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Christoblog

Mad men (Saison 2)

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/66/88/40/18961603.jpgOuh là là, j'entends déjà ceux qui vont dire qu'ils ont déjà vu la Saison 4 de Mad men, et que je suis bien lent, et ta ta ti et ta ta ta.

A ceux là, je répondrai que cette série mérite qu'on prenne son temps, justement. Dans ma chronique de la saison 1, je soulignais combien la série était atypique, proposant plus une ambiance qu'une intrigue.

Ceci reste vrai dans la Saison 2. Pas de cliffhanger dans Mad men, mais plutôt une sensation que le temps s'écoule avec un coefficient de viscosité important. Si l'intrigue reste minimaliste (les contrats des publicitaires s'égrènent d'une façon mécanique, mais intéressante, reflétant les mouvements de fond d'une époque), ce sont les caractères des personnages qui parviennent ici à acquérir une épaisseur psychologique de plus en plus convaincante.

Prenons le cas de Peggy Olson, par exemple, particulièrement représentative de la modernité introduisant le paradoxe chez la femme (ou l'inverse). Ou celui de Salvatore, qui découvre une homosexualité refoulée - alors qu'un petit jeunot sans complexe professionnel affiche la sienne ouvertement. Tous les personnages dans cette saison s'épanouissent comme des fleurs carnivores, capiteuses, ridicules, touchantes, humaines.

Don Draper, au milieu de cette humanité balzacienne en marche apparaît comme un trou noir. Qui est-il : on ne le sait pas vraiment, et cette saison n'apporte que des embryons de résolution à cette énigme. Que veut-il ? Que ressent-il ? On ne le sait pas non plus, tant sa conduite parait être celui d'un sex addict égaré dans une époque qui ne le comprend pas, et qu'il ne comprend pas.

Si dans cette saison les personnages prennent chacun (enfin) toute leur épaisseur, que dire de la fabuleuse qualité de la reconstitution, et de l'extraordinaire travail sur les couleurs, les textures, les musiques, les chatoiement du temps. C'est à un régal proustien que nous convie Mad men : émerveillement de voir une époque entière surgissant sous nos yeux, zébrée d'apperçus de modernité (la mort de Marilyn, la Baie des cochons, les premiers concert de Dylan), qui pour nous étaient jusqu'alors moins que des souvenirs : de simples traces.

Mad men réussit un tour de force : nous faire tellement sentir présent le passé, que l'avenir d'alors semble irréel.

Cette saison atteint des sommets de bizarrerie élégante et éthérée dans son escapade californienne, absolument géniale et filmée d'une façon magistrale, cinématographique et acidulée. Du grand art.

Toutes les séries sur Christoblog.

 

4e

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Les chants de Mandrin

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/87/71/13/19963128.jpgNe connaissant ni l'histoire de Mandrin (brigand pré-révolutionnaire du début XVIIIème), ni la filmographie de Rabah Ameur-Zaïmeche, c'est vierge de tout a priori que je me lançai dans le visionnement des Chants de Mandrin.

 

Las, mes amis, il m'en cuisit.

 

De réalisme, pourtant revendiqué, il ne fut point question. Au contraire, me fallut-il supporter moults dialogues artificio-alambiqués, parfois résolument contemporains, parfois inaudibles. Quant aux scènes d'action, la postérité retiendra que le ridicule eusse pu tuer plus sûrement que les chètives pétarades du film.

 

De mise en scène, le film parvînt à s'acquitter, s'appliquant à quelques mignonneries hors de propos (silhouettes, décolletés de femmes, lune et nuages). Je cherchai avec obstination un scénario, mais sans succès hélas, n'assistant déconfit qu'à une série de vignettes illustratives sans intérêt.

 

Espérai-je en la musique des violes et autres instruments, ou en la poésie en vers burlesques que mon attente ne se brisât contre les récifs d'une médiocrité alanguie et suffisante.

 

Oyez chers cinéphiles, ce funeste mais amical avertissement : tripette ne vaut ce Mandrin là.

 

1e

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Audition

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/00/02/30/90/audition2.jpgJe poursuis ma découverte de l'étonnante filmographie de Takashi Miike avec un de ses films les plus connus, l'horrifique Audition, qui fit sensation en son temps au festival du film fantastique de Gérardmer (en 2001).

 

Qu'on s'attende à quoi que ce soit, le film surprendra.

 

En effet, Miike pousse ici à son paroxysme un style qui lui semble propre : la rupture de ton intégrale. Le film commence comme un mélodrame : un homme perd sa femme entraînée par la maladie, élève son fils seul, puis après un certain nombre d'années, décide de se remarier. Pour ce faire, il utilise un ami travaillant dans le cinéma pour détecter sa future épouse, lors de fausses auditions.

 

Il tombe alors amoureux d'une jeune fille étrange qui va s'avérer un peu ... dangereuse.

 

Le film se décompose en trois phases distinctes : un film normal, une partie type horreur japonaise dans la mouvance de Ring, et une partie (assez courte) un peu gore (mais sans excès).

 

On ne peut qu'être étourdi par cette liberté de ton qui irrigue les films de Miike. Ici, le film part soudain en vrille à l'occasion d'une scène de lit, avec une succession de visions qui mêle les différentes temporalités, nous fait successivement penser que ce que l'on voit est une fantasmagorie, puis la réalité, puis l'inverse. D'un point de vue formel, après une utilisation obstinée des plans fixes, Miike se lance dans des essais assez audacieux : monochromes, champ / contrechamps exotiques, montage cut, etc.

 

Même si certains de ses effets paraissent un peu datés (mon DVD n'est peut-être pas d'excellente qualité), Audition reste un film étonnant et déstabilisant.

 

Miike sur Christoblog : Hara-kiri, mort d'un samouraï / Dead or alive 1

 

2e

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Top ten des articles les plus lus sur Christoblog

Un petit coup d'oeil dans le rétroviseur, et une question : quels sont les articles qui ont été le plus consultés depuis la migration de Christoblog sur Overblog, en septembre 2011 ?

Hors articles concernant les festivals organisés sur ce blog

 

1. Sleeping beauty (515 vues) : bizarre, peut-être la présence de pervers dans le texte, ou la publicité mensongère et sulfureuse entourant le film ?

2. Drive (339 vues) : la plus grosse polémique

3. L'Appolonide (316 vues) :  en présence de Bonello

4. Le cheval de Turin (276 vues) : un de mes billets les plus ... décalés

5. Donoma (239 vues) : Super !

6. Père Noël Origines (235 vues) : une pointe en décembre pour un film que personne n'a vu, probablement dûe à son titre !

7. Take shelter (232 vues)

8. Utopiales 2011 (231 vues)

9. Quels sont les bons films de 2012 ? (184 vues)

10. Contagion (183 vues)

 

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Café de Flore

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/82/82/48/19821691.jpgJe vous préviens : il existe toutes les raisons objectives de détester ce film. Je vais donc maintenant m'essayer à vous les décrire, avant de tenter un renversement particulièrement acrobatique (dit du chat qui retombe sur ses pattes) et conclure positivement sur le film, car la vie n'est pas si simple, ma brave dame.

Imaginez que le Eastwood d'Au-delà croise la Donzelli de La guerre est déclarée, shootée aux amphets, et vous aurez une toute petite idée du gloubi-boulga melodramatique concocté par Jean Marc Vallée.

Le film oscille constamment entre deux époques, les années 60 à Paris, où l'on suit Jacqueline (Vanessa Paradis) mère d'un petit trisomique, et le Québec contemporain dans lequel un DJ à la mode quitte sa vieille femme pour une jeune femme, au grand désespoir de la famille de son ex. Cette dernière, somnambule, fait des cauchemars. Le rapport entre les deux époque est assuré par une grosse connerie un réseau compliqué de liens ésotériques dont je ne peux révéler la teneur ici. Le film fait enfin la part belle à de nombreux autres flasbacks, tous destinés à nous embrouiller le cerveau.

Plus que l'histoire débile naïve qui nous est révélée à la fin (et qui peut presque s'analyser comme une construction psychanalytique donnée à voir dans l'esprit de la femme délaissée), c'est dans la délicatesse des sentiments exposés que le film trouve son intérêt. Je pense par exemple à la façon dont sont montrées les deux filles, ou dans les relations unissant les deux petits trisomiques.

Quant à la mise en scène, elle est à l'image du scénario, complètement zarbi inventive parfois à l'excès, et il faut bien le dire sabordée magnifiée par un montage hyper nerveux, qui fait ressembler le film à une sorte de clip new-age pour marque de chewing-gum à l'ecstasy. Je vous préviens donc, un film indigeste comme une poutine à la chantilly, qui fera fuir les amateurs de bon goût et les cinéphiles chichiteux. Je n'ai pas détesté.

 

2e

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Millenium

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/29/73/19863494.jpgCe film pourrait ne pas exister, et personne ne s'en porterait plus mal.

D'abord l'histoire est bien mieux racontée dans le livre qu'ici (comme d'habitude, elle est plus dense, plus complète, plus prenante, dans le roman). Ensuite, pour ceux qui ne savent pas lire, il existe un film européen (en réalité une trilogie) de bonne facture. Et si vous voulez vraiment être complet, ces films se déclinent en une mini-série de 6 épisodes de 90 minutes.

On peut donc se demander pourquoi Fincher s'est engagé dans ce projet consistant à venir tourner en Suède une histoire de Suédois, jouée par des acteurs américains parlant anglais. Pourquoi pas ne pas envisager Christopher Nolan venant tourner en France Les Misérables avec DiCaprio dans le rôle de Jean Valjean ?

Le film est donc une honnête oeuvrette de commande, lisse, ripolinée, et à la mise en scène très sage. Fincher semble avoir remisé toute ambition stylistique pour se contenter de jolis cadres et de sages mouvements de caméra. C'est long, très long, et on n'éprouve aucun sentiment d'aucune sorte, même vis à vis de l'assassin. Le film arrive à désarmocer les tensions du livre pour en faire une suite de moments glacés, pas moches, mais peu intéressants.

De ce film destiné à faire un bon prime à la télé on pourra toutefois retenir la performance convaincante de l'actrice Rooney Mara en Lisbeth, alors que Daniel Craig tente de la jouer "sobre", ce qu'il parvient à faire en devenant ... transparent. Symbole de l'aspect commercial et un peu froid du film, le générique de début façon James Bond, complètement décalé par rapport à l'esprit de l'histoire.

A ne pas voir si vous connaissez l'intrigue, les chances de vous ennuyer étant alors optimales.

 

2e

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Une vie meilleure

Quand on est aussi con que Yann (Guillaume Canet), mérite-t-on Une vie meilleure ? La réponse est non.

1 - il drague à la hussarde (j'ai un rancard, ma troisième phrase est : "Combien de chance à ton avis qu'on passe la nuit ensemble", la réponse "0", et paf, je suis dans son pieu au plan suivant) : ça craint.

2 - il apprend à un gosse à se servir d'un hélicoptère télécommandé au-dessus d'un lac (!?!)

3 - il demande au comptable de faire une fausse facture de 2000 € pour ensuite hurler quand le gosse dont il s'occupe vole des baskets à 100 €

4 - Les Sables d'Olonnes ne sont PAS à côté de Vannes

Etc, etc.

Une vie meilleure est tellement tissé d'incohérences, d'approximations et de facilités qu'il parait absolument factice et creux. On n'y croit pas un seul instant, et du coup Guillaume Canet, acteur français le plus bankable du moment, quémandant 20 000 pauvres euros, parait très peu crédible (20 000 €, ça doit être la facture du bar un soir de fête bien arrosé au Fouquet's).

C'est bourré de clichés, c'est mauvais, c'est tristement réalisé. Allez hop, au suivant, Cédric Kahn réalisera plus tard de bien meilleurs films.

  

1e

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The descendants

The descendants propose un plaisir devenu rare au cinéma : l'assemblage réussi d'un projet original, d'un scénario qui tient la distance, d'acteurs au top de leurs possibilités, et d'une réalisation intelligente et modeste.

D'abord, je ne pensais pas pouvoir dire un jour que Georges Clooney pouvait être génial. Hors, il est ici renversant, absolument pas en phase avec son image traditionnelle : lourd, bedonnant, dépassé et solide à la fois, presque moche, trompé, perdu. A aucun moment, je ne l'ai vu en lui Mr Nespresso, c'est dire s'il est bon.

Je ne vais pas raconter l'histoire, mais le pitch est assez connu. Rappelons le rapidement : un homme, dont la femme tombe dans le coma suite à un accident, doit tout à coup s'occuper de ses deux filles et découvre des éléments cachés sur le passé de sa femme.

Le film réussit une sorte de prodige : sa trame est à la fois limpide et complexe, son rythme parfois tendu et souvent paresseux, ses personnages cohérents et évolutifs. Il manie en permanence le chaud et le froid avec une habileté confondante, et sait entremêler drame et comédie comme seuls les Italiens semblaient pouvoir le faire.

Une des tactiques d'Alexander Payne est d'utiliser les éléments de son histoire systématiquement à contre-emploi : on a déjà vu que Clooney jouait l'anti Clooney, mais Hawaï est présenté comme un enfer (et en même temps la photographie le magnifie comme le plus beau des paradis), l'homme est le pivot stable autour duquel gravitent des femmes et des filles instables, etc.

Au final, sous la baguette d'un réalisateur particulièrement inspiré, on sort du film en ayant écrasé sa petite larme (ou alors, c'est qu'on a dormi), en ayant par moment franchement rigolé, en ayant été souvent intrigué et avec dans le coeur une palette d'émotions de toutes les couleurs.

Un beau film arc-en-ciel qui ouvre la liste des meilleures productions 2012.

 

4e

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La colline aux coquelicots

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/32/75/19835313.jpgContrairement à plusieurs autres blogueurs, je suis tombé sous le charme de la dernière production des studios Ghibli.

Le film n'est pas dirigé par le grand Hayao Miyazaki mais par son fils, Goro, dont tous s'échinent à dire qu'il est de moindre talent, sans lui avoir laisser le temps de démontrer le contraire.

La première qualité de La colline aux coquelicots est de proposer des images absolument sompteuses : des cieux superbes, des bateaux de toutes tailles magnifiques, des fleurs, des vitraux, une descente en vélo très joliment filmée. Le repère des étudiants, le Quartier Latin, est un endroit que le film dote d'une atmosphère très attachante, d'une aura qui entourait les objets appartenants à Porco Rosso, fait d'un tissage de rêve et de nostalgie.

Pour ceux qui comme moi aiment le Japon rural, le film est un enchantement : l'intérieur de la cuisine, les venelles fleuries, les rues en pente, la mer au loin. Ses paysages, sa maison, ses rues évoquent irrésistiblement le décor du trés beau film de Hirokazu Kore-Eda :  Still walking.

La mise en scène regorge de tendresse, de justesse, de sensibilité, de nervosité. Le script n'est pas sans allusion à la politique, à l'histoire, et à la sociologie japonaise. La colline aux coquelicots est enfin traversé par une belle et noble nostalgie : celle des amours enfuis, des parents disparus, des temps écoulés, et peut-être aussi celle d'un cinéma des origines.

Que le film joue à fond la carte du mélodrame ne m'attriste pas, au contraire, je trouve que cela lui confère une certaine noblesse et une belle grandeur. D'autant que le scénario n'est pas aussi simpliste que certains veulent le faire croire.

En résumé, une veine purement réaliste pour les studios Ghibli, pleine de douceur et de justesse, ce qui constitue une très bonne surprise pour moi.

Les studios Ghibli sur Christoblog, c'est ma visite à Mitaka (Japon), mais aussi Ponyo sur la falaise / Arrietty, le petit monde des chapardeurs

 

3e

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Les acacias

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/25/34/19830842.jpgLes acacias est un bon exemple de film-programme, c'est à dire qu'il est tout entier contenu dans son pitch : un homme conduit une femme et son bébé d'Asuncion à Buenos Aires, dans son camion chargé d'acacias, et une relation amoureuse va naître entre eux.

Le long des 1500 kilomètres de route, le réalisateur doit donc calculer précisément la progression des sentiments à mesure des kilomètres, en alternant mécaniquement les scènes à l'intérieur du camion (champ / contrechamp obligatoire) et quelques arrêts, durant lesquels peu de choses se passeront (une douche, une jalousie naissante, une visite à une soeur au milieu de nulle part).

Toute la valeur du film réside dans la délicatesse avec laquelle Pablo Giorgelli caresse le visage de ses trois protagonistes, et dans le classicisme lumineux de sa photographie.

Le film, Caméra d'or à Cannes, échappe à la catégorie "film du sud, pauvre mais digne", pour accéder à celle de "film du sud, pas très riche et plutôt bien fait", mais sans atteindre celle de "film dont on oublie qu'il est du sud" (dont des exemples récents et sud-américains seraient le péruvien Fausta et le méxicain Année bissextile).

Pas honteux, pas indispensable, Les acacias me fait penser au titre d'un autre road movie argentin : Historias minimas.

Le cinéma argentin sur Christobog, c'est aussi : Carancho / Medianeras

 

2e

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Dead or alive 1

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/15/76/18366793.jpg Fortement impressionné par Hara Kiri, et intrigué par la réputation sulfureuse de Takashi Miike, me voilà en train de visionner la première partie de la trilogie culte Dead or alive, sur les conseils de Asiaphilie.

Le début du film dépasse l'entendement et bouscule totalement le sens commun : une fille tombe d'un gratte-ciel, un homme égorge un homosexuel en pleine action dans les toilettes , un troisième sniffe un rail de cocaïne de 10 mètres de long, un troisième monte sur le toit d'une voiture et tue le personnage sus-mentionné en tirant à travers le toit de la voiture à l'aide d'un fusil à pompe maousse, le tout sur fond de riffs électriques quasi insupportables. 

La fin du film n'est pas en reste proposant un duel à la Sergio Leone sous acide : au bazooka, le bras d'un des personnage pendouillant au bout de son moignon, avant que le monde ne soit détruit par une sorte de boule de cristal. Vers la fin du film aussi, une tuerie dans une cave, qui fait tellement de victime que le sang constitue une sorte de marre d'une dizaine de centimètres de profondeur, dans laquelle les survivants pataugent.

Entre ces deux moments de folie qui feraient ressembler Tarantino à Bresson, le film déroule une histoire très calme, reposante et classique, opposant un flic ayant une vie de famille (et une petite fille à soigner) à un truand prêt à tout pour s'élever dans la hiérarchie de la pègre (et ayant lui aussi l'esprit de famille, puisque ses activités illégales ont servi à financer les études de son frère). Le film est alors plat comme une eau calme, très plaisant à regarder, et magnifiquement servi par deux acteurs au top.

Un film (le mot a été souvent galvaudé, mais là il se justifie : vraiment culte) hallucinant, multipliant les contrastes les plus incroyables.

A réserver toutefois aux spectateurs avertis.

 

3e

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J. Edgar

Soyons positif : j'ai trouvé le dernier Eastwood bien moins mauvais que le mollasson Invictus et surtout que le pitoyable brouet mystique d'Au-delà.

Ceci dit, le film ne m'a pas enthousiasmé non plus, et ce, pour trois raisons.

La première, c'est le scénario. Il est très rare que je trouve un scénario vraiment mauvais, mais celui-ci me semble cumuler plusieurs défauts : il est trop allusif (il faut être rompu à certaines subtilités de l'histoire américaine pour tout comprendre), confus (ces aller-retours incessants entre les époques donnent le tournis), verbeux (cette voix off envahissante), discutable sur certains points (Hoover s'habillant en femme, l'homosexualité non consommée), hésitant (plongée au coeur du FBI, comme le proclame mensongèrement l'affiche, ou biopic ?).

La deuxième, c'est Di Caprio, qui m'énerve. Avec son petit air buté, sa moue et ses plis au front, on dirait qu'il ressasse sans fin son personnage d'Aviator, ou celui de Shutter Island : le dérangé contrarié.

De plus, ces exploits de maquillages commencent à vraiment m'énerver (et combien de kilos de plâtre il avait, et combien de cheveux il s'est fait arracher, et ta ta ti et ta ta ta). Le pauvre acteur qui joue Olson, lui, n'a visiblement pas eu droit au même budget : il passe directement du stade de jeune éphèbe à celui de mort-vivant au visage de cire. Consternant.

Enfin les choix esthétiques d'Eastwwod ne m'ont pas convaincu : couleurs désaturées presque blanches pour les scènes dans le passé, à l'inverse écran quasi noir pour certaines scènes de nuit, décors numériques.... le film est froid et sans âme.

Je me suis plutôt ennuyé et ai eu du mal à comprendre l'intérêt de raconter l'existence de ce petit homme médiocre et sérieux.

 

2e

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Hugo Cabret

Pourquoi n'ai je pas été voir ce film à Noël ?

Je me le demande encore, tellement sa magie entre en résonnance avec la période du sapin, de la crèche et des contes.

Son aspect artificiel, dont les décors en carton-pâte sont la parfaite illustration, est d'ailleurs à la fois sa force et sa faiblesse. Si on y croit, on écrasera probablement une petite larme en se laissant entraîner comme un gamin (ce fut mon cas). Si on n'y croit pas, le film pourra paraître indigeste comme un loukoum trop sucré.

Le film me réconcilie avec Scorsese, avec qui j'étais en froid depuis Casino. Un beau moment de cinéma, qui sonne à la fois comme un cadeau et un testament.

Et maintenant au boulot. Idées de dissertation :

  • A partir de la photo ci-dessus (Scorsese se met lui-même en scène en train de photographier Mélies), vous expliquerez en quoi le film constitue un hommage au cinéma en général , et de quelle façon il utilise la mise en abyme pour le faire.
  • A partir des oeuvres récentes de Woody Allen, Christopher Nolan, et Martin Scorsese, vous analyserez la vision qu'ont de Paris les cinéastes américain du XXIème siècle. Vous comparerez à la vision qu'en ont eu Minelli, Wilder et Polanski.
  • Explicitez le rôle que joue l'automate dans Hugo Cabret. Représente-t-il le cinéma ? Expliquez comment il relie tous les personnages du films, et concluez sur le regard de ses orbites vides dans le dernier plan du film.
  • Le cinéma répare-t-il les êtres ou construit-il les rêves ? Illustrez votre proposition par des scènes du film.
  • Hugo Cabret, film des passages. Vous commenterez cette assertion en examinant successivement les notions de passages secrets, de transmission des savoirs et de rite de passage à l'âge adulte.
  • Lorsque le gendarme sauve Hugo, peut-on dire qu'il agit en automate ? Pourquoi cette scène peut-elle être considérée comme un point nodal du film ?
  • Vous analyserez les sources littréaires du film (Hugo, Dickens, Stevenson, Verne) et détaillerez comment elles nourrissent la narration à travers trois thématiques : les orphelins, les machines et la destinée.
  • Trucages et illusions : couleur, 3D, effets spéciaux, images de synthèse. L'illusion moderne est elle plus moderne que l'illusion au temps de Mélies ? Argumentez.

 

3e

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Louise Wimmer

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/89/77/19859577.jpg Louise Wimmer n'est pas une personne qui attire la sympathie. Presque 50 ans, plus d'appartement, un job de femme de ménage, elle dort dans une vieille Volvo break et se débrouille comme elle peut. Prendre le plateau repas d'une cliente qui s'en va, dans une cafétéria, pour se servir au buffet à volonté, syphonner les réservoirs des poids lourds, prendre sa douche dans une station service : elle use de tous les expédients qui la maintienne dans une condition de presque SDF.

 

Et si j'ai commencé cette critique par dire qu'elle n'est pas aimable, c'est parce que Louise est revêche, peu conciliante, et qu'elle parait même vaniteuse (refuser les avances d'un ami sincèrement épris, décliner les offres d'aide d'un amant de passage, s'inventer un domicile lors des démarches sociales, par fierté).

 

Louise Wimmer n'est pas un film aimable. Il ne s'y passe pas grand-chose, la mise en scène est sage et paraît peu exigeante. Cyril Mennegun explore des lieux tristes et peu séduisants : parking de gare, rue quelconque, station service, hôtel de passage, bar PMU. Autant de non-lieux issus d'une mythologie urbaine cafardeuse. Le film traîne une nonchalance studieuse et un peu rêveuse, que certains qualifieront de minimalisme.

 

On s'attend à plusieurs moments à un coup du sort, un accident de voiture, une agression nocturne, mais le film ne nous propose que des personnes attentionnées (le prêteur sur gage, la tenancière du PMU, l'ami, l'assistante sociale) ou de médiocres méchants (le patron de l'hôtel). Il ne nous éclaire pas plus sur le passé de Louise. L'espoir du film, sans cesse recommencé, semble consister à tenter de capter toutes les variations possibles des sentiments sur le visage et le corps de son (exceptionnelle) actrice. Jouissance, tristesse, désespoir, bonheur, colère, dédain, honte, espoir. Programme austère, temps de crise, ambition blafarde.

 

Louise Wimmer et Louise Wimmer ne sont pas aimables.

 

Et pourtant on les aime tous deux : elle, le personnage, qui rayonne comme la force brute de la vie (magnifiques derniers plans) et lui, le film, qui donne l'impression de voir la précarité au cinéma ... pour la première fois. Une femme qui se bat au bord du gouffre.

 

A voir absolument.

 

3e

 

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Une nuit

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/61/47/19851011.jpgJ'avoue que je connaissais pas le réalisateur d'Une nuit, Philippe Lefebvre, avant d'aller voir son dernier opus. Après quelques recherches, je découvre qu'il n'a que très peu tourné au cinéma, et un peu plus pour la télévision. Les mauvaises langues en profiteront pour dire qu'Une nuit est un honnête téléfilm, mais pour une fois, cela pourrait ne pas sonner comme une critique.

 

En effet, dans le genre polar stylé et pas prétentieux, Une nuit s'impose comme une réussite, certes mineure, mais pas désagréable.

 

Simon Weiss travaille pour la mondaine. Il est un peu verreux et travaille en cheville avec un vieux copain, patron de boîte. Il a l'IGS sur le dos. Le film le suit durant toute une nuit, en compagnie d'une jeune recrue (Sara Forestier, très crédible), alors que se joue une partie à plusieurs bandes entre lui et certains parrains de la nuit.

 

L'un des points forts du films est de restituer une très jolie ambiance du milieu interlope de la nuit parisienne : on explore toutes sortes de bars et de boîtes dans les pas d'un Roshdy Zem bluffant. Chaque visite de lieu est séparée de la suivante par des scènes de voitures tournées dans les rues d'un Paris désert et illuminé, qui dégagent une poésie sourde et prenante. Certains personnages croisés, fragiles, brisés, sont très émouvants.

 

Ici où là affleurent quelques naïvetés ou approximations, mais globalement le film tient bien la route, et s'il ne casse pas des briques, il ne nous casse pas non plus les bonbons. Du solide.

 

2e

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Résultats FA2

 

FA2big

D'abord un grand merci aux votants : Squizzz, Platinoch, dasola, Wilyrah, ffred, Bob Morane, pierreAfeu, heavenlycreature, pépito, Marcozeblog, neil, et Gagor. Pour ceux qui veulent en savoir plus : règlement ici.

http://images.allocine.fr/r_120_160/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/42/44/19854147.jpg http://images.allocine.fr/r_120_160/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/82/07/19750814.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/59/20/19804702.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/72/46/35/19816517.jpg http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/97/93/19828366.jpg

Meilleur film : Carnage 

Le film de Polanski l'emporte d'une courte tête sur celui de Cronenberg, qui a longtemps été en tête, à la lutte avec 17 filles, surprise du festival et véritable révélation pour plusieurs d'entre nous. Shame finit quatrième, alors qu'il compte plus de premières places que tous les autres films. A noter une première pour un festival sur Christoblog : les 6 films ont été cité au moins une fois à la première place, même Contagion et L'art d'aimer.

Meilleur acteur / actrice : Kate Winslet / Christoph Waltz

Si Kate Winslet domine très largement sa catégorie, Michael Fassbender se fait dépasser sur le fil par ce cabotin de Christoph Waltz, grâce au vote dans les dernières secondes de Gagor. A noter que si on ajoute les votes pour sa prestation dans A dangerous method, Fassbender l'emporte.

Meilleur scénario : Contagion Meilleur réalisateur : Cronenberg / McQueen / Delphine et Muriel Coulin / Polanski

Une grande dispersion dans ces catégories, ce qui montre que la compétition était très serrée (et le niveau uniformément moyen diront certains). Les soeurs Coulin réussissent une belle entrée en cinéma en associant leur nom à ceux de trois grands réalisateurs.

Prix spécial : Donoma

Si vous l'avez vu, vous comprenez pourquoi.

Et voilà, merci encore à vous. La sixième aventure a déjà commencé, et vous pouvez vous inscrire : il s'agit du festival d'hiver

 

1.ffred 2.Marcozeblog 3.Neil 4.heavenlycreature 5.Bob Morane 6.PierreAfeu 7.pepito 8.Chris 9.Platinoch 10.Wilyrah 11.dasola 12.Squizz 13.Gagor 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Tot
Carnage 6 5 4 2 2 2 6 4 2 5 4 6 5 53
A dangerous method 5 2 5 3 3 6 4 6 3 2 5 2 6 52
L'art d'aimer 4 4 1 1 5 1 2 3 6 3 2 1 1 34
Contagion 3 3 2 6 4 4 1 1 4 4 3 4 2 41
17 filles 2 1 3 5 6 5 5 5 5 1 1 5 4 48
Shame 1 6 6 4 1 3 3 2 1 6 6 3 3 45
Prix spécial                            
Sleeping beauty 1                         1
Les adoptés   1                       1
Hara Kiri     1                     1
Donoma       1   1   1           3
50 / 50         1       1         2
Les neiges du Kilimandjaro             1             1
Les révoltés de l'île du diable                   1       1
Le Havre                     1     1
Tous au Larzac                         1 1
Hugo Cabret                       1   1
Meilleur actrice                            
Jodie Foster 1   1                     2
Kate Winslet (Carnage) 1 1 1 1   1 1 1   1 1 1 1 11
Frédérique Bel   1                       1
Carey Mulligan       1     1     1       3
Louise Grinberg         1       1         2
Keira Knightley         1     1       1 1 4
Kate Winslet (Contagion)           1               1
Julie Depardieu                 1   1     2
Meilleur acteur                            
Michael Fassbender (Shame) 1 1 1 1     1     1 1 1   8
Christoph Waltz 1 1 1   1   1     1 1 1 1 9
Viggo Mortensen       1   1   1 1       1 5
Laurent Stocker         1                 1
Michael Fassbender (A dangerous method)           1   1           2
John C Reilly                 1         1
Meilleur réalisateur                            
Polanski 1           1       1 1 1 5
Cronenberg 1   1       1 1         1 5
Mouret   1     1       1         3
McQueen   1       1       1 1 1   5
Soderbergh     1 1           1       3
Delphine et Muriel Coulin       1 1 1   1 1         5
Meilleur scénario                            
Carnage 1 1         1     1   1 1 6
A dangerous method 1   1     1   1         1 5
Contagion   1 1 1   1     1 1 1     7
Shame       1             1     2
17 filles         1   1 1 1     1   5
L'art d'aimer         1                 1

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Take shelter

Take shelter, deuxième film du jeune réalisateur sudiste Jeff Nichols, icône du genre southern gothic, arrive sur les écrans précédé d'une répétition avantageuse, initiée en festival, relayée par la presse et amplifiée par quelques critiques de blogueurs. Le film ne fait pas moins que la couverture du nouveau Positif (le premier en couleur), alors que les Cahiers du cinéma de janvier y consacrent de nombreuses pages.

L'acteur Michael Shannon campe un américain pauvre, en proie à l'apparition des symptômes d'une maladie mentale (schizophrénie, paranoïa ?) et confronté aux difficultés financières pour se soigner.

Shannon possède un visage très expressif en lui-même, une démarche hallucinée et une élocution comateuse qui collent parfaitement à son rôle. Sa performance est assez convaincante, même si on peut considérer que son physique le prédispose à des rôles de zarbis dont ils devient spécialiste (Bug, une apparition marquante qui constitue le meilleur moment des Noces rebelles). Jessica Chastain est encore meilleure à mon sens, dégageant un flux d'amour infini, dont bénéficient son mari et leur petite fille sourde. La mise en scène est d'une sobriété assez étonnante, champ / contrechamp très sages, cadres hyper-classiques, caméra posée. Tout cela est très bien fait, légèrement malsain mais pas trop, parfois même assez brillant. La promotion du film dévoile les principaux ressorts du scénario, par ailleurs il faut le dire assez squelettique, gâchant un peu l'effet de découverte à la vision.

Le film est plaisant à regarder, surtout dans sa première partie lors de laquelle les séquences oniriques sont assez impressionnantes, sans être tape-à-l'oeil. Il s'essoufle à mon sens dans la deuxième, basculant curieusement dans une rationalité qui fait tomber la pression, puis dans une charge sociale certes intéressante, mais qui paraît devoir être un tout autre film. Quant au dernier plan, je le trouve très décevant - assez caractéristique d'un réalisateur qui tient une bonne idée mais ne sait pas trop comment la conclure.

Take shelter est donc une oeuvre de qualité, qui débute plutôt bien 2012, mais qui me semble un peu relever du pitch intéressant bien servi par un réalisateur talentueux, plutôt que du chef d'oeuvre un peu trop vite annoncé. Le film à l'évidence interroge le mythe d'une certaine Amérique, reprenant des éléments de la figure tutélaire du Sud : Terrence Malick. Entendre un journaliste parler du film comme d'un Shining à ciel ouvert est assez typique de l'emballement médiatique qui semble aujourd'hui devenu une sorte de règle : Nichols, avec ses qualités (très belle façon de filmer les visages, sensibilité à la nature qui le rapproche de The tree of life), doit encore parcourir un long chemin pour approcher Kubrick.

A voir, y compris par les âmes sensibles, le film étant bien moins stressant que certains veulent bien le dire (ce sont les mêmes qui essayeront de vous faire peur dans l'escalier de la cave).

 

2e

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Festival d'hiver 2

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Merci à mymp pour la déco. 

Il y a un plus d'an, un groupe d'irréductibles cinéphiles créaient le festival d'automne 2010.

Depuis, vous avez été 22 blogueurs différents à participer à l'une des cinq éditions des festivals sur Christoblog.

Rappelons brièvement les règles : le festival est ouvert à ceux qui tiennent un blog, et les critiques de films doivent être consultables par tous les participants. Chacun m'envoie son classement des films par message privé : le meilleur film a 10 points, le moins bon 1 point. Le film gagnant est celui qui a le plus de points. Attention : pour que le vote d'un blogueur soit pris en compte, il doit avoir vu tous les films.

Avec son classement, chacun m'envoie également ses :

- 2 meilleurs acteurs

- 2 meilleures actrices

- 2 meilleurs scénarios

- 2 meilleurs réalisateurs

repérés parmi les films vus.

Chaque participant a enfin la possibilité d'attirer l'attention sur un film coup de coeur sorti pendant le festival mais ne faisant pas partie de la sélection. Le film le plus cité dans ce cadre reçoit un prix spécial.

Pour s'inscrire c'est simple : un commentaire sur cet article et c'est fait.

 

4 janvier Take Shelter de Jeff Nichols (USA) 

4 janvier Louise Wimmer de Cyril Mennegun (F)

11 janvier La colline aux coquelicots de Goro Miyazaki (Japon)

25 janvier The descendants d'Alexandre Payne (USA)

25 janvier Café de Flore de Jean Marc Vallée (Québec)

1er février Detachment de Tony Kaye (USA)

8 février La taupe de Tomas Alfredson (UK)

15 février La désintégration de Philippe Faucon (F)

29 février Les infidèles de Lellouche, Dujardin, Hazanavicius, Cavayé... (F)

29 février Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin (USA)

 

Sont déjà inscrits :

- les membres fondateurs, qui ont participé à toutes les éditions :   ffredBob Morane, Gagor, pierreAfeu, heavenlycreature

- les habitués : Marcozeblog, neil,

- les novices : jujulcactuspépito,

 

... et pourquoi pas vous ?

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Corpo celeste

Lors du dernier Festival de Canne, Corpo celeste, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, fut un des premiers films les plus remarqués.

On comprend pourquoi. Sa réalisatrice, Alice Rohrwacher, possède une vraie sensibilité. Elle filme avec beaucoup de talent cette petite fille de 13 ans qui a été élevée en Suisse et arrive avec sa mère et sa soeur en Calabre, dans un univers qu'elle ne connaît pas.

Le point de vue adopté est, un peu comme dans Tomboy, celui de la petite fille. C'est à travers ses yeux qu'on observe le monde curieux et inquiétant des adultes, l'évolution de son propre corps qui se transforme et qui saigne, et surtout sa découverte de Jésus et de ses mystères.

Le film est en effet construit autour de deux pôles : la fin de l'enfance et la religion. Aux mystères profonds de la vie de Jésus est opposée une profonde déliquescence de la religion catholique. Un prêtre un peu raté, nourrissant de vains espoirs de promotion, une femme qui enseigne courageusement un pauvre catéchisme et s'est amourachée du prêtre, un évêque et son aide, ignobles tous deux, une collusion avec la politique, tout ce tableau est absolument terrible. Il est beaucoup plus à charge que la récente farce gentillette de Moretti. On comprend que le film ait été accusé de sacrilège en Italie.

Beaucoup de qualités donc, qui ne se développent malheureusement pas sur la base d'un scénario solide, ce qui plombe le film et ne permet pas de transformer une admiration de cinéphile en émotion de spectateur.

 

2e

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2011, une année de cinéma

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D'abord, et puisque c'est la tradition, mon top 10 de l'année (vous avez accès aux articles correspondant en cliquant sur les titres) :

 

1 / Il était une fois en Anatolie

2 / Une séparation

3 / Donoma

4 / Winter's bone

5 / Tomboy

6 / Black swan

7 / La guerre est déclarée

8 / Restless

9 / Polisse

10 / L'Apollonide, souvenir de la maison close

 

2011 fut inconstestablement une année prodigieuse pour le cinéma français. Le point très positif de l'année est la rencontre entre des réalisateur(trice)s très auteurs dans leur démarche (Sciamma, Donzelli, Bonello, Maïwenn, Schoeller) et un vaste public.

Deuxième point essentiel : la révélation 2011. Je veux bien sûr parler de Donoma, dont il ne faut pas avoir peur de dire qu'il signe la naissance d'un réalisateur (Djinn Carrénard) et d'une façon de faire du cinéma qui rappelle l'irruption de la Nouvelle Vague.

Troisième point de satisfaction, des productions de qualité dans les différents genres : la comédie (Intouchables), l'animation (Chico et Rita, Les contes de la nuit, Le tableau), l'actualité judiciaire (Présumé coupable, Omar m'a tuer), le documentaire (Ici on noie les Algériens, le sublime Mafrouza).

Quatrième point pour terminer : de petits films discrets, mais très attachants et plein de promesses quant à leurs auteurs (Angèle et Tony, 17 filles, Avant l'aube, Poupoupidou).

 

Du coup, la production américaine de l'année apparaît comme très décevante. Black swan, Restless et Fighter sortent du lot, mais pour le reste c'est la production indépendante qui a fourni les meilleurs films US de l'année : Winter's bone, Blue Valentine, Beginners.

 

2011 est un cru très pauvre pour l'Asie, dont je retiens principalement The murderer pour la Corée et Hara-kiri pour le Japon. C'est peu, surtout en comparaison de 2010.

 

C'est finalement dans les autres cinématographies qu'il faut rechercher des concurrents à la suprématie française : en Angleterre d'abord (les solides Discours d'un roi et We want sex equality), en Italie (La solitude des nombres premiers, La prima cosa bella) et à l'est de l'Europe (le très beau Choix de Luna, en provenance de Bosnie, passé complètement inaperçu). Encore plus à l'est, l'Iran a rayonné sur cette année avec trois films majeurs (Une séparation, Au revoir, Ceci n'est pas un film). Incroyable pour un pays où faire du cinéma est un véritable chemin de croix.

 

Enfin, le véritable chef-d'oeuvre de 2011, Grand prix à Cannes et qui aurait très probablement remporté la Palme d'or si Malick ne se trouvait en compétition : Il était une fois en Anatolie, qui rassemble tout ce qu'on peut espérer d'un film, beauté formelle, intelligence de la mise en scène, subtile étude psychologique, scénario fouillé. Le film laisse une empreinte durable et allant s'amplifiant dans l'esprit de ceux qui l'ont vu.

 

Je reviendrai tout au long de 2012 sur la filmographie de Nuri Bilge Ceylan, qui est probablement aujourd'hui un des plus grands réalisateurs en activité.

 

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