La mélancolie
La mélancolie : voici un film dont le titre ne ment pas.
Aucune musique extra-diagétique (hormis le dernier plan), un jeu atone, un scénario neurasthénique, une histoire triste. Youpi.
Tout semble teinté de noir dans ce film étonnant, admirablement réalisé par ailleurs. Tout est triste et pourtant rien n'y est désespéré. Du chaos émotionnel dans lequel est plongée l'héroïne surgit progressivement une lumière sourde et pour ainsi dire qui représente l'essence même de la vie (un peu comme chez Tolstoï semble soudain apparaître la vérité éternelle d'une situation triviale).
Le film réalise donc une sorte de miracle : du corset sociétal japonais habituel (convenances étouffantes, sentiments étouffés, expression bridée), il parvient à faire émerger un élan compassionnel qui finit par prendre aux tripes (la magnifique scène de la recherche des anneaux chez le père du défunt).
La caméra, quant à elle, caresse, ondule, sinue. Elle révèle à mon sens un cinéaste très prometteur.