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Christoblog

Alabama Monroe

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/95/39/32/20462992.jpgLa frontière qui sépare le somptueux mélo et le drame larmoyant de mauvais goût n'est pas bien épaisse, et le nouveau film du cinéaste belge flamand Felix van Groeningen menace de basculer en permanence d'un côté ou de l'autre.

Lui est musicien (dans un groupe de country bluegrass). Elle travaille dans une échoppe de tatouage. De leur amour nait une petite fille, qui tombe malade.

La trame du film est éminemment casse-gueule et pendant toute sa première partie il ne tient guère la route que par la grâce des deux acteurs/trices principaux, qui sont vraiment formidables, et par la virtuosité d'une mise en scène redoutablement efficace. Lorsque commence la deuxième heure du film, le ton change notablement et Alabama Monroe passe alors dans une sphère supérieure. La direction d'acteur, le montage et la mise en scène continuent d'être exceptionnelles mais le scénario prend aussi une épaisseur très émouvante et intrigante. La fin du film est en tout point remarquable.

L'empreinte que laisse la vision de cette belle histoire est persistante, et ce n'est pas seulement le résultat de l'émotion et de la satisfaction esthétique (la photo est magnifique) : la musique hors du temps que joue le groupe contribue à diffuser à travers le film une douce et tendre nostalgie. Les morceaux qui accompagnent plusieurs moment décisifs du film sont vraiment magnifiques.

Le plus beau mélodrame de ces dernières années.

Félix van Groeningen sur Christoblog : La merditude des choses

 

3e

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Grand central

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/035/21003539_20130506123520021.jpgJ'attendais beaucoup de la nouvelle production du tandem Rebecca Zlotowski / Léa Seydoux, dont j'avais beaucoup aimé le précédent film, Belle Epine.

Hélas, après avoir patienté plusieurs heures à Cannes pour déguster le film dans une salle d'Un certain regard pleine à craquer, j'ai bien du me rendre à l'évidence : quelque chose dans le film cloche et l'empêche de réellement fonctionner.

Peut-être cela vient-il de Tahar Rahim, acteur qui me pose beaucoup de problème, puisque je ne le trouve pratiquement jamais crédible ? Ou suis-je gêné par la juxtaposition amour sensuel / radioactivité, sorte de prototype de la fausse bonne idée, uniquement fondée sur un contraste frontal qui ne sert en aucun cas le développement des deux thématiques ? Il faut dire que le fait de devoir tourner toutes les scènes à l'intérieur de la centrale nucléaire en Autriche n'aide pas à la fluidité du film, qui semble au final très "découpé" et peu cohérent.

En réalité, je n'ai pas cru une seule seconde à l'histoire d'amour entre les deux personnages principaux. Léa Seydoux ne parvient pas à être assez vulgaire pour rendre son personnage crédible (et l'artifice de la coupe de cheveux n'y aide pas). Dans cette escalade à vouloir représenter une certaine sorte de vulgarité, le casting semble presque trop construit (Olivier Gourmet et Denis Ménochet, ensemble !).

Le film ne donne pas l'impression de former un tout, mais plutôt un assemblage d'éléments disparates. Il vaut plus pour son ambiance que par une analyse psychologique ou un développement narratif : en somme les défauts de Belle Epine amplifiés par un budget plus important, sans que les qualités du premier film ne subissent le même sort.

 

1e

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Michael Kohlhaas

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/246/21024605_20130805164847021.jpgJ'aurais furieusement aimé aimer ce film, ne serait-ce que pour inviter tous mes lecteurs à y contempler de superbes paysages cévenols.

Malheureusement, il me faut avouer que le décor seul tient ses promesses, et j'y inclus le visage de Mads Mikkelsen, incroyable de minéralité.

Le scénario, illustrant une nouvelle de Kleist, aurait pu être intéressant, et en résonance avec son époque : un commerçant se révolte contre une injustice, lève une armée, puis s'en remet finalement à la justice. Le problème est que cette bonne matière bute constamment contre le parti-pris du cinéaste, Arnaud des Pallières, qui semble être de tuer toute émotion dans l'oeuf et de ralentir délibérément le rythme du film. On dirait par exemple que les acteurs se sont vu imposer un temps de silence après chaque réplique. Leur jeu est donc hiératique et désincarné.

Le film se distingue par des aspects techniques excellents (belle image, bande-son remarquable, scènes d'extérieur très bien filmées) et un mode de narration qui commence à être exotique et intriguant, avant de devenir fasitdieux et ennuyeux. Il lui manque l'étincelle qui nous emporterait (à l'image de ce dernier plan, beaucoup trop attendu). Parmi les autres défauts du film, j'ai également noté que le contexte historico-religieux du film aurait pu être développé, et que le personnage de Denis Lavant aurait pu être rendu plus compréhensible.

Une oeuvre d'esthète.

 

2e

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Les Apaches

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/074/21007472_20130522120130958.jpgSorte de teen movie sauvage ayant pour cadre la Corse, Les Apaches tente d'inventer un genre dans le lequel Fassbinder croiserait Kieslowski, dans un paysage de garrigue.

On voit bien ce qu'a voulu faire le réalisateur Thierry de Peretti : prendre à contre-pied les images préconçues qu'on peut avoir de l'Ile de Beauté (tourisme, terrorisme, mafia) et y greffer une histoire d'ado qui tourne mal. Si le résultat est globalement conforme au cahier des charges, il manque un petit quelque chose pour emporter l'adhésion et susciter l'enthousiasme.

J'ai eu un peu de mal à m'identifier aux personnages, et la scène choc, autour de laquelle le film est construit, m'a parue incongrue, mal amenée et même illogique. J'ai aussi trouvé que le film souffrait de lacunes techniques très pénalisantes : un son déplorable qui rend certains dialogues inaudibles, une photo exagérément sombre, un montage à l'emporte pièce, des acteurs non professionnels aux limites évidentes.

En résumé, Les Apaches aurait fait un moyen métrage assez convaincant, mais s'avère sur la longueur décevant, malgré ses qualités fugitives, qui évoquent un Cassavetes solaire.

 

2e

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Jeune et jolie

Au premier jour du festival de Cannes 2013, la jeune Marine Vacth fit sensation sur la Croisette. Inconnue jusqu'alors, son physique de mannequin (elle est l'est l'égérie du parfum Parisienne, d'Yves Saint-Laurent), associée à son rôle sulfureux, enflamma l'imagination des festivaliers. Il faut dire qu'en début de Festival, toute étincelle suffit à provoquer un incendie tellement le peuple cannois est disposé à l'inflammabilité (et peu aux amabilités).

Plus tard dans la semaine, de vraies actrices (Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, par exemple) ont renvoyé avec justesse Marine Vacth au rayon des starlettes insignifiantes, mais c'est une autre histoire.

Je m'étends un peu sur le sujet de Marine Vacth, parce que je n'ai pas grand-chose à dire sur le film par ailleurs, qui est assez faible, Ozon étant visiblement tellement fasciné par son actrice qu'il en oublie de filmer. Le pitch du film est intrigant : montrer sans pathos et sans jugement comment une jeune fille de 17 ans est amenée à ce prostituer sans raison et sans vice. Le problème, c'est qu'il fait partie de cette catégorie de films qui s'arrêtent où leur pitch finit. Le programme est donc suivi sans imagination. Isabelle fait des passes. Elle en fait de plus en plus. On ne comprend pas exactement pourquoi. Elle ne voit pas le mal. Point.

Filmé par Haneke, cela aurait pu être malsain. Filmé par Ozon, c'est insignifiant. Il faut un cinéaste d'une autre trempe pour filmer le vide, l'absence de motivations. Le mauvais goût du réalisateur ne colle pas du tout à la tonalité de l'histoire, et certaines scènes (quand son beau-père se laisse draguer par exemple, où quand elle dit au psy à propos du tarif de la séance "C'est pas cher") suscitent des ricanements dans le public.

Marine Vacth n'est pas très bonne actrice à mon goût, mais il faut dire que les autres personnages sont encore pires. Toute la distribution (à l'exception peut-être de Géraldine Pailhas) est à jeter, ma prime à Frédéric Pierrot, pitoyable. Le film, sous ses dehors pseudo-naturalistes un peu gauches, est donc peu intéressant, peu profond, peu plausible. Un exploit à signaler : rendre Charlotte Rampling ridicule dans une absurde dernière scène. La chair n'est même pas triste dans Jeune et jolie, elle est absente.

 

1e

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