogeur soit pris en compte, il doit avoir vu les 7 films (c'est le défi que nous nous lançons !).

Joker : on peut remplacer un des 7 films qu'on n'a pas aimé par un autre film qu'on a vu sur la période, par exemple :
1 - Les petits mouchoirs (7 points)
2 - Biutiful (6 points)
etc...
Le joker sert donc à deux choses :
- affecter de facto 0 point à un film qu'on a détesté
- attirer l'attention sur un film "oublié " dans notre liste (Les petits mouchoirs, le Ruiz, le Kaurimaski, Very bad cops, La Princesse de Montpensier, Bassidji...) qui pourrait éventuellement l'emporter si plusieurs participants se manifestent pour lui. Attention : intégrer un joker dans sa liste ne dispense pas de voir les 7 films.

Avec son classement, chacun m'envoie également les 2 meilleurs acteurs et 2 meilleures actrices repérés parmi les 7 films ci dessus (et pas dans un film joker). L'acteur et l'actrice qui seront le plus souvent cités compléteront le palmarés.

Pour s'inscrire c'est simple : un commentaire sur ce post et c'est fait.

Dites vous un truc : il va pleuvoir à cette période et vous n'aurez probablement pas grand-chose d'autre à faire que d'aller au cinéma. Je sais, il y a les vacances scolaires, mais qui ne représentent qu'une semaine sur 4, alors, pas d'excuses !

Déjà inscrits au 20 octobre, outre ma pomme : ffred, pierreAfeu, heavenlycreature, Anna, Gagor, pL, Thibo, contre-plongée, Anarion, cayoux33, Bob Morane, Frizlangueur, dasola. C'est plus une calculette qu'il me faudra mais le gros tableau Excel !



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Depuis qu'Otar est parti

Plutôt agréablement surpris par son second (L'arbre), je me me suis procuré le premier film de Julie Bertuccelli.

Le scénario de Depuis qu'Otar est parti est relativement simple : une grand-mère dont le fils (qu'elle vénère) est à Paris, sa fille, et sa petite-fille vivent ensemble en Géorgie. Le fils meurt : sa soeur et sa nièce cachent sa mort à la grand-mère.

Mais évidemment un mensonge de ce genre n'est jamais simple à tenir dans le temps...

Le film est avant tout un beau triple portrait de femmes de trois générations différentes : on y retrouve cette extrême attention aux acteurs, qui rend Charlotte Gainsbourg si lumineuse dans L'arbre. Il est aussi un tableau saisissant de la Géorgie d'aujourd'hui, entre souvenir du stalinisme et coupure d'électricité.

La mise en scène est épurée, souple, efficace. Julie Bertucelli fait preuve d'un sens du cadrage très sûr. Le montage alterne temps forts et plages plus contemplatives. Un beau film, qui aurait peut-être gagné à être un poil plus nerveux. Il a collectionné les récompenses dans beaucoup de festivals, grand prix de la semaine internationale de la critique à Cannes et César de la meilleure première oeuvre en 2003. 

Après la Géorgie (que Julie Bertuccelli a appris à connaître en tant qu'assistante d'Otar Iosseliani) et l'Australie, où la réalisatrice nous entrainera-t-elle pour son troisième film ?

 

2e

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21 grammes

Pour préparer la vision de Biutiful mercredi dans le cadre du désormais célèbre festival d'automne, je me suis fait un petit samedi soir DVD devant le classique deuxième (ou troisième ?) film d'Inarritu.

Le début du film m'a laissé perplexe. Le fouillis temporel mis en place par le scénario alambiqué de Guillermo Arriaga n'apporte à mon avis pas grand-chose à l'oeuvre, si ce n'est de décourager potentiellement pas mal de spectateurs. Le temps de comprendre ce qu'on voit, il se déroule une bonne demi-heure.

A partir de là on peut se concentrer sur le propos du film, qui est assez fort.

La mise en scène d'Inarritu est incroyablement puissante, tantôt constituée de vifs mouvements de caméra parfaitement maîtrisés, tantôt de gros plans absolument sidérants ou de plan fixe très beaux, comme celui qui précède de quelques secondes l'accident et montre un jeune homme ramasser des feuilles mortes. Le talent que manifeste le réalisateur laisse pantois, on pense à Scorsese par exemple, ce qui s'explique peut-être par le fait qu'Inarritu a déjà 40 ans lorsqu'il tourne 21 grammes.

Le grain de la photo, très visible, et l'aspect un peu sale de l'image surprend au début, puis s'avère parfaitement en phase avec l'histoire. Les acteurs sont absolument magnifiques et tirent le film vers le haut : un Sean Penn qui mue physiquement en fonction de son état de santé, une Naomi Watts exceptionnelle, méconnaissable, non maquillée, droguée, abattue, un Benicio del Toro hyper physique, bloc de douleur particulièrement expressif. Même notre petite Charlotte Gainsbourg est parfaite.

En somme, un film important, même si la sophistication inutile de sa construction et les petites afféteries autour de ces 21 fameux grammes le plombent un peu.

 

4e

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Les petits mouchoirs

Bon, je vais laisser à d'autres le soin d'éreinter le film de Canet.

Les raisons de le faire ne manquent certes pas : un côté bobo à Arcachon très mièvre, des surlignages musicaux d'un goût horrible, une fin ratée dans les grandes largeurs, le sentiment que ce genre de film de potes a été fait mille fois, du classique Mes meilleurs copains au récent et fade Coeur des hommes.

Et pourtant, par un tour de passe-passe assez étrange, et malgré ses défauts innombrables, je ne me suis pas ennuyé en regardant les 2h36 des Petits mouchoirs.

Peut-être le fait que Cluzet, l'acteur que j'aime détester, l'homme qui ne se départit jamais de son air "j'ai un balai dans le cul", trouve ici un rôle qui lui va comme un gant : maniaque obsessionnel de première bourre, ignoble et insupportable, cible des avances d'un Magimel très bien en gay refoulé.

On peut (peut-être) trouver une qualité au film : l'art d'établir un casting assez cohérent. Valérie Bonneton par exemple est extra, et Marion Cotillard très bonne aussi, par exemple dans une scène de bouée assez amusante.  Lafitte a des airs de Michel Leeb idiot (pléonasme ?). Gilles Lellouche s'en tire bien aussi, en clone de Jean Dujardin.

Canet possède un ego sur-dimensionné qui lui permet de faire passer une certaine énergie dans son film (public de jeunes femmes trentenaires en bande ce soir, qui ont applaudi à la fin du film, vous voyez le genre...). Il lui reste à trouver du talent. 

 

2e

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Les Amours Imaginaires vs Kaboom : Dolan l'emporte de peu

Il y a quelque temps eut lieu sur ce blog une bataille homérique entre Shutter Island et The Ghost Writer.

Je vous propose aujourd'hui un combat entre Les Amours Imaginaires et Kaboom.
Ils ont beaucoup en commun :

- leur personnages principaux sont un couple d'amis homme / femme
- les deux films interrogent l'amour et la sexualité des jeunes adultes (19/20 ans) gay/hétéro/bi
- les deux films évoquent explicitement l'échelle de Mc Kinsey
- ils ont des partis pris esthétiques qu'ils poussent à leur extrémité
- ils sont tous les deux très colorés
- leur bande-son est primordiale (et excellente dans les deux cas)
- il possèdent tous les deux des scènes avec filtre monochrome bleu (?)
- dans les deux films vous noterez : des mères nymphomanes, des pères absents, des scènes de masturbation interrompues

C'est parti.

Et voilà, c'est fini, merci à tous. Finalement, l'empoignade entre le jeune prodige (auto-déclaré) et le fringant ancien (un peu oublié) a tourné à l'avantage du premier.

Les amours imaginaires : 12

pL, neil, Phil Siné, mymp, pierreAfeu, heavenlycreature, Squizz, Fritzlangueur, cristal!, Alexandre Mathis, contre-plongee, Marcdo

Kaboom : 10
Chris, Keikuchi, Gagor, Startouffe, ffred, Vincent, Christophe, Wilyrah, Anna, Everest2009

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Mysterious skin

Le récent Kaboom m'amène à plonger dans la filmo d'Araki en commençant par son film le plus connu.

Mysterious skin est un film fascinant, tissé de cette étoffe dont on fait les films cultes. Il est brillant, troublant, alors qu'il s'attaque à une batterie de sujets tous plus casse-gueules les uns que les autres : l'homosexualité dans un bled perdu du Kansas, la prostitution, le viol, la pédophilie, la folie, les OVNIs.

Ce qui permet au film de tenir debout et de figurer au panthéon des années 2000, c'est la tension qu'il instaure et qu'il arrive à tenir sur la durée, entre plusieurs éléments contradictoires entre eux.

La tension explicite / implicite

Certaines scènes de sexe sont insoutenables. Hors on ne voit à aucun moment un sexe masculin. Le film est donc terriblement implicite dans ce qu'il montre, et explicite dans ce qu'il suscite chez le spectateur : Araki a compris qu'un visage qui s'empourpre, une main sur un visage, un doigt sur la langue génère un plus grand malaise qu'un pénis filmé. 

La tension hypersexué / asexué

Neil réagit à ce qu'il a vécu en se précipitant dans une course en avant vers le sexe, autodestructrice et suicidaire. Il lui faut toujours plus : de risque, d'expérience, de sensations. Tout le monde est amoureux de lui : Eric, Wendy, ses amants. Il est une sorte de trou noir qui attire et engloutit les autres. Bryan est l'inverse, il refoule son expérience et sa libido est en panne sèche. On ne peut pas opposition plus extrême, et il intéressant de constater que les deux mères renforcent cette opposition puisqu'elles reproduisent les caractéristiques de leur fils.

La tension réalisme / onirisme

Le film oscille constamment entre un vérisme psychologique et social, et des fulgurances poétiques qui nous entraînent dans un autre monde (les visions de Bryan, la pluie de céréales évidemment, la soucoupe volante, le dernier plan qui isole les deux protagonistes dans le noir, la vache mutilée, le malade...)

La tension cruauté (du propos) / suavité (de l'objet cinématographique)

Celle ci n'est sûrement pas discernable au premier abord, et pourtant elle est particulièrement évidente si par exemple on ferme les yeux : alors que beaucoup de réalisateurs auraient raconté cette histoire avec une bande-son volontairement stressante, Araki l'accompagne d'une petite musique, constamment douce et inoffensive, terriblement entêtante et soporifique à la fois. De même il fait évoluer ses personnages dans des décors aux nuances pastels, particulièrement cruelles par contraste. Dans la scène hallucinante des feux d'artifice tirés de la bouche de son prisonnier, Neil a un sourire d'ange.

La tension anticipation (ce qu'on devine) / réalisation (ce qui nous est révélé)

C'est sûrement là que réside l'aspect le plus étrange du talent d'Araki. Contrairement aux films qui manient le classique retournement de situation de dernière minute, Mysterious skin parvient à nous faire percevoir à tout moment ce qui va advenir ensuite. Mais cette perception est toujours incomplète, confuse, et l'on craint (avec raison) en permanence que la suite soit plus terrible que ce qu'on imagine. Cette anticipation inquiète et fiévreuse est le moteur principal du film.

Il serait sacrilège de dire à propos de Mysterious skin "je l'aime" ou "je ne l'aime pas", il fait partie de ces oeuvres qui ne vous laissent guère de choix, qui vous prennent contre votre gré et vous emmènent loin, vous laissant au final pantelant, désarçonné et amoureux du cinéma comme jamais.

 

4e

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The social network

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/87/64/83/19955451.jpgThe social network raconte une histoire très intéressante : comment un jeune nerd complexé a inventé Facebook et devient à 26 ans un des hommes les plus riches du monde.

A la baguette, deux pointures : Aaron Sorkin, le diabolique créateur de la série A la Maison Blanche, et David Fincher, probablement le cinéaste US le plus performant à l'heure actuelle. Du premier on reconnait immédiatement les dialogues mitraillettes (faut suivre !) et le second nous donne une belle leçon de mise en scène.

Fincher devient de film en film un réalisateur "classique", comme on pu l'être en leur temps Mankiewicz ou John Ford : mouvements de caméra amples et épurés, lumières magnifiques, petites coquetteries virtuoses (la course d'aviron), captation subtile des mouvements intérieurs des personnages, montage parfait.

Là où le film péche un peu, c'est dans la construction alambiquée basée sur les deux procès, et surtout dans la figure de Marc Zuckerberg. Ce dernier est effectivement moins intéressant que les personnages secondaires, comme le sulfureux Sean Parker, créateur de Napster, joué par un étonnant Justin Timberlake. Zuckerberg est visiblement un salaud qui réussit, ce qui ne manque jamais de fasciner les Américains.

Autant le début à Harvard est passionnant (les clubs et Facemash, moteurs de la motivation revancharde de Zuckerberg), autant les dernières images tombent un peu dans la facilité façon Rosebud, la profondeur de Citizen Kane en moins : j'ai un peu de mal à croire que l'inventeur de Facebook drague la fille qui l'a larguée il y a 6 ans avec un "tu veux devenir mon ami?" lancé via sa créature.

Cette fin sensée nous rendre Zuckerberg plus proche, plus touchant, était peut-être le prix à payer pour pouvoir faire le film ?

A voir par curiosité.

 

2e

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Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu

Freida Pinto et Josh Brolin. Warner Bros. FranceOn va voir le dernier Woody Allen comme on va voir le dernier Lelouch : en devinant qu'il ressemblera au précédent, qui lui-même ressemblait au précédent, qui...

La petite musique allenienne semble bien usée désormais, au propre (les arrangements jazzy old fashion aigrelets) comme au figuré. Rien de nouveau dans l'intrigue : des chassés-croisés, une voix off difficilement supportable, des marivaudages en toc, une pute aux gros seins, un artiste manqué. Bref les stéréotypes usuels du maître.

Dans cet opus qu'on oubliera aussi vite que le précédent, il y a pourtant une dose de cruauté qui aurait pu sauver le film, si Woody avait chaussé les lunettes / bistouris qui avaient rendu si brillant le diamant Match Point.

Malheureusement tout est mou dans ce film, de la réalisation à la lumière en passant par le jeu ridicule des acteurs et actrices. Seule Naomi Watts semble à la hauteur : elle minaude superbement en essayant ses boucles d'oreille, puis peut vraiment être infâme avec sa mère.

A part elle, encéphalogramme plat.

 

1e

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Kaboom

Thomas Dekker. Why Not ProductionsBien sûr, le parallèle avec Les amours imaginaires est inévitable.

Même intérêt pour le sexe (hétéro / gay) et l'amour chez les jeunes adultes 19/20 ans (Mc Kinsey est cité dans les deux films), même jusqu'au boutisme formel, même couleurs pétantes, même importance de la bande-son, mêmes gimmicks : séance de masturbation interrompue, mère nympho, père absent...

Autant le film du jeune Dolan m'a paru vieux et pompé, autant celui du vieux Araki me parait jeune et chtarbé.

Il faut dire que ça part à toute berzingue, et que ça ne ralentit jamais, jusqu'au bout. Ce serait un crime - en même temps qu'un casse-tête - que de raconter l'intrigue, mais sachez qu'en allant voir ce film vous allez passer par toutes les nuances de l'orgasme cinéphilique : la peur, le rire, l'excitation, la surprise, le plaisir visuel, l'admiration devant un art du montage épatant, la satisfaction de voir les pièces d'un puzzle s'assembler, le plaisir que procurent de très bons acteurs et surtout, surtout, cet élan primal qui bouscule tout sur son passage, sorte de taureau furieux qui renverse toutes les conventions, et le bon goût en premier, pour filer vers sa propre destruction. Le film est coloré, gai(y), libertaire dans sa forme et son propos. En plus, c'est anecdotique, mais on y rigole bien grâce à une dizaine de répliques imparables et délicates sur le thème pendant et après l'amour, du style "J'ai connu des frottis vaginaux qui duraient plus longtemps" ou "C'est un vagin, pas un plat de spaghetti".

Kaboom dynamite le teen movie de l'intérieur, mais sous l'extas(y)e une réflexion plus profonde rôde comme un fantôme : la mort à 20 ans, l'absence des parents, l'amitié, la nostalgie du monde avant sa fin, le sens de la vie. Il y du Lynch sous amphet dans cet Araki là.

Une bombe.

 

4e

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Ces amours là

Laurent Couson. Rezo FilmsLe dernier Lelouch est très mauvais :
- les acteurs jouent comme des pieds
- la mise en scène est paresseuse (ce débarquement poussif, qui est à Spielberg ce qu'une trotinette est à une Ferrari)
- les afféteries habituelles du réalisateur deviennent insupportables.

Tout est mauvais, mais certaines choses sont pires : les chansons (argh...), la voix off (pffff...), le personnage que joue Audrey Dana (qui confond le fait de baiser le premier venu, fut-il nazi, et l'amour... c'est ballot), les accents américains et allemands d'acteurs français, les faux films muets, Liane Foly, les décors du vieux Paris...

Le film n'est pas simplement nul, il devient ignominieux quand il fait des trains de déportés des lieux où on peut tranquillement draguer assis, ou quand il habille les prisonniers du camp d'Auschwitz (tous en pleine forme) d'un joli pyjama rayé tout propre, gris et bleu.

Il est enfin d'une prétention folle du début (Lelouch nous dédie le film ainsi qu'à ces 7 enfants : c'est pas un tout petit peu de l'ego shooté au viagra, ça ?) à la fin (c'est le premier réalisateur que je vois incorporer un best of de ses propres films dans une de ses oeuvres, de la masturbation cinéphilique d'une rare intensité).

Si le ridicule tuait, nous n'aurions plus aucun Lelouch à aller voir.

 

1e

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Grand défi : qui verra plus de films que ffred du 25/09 au 03/10 ?

Y'en a marre que ffred voit plein de films et pas nous. Ouaip.

Aussi lançai-je un grand jeu avec plein de prix qui n'existent pas : qui verra plus de films que ffred qui, le coquin, bénéficie d'une carte UGC illimitée, entre le samedi 25/09 et le dimanche 03/10 minuit ? Au cinéma bien sûr, un scan du ticket d'entrée faisant foi en cas de contestation.

Résultat final :

ffred : 10 (Yves St Laurent - Pierre Bergé l'amour fou, Pauline et François, Hors la loi, Resident evil afterlive 3D, Les Runaways, Trop loin pour toi, Les amours imaginaires, The social network, Le dernier exorcisme, Sans queue ni tête)

Heavenlycreature / PierreAfeu : 7 (Les Runaways, Simon Werner a disparu..., Amore, The Housemaid, Homme au bain, Les amours imaginaires, La meute)

Chris : 10 (Amore, Happy few, Simon Werner a disparu..., Notre jour viendra, Poetry, Les amours imaginaires, Le bruit des glaçons, Un homme qui crie, Le voyage extraordinaire de Samy, Ces amours là)

Un grand merci aux participants, et franchement le score on s'en fout un peu. Notre ami Fred a été doublement handicapé par un week end dans les Alpes et un rhume, sinon, je pense qu'on n'aurait pas pesé lourd. En ce qui me concerne en tout cas, une super expérience : c'est fantastique de voyager en une semaine du Tchad à la Corée en passant par l'Italie, et du thriller à la comédie en passant par le drame sentimental.
On pourrait remettre ça un de ces jours en calant mieux les dates: je vous ferai signe.



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Le voyage extraordinaire de Samy

StudioCanalLe voyage extraordinaire de Samy prouve deux choses : la première, c'est que les européens égalent désormais les américains dans les techniques d'animation, deuxièmement, que les européens sont encore loin des américains en matière de scénario (je pense à l'histoire de Nemo par exemple, qui se déroule dans le même milieu).

Si les images sont très belles et les personnages attachants, la succession de saynètes qui constitue le film ne parvient pas à capter de façon durable l'attention du spectateur adulte.

On a droit au passage à une sorte de catalogue du petit militant écologiste (la marée noire, la chasse de la baleine, les filets trainants, les ordures déversées par les bateaux, les sorties d'égout dans la mer...) très politiquement correct.

Les 6/10 ans apprécieront probablement l'histoire de Samy, de son ami Ray et de son amoureuse Shelly, trooooop mignonne.

1e

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Un homme qui crie

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film aussi beau esthétiquement. Chaque plan est une sorte de tableau vivant. La lumière est d'une exceptionnelle douceur, donnant aux textures une sensualité extrême.

Mahamat Saleh Haroun possède un don inouï pour le cadrage et la direction photo, et obtient des scènes visuellement parfaites, comme les 3 ou 4 derniers plans du film, à tomber par terre.

Le scénario, lui, est presque celui d'une tragédie grecque. Un père voit son fils lui prendre son emploi qu'il adore (maitre-nageur) et en conçoit une profonde amertume. Parallèlement, on lui réclame de contribuer à l'effort de guerre en payant une grosse somme qu'il n'a pas. Ou alors de donner son fils pour la guerre... que fera t'il ?

Le film s'attarde tranquillement sur l'évolution du personnage principal, joué par Youssouf Djaoro qui impose sa très grande présence avec beaucoup de naturel (il jouait dans le film précédent de Seleh Haroun, Daratt, primé à Venise). Peut-être certains trouveront que cette lente évolution dans le mutisme, puis la dépression, est insupportable. Ils auront d'une certaine façon raison. Moi même j'avais envie de prendre Adam par les épaules, de le secouer et de lui dire : réagis, c'est le moment.

Dans une interview donnée au Monde, le réalisateur raconte comment il a du tourner ce film, dans des conditions de sécurité très difficiles, comme "avec un pistolet sur la tempe", dit-il.  Vu le résultat, déjà remarquable, on peut imaginer de quelle qualité serait une de ses oeuvres réalisée avec des moyens conséquents et une tranquillité de travail assurée.

Un prix du jury à Cannes 2010 mérité.

 

3e

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Le bruit des glaçons

Albert Dupontel et Jean Dujardin. Wild Bunch DistributionJe dois le bien dire, c'est un peu contre mon gré que je me suis retrouvé dans une salle pour voir le dernier Blier, qui ne me disait rien du tout : c'est le défi lancé à ffred qui m'y a poussé.

Et divine surprise, magie du cinéma : j'ai trouvé le film pas mal du tout.

Au début, j'ai été un peu désarçonné par ce cancer qui s'invite (incroyable Dupontel) et par le jeu un peu factice de Dujardin, qui ne m'avait encore jamais convaincu comme acteur.

Et puis, ce diable de Blier, vieil anar toujours en jambe, nous embringue dans une histoire improbable mais qui progressivement nous captive, mélangeant les temps (flashs backs simples, puis intrication de plusieurs lignes temporelles), multipliant les provocations à la fois dans la mise en scène (ces regards caméra totalement déraisonnables) et le scénario.

Il en a encore dans le buffet ce vieux Blier, pour montrer un cancérologue qui donne un coup de boule à un patient qui l'emmerde, ou pour célébrer aussi joyeusement les plaisirs de la chair après 50 ans ! Tout le contraire de Notre jour qui viendra : le film est ici agréablement déstabilisant par ce qu'il raconte, il ne cherche pas l'esbroufe. La fin est complètement bancale, mais on le pardonne au film, qui de toute façon n'est pas parfait. Les dialogues enfin recèlent quelques pépites dignes d'Audiard.

Une réussite surprise.

3e

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