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Christoblog

Articles avec #benjamin lavernhe

De grandes espérances

Voici un exemple quasiment parfait de scénario très intéressant, platement mis en scène, et peu incarné.

Sur le papier, De grandes espérances est en effet très prometteur : une histoire complexe, une description de plusieurs milieux dont la confrontation est intéressante (les étudiants de l'ENA possédés par la politique, une jeune femme issue d'un milieu très modeste, une famille bourgeoise), des évolutions de personnages sur la durée, un cas de conscience qui tourne au thriller psychologique, un beau casting. 

Bref, quelque chose qui pourrait ressembler, dans l'idéal, à un épisode de Baron noir réalisé par Krzysztof Kieslowski.

Mais hélas, si le film se laisse regarder, il déçoit un peu par sa platitude atone. Le sentiment de réalité ne s'impose jamais avec force, et j'ai eu l'impression étrange de suivre la mise en image d'un scénario écrit, à l'image de la scène décisive se déroulant en Corse, manquant de souffle et de tension.

Je n'ai pas trouvé le couple Rebecca Marder / Benjamin Lavernhe très convaincant, et si Emmanuelle Bercot est excellente en femme cherchant à devenir ministre, il m'a semblé que les dialogues en rapport avec la politique sonnaient souvent un peu faux.

Pas désagréable et très bien écrit, mais trop appliqué pour convaincre totalement.

 

2e

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L'abbé Pierre - Une vie de combat

L'intérêt N°1 du film, qui mérite à lui seul qu'on se déplace pour le voir, c'est tout ce qu'on apprend sur la jeunesse de l'abbé Pierre.

En vrac, on découvre que l'icône a connu l'amour charnel pendant la guerre avec une veuve, qu'il a laissé un traître se faire exécuter devant lui dans le maquis, qu'il a donné du cyanure à certains Juifs qu'il ne pouvait pas sauver, qu'il a été addict aux amphétamines avant d'être interné en établissement psychiatrique, etc. J'ai découvert également avec curiosité l'importance de Lucie Coutaz dans le destin de l'abbé Pierre.

Comme l'écriture est assez claire et le montage vif, on se laisse entraîner avec une certaine émotion dans le flux de cette destinée, parfois réalisée avec beaucoup d'efficacité (l'hiver 54) et à d'autres moments un peu plus poussive (la dernière partie). Frédéric Tellier évite l'hagiographie trop appuyée, et montre assez bien comment l'obstination de son personnage principal n'est pas toujours des plus efficaces.

On peut regretter que le réalisateur, comme à son habitude, ne fasse pas dans la dentelle en matière de mise en scène. L'abbé Pierre est en effet parsemé de procédés aux goût douteux (les montages alternés bien lourds du début, les visions "mystiques" avec vortex dans le ciel, les split screens pas forcément opportuns).

En ce qui me concerne les qualités du film l'emportent toutefois sur ces quelques défauts, et Benjamin Lavernhe y est pour beaucoup.

Frédéric Tellier sur Christoblog : L'affaire SK1 - 2013 (**)

 

2e

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Jeanne du Barry

Dès les premières scènes de Jeanne du Barry, on est fixé sur un certain nombre de choses.

D'abord, on verra Maïwenn dans beaucoup de plans : le film est donc peut-être avant tout un portrait de la réalisatrice en courtisane. Deuxièmement, on va passer d'étape en étape au pas de course, sans trop s'encombrer de détails ou de préoccupations réalistes : la voix off est là pour rythmer la cadence. Et enfin, notre héroïne a une ambition dévorante, et ne rechigne à faire usage de ses atouts physiques pour parvenir à ses fins.

Jeanne du Barry se contente ensuite de dérouler tranquillement une histoire minimale sur les bases énoncées ci-dessus, avec un allant plutôt sympathique, quelques traits d'humour et un zeste d'émotion sur la fin. Tout cela est benoîtement réalisé, dans un style peu avare en mauvais goût, qui aurait peut-être plus convenu à une série sur France 2. Les différents personnages n'ont aucune profondeur psychologique.

Benjamin Lavernhe est aussi convaincant que Johnny Depp est momifié, comme à peine sorti du formol pour être roulé dans le talc. On apprend vaguement quelques trucs sur l'étiquette à la cour, et on se dit qu'un système à ce point sclérosé ne pouvait plus trop durer.

Les défauts du film (son académisme rieur, son absence de sensualité et de cruauté, la clarté excessive de sa ligne artistique, sa superficialité clinquante, son sentimentalisme à l'eau de rose) ont fait probablement son succès : les spectateurs s'amusent et ne sont dérangés par aucune aspérité. Tant mieux pour le cinéma français, décidément plutôt en forme en ce début 2023.

Maïwenn sur Christoblog : Polisse - 2011 (****) / Mon roi - 2015 (*) / ADN - 2021 (**)

 

2e

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Les choses humaines

Tiré d'un roman de Karine Tuil, le nouveau film d'Yvan Attal s'attaque à un sujet incontournable de nos jours : le consentement.

L'affaire est classique. Deux jeunes vont dans une fête, ils ont un rapport sexuel. Lui dit qu'elle était consentante, elle qu'elle a été violée.

Si le propos est estimable (pour simplifier, ce n'est pas parce que la fille ne dit pas non qu'elle est consentante), la façon dont le film est conçu n'entraîne pas vraiment l'adhésion. L'écriture du film est en effet didactique au possible. On dirait qu'Attal coche les cases d'une liste au fur et à mesure que l'intrigue avance : influence des classes sociales, exemple des parents, examen des personnalités pendant le procès, tentatives de diversion, etc.

De la même façon, la construction et la mise en scène du film sont un gloubi-boulga d'influences et d'idées non maîtrisées : histoire racontée de deux points de vues, scènes de remplissage beaucoup trop longue (on ne peut plus en 2021 filmer des valises sur un tapis roulant d'aéroport pour débuter un film), personnages caricaturaux, dialogues académiques, scènes de procès plus inspirées.

J'ai donc vécu la projection du film comme une conférence, certes complète mais fastidieuse à suivre, sur un sujet par ailleurs très intéressant. Le point remarquable du film sont les deux plaidoiries finales des très inspirés Judith Chemla et Benjamin Lavernhe.

 

2e

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Le discours

Le discours est construit sur un a priori original, qui reflète d’ailleurs fidèlement la construction du roman de Fab Caro.

Son « temps réel » est celui d’un repas de famille, lors duquel les personnages principaux vont se figer à plusieurs occasions, permettant ainsi de très nombreuses digressions menées par son personnage : réflexions personnelles, commentaires sur ce qui se dit, flash-backs renvoyant à de nombreuses époques différentes, réalité virtuelle, flash-forwards fantasmés.

Une fois accoutumé à cette construction un peu complexe, bien servie par la mise en scène de Laurent Tirard, on prend un vrai plaisir à suivre les mésaventures d’Adrien. Si on ne rit jamais vraiment aux éclats, on sourit souvent à l’évocation des petites travers de chacun, dans lesquels chacun saura se reconnaître (ou reconnaître un proche).

Sans originalité, Le discours propose donc un divertissement de bon aloi, qu’on souhaiterait parfois plus épicé ou moins convenu, mais qui finit par convaincre, grâce à l’entrain de Benjamin Lavernhe, qui semble dispenser ici un cours complet de comédie et révèle un talent comique qu’il avait déjà esquissé dans Mon inconnue.

 

2e

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Mon inconnue

Pas beaucoup d'esbroufe dans ce film modeste d'Hugo Gélin, mais de réelles qualités : un casting et une direction d'acteur parfaits, et une légèreté dynamique assez rare dans la comédie française.

Du point de vue casting, François Civil est vraiment très bon, parvenant à la fois à nous faire croire à la situation absurde qui fonde le film, et à réagir avec un certain pragmatisme aux évènements. Joséphine Japy est formidable de délicatesse et de charme. Benjamin Lavernhe enfin crève l'écran en copain complice.

L'autre grande qualité du film est une façon de marier comédie, fantastique et romance comme peu ont réussi à la faire. Mon inconnue a ainsi des petits airs de comédie classique américaine à la Capra : il déroule son synopsis avec légèreté, souplesse et élégance. Il parvient à nous faire considérer le prétexte abracadabrant du film (des mondes parallèles pour faire simple) comme un cadre au final crédible, dans lequel le trio d'acteurs déploie leur talent avec agilité et conviction.

La réalisation et la direction artistique (un Paris de carte postale) contribuent également au plaisir simple ressenti à la vision du film.

Un divertissement de très bonne tenue.

 

2e

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Antoinette dans les Cévennes

Antoinette, c'est Laure Calamy. 

Et c'est peu dire que cette dernière porte tout le film, et trouve ici un rôle à la mesure de son talent, qui est immense. Son personnage de fille bien en chair, romantique et un peu nunuche, popularisée par la série  Dix pour cent, s'irise ici d'une palette de sentiments intenses et inattendus. 

Résumons brièvement le pitch du film : Antoinette, amoureuse d'un homme marié, rejoint celui-ci qui randonne sur le chemin de Stevenson avec sa femme et sa fille. Bien sûr, l'initiative est ridicule et d'une certaine façon désespérée : on se doute bien que cela ne va pas évoluer vers une issue heureuse. L'intérêt du film est donc ailleurs, dans l'évolution progressive d'Antoinette sur les chemins cévenols. C'est évidemment dans le cheminement, et non dans le but poursuivi, qu'Antoinette va progressivement se transformer.

Cette subtile évolution du personnage est très agréablement servi par la fine écriture de la réalisatrice scénariste Caroline Vignal. Le film propose un cocktail réjouissant de scènes franchement drôles, de lignes narratives très amusantes (la réputation d'Antoinette qui la précède sur le chemin), de moments intenses et décalés (la belle conversation entre Antoinette et Eleonore), d'évocations feutrées du périple stevensonien (le personnage de Patrick doit beaucoup à la Modestine de Voyage avec un âne dans les Cévennes), de beaux paysages et de personnages secondaires croqués avec tendresse et acuité.

Sans être renversant, Antoinette dans les Cévennes présente un grand nombre de qualités, qui en font une comédie fine et agréable, digne du label que lui a accordé le Festival de Cannes. 

 

3e

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