Inception
Difficile pour moi de me faire une idée bien arrêtée sur ce film.
Le début est intéressant, exposant une idée assez stimulante : il est possible de pénétrer dans l'esprit des gens lors de leur rêve, et d'y voler des secrets. Il est également possible, bien que beaucoup plus difficile, d'y déposer des idées.
Les scènes de rêve sont filmées comme dans la réalité, et les personnages y jouent leur propre rôle, procédé qui permet quelques retournements intéressants du genre : "ce que vous voyez n'est pas ce que vous croyez".
A partir de ce schéma, Christopher Nolan bâtit une oeuvre volontairement complexe en y insérant :
- une histoire d'amour compliquée entre son héros et sa femme qui ont partagé des moments intenses dans un monde de rêve, jusqu'à une tragédie dont je ne parlerai pas
- une escalade dans les rêves "emboités" (je rêve que je rêve que je rêve...) vertigineuse : jusqu'à 4 niveaux
- le concept assez nébuleux de Limbes (quand on meurt dans un rêve, mais seulement dans certaines conditions, on erre dans une zone indécise pendant un temps ... incertain)
L'impression est que la machine s'emballe dans une explosion de créativité non maîtrisée, un peu comme dans Lost par exemple, ou dans la série des Matrix. Nolan semble vouvoir donner son 2001, l'Odyssée de l'Espace ET son Eyes wide shut EN MEME TEMPS, ce qui n'est évidemment pas possible.
Di Caprio peut enchaîner pépère des mimiques déjà exploitées dans Shutter Island : amour tragique, remords éternels, culpabilité, doute sur la réalité qui l'entoure...
On ne peut que relever la grosse balourdise de l'approche typiquement US de la psychanalyse et de l'inconscient : les secrets y sont enfermés dans des coffres (!) les réactions de défense de l'inconscient se matérialisent dans les rêves sous forme d'armée, de milice et de tueurs (cf le niveau dans la neige, on dirait du James Bond cheap), et le sexe en est complètement absent. Les lois de la physique ne sont pas mieux traitées : dans un monde en apesanteur, débloquer le frein de sécurité d'un ascenseur ne fera pas chuter celui-ci.
La fin est un peu à l'image des hésitations, et de la sophistication alambiquée du film : on n'est pas bien sûr d'en comprendre le sens, et peut-être d'ailleurs n'y en a t-il pas, Nolan étant peut-être aussi perdu - et épuisé - que nous (cela fait longtemps qu'on est perdu avec cette histoire de totems, mais je ne vais pas développer mes arguments, sinon on y passera la nuit).
Je précise pour ceux que cette timide histoire d'amour par delà le temps et l'espace intéresse qu'ils devraient lire Hypérion de Dan Simmons, ouvrage dans lequel figure un exemple parfait de ce type d'histoire