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Christoblog

Super 8

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/07/83/19758322.jpgJJ Abrams flatte ce qu'il y a de plus tendrement enfantin en nous, et il le fait avec une délicatesse et une intelligence qui désarment le critique le plus cynique. C'est en ce sens, et seulement en celui-là, qu'on peut le qualifier de fils spirituel de Spielberg.

Super 8 n'est donc pas seulement un film de monstre se déroulant dans une petite ville américaine. Le prétexte de cette intrigue vue et revue ne paraît d'ailleurs pas passionner Abrams qui nous livre un monstre sans grand relief, comme si, finalement, ce dernier n'avait qu'une importance toute relative.

Le sujet du film est à rechercher (tout simplement) dans son titre. Il s'agit de l'histoire d'un groupe de 4 jeunes garçons et d'une jeune fille, qui grandissent ensemble le temps d'un tournage de film en Super 8, découvrant tout à la fois l'amour, le monde compliqué des adultes, les relations au père en l'absence de mère, et la profonde jouissance de la création artistique.

Nos cinéastes en herbe tournent en effet un film intitulé The case, une sombre et rudimentaire histoire de zombie. Il n'est pas interdit d'analyser tout le film (celui d'Abrams) sous l'angle de ce court métrage tourné dans le film. En dépit de la catastrophe qui les entoure, les enfants s'acharnent en effet à mettre en scène leur scénario, en situant les scènes dans les décors de leur propre réalité, créant ainsi un effet d'abyme délicieux qui révèle toute sa puissance dans le générique de fin (NE PARTEZ SURTOUT PAS AVANT), lors duquel est projeté "l'oeuvre" de la fine équipe dans son entier. De cette façon, c'est tout le film que l'on vient de voir, Super 8, qui devient le pré-générique de l'oeuvre principale, The case. Incroyable, magnifique et jubilatoire idée de confronter une grosse machine holywoodienne à la fraîcheur d'un film en Super 8 fait de bric et de broc. Une idée puissante, fortement évocatrice, comme seul JJ Abrams peut en avoir aujourd'hui.

A traver la réalisation de The case, les enfants évoquent par ailleurs toutes les difficultés de réalisation d'un film (rivalité amoureuse autour de l'actrice, problèmes techniques, effets spéciaux, financement, emprise du réalisateur sur l'équipe, répartition des rôles, panne d'inspiration, utilisation des impondérables, etc). Super 8 peut se lire à tellement de niveaux différents qu'il en devient une sorte de catalogue illustratif du cinéma populaire américain, en forme de poupée gigogne pop. 

L'aspect "nostalgie des années 80" m'a beaucoup moins intéressé que la plupart des critiques, car il me semble que le film n'a absolument pas besoin de ça pour exister, même si elle est très présente. Par sa délicate exploration des émois de l'enfance, il se suffit tout à fait à lui-même.

Le film, que j'ai bien aimé, ne m'enthousiasme cependant pas complètement. L'imagination d'Abrams est très puissante, mais je trouve qu'il l'exprime surtout à travers l'univers foisonnant des séries qu'il crée (Alias, Lost, Fringe et bientôt Alcatraz). Ses thématiques sont vastes et nourries de toute la culture américaine, son sens du coup de théâtre est inné, sa sensiblité extrême n'est jamais niaise. Le jour où il canalisera vraiment toute ses qualités au service d'un projet de long-métrage plus recentré et maîtrisé, il sera probablement le meilleur entertainer de son époque.

JJ Abrams sur Christoblog : Star trek / Lost

 

3e

 

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Les bien-aimés

Dans Les Biens-aimés Christophe Honoré renoue avec le style qui fit le succès des Chansons d'amour : des passages chantés écrits par Alex Beaupain, une histoire mêlant amour et mort, homo et hétérosexualité, et enfin une pléiade d'acteurs tout entiers acquis à la cause du film.

Les deux films, au-delà de leur parenté formelle, sont pourtant assez différents. Les chansons d'amour creusaient en effet un sillon éminemment parisien, et son ton était délibérément romanesque (à l'image d'un Louis Garrel plus cabotin que jamais).

Ici, Christophe Honoré paraît assagi, mélancolique. L'histoire s'étire au long de plusieurs décennies, visite quantité de lieux (Prague, Paris, Londres) et se frotte à quelques grands évènement (le printemps de Prague, l'apparition du sida, le 11 septembre). Honoré sort donc apparemment de ses tropismes habituels, tout en y restant, car sous la surface rutilante du monde et de ses changements (chaque époque est très bien rendue) les sujets du film sont typiques d'Honoré : l'Amour, la Légèreté, la Deuil.

Au coeur du film, les deux personnages féminins sont merveilleux : Madeleine (jouée jeune par une incroyable Ludivine Sagnier, puis par une Catherine Deneuve plus coquine que jamais) et sa fille Véra (magnifique Chiara Mastroianni). La mère est une femme légère dans une époque qui s'y prête (les années 60), la fillle voudrait l'être mais croise un amour impossible dans une époque qui est bien pesante (les années 2000). Le fil conducteur du film, comme le refrain d'une des chansons le dit, pourrait donc être : "Les filles légères ont le coeur lourd". La scène durant laquelle est chantée ce morceau est représentative de ce qui fait la qualité du film : sobriété, intensité dramatique de ce qui se dit, mouvements de caméra discrets mais parfaitement au service de la scène (oh les beaux travellings !), jeu parfait des actrices.

Autour de ces deux phares féminins gravitent des hommes qui les vénèrent, les aiment, mais peinent à les rendre heureuses. Il faut noter que Milos Forman et Michel Delpech sont tous deux excellents. Louis Garrel, pour une fois, fait preuve d'une certaine retenue, tout en lâchant quelques saillies dont il a le secret. Deux quasi-inconnus - en tout cas pour moi - (Paul Schneider et Rasha Bukvic) complètent à merveille la plus belle distribution de l'année.

Les chansons de Beaupain surprennent toujours, à la fois simples, profondes, osées (les rimes délite/trique/(or)bite/(spout)nik). Elles constituent un élément important du film en éclairant les personnages de l'intérieur. La façon dont se répondent la première (Je peux vivre sans toi, pleine d'espièglerie) et la dernière (Je ne peux vivre sans t'aimer, pleine de tristesse) donne la juste mesure de ce film ambitieux et idéalement réussi : il conte le temps qui passe.

Si Christophe Honoré n'existait pas, qui nous parlerait d'amour ?

 

4e

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Tous les soleils

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/82/78/87/19693977.jpgOn dirait que Tous les soleils s'est donné pour objectif d'accumuler le maximum de poncifs éculés.

 

Aussi a-t-on droit au solex façon Nanni Moretti dans Journal intime, au papa confronté au fait que sa petite fille devient une femme (oh, quelle horreur, un garçon l'embrasse), à l'inévitable bande de potes qui achète une maison de campagne, au quiproquo (ridicule) résultant d'une usurpation d'identité sur Facebook, etc.

 

L'ensemble est mis en scène avec la dernière médiocrité par un écrivain qui se prend pour un réalisateur, cruelle méprise.

 

Le personnage qui donne un peu de saveur au film est celui du frère (il attend la chute de Berlusconi pour sortir de l'appartement), mais il ressemble plus à un gimmick qu'à une personne.

 

Du jus de chaussette insipide un peu bobo.

 

1e

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La guerre est déclarée

Vu en avant-première à Nantes, en présence de Valérie Donzelli et de Jérémie Elkaïm.

La guerre est déclarée parle de la même chose que Melancholia : la fin du monde. Littérale dans le film de Von Trier, relative dans celui de Donzelli, puisqu'il s'agit, pour des parents, d'apprendre que leur enfant est atteint d'une grave maladie. Dans le premier cas, la palette de réaction des personnages est le déni, le suicide, la colère. Dans le deuxième, la fureur de vivre, l'amour, l'espérance. Les deux titres peuvent donc se regarder comme dans un miroir : la guerre est déclarée à la mélancolie.

D'un côté, un metteur en scène un peu usé, tournant en rond autour de ses obsessions dans un beau geste formellement brillant, de l'autre une jeune réalisatrice fonçant droit devant, sans craindre de bousculer les conventions. Dans les deux cas, des films sur le fil, qui ne tiennent que par la grâce de la personnalité et du vécu de leur auteur.

Ce qui me frappe dans le film de Valérie Donzelli, c'est l'extrême audace stylistique et l'efficacité rythmique.

Audace, parce que le film - si on le regarde avec attention - est fait de bric et de broc, à un point qui pourrait nuire à sa cohérence. Sa variété de tons est insensée : on passe d'un thriller monté à la hache (le départ en TGV) à une sorte de comédie allenienne à la française (les premiers amours), en passant par des accents truffaldiens (les parents), des inspirations mallickienne (ces inserts de cellules humaines), des éclairs lelouchiens (la dernière scène, très Un homme et un femme - et un enfant). Il y a aussi une chanson à la Honoré, des effets de couleurs très almodovariens (les personnages ont des T-shirt de la couleur du canapé et du papier-peint), une façon de montrer les hôpitaux qui rappelle Urgences, des ralentis, des accélérés, des effets sons étonnants, une Rancho verte, une fête foraine, une soirée open kiss et 1000 autres choses.

Rythme, parce que tout cela ne tient la route que parce que le film fonce à 100 à l'heure. Miracle d'un montage au cordeau, d'une progression scénaristique millimétrée et d'une bande-son époustouflante, bien que complètement hétéroclite.

La guerre est déclarée est donc un patchwork que certains trouveront peut-être indigeste mais qui transpire une énergie incroyable, le type d'énergie que je n'avais pas ressenti au cinéma depuis ... les premiers Spike Lee ? Le tout est trituré avec une intense intelligence - et une distance adorable (ah ce clin d'oeil avant d'entrer en salle stérile) par Valérie Donzelli, ce qui nous promet de beaux lendemains. Quelle pêche, quelle envie, quelle énergie tonitruante !

Probablement un des films les plus importants de l'année, qui suscitera l'ergotage de froids esthètes et laissera peut-être une partie du public en route ... mais pour ceux qui adhéreront comme moi, révolutionnaires du coeur, quel plaisir et que de larmes !

Choisissez votre camp, la guerre est déclarée.

 

4e

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Melancholia

Kirsten Dunst & Charlotte Gainsbourg. Les Films du LosangeMelancholia s'ouvre par une série de plans fixes à la beauté glaçante et aux lumières irréelles.

Par son aspect poseur, voire pédant, cette ouverture rappelle celle (complètement ratée) de Minuit à Paris. Elle fait également penser au long insert cosmo-panthéiste de Malick dans The tree of life. D'une certaine façon, les spectateurs pressés pourront se contenter de ces quelques plans : ils contiennent les plus belles trouvailles du film, le résume parfaitement (en en dévoilant d'ailleurs la fin) et illustre une de ses caractéristiques principales, la lenteur.

Deux soeurs : Justine (sublime Kirsten Dunst) et Claire (la sombre Charlotte Gainsbourg).

Deux parties. Dans la première, Justine se marie. Le mariage tourne au fiasco au fur et à mesure que Justine perd pied avec la réalité. Le film lorgne incontestablement vers le repas de famille du formidable Festen, le film de Thomas Vitenberg. Il n'en a malheureusement pas la force. Kiefer Sutherland, le héros de 24, semble importer ses tics de justicier, il regarde par dessus ses épaules avant de frapper à une porte comme si une armée de terroristes allait débarquer. Bref, sans être complètement nulle, cette partie dogme semble avoir été vue mille fois, et on s'ennuie ferme. Peut-être faut il être (ou avoir été) dépressif, comme Lars von Trier lui-même pour saisir toutes les nuances de la chute de Justine. Pour ma part, j'ai souffert et ne me suis pas passionné pour ces petits psychodrames mesquins et sans intérêt.

Dans sa deuxième partie, le film décrit les jours qui précèdent la collision de la planète Melancholia avec la Terre. Même décors (un hôtel de luxe et un golf), mêmes personnages (hors le mari éconduit, bien sûr). Au fur et à mesure que l'échéance approche, les personnages semblent inverser leur polarité : Justine devient sereine (elle préfère une grandiose catastrophe à de menues satisfactions) et Claire panique. Cette partie est plus réussie que la première, elle souffre cependant d'un goût curieux pour certains effets kitchissimes (le dernier plan !) et pour certains messages douteux (la Terre est mauvaise). Le scénario étire jusqu'à la rupture une intrigue minimale.

Melancholia laisse au final un sentiment d'oeuvre malade, riche de potentialités, mais n'étant parvenue à les concrétiser complètement.

 

2e

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Festival d'été : 10 août - 4 octobre

fest ete

Un grand merci à mymp qui offre au festival cette magnifique bannière, succédant ainsi à pierreAfeu, qui avait conçu celle du festival de printemps.

Vous avez aimé le festival d'automne (9 participants), celui d'hiver (14 participants) et celui de printemps (16 participants), vous adorerez le festival d'été !

Rappelons brièvement les règles : le festival est ouvert à ceux qui tiennent un blog, et les critiques de films doivent être consultables par tous les participants. Chacun m'envoie avant le 4 octobre son classement des films par message privé : le meilleur film a 10 points, le moins bon 1 point. Le film gagnant est celui qui a le plus de points : il gagne le Soleil d'or . Attention : pour que le vote d'un blogueur soit pris en compte, il doit avoir vu tous les films.

Avec son classement, chacun m'envoie également ses

- 2 meilleurs acteurs

- 2 meilleures actrices

- 2 meilleurs scénarios

- 2 meilleurs réalisateurs

repérés parmi les films vus.

Chaque participant a enfin la possibilité d'attirer l'attention sur un film coup de coeur sorti pendant le festival mais ne faisant pas partie de la sélection. Le film le plus cité dans ce cadre reçoit un prix spécial.

Pour s'inscrire c'est simple : un commentaire sur cet article et c'est fait.

La sélection (orgiaque) est la suivante :
 

10 août : Melancholia de Lars Von Trier
17 août : La piel que habito de Pedro Almodovar
24 août : Les Bien-aimés de Christophe Honoré
31 août : La guerre est déclarée de Valérie Donzelli
7 septembre : Habemus papam de Nanni Moretti
14 septembre : La fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et et Bruno Romy
14 septembre : Crazy, stupid, love de John Requa et Glenn Ficcara

21 septembre : L'Apollonide, souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello
21 septembre : Restless de Gus Van Sant
28 septembre : We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay
 

De l'humour, de l'anglais, du sexe, une fin du monde, de l'amour, un enfant tueur, des psys, du fantastique, des chansons, de l'italien, de l'espagnol, des drames, du belge, bref, du bonheur. Pourquoi pas avec vous ?

 

fest ete petit visuelSont déjà inscrits : ffred, Christophe, Anna, Gagor, Laetitia, pierreAfeu, Robin, Bob Morane, Keira3, Luocine, heavenlycreature, Jérémy, Ben, Squizz, neil, Hallyne, Claire, Fabien, Kev44600, Tching,

Retrouver l'historique des festivals sur Christoblog.

 

 

 

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