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Christoblog

Une fille facile

Sans hésiter un instant à sombrer dans les clichés, j'avoue que l'image que j'avais de Zahia Dehar était celle d'une call girl écervelée et manquant cruellement de discernement (coucher avec Ribéry, franchement !).

Le film de Rebecca Zlotowski a cela d'intéressant qu'il décale totalement son propos initial : il ne s'agit pas de disserter sur l'image de Zahia, mais de dresser le portrait de deux jeunes filles, absolument dissemblables au premier regard, mais au final pas si différentes, le personnage de Naïma prenant finalement l'ascendant sur celui de sa médiatique comparse.

Le film, pas très original dans sa forme il faut bien le dire, permet au passage de dresser le délicat portrait d'un Sud délétère et rêvé à la fois, et dessine les contours d'une émancipation féminine 2.0 : et si finalement Zahia était le porte-étendard d'une féminité décomplexée ?

Une fille facile, mais un film qui ne l'est pas !

 

2e

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Roubaix, une lumière

Il y a dans le dernier film d'Arnaud Despleschin une justesse qui le rend profondément estimable.

Justesse tout d'abord dans le jeu des acteurs, tous extraordinaires. Roschdy Zem trouve probablement son meilleur rôle en saint laïc, et le jeu du duo Sara Forestier / Léa Seydoux est d'une précision sidérante. Les seconds rôles sont des acteurs non professionnels (une première pour Desplechin), ce qui confère au film une densité qui relève parfois du documentaire.

Un autre personnage essentiel du film est la ville de Roubaix elle-même (dont est originaire Desplechin), montrée sans fard mais aussi sans misérabilisme excessif. 

Une ville, le métier de policier montré sans effet particulier, des êtres humains, des intrigues effroyables mais communes : en voyant Roubaix, une lumière on se dit que le bon cinéma est finalement souvent affaire de simplicité quand il est incarné avec une telle intensité dans tous les domaines. 

Dans ce beau film sans méchants, il est principalement question de douceur et de grâce. La lumière dont parle le titre est présente chez tous les personnages, parfois simplement à l'état de lueur indécise, parfois rayonnante dans la fermeté ou l'empathie des policiers. 

J'ai été bouleversé par le torrent d'humanité que charrie le film et par la maîtrise de la direction de Desplechin, qui réalise ici un de ses tout meilleurs films.

Arnaud Desplechin sur Christoblog : Un conte de Noël - 2008 (****) / Jimmy P. - 2013 (**) / Trois souvenirs de ma jeunesse - 2014 (***)

 

4e

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Once upon a time ... in Hollywood

A l'image de son titre affublé de points de suspension dubitatifs, ou de sa durée inutilement longue, le dernier film de Tarantino est un objet complexe, mauvais film réussi ou bon film qui se cherche.

Les raisons de ne pas apprécier le film sont nombreuses : ventre mou qui s'éternise, clichés qui se multiplient, facilités tarantiniennes trop facilement identifiables, et surtout cette façon de mêler un fait divers dramatique (l'assassinat de Sharon Tate par la bande de Charles Manson) à une fiction "rêvée".

Alors oui, le film sait être par éclat brillant, et même impressionnant dans sa construction décomplexée (on imagine la tête des producteurs à la lecture du script), mais il ne parvient pas au final à être totalement convaincant.

Pour ma part j'ai pourtant (après une délibération avec une partie de moi-même) été globalement séduit par cette proposition de cinéma totale qui mixe nostalgie hollywoodienne, plaisir de faire du cinéma scène par scène, jubilation de perdre le spectateur dans un entrelacs de narrations parallèles et naïveté assumée.

Le jeu de Brad Pitt et de Leonardo di Caprio est littéralement époustouflant et contribue grandement à l'intérêt du film, qu'on peine toutefois à conseiller tellement il est bancalement attachant.

 

3e

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Une grande fille

C'est peu dire que le premier film de Kantemir Balagov, Tesnota, fit l'effet d'une bombe au Festival de Cannes 2018. Je tombai moi-même en extase devant la perfection de ce premier film, qui positionnait son auteur dans la cour des très très grands cinéastes contemporains (disons l'égal de Nuri Bilge Ceylan ou de Zviagintsev).

Le deuxième film de l'ex-assistant de Bela Tarr était donc attendu au tournant.

En s'attaquant à une période emblématique de l'histoire russe (l'après guerre à Stalingrad), Balagov ne choisit pas la facilité. Et pourtant il réussit à peu près sur toute la ligne son défi de reconstitution historique : photographie et travail sur la couleur admirables (mille bravos à la chef op Kseniya Sereda ), mise en scène au cordeau, décors et costumes formidables.

Formellement, Une grande fille est une splendeur. On peut cependant reprocher au film des longueurs perturbantes lors de scènes pénibles. 

C'est donc très beau et souvent très dérangeant : un tour de force qui fait de ce deuxième film un typique "film de festival".

 

2e

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