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Christoblog

Fantastic Mr. Fox

Twentieth Century Fox FranceWes Anderson revient en force après un début de carrière tonitruant pour signer un film d'animation old school, où tous les personnages sont des figurines réelles évoluant dans des décors miniatures.

L'histoire, tirée d'un ouvrage du génial Roald Dahl, nous conte l'histoire d'un renard qui veut s'élever socialement (et s'élever tout court car il s'agit pour cela de transférer sa tanière en surface, comme les humains), mais qui ne sait résister à ses tentations de voleur de poules invétéré (atavisme, quand tu nous tiens !). Ce qui va provoquer une guerre ouverte contre trois affreux fermier.

Sur ce schéma se greffe des intrigues parallèles développant des thématiques chères à Wes Anderson et qu'on retrouve dans ses autres films. La famille tout d'abord (comme dans La famille Tannenbaum), et en particulier la relation père fils (comme dans La vie aquatique), les relations jalousie / amour entre frères ou cousins (comme dans A bord du Darjeeling).

Plus profondément c'est la nature profonde de chaque individu que questionne inlassablement le cinéma d'Anderson : pouvons-nous et devons-nous  résister à nos pulsions ? comment chacun va t'il trouver sa place dans la société ? comment montrer notre amour ? qu'est ce que le courage ? comment vivre sa vie sans regrets ni remords ? et même, comment vaincre ses phobies ?

Rarement animaux auront paru si ... humains.

Au-delà du fond, passionnant, on retrouve dans ce film le savoir faire extrêmement efficace d'Anderson pour l'auto-dérision, la réplique cinglante ("s'il se passe ce que je crois qu'il est en train de se passer, cela va mal se passer" dit tendrement et fermement la renarde à son délinquant de mari, Meryl Streep à Georges Clooney en VO, Isabelle Huppert à Mathieu Almaric en VF), et la poésie subtilement décalée (la merveilleuse rencontre avec le loup). Ce jeu visuel avec des cases vus de "profil" dans lesquelles évoluent les personnages, déjà vu dans les autres films d'Anderson, s'applique particulièrement bien aux aventures souterraines de nos héros.

Tous les personnages sont peaufinés et possèdent une personnalité propre, les décors sont superbes et même parfois sublimes dans leur poésie, je pense à l'arbre en particulier ou à la conversation entre Mr Fox et sa femme sur fond de chute d'eau, et la réalisation est parfaite, toute en invention et en rythme.

On éprouve un plaisir fou à la vision de Fantastic Mr. Fox, et je vous assure que vous n'avez pas besoin d'être un enfant pour cela.

 

4e

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Sur écoute / The wire (Saison 2)

Amy Ryan. Home Box Office (HBO)Fabuleux.

Après la vision de la saison 2 de Sur Ecoute, comment retenir son enthousiasme ? Impossible, tellement cette série nous fait sentir intelligent (un exploit en ce qui me concerne !). Rien n'y est évident, rien ne semble écrit d'avance, aucune facilité ne vient ternir la satisfaction ressentie à chaque épisode.

La saison 1 nous avait entraîné dans les tours de Baltimore Ouest, avec les dealers blacks de la bande d'Avon Barksdale.

La saison 2 nous projette sans ménagement dans un autre univers : celui des dockers polonais du port de Baltimore. Du trafic de drogue on passe au trafic de prostituées russes. Et des malfrats blacks à des parrains grecs. Mais la qualité est toujours la même, et quand très progressivement, les personnages principaux de la saison 1 reviennent en scène, la série prend une dimension digne des plus grands romans, ou des plus grands films. L'impression est d'assister à une sorte de symphonie dans laquelle chacun (flic, juge, procureur, syndicaliste, victime, dealer, prisonnier, avocat) joue sa partition.

La vie privée de chacun est exposée avec pudeur, profondeur, intensité. Il y a des morts, des trahisons, des coup de théâtres, des résolutions.

The Wire, c'est le grand théâtre de la vie à l'échelle d'une ville entière. Un chef d'oeuvre.

Saison 1

 

4e

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Gainsbourg (vie héroïque)

Eric Elmosnino. Universal Pictures International France J'ai longtemps hésité à aller voir ce film.
J'avais un mauvais pressentiment. Et j'avais raison.

Cela m'attriste d'autant plus que j'aime Sfar et que la vie de Gainsbourg est passionnante.

Mais le film est raté, trop long, bancal, lourd, démonstratif. Il sonne faux. Les personnages de femmes sont particulièrement caricaturaux, sauf peut-être celui de Birkin. Quand Sfar décide d'utiliser le surligneur il n'y va pas de main morte. Un seul exemple : France Gall est déjà attifée d'une façon assez ridicule, ce n'était pas la peine de mettre au mur un tableau de nymphette genre Balthus.

Les dialogues semblent annonés par les acteurs, surtout dans la première partie (ratée) se déroulant sous l'occupation. La mise en scène est quelconque ou tape à l'oeil.

La fin est particulièrement calamiteuse : les passages en tête de chou, les derniers plans, voire le carton de fin dans lequel Sfar semble s'excuser.
C'est la première fois que je vois un réalisateur se justifier de ses partis pris dans le générique de fin ?!

Le double est un des points faibles du film. En dédoublant son personnage principal, Sfar semble esquiver la difficulté posée par les personnalités de Gainsbourg, et le double soustrait de l'émotion au film plutôt qu'il n'en ajoute.

Conclusion : pourquoi un bon auteur de BD ferait il un meilleur cinéaste qu'un bon fleuriste, ou un bon boucher ?

 

1e



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Chant des mers du sud

Arizona FilmsJ'adore aller voir des films malais ou kirghizes, parce que généralement, personne ne conteste mes opinions. D'ailleurs je parie que ce billet ne va pas attirer beaucoup de commentaires....

Alors voilà : une femme russe, perdue à la frontière de l'Empire, quelque part en Asie Centrale, accouche d'un enfant noiraud. Son mari, parfaitement blond, la suspecte d'avoir eu une relation avec le voisin, Assan. 15 ans après, le fils a grandi et il préfère aller avec les éleveurs de chevaux nomades qu'à l'école, confirmant les soupçons de son père.

Le film commence très bien, avec un montage sec et rapide (la lenteur comme posture esthétique - ou comme conséquence de manque de moyens - est souvent le problème des films du sud), un scénario intrigant, des personnages attachants et une mise en scène précise et fluide. Au milieu du film, Marat Saralu semble perdre inexplicablement le fil de son histoire, s'égarant dans un flash back improbable. Les personnages de dissolvent dans la nature immense en même temps que le film lui-même. On commence à s'ennuyer. Les paysages restent certes magnifiques mais on regrette un peu l'énergie débordante du début.

Le film est tout de même intéressant, c'est la première fois que je vois le sujet des Russes du far east traité au cinéma et la confrontation âme slave / esprit mongol fait des étincelles.

Le cinéma des steppes sur Christoblog, c'est aussi Tulpan. Et puis si vous aimez cette région jetez un oeil aux quelques photos de mon voyage en Ouzbékistan.

 

2e

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Locataires

Pretty Pictures Locataires est un film contemplatif. Autant être prévenu : mieux vaut ne pas y entrer après une dure journée de travail, sous peine de s'endormir. Le héros ne doit pas prononcer un mot de tout le film, d'ailleurs est ce vraiment un homme, ou un fantôme ?

Il erre dans les rues et s'introduit dans les maisons des autres (sans rien y voler) pour y vivre : il se lave, se restaure, effectue de menues tâches ménagères (la lessive, toujours à la main, la réparation d'appareils divers), joue au golf, puis s'en va.

Un jour, il rencontre une femme battue par son mari..

Le film étonne par sa capacité à évoluer de la chronique d'un fait divers vers une sorte de surnaturel - mais pas vraiment- avec une légèreté qui n'est pas si courante dans le cinéma coréen. La mise en scène est impressionnante de maîtrise et réussit à faire de ce film un objet qui ne ressemble à rien de connu, de moi en tout cas.

Une chronique tendre et décalée, qui tisse ensemble espoir et silence.

 

2e

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Anvil !

Zootrope FilmsExcellent.

Que vous soyez fan de heavy metal ou pas (ce qui est mon cas), je vous recommande chaudement ce documentaire. Anvil est un groupe qui eut un bref moment de gloire dans les années 80, puis connut une longue, longue période de galère et d'oubli.

Le film nous emmène à la découverte des deux piliers du groupe : Lips, sorte de grand enfant dont les capacités d'émerveillement et d'espoir paraissent inépuisables, et Robb, plus secret, plus taciturne. Les deux sont soudés depuis leur plus tendre enfance (si on peut dire, pour une enfance dont Black Sabbath était la bande son).

Nos deux tendres durs sont filmés dans leur vie quotidienne, leur famille et on suit aussi évidemment la vie du groupe. Les aventures d'Anvil sont aussi drôles que pitoyables : une tournée catastrophique en Europe (concert exceptionnellement raté au fin fond de la Roumanie : Transylvania Monsters !), un enregistrement homérique à Douvre, une tournée des maisons de disque désespérante...

On est fascinés, tant par l'énergie du tandem, que par leur superbe lucidité. Certains moments sont ubuesques, je pense au concert à Prague, au mariage, ou à la désopilante expérience de Lips dans un centre d'appel vendant des lunettes de soleil.

C'est frais, c'est enthousiasmant, c'est court. C'est à voir si ça passe près de chez vous.

 

3e

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I love you Phillip Morris

EuropaCorp DistributionI love you Phillip Morris (rien à voir avec les cigarettes) raconte une histoire vraie.

 

Celle de Steven Russel, arnaqueur gay de haute volée, qui tombe follement amoureux de son co-détenu.


Le film hésite perpétuellement entre deux styles : le film d'arnaques / usurpations d'identité (à la Catch me if you can) et la comédie romantique gay.

Après un démarrage bien rythmé, cette hésitation nuit au déroulement de l'histoire qui s'embourbe en milieu de film, avant de rebondir à la fin par une sublime ultime arnaque qui permet de finir sur une bonne impression.

 

Un des points forts du film est la prestation étonnante des deux acteurs. Carrey est égal à lui-même, un peu moins démonstratif que d'habitude, tout à fait crédible dans son rôle. Ewan McGregor est surprenant, jouant brillamment un gay fragile et bonne poire.

Le film ne fait qu'effleurer les troubles de la personnalité de Steven Russel (qui est-il vraiment ?) et c'est un peu dommage, car sous le vernis de la comédie facile, on perçoit fugitivement un océan de ténèbres. 


3e

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Hellboy (I et II)

Doug Jones. Gaumont Columbia Tristar FilmsGuillermo Del Toro est un cinéaste visionnaire.


Les deux Hellboy le démontrent, ainsi que le magnifique Labyrinthe de Pan.

En effet, ce ne sont pas les scénarios qui font l'intérêt de ces deux opus réalisés à 5 ans d'intervalle, même si la patte de l'auteur américain de comics Mike Mignola rend l'intrigue ... mythologiquement consistante.

L'intérêt des deux films est ailleurs.

D'abord les inventions visuelles, notamment en ce qui concerne les décors et surtout les monstres, sont magnifiques, à la fois originales et poétiques, inquiétantes et séduisantes. Dans ce domaine Hellboy II : The golden army, sorti en 2008 est éblouissant.


Les mini-monstres qui ouvrent ce deuxième épisode, le marché des trolls sous le pont de Brooklyn, l'immense monstre vert en forme de fleur, la "Pythie aux cent yeux" dans sa grotte sont autant de morceaux de bravoure étourdissants.

 

Ensuite, le deuxième degré ironique et léger qui court dans les deux films est délicieux. La figure de Hellboy, grand enfant et terreur à la Bud Spencer, amoureux jaloux et fugueur invétéré, est particulièrement réussi. Son désir de reconnaissance est très touchant. Les autres comparses sont formidables, en particulier l'inénarrable homme-poisson Abe.

 

Au final, en regardant les deux films en deux soirées, on retrouve un plaisir pop corn et grand spectacle intelligent qui devient rare.

 

Noir, beau, drôle, poétique.

 

3e



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Le décalogue (6 à 10)

6 : Tu ne seras point luxurieux

Evidemment on pense à Fenêtre sur cour. Et la référence à Hitchcock n'est pas si bête, car comme le grand Alfred, Kieslowski est expert en dissection de sentiments. Ici un jeune garçon observe la vie sexuelle débridée d'une jeune adulte et tombe amoureux d'elle. Il se rencontrent. Que va t'il se passer ? D6 explore la frontière entre l'amour et le sexe, le désir de vivre et la pulsion de mort. La virtuosité de Kieslowski rend une fois de plus les personnages de cette histoire inoubliables. L'opus est sorti au cinéma sous le titre (trompeur) de Brève Histoire d'Amour.

7 : Tu ne voleras pas

C'est l'opus qui m'a le moins convaincu. Une mère qui a eu un enfant très jeune a grandi auprès de sa propre fille, à qui on a menti durant toute son enfance en lui disant que sa mère était sa grand-mère. La grand-mère a donc "volé" la fille de sa fille, mais celle dernière va reprendre son bien. L'intrigue est plus simpliste que d'habitude et la virée à la campagne que propose cet épisode est un peu décalée. Mais la grand-mère qui n'éprouve aucun scrupule à déposséder sa fille restera comme un des personnage les plus noirs de tout le cycle.

8 : Tu ne mentiras pas

Très beau. Une conférencière rencontre sa traductrice américaine, qui s'avère être une petite fille juive qu'elle a croisé au moment de la guerre. Elle aurait pu la sauver, mais elle ne l'a pas fait : pourquoi ? D8 rappelle un peu D1 par sa complexité et sa variété : l'épisode où la vieille femme erre dans la cour d'immeuble puis les appartements squattés est kafkaïen, il y a plein de détails bizarres, comme ce tableau qui ne tient jamais droit. Et un moment vertigineux où un élève soumet à sa classe, comme "exercice philosophique", le dilemme constituant la trame de D2.

9 : Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin

D9 commence par un coup de tonnerre, par la grâce d'un montage saccadé : un homme apprend qu'il restera pour toujours impuissant. Il a une femme jeune et séduisante. Il lui conseille de prendre un amant. A-t-on le droit d'être jaloux, quand on est impuissant ? Les premières minutes sont un concentré de mise en scène kieslowskienne : jeux de reflets, de transparence, jeux de focales, de lumières, travellings latéraux... D9 se présente ensuite comme un épisode particulièrement dense psychologiquement, un peu sur le mode de D2. On y vit un des moments les plus troublants de tout le cycle avec un regard caméra particulièrement saisissant, qui démasque à la fois le mari et le spectateur voyeur.

10 : Tu ne convoiteras pas les biens d'autrui

Le Décalogue se termine en beauté avec un épisode très fort, porté par deux acteurs excellents, dont le futur acteur de Trois couleurs : blanc, Jerzy Stuhr. Deux frères héritent de leur père (entraperçu dans D8) une collection de timbres qui vaut une fortune. Dans la collection figure une série de deux timbres autrichiens très célèbres, dans laquelle manque le rose. Il n'existe qu'un exemplaire de ce timbre mythique dans toute la Pologne et son propriétaire l'échange contre .... un rein. Péripéties, changements de ton inhabituels, D10 est un des moments forts du Décalogue.

L'ange

Dans chaque épisode, sauf D10, apparaît un homme blond, souvent dans les moments les plus importants, quand les personnages sont confrontés à des moments décisifs. Il est assez facile à détecter, sauf dans D7 ou il apparaît au loin, sur le quai de gare, au moment où l'héroïne prend le train. Par rapport à ce qui figure dans les bonus, je crois l'avoir vu à un autre endroit : en peintre, dans la prison de D5.
Ouaip, c'est un jeu.
Il y en a un autre : repérer dans chaque épisode les personnages des autres épisodes. Dans les derniers, il est facile de reconnaître les personnages des premiers, dans l'autre sens, c'est plus dur.... à moins de re-regarder le Décalogue à l'envers.

Décalogue 1 à 5

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Mother

Kim Hye-Ja. Diaphana FilmsBong Joon-Ho s'impose de film en film comme un des cinéastes les plus prometteurs du cinéma mondial.

Mother en impose par sa maîtrise dans tous les domaines : une scène d'ouverture mémorable, un scénario millimétré, une mise en scène discrète mais puissante et une direction d'acteurs époustouflante.

Le sujet est le suivant : un simple d'esprit est accusé d'avoir assassiné une écolière. Une balle de golf découvert près du cadavre l'accuse. C'est donc une sorte de version en mode mineur du premier film de Bong, Memories of Murder, qui présentait l'enquête menée contre un tueur en série de jeunes filles, dans un coin de campagne coréenne.

Sa mère va le défendre, se battre comme une chienne, en menant une enquête parallèle, et l'intrigue va connaître pas mal de rebondissements. Jusqu'où une mère qui aime peut-elle aller pour sauver son fils ? Le film au-delà de sa parfaite maîtrise formelle, réussit comme d'habitude dans le cinéma coréen à juxtaposer les genres (comédie, film à énigme, film gore, polar, drame) avec brio.

Une certaine ambiguité malsaine est présente tout au long du film, liée aux relations psychologiques compliquées entre la mère et son fils.

Je ne sais pourquoi, mais j'ai souvent pensé à Almodovar, durant le film, peut-être à cause de la manipulation du spectateur, de l'excellence de la bande son, ou des traits psychologiques déviants. A voir, même si on a un peu de mal à entrer dans le film au début, pour une deuxième partie absolument brillante.

Bong Joon-Ho sur Christoblog, c'est aussi The host.


3e

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Lebanon

CTV International L'originalité de Lebanon tient avant tout à son point de vue inédit : l'intégralité du film (sauf les 10 dernières secondes) est tournée à l'intérieur d'un tank.

Ce parti pris donne une tonalité évidemment particulière aux évènements qui arrivent à l'extérieur : ceux-ci paraissent lointains, et même s'ils sont affreux, ils semblent en grande partie irréels, vus à travers un viseur qui fait penser à un moniteur vidéo.


Claustrophobes s'abstenir, donc, car l'intérieur d'un tank n'est pas très aéré, surtout pour y faire tenir 4 personnes, voire plus…

Sinon, les péripéties s'enchaînent classiquement dans un film qui traite de la guerre : des innocents meurent, des officiers sont incompétents, des sadiques y trouvent leur compte, le commandement est parfois totalement aveugle, les soldats pensent à leur mère, certains ont peur, d'autres vont mourir, etc.

Parfois un élément traverse la membrane qui sépare le tank du monde extérieur et agite le microcosme interne de nos 4 protagonistes : une roquette, un officier, un prisonnier, un cadavre.
Au final, la guerre est montrée pour ce qu'elle est : confuse, injuste, sanglante.

Lebanon n'est pas révolutionnaire, mais il marque probablement une date dans le cinéma israélien, et se laisse regarder sans ennui.

 

2e

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Le décalogue (1 à 5)

Petits moyens, grande ambition.

Tourné pour la télévision polonaise en 1988, le Décalogue est l'oeuvre creuset de Kieslowski. Son épicentre en est l'âme humaine : que veut-elle, que peut-elle, que vaut-elle ?
Très peu vu par les cinéphiles, le Décalogue est pourtant une oeuvre majeure du cinéma mondial.

1 : Un seul Dieu tu honoreras

Magnifique premier opus. Un petit garçon est élevé par son père (qui ne croit pas en Dieu mais dans les mathématiques) et sa tante (qui elle croit en Dieu). Celle qui y croyait, celui qui n'y croyait pas... Le petit acteur est extraordinaire et le lien avec son père est très fort. L'émotion est incroyable dans les 20 dernières minutes et tout l'art de Kieslowski éclate dès ce premier film : mélange parfait de sensualité et d'intelligence, symbiose de la mise en scène et du scénario. Les enseignements moraux sont inexistants, il n'est pas dans l'intention du réalisateur de démontrer ou d'illustrer le commandement en question. Reste un belle histoire émaillée d'évènement troublants, voire surnaturels (l'ordinateur, le personnage au bord du lac, la mort du chien), en contraste complet avec une Varsovie plus grise que grise.

2 : Tu ne commettras point de parjure

Une femme. Son mari est gravement malade. Elle est enceinte, mais pas de lui. Doit elle avorter ? Sa mort éventuelle change-t-elle sa décision ? Quelle responsabilité porte le médecin qui suit le mari ? Dans cette deuxième livraison, un peu moins intense que la première, Kieslowski réussit toutefois une fois de plus à nous captiver dans un premier temps par les visages, les voix, les cadres, puis à partir de la demi-heure environ par le scénario, et enfin par la chute. Comme si un puzzle savant se mettait progressivement en place sous nos yeux.

3 : Tu respecteras le jour du seigneur

Pour cet opus, Kieslowski s'éloigne résolument du commandement en question, il faut dire assez spécifique. Le jour du seigneur, c'est la nuit de Noel. Je ne dirai rien de l'intrigue cette fois : comme dans D2 il faudra attendre la toute fin pour tout comprendre. Ce qui est intéressant, c'est la violence des sentiments et des images, qui tranche avec les deux premiers volets. Ici on montre un cadavre (dans D1, l'ellipse était totale - et admirable), on joue avec sa vie, on ment effrontément. On croise dans les premières secondes le principal personnage de D1 : comme chez Balzac, les personnages vont et viennent dans un grand tableau d'ensemble, il s'agit d'illustrer la vaste comédie humaine. Et toujours cette mise en scène et cette direction d'acteurs virtuose.

4 : Tu honoreras ton père et ta mère

Cet épisode est assez différent des 3 premiers. Son intrigue semble au départ plus claire que les autre, en réalité elle possède des doubles fonds, évidemment. On aperçoit dans l'ascenseur au début le médecin de D2 si je ne me trompe pas. L'énigme de ce qu'on contient la lettre nous tient en haleine jusqu'à la fin, même si la chute m'a paru un peu décevante.

5 : Tu ne tueras pas

Pour moi le chef-d'oeuvre du Décalogue, et un chef-d'oeuvre tout court du cinéma mondial. Des personnages dessinés avec une maestria fantastique, des scènes d'assassinat montrée d'une façon insoutenable, une image travaillée à l'extrême avec cet effet jaunâtre et obscurci sur les bords, un montage aux lignes temporelles entrecroisées, tout est superbe dans ce film. Le plus puissant réquisitoire contre la peine de mort qui existe et un des plus beaux moments de cinéma jamais vu. Une version long métrage de cet opus est sortie au cinéma.

 

... la suite Décalogue 6-10


 

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