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Christoblog

Articles avec #j'aime

Hit man

A voir sur Mycanal.

Alors que beaucoup de films médiocres sortent en salle, on se demande bien pourquoi le nouveau film de Richard Linklater sort directement sur Canal+.

Hit man est en effet une comédie très agréable, "à l'ancienne" : une intrigue, tirée de faits réels, très amusante (un quidam qui "feint" d'être un tueur pour le compte de la police se trouve embarqué dans une drôle d'histoire), une réalisation racée et nerveuse, des acteurs qui manient à la perfection l'art du travestissement. Tout est intelligent et limpide dans ce film, comme en général dans le cinéma de Linklater. 

Le duo Glen Powell et Adria Arianna est sexy en diable, et l'actrice portoricaine en particulier n'hésite pas à afficher une appétence pour les rapports charnels qui n'est pas si courante dans le cinéma américain. La deuxième partie du film est une romcom sensuelle, dans laquelle chacun des deux protagonistes joue double, élevant en quelque sorte leur relation amoureuse au carré.

Le développement de l'intrigue est original, joyeusement amoral et plein de suspense. Un plaisir simple et l'assurance d'un bon moment.

Richard Linklater sur Christoblog : Before Sunrise - 1995 (****) / Before sunset - 2004 (***) / Before Midnight - 2013 (***) / Boyhood - 2014 (****)

 

2e

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Le procès du chien

Ce premier film de Laetitia Dosch est une fantaisie sympathique et légère, originale et parfois intrigante.

Le procès du chien commence comme un autoportrait en creux : du chien, il n'est que superficiellement question, le vrai sujet avec lequel la caméra se régale est l'actrice / réalisatrice elle-même.

On a plaisir à suivre ses déambulations d'avocate spécialiste des causes perdues, à la vie sentimentale brinquebalante. 

Le film se déploie ensuite avec parfois un peu de maladresse dans plusieurs directions : comédie burlesque, réflexion sur la nature animale, et même romcom attendrissante. Tout n'est pas réussi, mais l'impression d'ensemble est celle d'un acte d'auteur qui affirme une voix originale dans le cinéma francophone actuel, qui rappelle un peu dans son style les oeuvres déjantées du trio franco-belge Abel / Gordon / Romy (La fée, Rumba).

On attend le deuxième film avec impatience.

 

2e

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Megalopolis

A quelles conditions aimerez-vous Megalopolis ?

Si vous aimez les films dont rien de dépasse, cohérent de bout en bout, maîtrisé et de bon goût, alors n'allez pas voir le dernier Coppola.

Si au contraire vous aimez être surpris à chaque plan par mille trouvailles visuelles, que vous ne rechignez pas à faire un effort dans les quinze premières minutes du film pour identifier les personnages et les liens qui unissent, et que vous supportez une certaine dose de kitsch romano-futuriste, alors le film est pour vous.

Megalopolis réussit un exploit inhabituel : allier une recherche esthétique de tous les instants (une mise en scène flamboyante, une direction artistique invraisemblable) à des thématiques qui obligent le spectateur à activer ses méninges. On aura en effet rarement brassé autant de thématiques ambitieuses dans un seul film : le sens de la vie, la lutte pour le pouvoir, la frontière entre le bien et le mal, l'épiphanie de la naissance, la nature du temps, la substance de l'amour, l'art du spectacle et du cinéma.

Le film regorge de scènes d'anthologie et de visions qui sidèrent, souvent à la fois vulgaires et poétiques. On pense à Méliès, bien sûr, et d'une certaine façon, c'est toute l'histoire du cinéma qui défile sous nos yeux.

Tout cela n'a aucun sens, ou plutôt à tellement de sens possibles qu'on ne sait plus où donner de la tête, et du regard. Il y a toujours un détail à l'écran qui devient instantanément magique : une mimique d'Adam Driver, le jeu exceptionnel d'un figurant, un gadget futuriste et inutile dans un coin du cadre, une inscription amusante, un effet inattendu, un son étrange. 

On le dit de beaucoup de films, mais je pense qu'ici cela se justifie pleinement : vous adorerez ou vous détesterez ce film, le moyen terme ne semble pas envisageable. J'ai adoré.

Francis Ford Coppola sur Christoblog : Conversation secrète - 1974 (***) / Tetro - 2009 (***) / Twixt - 2012 (*)

 

4e

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Ma vie ma gueule

Difficile de voir le dernier film de Sophie Fillières sans penser aux conditions de son tournage. La réalisatrice a en effet déclaré une maladie foudroyante pendant le tournage, puis est décédée soudainement avant d'avoir terminé le montage, repris alors par ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer.

Le film étant un autoportrait déclaré (Agnès Jaoui porte les vêtements de Sophie Fillières, va voir le vrai psy de Sophie Fillières, etc), l'émotion est d'autant plus présente : on a l'impression étrange de recevoir un message d'outre-tombe, à la fois sépulcral, fantasque et amusant.

Dans cette chronique touchante, on sourit beaucoup, on rit parfois, on est touché par de belles trouvailles de scénario (les cigarettes dans le Scrabble et retrouvées plusieurs décennies après avoir été cachées). Agnès Jaoui propose une partition solide de femme déprimée, perdue, puis décidée à remonter la pente.

Philippe Katerine apparaît dans ce beau film modeste, comme un spectre bienveillant qui aide l'héroïne à traverser les Limbes pour finalement parvenir à une sorte de douce résurrection, dans un paysage écossais magnifique.

Ma vie ma gueule est aussi un film poétique, proposant de nombreuses punchlines efficaces. Le personnage principal dit par exemple à un homme qui l'a connue ado et dont elle ne se souvient plus : "Je te préviens que je ne suis plus la femme que je n'étais pas encore".

A découvrir.

 

2e

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Les graines du figuier sauvage

Sensation du dernier Festival de Cannes (beaucoup voyait en lui la Palme d'or), le nouveau film de Mohammad Rasoulof est remarquable.

Comme souvent dans les films iraniens, le scénario est un bijou de thriller psychologique. Nous entrons dans une famille de la classe moyenne : le père est juge (donc proche du régime), les filles sont des jeunes de leur temps, adeptes des réseaux sociaux, et la mère essaye de ménager les bonnes relations entre tous. Les choses se gâtent quand l'arme du juge disparaît mystérieusement, alors qu'une amie de l'ainée des filles est blessée lors d'une manifestation. 

Sur cette base solide, Rasoulof déploie une intrigue qui tient en haleine le spectateur durant toute la durée du film (2h46 tout de même). Les graines du figuier sauvage est donc successivement (et parfois alternativement) un drame social, une chronique familiale, un huis-clos oppressant, un suspens psychologique, un thriller horrifique et un western. 

Il y a quelque chose de réellement fascinant dans le contraste entre l'extrême qualité du film (la direction d'acteurs exceptionnelle, l'écriture imparable, la mise en scène d'une efficacité rare) et les conditions précaires dans lequel il a été tourné : une clandestinité complète, Rasoulof étant lui-même souvent absent du lieu de tournage, et des moyens ridiculement faibles.

On ne peut que frissonner d'admiration devant le talent d'un homme qui parvient à un tel niveau de maîtrise dans l'exercice de son art, alors que sa liberté est menacée par un des pires régimes de la planète.

Le film, qui brille par sa capacité à nous égarer, culmine dans une scène d'anthologie, véritable pivot du film, qui restera longtemps dans le coeur de chacun des spectateurs. Cette scène d'interrogatoire fait basculer les personnages dans une nouvelle histoire, et donne au film une tonalité encore plus grave.

Bien au-delà d'une oeuvre didactique en hommage au mouvement Femme Vie Liberté (ce que le film est tout de même, mais indirectement), Les graines du figuier sauvage est un véritable chef d'oeuvre, déstabilisant et émouvant, qui culmine dans un final d'anthologie.

Un sommet de l'année, sans aucun doute.

Mohammad Rasoulof sur Christoblog : Au revoir - 2011 (***) / Un homme intègre - 2017 (***) / Le diable n'existe pas - 2020 (**)

 

4e

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La nuit se traîne

Voici en provenance de Belgique un thriller admirablement bien conçu et réalisé.

Au niveau de l'histoire, rien de bien original. Un jeune serrurier se trouve malgré lui impliqué dans une affaire de grand banditisme, et va vivre une nuit infernale pleine de rebondissements.

Nous sommes donc dans un trip qui ne peut fonctionner que par empilement de scènes d'action / suspense spectaculaires, agrémentées de rares moments de répit durant lesquels se nouent de nouveaux liens narratifs qui vont enflammer l'écran quelques images plus tard. On pense un peu au Scorsese de After hours, ou aux frères Safdie de l'incroyable Good time, l'ambition cinématographique en moins.

Le propos reste ici en effet assez modeste, le film manipulant un certain nombre de clichés et de situations caricaturales. Malgré cela, on se laisse tout de même happer par l'aventure de ce beau personnage joué par le formidable Jonathan Feltre, parfaitement martyrisé par un Romain Duris des grands jours, meilleur méchant vu depuis longtemps au cinéma.

Une réussite mineure, mais très agréable, menée tambour battant.

 

2e

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La mélancolie

La mélancolie : voici un film dont le titre ne ment pas.

Aucune musique extra-diagétique (hormis le dernier plan), un jeu atone, un scénario neurasthénique, une histoire triste. Youpi. 

Tout semble teinté de noir dans ce film étonnant, admirablement réalisé par ailleurs. Tout est triste et pourtant rien n'y est désespéré. Du chaos émotionnel dans lequel est plongée l'héroïne surgit progressivement une lumière sourde et pour ainsi dire qui représente l'essence même de la vie (un peu comme chez Tolstoï semble soudain apparaître la vérité éternelle d'une situation triviale). 

Le film réalise donc une sorte de miracle : du corset sociétal japonais habituel (convenances étouffantes, sentiments étouffés, expression bridée), il parvient à faire émerger un élan compassionnel qui finit par prendre aux tripes (la magnifique scène de la recherche des anneaux chez le père du défunt).

La caméra, quant à elle, caresse, ondule, sinue. Elle révèle à mon sens un cinéaste très prometteur.

 

3e

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MaXXXine

MaXXXine est avant tout un exercice de style.

Hommage au cinéma des années 80 (on pense à De Palma constamment), mais aussi à tout le cinéma à travers une multitude de références, le troisième opus de Ti West est aussi un film de genre assez classique, mêlant effets horrifiques (en mode grand-guignol inoffensif) et thriller / slasher.

De ce gloubi-boulga qui pourrait être indigeste, le réalisateur fétichiste parvient à tirer une oeuvre enlevée et plaisante, qui ravit le spectateur ludique que je suis. Il y a, dans l'amour que West semble porter au cinéma de série B (et Z), un enthousiasme communicatif qui n'est pas sans rappeler un certain Quentin T (l'extrême virtuosité en moins).

Une autre clé qui fait tenir le film debout est la prestation de Mia Goth, héroïne psychotique, martyrisée et badass de cette ballade sanglante et réjouissante. La muse du réalisateur (déjà héroïne de ses deux premiers films) est formidable en actrice très "physique", fascinée par le succès et l'opportunité de quitter son métier d'actrice porno.

A réserver aux amateurs éclairés de second degré cinéphile (ou de premier degré déjanté).

 

2e

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Le roman de Jim

Ce nouveau film des frères Larrieu est une sage adaptation du roman de Pierric Bailly, qui lui-même m'avait paru très sage. Le résultat est donc sans surprise assez neutre, et d'une qualité pour ainsi dire... télévisuelle.

Sans être véritablement bouleversé, j'ai suivi avec intérêt cet itinéraire d'un homme (trop ?) gentil,  personnage dont le cinéma ne fait que très rarement le portrait. 

Il faut l'épaisseur de Karim Leklou, qui me fait penser de plus en plus à Jean Gabin, pour donner à cette simple histoire son caractère universel et profond. Le reste du casting ne m'a que très moyennement convaincu : Laetitia Dosch m'a semblé jouer faux à plusieurs moment, et Bertrand Belin n'est décidément pas un véritable acteur. C'est d'autant plus dommage que ces deux-là, gens ordinaires au comportement de salaud, aurait sans nul doute mérité un peu plus d'ambiguïté et de profondeur.

La mise en scène des Larrieu, qui d'habitude s'autorisent de nombreuses digressions fantaisistes, est ici étonnamment lisse, illustrant au premier degré le récit originel, sans y apporter aucune sorte de modification.

Je suis un peu surpris par l'avalanche de critiques dithyrambiques que suscite ce film, certes touchant, mais avec si peu d'effets qu'il finit par en paraître anodin.

Les frères Larrieu sur Christoblog : Les derniers jours du monde - 2009 (****) / L'amour est un crime parfait- 2014 (**) / 21 nuits avec Pattie - 2015 (***) / Tralala - 2021 (***)  

 

2e

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Emilia Perez

Jacques Audiard fait ici preuve d'une audace sans équivalent. 

Réaliser un film en espagnol (!), racontant comment un chef de cartel veut devenir une femme (!!) et de surcroît imaginer y insérer des moments chantés et dansés (!!!) : il faut vraiment avoir foi dans le cinéma et dans son propre talent pour se lancer dans un projet aussi insensé.

Le plus dingue est que le résultat fonctionne très bien : on y croit totalement, à tel point que la scène de retrouvaille m'a pris complètement par surprise lors du festival de Cannes. Malheureusement la bande-annonce révèle trop brutalement son contenu, qui ne sera donc plus une surprise pour le spectateur.

Emilia Perez dessine de très beaux portraits de femme et le prix collectif reçu à Cannes est parfaitement mérité. Zoe Saldana se révèle une excellente actrice, au-delà de sa performance dans Avatar, et elle est pour moi au moins aussi méritante que Karla Sofia Gascon. Leur amitié âpre et intense donne au film sa structure solide, alors que les morceaux dansés, formidablement réussis, lui apportent quelques bulles de légèreté, tout en amplifiant les sentiments des personnages. Le travail de la chanteuse Camille et de son compagnon Clément Ducol est remarquable.

C'est extrêmement efficace, puissamment romanesque, et brillamment réussi tout en étant parfaitement imparfait. Emilia Perez, par son caractère totalement neuf et son refus de toute vraisemblance réaliste, génère chez le spectateur une sorte de jubilation exaltante qu'on a pas connu depuis longtemps. 

Peut-être le meilleur Audiard et sans aucun doute un des meilleurs films de l'année.

Jacques Audiard sur Christoblog : Sur mes lèvres - 2001 (****) / Un prophète - 2009 (***) / De rouille et d'os - 2012 (****) / Dheepan - 2015 (***) / Les frères sisters - 2018 (**)

 

4e

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Santosh

Dans ce formidable film présenté au dernier festival de Cannes, on suit Santosh, une jeune femme indienne recrutée à la place de son mari mort en service, dans son apprentissage du métier de gardien de la paix.

Le réalisateur anglo-indien Sandhya Suri parvient à mêler dans cette âpre chronique plusieurs genres avec un grand bonheur (et une redoutable noirceur).

Le film est d'abord, et avant tout, un tableau au vitriol de la société indienne contemporaine. Corruption à tous les étages, incompétence de la police, absence d'éthique, tensions inter-religieuses, absence de réponse politique, machisme décomplexé et agressif, violence quotidienne, pregnance néfaste du système de caste : tout cela forme la toile de fond de la narration.

Mais au-delà de cet aspect rude et brut, parfois proche d'un travail documentaire, le film raconte aussi une formidable histoire, compliquée, tortueuse, qui tient à la fois du polar, du thriller psychologique et de la chronique sociale. Il dresse enfin, et peut-être doit-on dire surtout, un beau portrait de femme : la formidable Shahana Goswami propose une composition à la fois sensible et très physique.

La mise en scène sert parfaitement le propos complexe du film, et parvient à donner au film à la fois un rythme lancinant et une atmosphère poisseuse.

Du très beau travail.

 

3e

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Moi, moche et méchant 4

Le nouvel opus de la plus française des franchises US est assez réussi.

Contrairement à certains dessins animés (comme les Pixar en règle générale), la série Moi, moche et méchant n'inclut pas de second degré qui permettrait aux adultes de voir un autre film que les bambins. Ici, tout est à regarder avec des yeux d'enfant, et la qualité du film ne peut donc être jugée qu'à travers ses qualités intrinsèques de vivacité et d'humour .

Le résultat est à mon sens plutôt plaisant. Si le scénario ne brille pas par son originalité (le méchant est un peu faible), on est plutôt séduit par les couleurs pop des décors, la maestria des scènes d'action (je pense par exemple à l'attaque de l'animal furieux lors du hold-up) et surtout par chacune des apparitions des minions.

Les créatures du génial Français Eric Guillon font mouche à coup sûr : leur stupidité atavique est jouissive, leur galimatias esperantesque souvent très drôle et leur hyper-activité maladive une véritable dinguerie qui nous laisse abasourdi. On adore les minions.

Un film d'animation modeste mais rudement efficace, qui devrait ravir petits et grands.

 

2e

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Only the river flows

Dans le paysage du cinéma chinois contemporain, le polar se taille une belle place, symbolisée par la réussite du cinéaste Diao Yinan (Le lac aux oies sauvages).

Ajoutant sa pierre à ce mouvement, Shujun Wei nous offre ici une version noire et parfois lynchienne de la traditionnelle traque du tueur en série.

Si le début du film brille par sa maîtrise et sa noirceur poisseuse, on est ensuite assez rapidement perdu dans un labyrinthe mental dont on ne comprendra que tardivement qu'il reflète (au moins en partie) les hallucinations de son personnage principal, à l'évidence souffrant de troubles psychologiques.

Je trouve que cette option nuit un peu au plaisir que l'on éprouve à suivre une enquête qui s'annonçait passionnante, mais il faut reconnaître qu'elle donne à Only the river flows une aura particulière, qui flirte avec le fantastique.

Un polar d'une rare sophistication, réservé aux aventuriers de l'esprit.

 

2e

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The bikeriders

D'un livre de photographie de Danny Lion qui le fascina enfant, le cinéaste américain tire une oeuvre académique, qui séduit plus par la qualité de ses portraits que par sa narration.

On suit sans déplaisir l'histoire de ce groupe de motards, des origines à sa profonde transformation, à travers le destin de trois personnages principaux.

Austin Butler campe un beau gosse ténébreux avec une gueule à la James Dean convaincante, alors que Jodie Comer joue sa femme sans grande conviction. C'est Tom Hardy, dans un beau rôle de méchant boss malgré lui (façon Tony Soprano), qui emporte le morceau dans un casting assez plan-plan.

Pour le reste, l'évolution narrative est prévisible, les relations entre les personnages assez téléphonées, et la mise en scène à la fois convenue et efficace. La trame temporelle est inutilement compliquée par une série d'allers-retours sans grand intérêt. 

Le film vaut principalement par son aspect sociologique : le milieu des motards de cette époque est bien reconstitué, et l'étonnant mélange de règles inutiles et d'esprit libertaire produit parfois de beaux moments de tension dramatique.

A noter que Michael Shannon, qui joue un petit rôle, signe ici sa sixième collaboration avec Jeff Nichols en six films : un bel exemple de fidélité.

Une oeuvre appliquée, intéressante à défaut d'être passionnante.

Jeff Nichols sur Christoblog : Take shelter - 2011 (**) / Mud - 2012 (**) / Midnight special - 2016 (*) / Loving - 2017 (**)

 

2e

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Juliette au printemps

Blandine Lenoir nous offre ici une comédie sur la famille qui réussit à la fois à faire beaucoup rire et à émouvoir.

Elle s'appuie pour cela sur un casting haut de gamme. Izia Higelin rayonne d'une noire lumière, Jean Pierre Darroussin est désarmant d'amère bonhomie, Sophie Guillemin explose dans un rôle de sensuelle mère de famille éprise de liberté, et tout le reste du casting est absolument parfait (Noémie Lovsky, Eric Caravaca, Liliane Rovère...).

Juliette au printemps parvient à nous offrir des moments de réel burlesque (le chat maladroit, l'amant costumé) comme des moments d'émotion qui nous arrachent des larmes (la photo offerte à la fin du film).

L'attention est constamment entretenue par une intrigue liée au passé, qui se révèle petit à petit, et s'avère à la fois assez classique et émouvante. Le montage alerte et la mise en scène délicate contribuent à rendre le film aimable.

Une vraie réussite, encore plus agréable qu'un bon Podalydès.

Blandine Lenoir sur Christoblog : Annie Colère - 2022 (***)

 

3e

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Memory

On reproche parfois au cinéma de Michel Franco sa froideur mécanique, presque sadique.

J'ai moi-même écrit des choses très dures sur celui que j'ai pu considérer comme un Haneke d'outre-Atlantique.

La surprise est donc totale de voir dans ce film le réalisateur mexicain tisser une histoire remplie d'émotions, de subtilité et d'espoir. Bien sûr, la charge des traumas qui constitue la trame principale du film (attention, c'est du lourd) fait quand même peser sur Memory  une triste noirceur, caractéristique de Franco, que le réalisateur parvient ici à sublimer jusqu'à un dernier plan de toute beauté.

Jessica Chastain est tout simplement formidable. Elle est accompagnée par un fantastique Peter Sarsgaard, qui a obtenu le prix d'interprétation masculine à Venise pour ce rôle. Ce dernier joue la maladie mentale avec une délicatesse qui brise le coeur, et qu'on a rarement vu représentée à l'écran avec autant de justesse.

La mise en scène est impressionnante, constituée de plans larges et froids, dans lesquels on a l'impression de voir les sentiments se déployer avec majesté.

Un très beau film.

Michel Franco sur Christoblog : Después de Lucia - 2012 (**) / Chronic - 2015 (*)

 

4e

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Kinds of kindness

Yorgos Lanthimos revient ici au style qui fit son succès au début de sa carrière : une construction intellectuelle stimulante, une âpre description des petitesses de l'âme humaine, une mise en scène de toute beauté, une cocasserie caustique qui fait souvent sourire. 

Le tout est ici multiplié par trois, puisque le film est constituée de trois histoires complètement distinctes de 55 minutes chacune environ. Comme c'est souvent le cas dans ce type de film, on pourra juger l'intérêt des trois parties assez disparates. La première est pour moi presque parfaite dans son développement narratif et la subtilité de ses échanges, la deuxième m'a parue à la fois plus prévisible et moins crédible, alors que la dernière vaut surtout pour ses dix dernières minutes ébouriffantes.

Le trio d'acteurs est prodigieux et si Jesse Plemons a amplement mérité son prix d'interprétation à Cannes, Emma Stone et Willemn Dafoe sont formidables tous les deux.

J'ai pris du plaisir à déguster cette nouvelle livraison du cinéaste grec, qui n'a pas son pareil pour sonder les relations de pouvoir et de dépendance des êtres humains, leur obsessions et leurs aliénations, dans un monde dystopique et sur un mode qui mêle admirablement l'humour et la cruauté (la scène de la sextape en souvenir de la défunte en est un excellent exemple).

Pour ceux et celles qui avaient aimé The lobster

Yorgos Lanthimos sur Christoblog : Canine - 2009 (**) /  The lobster - 2015 (****) / Mise à mort du cerf sacré - 2017 (***) / La favorite - 2018 (***) / Pauvres créatures - 2024 (****)

 

3e

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Greenhouse

Ce premier film de la réalisatrice Lee Sol-Hui se situe dans la veine cruelle (voire sadique) que le cinéma coréen aime souvent emprunter, et dont les réalisateurs emblématiques pourraient être Kim Ki-Duk et Lee Chang-Dong.

L'héroïne est tout d'abord présentée dans la pire des situations : elle est pauvre, s'auto-mutile, vit dans un hangar, son fils est en prison, elle doit s'occuper de sa mère, visiblement atteinte d'une maladie de type Alzheimer. Elle gagne sa vie en s'occupant d'un vieux couple, dont l'homme est aveugle et la femme atteinte des mêmes symptômes que sa mère.

En résumé, c'est glauque, et pour tout dire, plus noir que noir. Mais sans déflorer l'intrigue, la vérité est que les choses empirent nettement vers le milieu du film, suite à un concours de circonstance tout à fait coréen dans l'esprit : improbable et particulièrement diabolique.

J'ai fini par rire noir, si je puis dire, de tant de malheurs accumulés, parfois de façon totalement invraisemblable.

Le film se laisse toutefois regarder, en partie parce que la mise en scène est solide et efficace, et aussi parce que l'actrice principale est parfaite dans son rôle de mater dolorosa.

A voir pour les amoureux de cinéma asiatique.

   

2e

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La jeune fille et son aigle

Drôle de film que ce documentaire qui nous montre comment une jeune fille, aidée par son père, se bat pour avoir le droit de dresser un aigle pour la chasse, alors que la tradition n'autorise que les jeunes garçons à le faire.

Le propos est bien féministe, mais la forme du film à un petit côté rétrograde qui le fait plus ressembler à un reportage du National Geographic (en moins bien) qu'à un brûlot engagé. 

On est donc partagé devant les mésaventures de la jeune Aisholpan, extrêmement scénarisées, et dont on a du mal à penser qu'elles puissent être entièrement "naturelles". D'un côté, on se dit qu'on ne fait plus de documentaires de ce type (voix off qui surligne les images, évitement de tout élément de contexte, images de drone à tout va), de l'autre on est ébaubi par la pugnacité de la petite Mongole et de son papa, de telle façon qu'on ne peut s'empêcher de dévorer cette aventure, comme on regarde une série à suspense, d'autant plus que les paysages de l'Altaï sont de toute beauté.

L'avis général est donc au final positif.

    

2e

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Furiosa : une saga Mad Max

Le cinquième opus de la série Mad Max est un bon cru. 

Il commence bizarrement comme un conte et il ressemble en cela plus au dernier film de George Miller, Trois mille ans à t'attendre, qu'à Fury road.

Nous sommes en effet dans un premier temps invités à contempler de magnifique paysages : une cité verdoyante dans l'enfer désertique qu'est devenue l'Australie, un désert de sable encore plus beau que celui de Dune, une ville citadelle de toute beauté. Nous croisons des personnages dont le charisme est de nature mythologique : Dementus (Chris Hemsworth compose un méchant d'anthologie), Immortan Joe, Praetorian Jack. Tout cela compose un univers attachant, riche de mille détails et parfaitement immersif.

Les grande scènes de poursuite et d'action n'arrivent qu'une fois le film bien avancé, et il faut avouer qu'elles sont époustouflantes de virtuosité et d'inventivité, encore plus spectaculaires que dans les épisodes précédents.

Furiosa est un divertissement pour adulte de très haute tenue, pour peu qu'on se soit pas réfractaire au genre post-apocalyptique ultra-violent, ici agrémenté d'une dose de sadisme gratuit et goguenard, non dénué d'humour (les brochettes de chien et le boudin d'homme !).

Le film est à savourer absolument dans une salle de cinéma, tant le travail sur l'image et le son est conçu pour en mettre plein les yeux et les oreilles.

Je le conseille chaudement aux amateurs, c'est pour moi supérieur à Fury road

George Miller sur Christoblog : Mad Max : Fury road - 2015 (**) / Trois mille ans à t'attendre - 2022 (**)

 

3e

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