Leçons d'harmonie
Ceux qui suivent Christoblog savent (peut-être) que je suis fan de cinéma d'Asie Centrale. C'est donc avec gourmandise que j'ai visionné ce film originaire du Kazakhstan.
Le réalisateur Emir Baigazin fait preuve d'une maîtrise absolument sidérante pour un premier film. Leçons d'harmonie a d'ailleurs connu une carrière en festival exceptionnelle, collectant une belle série de récompenses, de l'Ours d'argent de la meilleure image à Berlin au Grand Prix à Angers. La mise en scène est d'une limpidité exceptionnelle et la beauté des plans est souvent sidérante.
Au-delà de la beauté plastique du film, qui suffirait déjà à en faire un morceau de choix, il faut signaler que le scénario est remarquablement tordu : le film commence comme une critique d'enfance harcelée, avant de muer en un curieux film de vengeance, assaisonné par de mystérieuses ellipses, dont le sens ne se perçoit que dans la durée.
Si le film peut parfois donner l'impression d'être un poil trop lent, il trouve au final un équilibre assez bluffant entre ses différents segments : la scène initiale de l'égorgement de l'agneau se nimbe par exemple d'un halo particulier au fil du film.
Ajoutons à toutes ces louanges une interprétation parfaite (le jeune acteur a remporté un prix à Amiens), des flashs oniriques réjouissants, une description très intéressante des conditions de vie dans un pays largement inconnu, et vous obtiendrez un plat pour gourmets cinéphiles.