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Christoblog

Articles avec #cedric kahn

Making of

Le dernier film de Cédric Kahn commence tout doucettement comme une énième variante du "film sur le tournage d'un film", ici dans une version amusante dans laquelle le réalisateur est un peu dépressif, le premier rôle insupportable (Jonathan Cohen, parfait) et le producteur malhonnête (Xavier Beauvois, formidable).

On rigole un peu et on suit sans déplaisir cette chronique, qui peu à peu évolue vers un autre film, plus en demi-teinte, dans lequel un jeune apprenti cinéaste (Stefan Crépon, qu'on a découvert et aimé dans Le bureau des légendes) se brûle au contact de cette première expérience, et qui montre également une situation sociale en miroir entre le contenu du film et sa confection.

Making of est réjouissant et parfois émouvant : il prouve la capacité de renouvellement de Cédric Kahn, dont la carrière, avec ce film et Le procès Goldman, semble bien relancée.

Cédric Kahn sur Christoblog : Cédric Kahn sur Christoblog : La prière - 2018 (**) / Fête de famille - 2019 (**) / Le procès Goldman - 2023 (***)

 

2e

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Le procès Goldman

Cédric Kahn propose dans son dernier film une plongée en apnée dans le fameux procès en appel de Pierre Goldman, militant d'extrême gauche (et accessoirement demi-frère de Jean-Jacques Goldman, qu'on voit brièvement dans le public, joué par le jeune Ulysse Dutilloy).

L'intérêt du film réside avant tout dans la performance hors du commun de l'acteur Arieh Worthalter, qui campe un Goldman incroyablement sûr de lui et provocateur. Il est superbement horripilant.

La mise en scène clinique de ce quasi huis-clos (le film se déroule presque exclusivement dans la salle de tribunal) génère un sentiment de réalité assez inhabituel. On est littéralement immergé dans ce procès dont le public semble découvrir en même temps que nous les rebondissements.

Le sujet entre en résonance avec la situation actuelle de la France (la police, le racisme, l'antisémitisme, le terrorisme, les inégalités sociales) et on est rivé à cette histoire qui entremêle avec habileté portrait psychologique, suspense et chronique historique.

Un grand film dans lequel Arthur Harari, co-scénariste de Anatomie d'une chute, joue le rôle de l'avocat Georges Kiejman : une année de films de procès pour lui !

A voir. 

 

3e

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Fête de famille

On a déjà vu mille fois au cinéma le thème de la réunion de famille qui tourne au règlement de compte par le biais de révélations successives, le mètre-étalon en la matière étant bien entendu Festen.

La contribution qu'apporte Cédric Kahn au genre n'apporte pas grand-chose : les frères dissemblables s'engueulent, les enfants courent partout, la grand-mère toute puissante est bienveillante, et la fille qui a disparu depuis trois ans cache un lourd secret.

Je pourrais, au regard de la prestation par moment très prenante d'Emmanuelle Bercot, être indulgent vis à vis de ce film quelconque, s'il n'était pas aussi mal écrit. Les dialogues semblent souvent plaqués, certaines scènes ne fonctionnent pas du tout (l'accident de voiture par exemple) et globalement tout le film souffre d'un manque de rythme.

Dispensable.

 

2e

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La prière

La principale qualité du nouveau film de Cédric Kahn, c'est sa rusticité.

Si on s'en tient à l'histoire, La prière n'a en effet rien d'original.  La rédemption possible d'un adolescent en grande difficulté au contact d'adultes compatissants est en effet un grand classique, ici teinté de religiosité. Il faut imaginer le croisement de La tête haute et Des hommes et des Dieux.

La force qui irrigue cette intrigue assez quelconque, c'est celle que dégage le jeune acteur Anthony Bajon, formidable par sa présence animale (Ours d'argent mérité au dernier Festival de Berlin). C'est lui qui fait tenir le film debout et qui le sauve parfois de l'ennui. La mise en scène épurée, la lumière crue, la direction artistique sans afféterie servent également le propos d'un film qui sans être génial se laisse regarder.

Certaines séquences sont franchement émouvantes, et l'atmosphère de bienveillance exacerbée qui peut irriter au début du film finit par intriguer et par séduire. D'une certaine façon, le film peut rassurer sur la nature humaine et faire du bien : à vous de voir si vous en avez besoin.

 

2e

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L'économie du couple

Joachim Lafosse aime s'emparer de sujets dérangeants, et au premier abord peu engageants : une mère qui tue ses quatre enfants dans A perdre la raison, l'affaire de l'Arche de Zoé dans Les chevaliers blancs.

Il propose ici de décrire dans le détail le quotidien d'un couple qui se défait, et de montrer comment les conditions matérielles de la séparation influe sur la vie quotidienne. Le sujet semble plus anodin que celui de ses films précédents, mais il n'est pas moins ardu.

De fait, L'économie du couple remplit parfaitement son programme : on voit bien comment les problèmes d'argent peuvent devenir les vecteurs (et les agents) de la discorde. On parle gros sous, on estime le prix du travail et on le compare à celui du capital hérité, on chipote sur l'utilisation des différents étages du réfrigérateur. 

Tout cela est à la fois édifiant et malheureusement un peu sclérosant. On n'apprend pas grand-chose qu'on ne sait déjà sur la nature humaine : oui, la mauvaise foi n'est jamais loin lors des séparations, et oui, aucune des deux parties n'est innocente.

Les limites de la démarche d'entomologiste de Lafosse sont parfois dépassées par le brio de sa mise en scène, parfois exceptionnellement fluide dans un espace qui n'est pas si grand. 

Si Bérénice Béjo est parfaite, on a un peu de mal à voir en Cédric Kahn un travailleur manuel, malgré tous les efforts qu'il déploie. Le pauvre est également desservi par une scène particulirement ratée, qu'il doit assumer en grande partie (la douloureuse scène de repas avec les amis).

Malgré d'évidentes qualités, une petite déception de la part d'un cinéaste dont j'attends beaucoup.

Joachim Lafosse sur Christoblog : A perdre la raison - 2012 (***) / Les chevaliers blancs - 2015 (**) 

 

2e

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Les anarchistes

Comment autant de bons ingrédients peuvent-ils se combiner pour faire un si mauvais film ? C'est la question que l'on se pose à la vision du dernier film d'Elie Wajeman.

Le sujet est pourtant intéressant, les acteurs pas si mauvais, les décors plutôt beaux (sûrement un peu trop), la photographie jolie (au point de paraître fade).

Tout ce qui constitue le film semble engoncé, désincarné, amidoné. La lumière bleue dans laquelle baignent les personnages sent la naphtaline, et la mise en scène ne parvient pas à insuffler de la vie dans cette histoire d'amour et de politique, dont on se contrefout au final.

Le scénario est particulièrement indigent, survolant les aspects historiques en enfilant les clichés du film d'infiltration (l'entrant qui se laisse contaminer par les idées du groupe qu'il infiltre, etc). L'intrigue alterne les absences, les poncifs et les platitudes. 

Adèle Exarchopoulos n'est pas très à son aise, mais ne pourra-t-on jamais plus la voir autrement que comme l'Adèle de Kechiche ? Tahar Rahim joue un peu plus finement que d'habitude, mais ce sont les seconds rôles qui brillent surtout : Guillaume Gouix, Karim Leklou et Swann Arlaud sont tous très bons.

Dommage, ils ne parviennent pas à sauver le film.

 

1e

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Tirez la langue, mademoiselle

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/162/21016298_20130627165927364.jpgRien, ou pas grand-chose, à sauver dans ce film.

Le scénario est absolument quelconque : deux frères tombent amoureux de la même femme.

Si Laurent Stocker s'en sort honorablement, comme d'habitude, grâce à la subtilité de son jeu, tous les autres acteurs sont très mauvais.

Louise Bourgoin, dont le seul mérite est d'être charmante, a un rôle d'idiote très mal écrit (ces scènes ridicules dans le bar), mais c'est Cédric Kahn qui est particulièrement mauvais, cantonnant son jeu à une sorte de mutisme forcené.

Les personnages secondaires sont plus que mauvais, ils sont catastrophiques : les pauvres participants aux Alcooliques Anonymes réduits à de grossières caricatures, les Chinois ridiculisés, et une assistante médicale (Annabelle) lamentable. Serge Bozon est aussi mauvais acteur que son collègue réalisateur Cédric Kahn.

Les dialogues semblent tous tomber par hasard dans la bouche des personnages. La mise en scène est effroyable, on a l'impression que la moitié du film est consacrée à filmer des gens en train de marcher. Les cadres sont affreux, la photo crade (le dernier plan est d'une laideur insigne : exemplaire à ce titre). Lors des conversations en champ / contrechamp on perçoit nettement que les plans ne sont pas raccord.

Le film est artificiel et médiocre de bout en bout. Un naufrage curieusement apprécié des critiques de tout poil.

 

1e

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Une vie meilleure

Quand on est aussi con que Yann (Guillaume Canet), mérite-t-on Une vie meilleure ? La réponse est non.

1 - il drague à la hussarde (j'ai un rancard, ma troisième phrase est : "Combien de chance à ton avis qu'on passe la nuit ensemble", la réponse "0", et paf, je suis dans son pieu au plan suivant) : ça craint.

2 - il apprend à un gosse à se servir d'un hélicoptère télécommandé au-dessus d'un lac (!?!)

3 - il demande au comptable de faire une fausse facture de 2000 € pour ensuite hurler quand le gosse dont il s'occupe vole des baskets à 100 €

4 - Les Sables d'Olonnes ne sont PAS à côté de Vannes

Etc, etc.

Une vie meilleure est tellement tissé d'incohérences, d'approximations et de facilités qu'il parait absolument factice et creux. On n'y croit pas un seul instant, et du coup Guillaume Canet, acteur français le plus bankable du moment, quémandant 20 000 pauvres euros, parait très peu crédible (20 000 €, ça doit être la facture du bar un soir de fête bien arrosé au Fouquet's).

C'est bourré de clichés, c'est mauvais, c'est tristement réalisé. Allez hop, au suivant, Cédric Kahn réalisera plus tard de bien meilleurs films.

  

1e

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