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Christoblog

Carte postale de New York

CP1NewYork

  L'AMC / New York

Par Amélie

 

Après de nombreuses années à Paris et quelques mois à Washington DC, je suis désormais installée à New York depuis début 2011. Dans cette « carte postale » commandée par Chris, je vous parlerai de l’accessibilité des salles de cinéma aux États-Unis.

Compte tenu de la puissance de l’industrie cinématographique américaine, on pourrait s’attendre a ce que le cinéma soit omniprésent dans la vie des Américains. Et pourtant, il occupe un rôle moins important que dans la vie des Français.

Ce qui m’a tout de suite frappé en découvrant les grandes villes américaines, c’est la difficulté à trouver une salle de cinéma. Manhattan et San Francisco ne comptent qu’une quinzaine de salles chacune, en incluant les petits cinémas indépendants (mais en excluant les institutions telles que le MoMA projetant occasionnellement), et on peut marcher longtemps sans en croiser une. Prenez Times Square : il n’y a que 2 complexes de cinéma, alors que l’on en compte 8 autour des Champs Élysées.

Une fois la salle de cinéma identifiée, une autre mauvaise surprise vous attend : les places coûtent 12 à 14 dollars, et les tarifs étudiants n’existent pas. A ce prix-là, on croise les doigts pour que le film soit réussi ! Beaucoup d’Américains choisissent de surcroit de s’arrêter au stand popcorn-boisson, ce qui fait vite monter l’addition.

Certaines personnes autour de moi ont décidé de rayer les salles de cinéma de leur vie, lorsque la peur des punaises de lit est devenue trop forte ou que la naissance d’un bébé impose de prendre une baby-sitter pour sortir. Au-delà de ces problèmes, la télévision est de plus en plus omniprésente avec le développement de séries de haute qualité. Avant les bandes-annonces, les cinémas AMC Loews font désormais 15 minutes de « previews » consacrées aux nouvelles séries télévisées. Enfin, tous les cinéphiles ont un abonnement à Netflix, qui offre un streaming illimité de films et séries pour 7,99 dollars par mois.

Pour ma part, je résiste autant que possible aux contraintes locales, y compris de bruyants spectateurs, car rien ne remplace l’expérience du grand écran. J’ai la chance d’habiter dans l’unique triangle d’or du cinéma new-yorkais : dans un rayon de 5 minutes de marche, j’ai accès à un multiplexe AMC, un cinéma indépendant, et à la Film Society du Lincoln Center. Ce dernier m’offre l’opportunité d’assister à des festivals en présences des acteurs et réalisateurs, ce qui fait oublier le coût élevé de la séance (parfois plus de 20 dollars).

Car oui, c’est ça la magie de New York : les films ne sont que modérément accessibles, mais les stars sont là ! Depuis janvier, j’ai eu la chance de voir entre autres Martin Scorsese, Robert De Niro, Oliver Stone, Cédric Klapisch, Mike Nichols, Jason Reitman et Alba Rohrwacher. Toutes les semaines, je lis dans la presse que Robin Williams, Sandra Bullock, Jennifer Lopez ou encore Bradley Cooper sont en balade ou en tournage à côté de chez moi, et telle une groupie, j’espère bien les croiser dans la rue un de ces jours !

 

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Le cochon de Gaza

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/78/66/19760245.jpgJe craignais le pire en allant voir ce film. Le pire étant une pochade lourde et surtout illégitime. Rappelons que le film est tourné par un écrivain français, Sylvain Estibal,  et traite de l'irruption d'un cochon du Vietman dans la vie d'un pauvre pêcheur palestinien.

 

Si le film fonctionne, c'est principalement grâce à deux choses.

 

La première est la performance assez sidérante de l'acteur Sason Gabai, qu'on avait vu former un couple exceptionnel avec Ronit Elkabetz dans La visite de la fanfare. J'avais lu qu'il évoquait lui-même Chaplin dans son approche du personnage, et cela m'avait paru très prétentieux, mais force est de reconnaître qu'il y a un peu de ça. A la fois, lunaire, décidé et pauvre, il arrive à composer un personnage crédible et attachant.

 

La seconde, c'est la faculté du scénario à nous contredire à chaque fois que l'on pense savoir où il va nous entraîner. Si le commencement laisse présager une fable, on comprend vite que le conflit israelo-palestinien n'est finalement que l'arrière-plan d'une entreprise de démolition qui relève plus de la farce universelle. Puis, un retournement de situation dont je ne peux parler nous entraîne carrément ailleurs, dans un registre beaucoup plus grave. Les scènes de fin décollent vers un n'importe quoi qu'on jugera salutaire si on est gentil, et foutraque si on l'est moins. En tout cas, une fois de plus, elles sont inatendues.

 

J'ai passé un bon moment devant ce film bizarre, mal fagotté, beaucoup moins drôle et beaucoup plus intrigant que la bande-annonce le laisse présager.

 

3e

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Blackthorn

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/85/30/86/19782243.jpgEntraîné par un bouche à oreille assez enthousiaste, et ne détestant pas, finalement, me frotter à ce vieux genre jamais mort qu'est le western, me voilà parti pour voir le film que personne n'attendait.

 

Le début est assez intéressant. L'action se déroule en Amérique du Sud, dans une vallée montagneuse et humide, ce qui provoque un plaisant dépaysement. Et puis Sam Shepard est joli à regarder, comme le paysage, et comme sa gentille employée - et amante, l'Empire américain sachant toujours féconder les indigènes pour leur bonheur.

 

Les premiers flashbacks, très mauvais (genre Les mystères de l'Ouest racontés aux enfants), m'inquiètent un peu. Et c'est progressivement le film qui s'écroule progressivement, à leur suite. L'intrigue est assez basique, les personnages sont dessinés à la hache, et surtout les décors sont trop beaux, trop tape-à-l'oeil, pas assez au service de l'histoire. Le sommet de cette veine Butch Cassidy rend visite au  National Geographic est atteint dans ce fameux désert blanc, lors de confrontations sans réalisme et sans enjeux psychologiques.

 

Le film accumule alors tous les clichés possibles, ne renouvelant absolument pas le genre, mais le parodiant, le faisant sonner creux et vide. Plus l'histoire avance, plus la qualité des flashbacks empire, et plus les personnages s'engluent dans des poncifs ridicules, finissant par nous faire regretter de ne pas être aller voir Warrior ou La guerre des boutons à la place, c'est dire.

 

C'est beau comme un livre sur papier glacé, et raté dans les grandes largeurs.

 

Nouveau western sur Christoblog : La dernière piste

 

1e

 

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Attenberg

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/79/63/12/19655898.jpgDrôle de film, vu lors du festival Paris Cinéma, et qui sort aujourd'hui.

 

On parle à propos de sa réalisatrice Athina Rachel Tsangari et de Giorgos Lanthinos (Canine), d'une nouvelle vague grecque. D'ailleurs, Rachel Tsangari à fondé la société de production qui produit les films de Lanthinos (dont le dernier long-métrage, Alps, est en post-production).

 

Et c'est vrai qu'il y a quelque chose d'intéressant dans Attenberg, intéressant mais un peu trop intellectuel. Pour donner une idée, je dirais qu'on a peu l'impression de voir un "Godard aux Balkans".

 

La Grèce que montre Rachel Tsangari est celle des environs d'une usine d'aluminium Péchiney, auprès de laquelle les Français ont construit une citée blanche façon Le Corbusier, et qui semble abandonnée. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on est très loin des clichés touristiques. Ici, il fait gris, il pleut, et les jeunes gens s'ennuient.

 

Le personnage de Marina vit auprès de son père, qui meurt d'un cancer. Ce n'est donc pas gai, gai. Elle a une copine qui lui apprend à embrasser (est-elle imaginaire, est-elle réelle, on peut s'interroger). Elle rencontre un ingénieur (Lanthinos lui-même) et découvre l'amour physique. Mort du père vs apprentissage du sexe : bonjour la psychanalyse. Elle est passionnée par les documentaires animaliers de Sir David Attenborough (d'où le titre).

 

Le film fonctionne donc sur la base des couples Marina/son père, Marina/Bellla, Marina/l'ingénieur dont le plus intéressant est pour moi le premier, et de loin. Le vieil architecte un peu anarchiste compose en effet un personnage troublant et attendrissant, lui qui veut quitter un XXème siècle qu'il juge "très surestimé", et qui le fait, avec beaucoup de classe. L'actrice française Ariane Labed, qui a grandi en Grèce, est une révélation (prix d'interprétation féminine à Venise et Angers).

 

Pour le reste on pourra être énervé par une image un peu sale, des gimmicks auteurisants, comme les intermèdes durant lesquels les deux amies singent des animaux, comme ce ralenti sur une chanson de Françoise Hardy ou comme ce très long plan fixe qui clot le film sur une ronde de camion.

 

La renaissance d'un cinéma, à suivre.

 

2e

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Restless

RestlessQue ce soit bien clair : Restless est magnifique, automnal, tendre, lumineux, amusant, intrigant, délicat, frais, modeste, mystérieux, céleste, impeccable, raffiné, ambitieux, habité, aérien, subtil, dense, émouvant, surprenant, hanté, génial, intelligent, doux, romantique, et malicieux.

Mia Wasikowska est fantastique, Henry Hopper remarquable, la caméra semble déplacée par un ange, et la nature elle-même se met à l'unisson d'un film qui fait rire et pleurer d'un même allant.

La mort est partout, mais l'amour aussi, et le film trace sa route délicate et légère comme une plume, entre les deux.

Un chef d'oeuvre triste et joyeux, funèbre et amoureux.

 

4e

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1 article = 1 film

Vous qui visitez régulièrement Christoblog, je vous conseille (mais bon, vous faites ce que voulez, hein) de mettre un lien dans vos favoris vers la communauté Overblog 1 article = 1 film.

 

Si vous cherchez un avis sur un film récent, vous le trouverez probablement sur 1 article = 1 film, qui regroupe au fil de l'eau les billets d'une vingtaine de blogueurs cinéphiles. Et de temps en temps, vous pourrez réviser vos classiques en parcourant la critique d'un film plus ancien...

 

Pour les blogueurs d'Overblog, la communauté vous est évidemment ouverte, à condition de n'y proposer que des articles qui respectent la règle de base : "1 article = 1 avis sur un seul film". C'est facile, vous n'avez qu'à cliquer sur "Rejoindre cette communauté".

 

Les blogs participants :


Le Ciné de Fred

Les films de Fab

Le cinéma de Platinoch

Le ciné de neil

Persistance Rétinienne

Le blog de l'évolution

The Screen Addict

Le blog cinéma de Phil Siné 

The Chippily Show

Le blog de Jul

A Life at the Movies

The Season of Margaux

Un cactus au ciné

En Salles

Laetitia Beranger

Critiques cinéma

Claire dans les salles obscures

Fragments d'âme

Seuil critique(s)

Ptit'ciné, le blog

Le blog du 7e art

Tching's Ciné

Viva el cinema

Cinépolis

Mon humble avis

Goin' to the movies

Deuxième Séance...

Ciné-Fri

 

A bientôt.

 

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La grotte des rêves perdus

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/09/79/19665320.jpgJe voudrais commencer par m'adresser à mes ancêtres d'il y a 32 000 ans qui ont peint les chefs-d'oeuvre que montre le film : la frise des chevaux et le panneau des lions, en particulier. Je voudrais leur dire (et je pense tout spécialement à celui qui a un petit doigt tordu, et qui s'amusait à imprimer une trace de sa main sur un gros rocher) que leur travail m'a absolument sidéré, et que je leur donne un millier d'étoiles : 4e4e...

 

Penser à eux m'emplit d'une sorte de nostalgie liquide, je m'enfonce dans des rêveries qui aboutissent toujours à la même conclusion : nous avons réalisé si peu de progrès depuis trente siècles. Je pense par exemple à un rhinocéros figuré avec plusieurs pattes, en mouvement, comme une préfiguration du cinéma.

 

Bon, enfin, on n'est pas là pour parler préhistoire, mais cinéma. Notre ami Werner Herzog sabote totalement son sujet en hésitant dans son choix de point de vue. Parfois grandiloquent, toujours égocentrique, et dérapant de temps en temps vers le n'importe quoi (il y a des crocodiles albinos de centrales nucléaires), il ne convainc pas du tout. C'est plat, sans intérêt (autre que celui de son sujet) et parfois même pataud.

 

On aurait aimé plus d'apports scientifiques et/ou plus d'émotions partagées. Au lieu de quoi, Herzog nous impose sa vision auto-centrée, à tel point que lui et son équipe figurent sur toutes les photos du film sur internet.

 

En bref, économisez 5 à 7 euros : faites un tour sur le beau site officiel de la grotte Chauvet.

 

1e

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Crazy, Stupid, Love

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/82/68/61/19793413.jpgCe qu'il y a de mieux dans Crazy, Stupid, Love c'est l'affiche.

Elle est vraiment jolie avec ses trois photos, ses trois mots qui lui font écho, et son fond noir. Ensuite bien sûr, il y a Ryan Gosling, l'acteur qui monte, qui monte (et c'est le cas de le dire dans ce film si je peux me permettre !!). Certain(e)s l'apprécieront pour ... humm, disons, enfin vous voyez ... et d'autres, comme moi, pour son jeu très attachant, sa façon de froncer les sourcils en accent circonflexe l'air de ne pas y toucher.

Sinon, le film ne présente pas beaucoup d'autres caractéristiques enthousiasmantes. On peut porter à son crédit ce qu'il n'est pas : pas vulgaire comme la plupart des comédies US actuelles, pas complètement dénué de scénario (les rebondissements de la deuxième partie sont plaisants), pas mal réalisé, n'usant pas de ficelles trop grossières.

Il reste cependant un produit très formaté (beaucoup plus que le précédent opus du tandem Requa / Ficarra, I love you Phillip Morris), dont pas grand-chose ne dépasse et qui se termine par un classique happy-end larmoyant. 

Le point fort du film est sans nul doute son casting, assez convaincant.

Ah oui, il faut dire qu'on ne rit pas, ou si peu, ce qui est étrange pour une comédie sentimentale, qui en réalité est ici beaucoup plus sentimentale que comique.

 

2e

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L'Apollonide, souvenirs de la maison close

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/94/26/19813240.jpgHier au Katorza, à Nantes, Bertrand Bonello était tout de noir vêtu. Il a très bien parlé de son film, pendant près d'une heure, sur un ton à la fois persuasif et humble, répondant avec patience au flot de questions d'une salle sous le charme de son film.

Avant de donner mon avis personnel, quelques anecdotes glanées lors de cette heure d'échange : l'Apollonide est le nom de la maison de son grand-père, le casting a été la partie la plus ardue du film (mélange d'actrices renommées et de non-professionnelles), Bertrand Bonello s'est souvenu d'une vision d'un film qui l'a marqué dans son enfance (L'homme qui rit) pour créer son personnage de la femme qui rit, et le rêve raconté dans le film lui a été donné par une femme de sa connaisance qui l'a vraiment fait. Comme quoi, mieux vaut faire gaffe quand on cause à un réalisateur.

Le film maintenant. Probablement un des plus beaux, des plus complexes, et des plus construits de l'année. Il regorge tellement d'idées de mise en scène différentes et contrastées (split screen, musique soul sur une histoire se déroulant au début du XXème siècle, glissements temporels, bande-son destructurée) qu'il paraît bien difficile qu'un spectateur adhère à toutes. Pour ma part, la fin m'a par exemple déçu (je ne peux en dire plus sans spoiler horriblement).

D'un point de vue cinématographique le film est cependant (et objectivement, vous me connaissez) une merveille. La photographie est splendide, les lumières exceptionnelles. On a plusieurs fois l'impression de voir un tableau vivant. Les mouvements de caméra sont parfois stupéfiants (le panoramique vertical de 360 d°). 

Le choeur des 12 actrices est remarquable et mérite à lui seul qu'on aille voir le film. Jamais, je pense, je n'ai vu au cinéma un groupe aussi homogène d'actrices, en terme de style, comme en terme de qualité de leur performance. Enfin, et c'est là que le film se distingue le plus, il faut attirer l'attention sur le montage, prodigieux. Bonello réussit à jouer avec le temps (à défaut de pouvoir agir sur l'espace, la maison close étant un espace confiné par définition) d'une façon qui emporte l'admiration, en jouant le plus souvent simplement sur une certaine façon d'interrompre brutalement des scènes par ailleurs assez lentes, voire languides. Cet art du montage entraîne le film dans une sorte de spirale ascentionnelle sans fin, qui entre en écho avec les étages de la maison, toujours devinés mais jamais clairement définis.

Il y a beaucoup, beaucoup à dire sur ce film sous d'autres angles encore, politique, féministe, érotique (mais comment peut-il l'être si peu ?), mais je vais m'arrêter là pour laisser à d'autres le plaisir de compléter mon approche.

Un film puissant, à ne pas mettre entre toutes les mains, mais qui laisse une impression de poésie et de mélancolie durable.

 

4e                                       

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Habemus papam

Moretti bénéficierait-il du traitement de faveur spécial auteur qui profite habituellement à Clint Eastwood et, dans une moindre mesure, à Woody Allen ? On peut se le demander en lisant les Cahiers du Cinéma, puis en voyant le film, qui ne vaut pas tripette.

Enlevons Moretti de l'affiche et remplaçons-le en tant qu'acteur dans son film. Que reste-t-il ? Une fable qui effleure trois sujets sans vraiment en creuser aucun : la dépression et la psychanalyse, les responsabilités et la fuite, et le théâtre.

Prenons la dépression. Piccoli n'est pas mal, mais son personnage est un peu falot. D'où vient-il ? De quel pays est-il ? Quel est son passé ? On ne le saura pas, et bien sûr, c'est voulu. Mais je trouve que du coup l'intérêt qu'on peut porter au personnage s'en trouve amoindri, il devient schématique, éthéré. Ses errances dans la ville sont mal filmées, présentent peu d'intérêt (la scène du grand magasin). Ses sautes d'humeur semblent aléatoires, et globalement nous ennuient.

Les responsabilités maintenant : le film pourrait parler d'un président de la république ou d'un chef d'entreprise, cela ne changerait pas grand-chose à son propos. C'est presque rageant de voir un aussi beau sujet que le Vatican si peu exploité. Quid de Dieu, de la foi ? Rien. La plupart des scènes pourraient être les mêmes si le personnage principal était chanteur d'un groupe de rock.

Quant au théâtre, la vision qu'en donne Moretti est étrangement superficielle et même surranée : qui monterait Tchekhov comme ceci aujourd'hui ?

Tout cela ne fait pas un film, mais un assemblage de scénettes un peu inutiles, parfois ridicules, et souvent factices. Moretti réalisateur laisse faire son numéro à Moretti acteur, qui - comme Allen - est très bon dans son propre rôle : mais est-ce suffisant ? Les scènes iconoclastes se succèdent comme des vignettes amusantes, sans que l'on comprenne bien ce que veut dire le film (la partie de volley est amusante, and so what ?). Montrer un conclave comme une réunion de petits vieux séniles est un étrange a priori : il y règne dans la réalité une ambiance probablement plus proche de celle d'A la maison blanche ou des Borgia !

Par un retournement de perspectives dont ils sont coutumiers, certains critiques encensent le vide, la catastrophe en creux, le tranquille effondrement que montrerait le film, en étant lui-même vide et creux.

C'est avec ce genre de lunettes que le film le plus ennuyeux du monde devient le plus profond.

 

1e

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Au revoir

Après l'excellent Une séparation, l'Iran continue de nous prouver qu'il est une grande terre de cinéma.

Au revoir fut l'invité de dernière minute du dernier festival de Cannes.  Le projecteur s'est braqué dans un premier temps sur lui parce qu'il a été tourné dans la semi-clandestinité, mais les spectateurs et les critiques l'ont rapidement apprécié simplement pour ce qu'il est. Il a décroché le prix de la mise en scène dans la section Un certain regard.

Le synopsis du film est simple : une femme enceinte, avocate déchue, vit seule car son mari journaliste vit dans la clandestinité. Elle cherche à quitter le pays : y parviendra-t-elle ?

Avec une économie de moyen extrême, le réalisateur Mohammad Rasoulof parvient à réaliser une oeuvre d'une beauté plastique à couper le souffle. Pas un plan qui ne soit remarquable de ce point de vue. La photographie est superbe et magnifie l'actrice principale, dont le visage évoque irrésistiblement celui d'une Madonne.

Privé d'effets spéciaux, le film tire parti du moindre objet, de la moindre circonstance, pour inventer de la mise en scène : une seringue, une couverture, un pan de mur, des portes qui s'ouvrent ou se ferment, une tortue, un ascenseur, un miroir... L'intelligence créatrice qui irrigue le cinéma de Farhadi, le réalisateur d'Une séparation, semble ici de la même nature : sensuelle et sensitive. La bande-son est absolument remarquable.

Le film montre (ou plutôt fait ressentir) parfaitement l'oppression au quotidien, les pots de vin, les difficultés financières. Il le fait avec une justesse de ton remarquable. Le rythme n'est pas très enlevé, ce qui ne gâte pas le film, mais le rend un peu moins facile d'accès que les tourbillons intellectuels de Farhadi.

Je vous conseille vivement ce film.

 

3e

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La guerre est déclarée vs Melancholia : Donzelli terrasse LVT

 

Christoblog a déjà organisé des matchs épiques qui ont donné lieu à de belles empoignades :

The ghost writer a ainsi écrabouillé Shutter Island 18 à 13

alors que Les amours imaginaires ont battu d'une courte tête Kaboom 12 à 10

 

Sur le ring cette fois ci ...

Melancholia La guerre est déclarée

Fin du monde

Réalisateur 55 ans

Beauté formelle

Wagner

Mélancholie

Compétition officielle Cannes 2011

1 enfant

Fin du monde

Réalisatrice 38 ans

Bric et broc

Peter Von Poehl

Fureur de vivre

Quinzaine des réalisateurs Cannes 2011

1 enfant

 

... et large victoire de La guerre est déclarée après une brève période de coude à coude.

 

Merci à tous pour votre participation et à bientôt pour une nouvelle confrontation.

 

 

Melancholia : 8

pierreAfeu, heavenlycreature, Christophe, Bob Morane, Jujulcactus, ptiterigolotte, Neil, Robin

 

La guerre est déclarée : 16

Chris, ffred, Gabriel, Fab, Georges, Marcozeblog, Squizzz, FX SAUVAGE, Claire, mat, Tching, Wilyrah, Keira3, Rossard, Gagor, fredastair

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Présumé coupable

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/33/56/19764750.jpgPrésumé coupable cumule tous les défauts qu'on peut lui prêter sans l'avoir vu.

 

Commençons par Philippe Torreton. Il (sur)joue exactement comme on peut le craindre. Regards significatifs et appuyés, yeux perdus au loin, amaigrissement forcé. C'est de l'actors studio version Charleville Mézières. Il faut dire que le scénario ne l'aide pas, en lui faisant dire par exemple au bout de 10 minutes de film "Vous faites une erreur judiciare monumentale", comme s'il était doté d'un don de double vue.

 

Son personnage, l'huissier de justice injustement accusé dans l'affaire d'Outreau, Alain Marécaux, est donc dessiné à grands coups de pinceaux. Mais que dire de tous les méchants qui l'entourent, et qui sont si caricaturaux qu'on finit par (presque) douter de l'objectivité du film ?

 

La mise en scène est d'une platitude insensée, ne présentant aucun intérêt et enfilant en toute sérénité les poncifs formels comme des perles. Un exemple ? Quand le personnage se réveille d'un coma, l'écran est trouble. Ben oui, je sais, ça paraît bête, mais c'est comme ça. Le personnage sort au soleil, l'écran devient presque blanc. Le personnage part à la campagne, la maison est super fleurie, etc...

 

Le film n'a aucune espèce de distance par rapport à son sujet, il ne choisit aucun angle particulier, il ne suscite aucune empathie. C'est de la télé façon Dossiers de l'écran revu par un Inspecteur Derrick sous Prozac.

 

Le fond de l'affaire est certes édifiant, mais vous êtes ici pour discuter cinéma, pas faits divers ou état de la justice. Quoique, quand même, dans n'importe quelle profession, un mec qui fait autant de conneries que Burgaud est immédiatement viré, non ?

 

Sur un sujet identique, Omar m'a tué évitait a peu près tous les écueils que Présumé coupable nous propose en écran large. A éviter, sauf si vous avez 102 minutes à perdre.

 

1e

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La fée

J'ai vu La fée début juillet dans le cadre du festival Paris Cinéma et le film m'avait plu. Deux mois après je dois bien admettre que l'impression qu'il m'a laissée est bien moindre que d'autres films vus durant ces 4 jours de folie.

Abordons donc cette fantaisie havresque pour ce qu'elle est : un bonbon coloré et sucré, une fantaisie chorégraphique malicieuse, sans importance ni conséquence, poétique par éclair et burlesque par devoir.

Le fait est qu'on y rit. Et dès le début, avec cet anglais et son chien qui pour le coup constitue un running gag au sens propre comme au sens figuré. On est également intrigué par les danses athlétiques et dégingandées du couple principal.

Les mânes de Tati et de Kaurismaki seront bien sûr évoquées par les critiques sans que le rapport avec ces deux cinéastes ne soit autre que superficiel à mon sens.

Les plus profonds d'entre les blogueurs distingueront j'en suis sûr des traces de tendresse, voire même des nuances de mélancolie (l'incommunicabilité, vous voyez, ce genre de truc). Les plus curieux noteront la variété des procédés comiques : détournements d'objets (gants Mapa, pillules), effets couperets (bébé qui vole, chien éjecté, homme qui tombe), gags visuels (manteau à l'hôpital), comique de répétition, décalage (équipe de rugby), ellipse géante (prison), situations absurdes (ascenseur)...

En relisant mes notes (outre le fait que je n'arrive pas à me relire, ce qui est profondément énervant) je me rends compte qu'une question m'avait taraudé à la sortie du film (je l'avais noté en haut de ma page) : vraie fée ou pas ? Vous allez me dire que ça n'a qu'une importance relative et vous aurez raison.

A voir par curiosité, et pour se détendre un peu.

 

2e

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Bienvenue à Cedar Rapids

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/82/78/73/19744042.JPGJ'aime bien de temps en temps parler d'un film nul, que personne n'a vu et sur lequel j'essaye d'avoir 0 commentaire. Vais-je y arriver ?

 

Il faut être dans un avion à 9000 mètres au-dessus du sol pour se laisser tenter par une comédie de Miguel Arteta ("c'est qui celui là ?", me demandez vous l'esprit embrumé, je vous réponds :  "Il a fait Be Bad, le bien nommé", vous : "Ah ouais").

 

Les acteurs me sont inconnus, ou presque. Ed Helms joue exactement dans le même ton que Steve Carell dans 40 ans, toujours puceau, en beaucoup moins convaincant. Comme je le disais dans ma critique récente de Mes meilleures amies, toute comédie américaine doit être grossière, le film possède donc son gros cradingue qui va débiter (si je puis dire) son lot de grossièretés machistes et pipi-caca. Il s'agit de JC Reilly, qui d'après mes sources jouerait dans We need to talk about Kevin, on verra ça. Anne Heche joue le rôle féminin, et franchement, cela n'a aucune importance, vous ne la connaissez pas, moi non plus, et vous avez autre chose à faire qu'à lire cet article, par exemple vous pourriez aller vous faire un thé ou prendre une glace au caramel au beurre salé.

 

Tout ce beau monde vit des péripéties affligeantes lors d'une réunion de représentants de commerce dans un motel minable. C'est glauque en essayant de faire glauque, mais au final ça l'est plus que nécessaire. Les enjeux sont d'une bêtise à pleurer et les rebondissements vous donnent envie de sauter par la fenêtre en criant : stop, ce que vous hésitez à faire, à 9000 mètres.

 

Il vaut mieux que j'arrête, je vais devenir méchant, je le sens.

 

1e

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This must be the place

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/94/10/19744482.jpgIl m'arrive (rarement) d'aller voir certains films à reculons, et d'en sortir convaincu.

C'est ce qui s'est passé pour le dernier film de Paolo Sorrentino.

Au départ, il y a l'accueil glacial du festival de Cannes en compétition officielle. Puis un bouche à oreille plutôt flippant, des critiques très mitigées, et enfin une bande annonce qui conforte tous les a priori négatifs que le film peut susciter : il sera lent, poseur, artificiel.

Le début du film conforte d'ailleurs ces présupposés. Sean Penn, doté d'un maquillage outrancier et d'une élocution incroyablement composée, nous paralyse. Il faut s'habituer à son jeu comme il faut que les yeux s'accoutument lors d'un changement de focale : c'est inconfortable, voire douloureux. Et puis, on ne comprend pas grand-chose à ce qu'on voit. Il y a une star de rock, dotée d'une femme et de copains plutôt normaux alors que lui ne l'est pas, des adolescents morts, et un père juif qui meurt.

Puis, petit à petit, le film commence à construire sa charpente. La personnalité de Cheyenne, ex rock star, se révèle progressivement sous nos yeux. Une sorte de road movie improbable se développe, finalement beaucoup plus complexe et cohérent que le début ne le laisse présager.

Pour aider le film à décoller, la mise en scène de Sorrentino n'hésite pas sur les moyens. C'est du lourd en matière de mouvements de caméra alambiqué, de photos de magazine de voyage et de plans saugrenus. Mais cela fonctionne. Il me faut admettre que certaines scènes frôlent même la perfection : le concert de David Byrne, la visite à la vieille dame, la chanson avec le petit garçon ou les scènes dans la caravane.

Cela me donne envie de rechercher dans ma pile de DVD Il divo, le précédent film de Sorrentino. Et de lire son roman, qu'on dit très bon, Ils ont tous raison. Bon, il faut savoir reconnaître qu'on a failli se tromper.

Ecouter la chanson originale de Talking Heads : This must be the place, qui donne son titre au film.

Ecouter la reprise d'Arcade Fire, dont il est question dans le film.

 

3e

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Mes meilleures amies

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/84/60/06/19749280.jpgMes meilleures amies est très représentatif des comédies américaines actuelles.

 

Kristen Wiig joue avec force mimique un personnage de ratée intégrale, Annie, malheureuse en amour (elle est le jouet d'un immonde beau gosse, qui n'est autre que le si distingué Don Draper de Mad Men). Dans sa vie, tout va mal (collocataires débiles, job inintéressant, mère déjantée), mais heureusement, elle a une amie : Lillian. Et cette dernière, big news, va se marier. 

 

Entre alors en scène une rivale redoutable, Helen, qui réussit tout ce qu'elle entreprend et va progressivement piquer à Annie sa copine, en même temps que l'organisation du mariage de cette dernière. Le film se complait alors à cumuler avec une certain talent les situations de plus en plus avilissantes pour Annie, qui franchit progressivement toutes les étapes de la déchéance.

 

C'est assez enlevé, peu original, souvent cruel. Au final Annie retrouve sa copine, dégotte un mec et Helen se révèle ridicule et esseulée.

 

Le film est intéressant en ce qu'il montre l'imprégnation de plus en plus importante des séries dans le cinéma américain. Hormis le cas cité plus haut, le rôle d'Helen est tenu par Rose Byrne, très remarquée dans Damages, et on pense très souvent à Sex and the city, voire à Desperate housewives. Il est également frappant de constater que la vulgarité brute des Farrelly/Apatow est devenue une sorte de standard dans les comédies US. Ainsi avons-nous droit au maintenant traditionnelles diarrhées, vomissements, et autres sécrétions. Originalité de ce film, une allusion à une séance d'épilation de l'anus.

 

Le film est assez agréable à regarder, car servi par une galerie de personnages bien dessinés. Paul Feig (un réalisateur de séries - encore ! - Nurse Jackie, The Office) s'en tire plutôt bien. A voir si vous n'avez rien d'autre à faire.

 

2e

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