Snow therapy, de Ruben Ostlund, sort le 28 janvier et s'annonce comme une des sensations de l'année.
USA / Canada
2015 commencera logiquement avec les films déjà sortis outre Atlantique et en course pour les Oscars : Birdman de Inarritu, Invicible d'Angelina Jolie, Wild de Jean Marc Vallée, Foxcatcher de Bennett Miller, American Sniper de Clint Eastwood, Big eyes de Tim Burton, Inherent vice de Paul Thomas Anderson, Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh (un biopic de Stephen Hawking), The imitation game de Morten Tydlum (inspiré de la vie de Turing, informaticien et père de cryptographie moderne), le mauvais Captives d'Atom Egoyan.
Les Cahiers du cinéma consacrent trente pages au nouveau Larry Clark, The smell of us : skaters et sexe au programme, pas sûr que cela plaise à tout le monde. A noter aussi en début d'année la sortie le 4 février d'un film québécois qui cumule les récompenses dans de nombreux festivals : Félix et Meira, de Maxime Giroux.
On surveillera ensuite d'un oeil le film d'espionnage anglo-américain Kingsman (avec Colin Firth), le Hacker de Michael Mann, Au coeur de l'océan de Ron Howard (une relecture de Moby Dick) et surtout Jupiter de Lana et Andy Wachowski, dont chaque film est une expérience.
Plus tard dans l'année, on sera curieux de découvrir le nouvel opus de Noah Baumbach (Frances Ha, Greenberg) : While we're young, avec Ben Stiller et Naomi Watts. Autre figure du cinéma indé US : David Gordon Green (Prince of Texas) tourne avec Sandra Bullock Our brand is crisis.
Les poids lourds américains sont au boulot, et nul doute qu'on croisera quelques-uns de ces films sur la Croisette : St James Place de Steven Spielberg, Crimson Peak de Guillermo del Toro, Midnight special de Jeff Nichols, Sea of trees de Gus Van Sant (avec l'inévitable Matthew McConaughey décidément partout), Ricki and the flash de Jonathan Demme, She's funny that way de Peter Bogdanovitch, The walk de Robert Zemeckis ou The martian de Ridley Scott.
Knights of cup, le prochain Terence Malick en chantier depuis plus d'un an, sera lui en compétition à Berlin.
Pas sûr qu'il soient prêts en 2015 : Carol de Todd Haynes, un documentaire-opéra sur les Stooges par Jim Jarmusch, The lost city of Z de James Gray (avec Robert Pattinson et Benedict Cumberbatch), Silence de Scorsese, The trap du coloré Harmony Korine et last but not least, The hateful eight de sieur Tarantino.
Werner Herzog tourne aux USA une fiction basée sur la vie de l'aventurière Gertrude Bell : ça s'appelle Queen of the desert, et le casting est de folie : Nicole Kidman, Robert Pattinson, James Franco. Le film sera en compétition à Berlin en février.
France
Dès janvier, Xabier Beauvois nous montrera Benoit Poelvoorde voler le cerceuil de Charlie Chaplin dans La rançon de la gloire. A noter le 18 février la sortie du premier film de Thomas Salvador, qui fait l'unanimité dans tous les festivals où il est projeté : Vincent n'a pas d'écaille, premier film français de super-héros sans effets spéciaux. A ne pas rater aussi en janvier, le beau Hope de Boris Lojkine, très bien accueilli à Cannes.
Des prétendants pour Cannes : Erran, de Jacque Audiard, parlera d'un réfugié politique tamoul réfudié à Paris, Les deux amis de Louis Garrel (avec lui-même et Vincent Macaigne), L'ombre des femmes de son père Philippe Garrel, Comme un avion de Bruno Podalydes (avec son frère, comme d'hab), Nos Arcadies - Trois souvenirs d'Arnaud Desplechin.
Est-ce que Maïwen sera de retour sur la Croisette avec Mon roi, connu jusqu'alors sous le titre Rien ne sert de courir, (Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot dans une histoire passionnelle) ?
Le rare Philippe Gandrieux a fini de tourner Malgré la nuit et le zarbi Quentin Dupieux sort Réalité en février (avec Alain Chabat). Mais le film le plus excitant en chantier, c'est peut-être Paul Verhoeven qui le tourne en ce moment à Paris : cela s'appelle Elle, avec l'excellente Isabelle Huppert, et ça s'annonce sulfureux.
A signaler aussi l'intriguant The voices, tourné aux USA par Marjane Satrapi avec Ryan Reynolds, ou à plus long terme les projets de Catherine Breillat (Bridge of floating dreams), Michel Gondry (Microbe and gasoil) ou Andrzej Zulawski (Cosmos, avec Sabine Azema). On ne sait pas si le prochain film de Valérie Donzelli, L'histoire de Julien et Marguerite, avec la délicieuse Anais Demoustier (je l'adore !) sortira en 2015. Jamel Debbouze signera un film d'animation, Pourquoi j'ai mangé mon père, tiré du roman loufoque de Roy Lewis. Enfin, après une année 2014 très YSL, ce sera au tour de Dior de remplir les salles avec le documentaire Dior et moi, de Frédéric Tcheng.
Il sera imossible d'échapper à Léa Seydoux cette année encore, dans le James Bond bien sûr, mais aussi par exemple dans Le Journal d'un femme de chambre, de Benoit Jacquot, qui sera en compétition à Berlin. Je parie sur une présence à Cannes de Belles familles, qui marque le retour de Jean Paul Rappeneau, à 82 ans, et après 11 ans d'absence. Autre revenant, Jean-Jacques Annaud, qui revient aux animaux, avec Le dernier loup.
Pas de Kechiche à l'horizon, son projet La blessure, transposition du livre de Bégaudeau de Vendée en Tunisie, avec Gérard Depardieu, est au point mort.
Europe
En ce début d'année, je conseille le délicieux Queen and country du vétéran britannique John Boorman. En janvier, ce sera aussi le moment de découvrir le stupéfiant Snow Therapy, en course à l'heure qui est pour l'Oscar du meilleur film étranger, et révélation de la section Un certain regard au dernier festival de Cannes. Il faut imaginer Haneke en rigolo pour avoir une idée du film. On lit aussi de bonnes choses sur Phoenix, de l'allemand Christian Petzold (Barbara).
Peter Greenaway, dont les dernières sorties ont été pour le moins confidentielles, reviendra-t-il sous les projecteurs avec son biopic Eisenstein in Guanajuto ?
Ne sachant pas trop dans quelle catégorie le ranger (USA ou pas ?), je place ici le film que j'attends le plus en 2015. Joachim Trier, le réalisateur norvégien de Oslo, 31 août, a tourné Louder than bomb à New York, avec Gabriel Byrne, Isabelle Huppert (décidément toujours dans les bons coups) et Jesse Eissenberg.
J'attendrai aussi de pied ferme la nouvelle vague grecque qui doit concrétiser : Chevalier d'Athina-Rachel Tsangari et surtout The lobster de Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell et Léa Seydoux.
Ailleurs en Europe : Flashmob de Michael Haneke (espérons qu'il ne soit pas prêt en mai !), Le trésor de Corneliu Porumboiu, L'ultimo vampiro du vétéran Bellochio et le retour de Moretti qui fait tourner John Torturro dans Mia madre. Je vous conseille aussi un film anglais très noir vu à Cannes l'année dernière, Catch me daddy, du jeune Daniel Wolfe. Côté espagnol, Juliette Binoche a tourné avec Isabel Coixet Nobody wants the night au Groenland.
Quant au nouveau projet de Miguel Gomes (Taboo), Les mille et une nuits, je ne sais trop quoi en penser : le film dure ... 7h37. Je suis également très intrigué par le retour des Monty Python, accompagné de Simon Pegg, dans Absolutely anything. Et aussi par le nouveau film de la polonaise Malgorzata Szumowska (Elles, AIME et fais ce que tu veux) : Body.
Epérons enfin que nous pourrons voir dans les salles Mandarines, un film géorgien de Zaza Urushadze, qui a excellente presse (il figure dans les 5 finalistes aux Oscars du meilleur film étrangers).
Wim Wenders termine Every thing will be fine, qui réunit Charlotte Gainsbourg, James Franco et Rachel McAdams.
Reste du monde
Ne manquez pas pour commencer la fantaisie noir coréenne Hard day et l'explosif film de Damian Szifron Les nouveaux sauvages, qui sortent en janvier.
Une année exceptionnelle côté Asie avec quasiment tous les cinéastes majeurs du continent sur la ligne de départ : le magnifique A la folie de Wang Bing qui sort en avril, Hill of freedom de l'indispensable Hong Sang-Soo, The taking of the tiger mountain de Tsui Hark, le nouveau Takeshi Kitano, Mountains may depart de Jia Zhang-ke, The crossing de John Woo, The assassin (enfin !) de Hou Hsia-hsien, In the room d'Eric Khoo, Umimachi Diary du délicieux Hirokazu Kore-Eda, et The Ferryman de Wong Kar-wai. Incroyable, si on ajoute en plus le très attendu Love in Khon Kaen du palmé Apichatpong Weerasethakul ! Il va falloir faire de la place sur la croisette.
Berlin verra en février le retour du grand Jafar Panahi, avec Taxi.
Coté animation japonaise, Miyazaki est en retraite mais on dit beaucoup de bien de Souvenirs de Marnie, de Hiromasa Yonebayashi (Arrietty) , qui sort le 14 janvier.
Comparé à l'Asie pas beaucoup de nouvelles de l'Amérique du Sud. A Cannes l'année dernière je n'ai pas aimé du tout Jauja du pourtant estimé Lisandro Alonso.
Suites, sequels, prequels, spin-offs, marveleries, reboot, franchises et autres tartufferies
Au rayon des blockbusters prévisibles, la pauvreté d'imagination des scénaristes fait peine à voir.
L'année sera donc marquée par toutes sortes de production de nationalité et d'intérêt variables : James Bond 24 (Spectre), réalisé par Sam Mendes, Fast and Furious 7 ("sanctifié" par le décès brutal de Paul Walker), Jurassic World (4ème du nom mais sans Spielberg), Mad Max 4 (avec le vétéran Georges Miller aux commandes), Tintin 2 (sans Spielberg non plus), Star War 7 par JJ Abrams, Die Hard 6, un nouvel opus d'Avengers (que j'irai peut-être voir parce que réalisé par mon chouchou Joss Whedon), Mission impossible V (avec Tom le petit), Terminator Genisys avec Arnold (peut-être un peu rouillé), Cinquante nuances de grey qui amorce je le crains une longue série libidineuse mais pas trop (mais qui pourrait m'éviter de lire les livres), un nouvel épisode de La nuit au musée (oui, on s'en fout, c'est vrai) et enfin une nouvelle version de Peter Pan, qui s'appelle ... Pan.
Je finis mon article par le serpent de mer que constitue la sortie éventuelle du film d'Alexei Guerman (décédé en 2013) : L'hitoire du massacre d'Arkanar. Rappelons que le tournage du film a commencé en 2000. Le fils de Guerman aurait dit que le film était presque prêt : suspense donc, pour le film le plus longuement attendu de l'histoire du cinéma. A l'année prochaine !