Santosh
Dans ce formidable film présenté au dernier festival de Cannes, on suit Santosh, une jeune femme indienne recrutée à la place de son mari mort en service, dans son apprentissage du métier de gardien de la paix.
Le réalisateur anglo-indien Sandhya Suri parvient à mêler dans cette âpre chronique plusieurs genres avec un grand bonheur (et une redoutable noirceur).
Le film est d'abord, et avant tout, un tableau au vitriol de la société indienne contemporaine. Corruption à tous les étages, incompétence de la police, absence d'éthique, tensions inter-religieuses, absence de réponse politique, machisme décomplexé et agressif, violence quotidienne, pregnance néfaste du système de caste : tout cela forme la toile de fond de la narration.
Mais au-delà de cet aspect rude et brut, parfois proche d'un travail documentaire, le film raconte aussi une formidable histoire, compliquée, tortueuse, qui tient à la fois du polar, du thriller psychologique et de la chronique sociale. Il dresse enfin, et peut-être doit-on dire surtout, un beau portrait de femme : la formidable Shahana Goswami propose une composition à la fois sensible et très physique.
La mise en scène sert parfaitement le propos complexe du film, et parvient à donner au film à la fois un rythme lancinant et une atmosphère poisseuse.
Du très beau travail.