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Christoblog

L'artiste et son modèle

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/95/10/35/20380019.jpgLe dernier film de Fernando Trueba possède deux atouts de taille.

 

Le premier, c'est l'interprétation exceptionnelle de Jean Rochefort. D'abord taciturne et peu loquace, le vieil acteur (82 ans) devient brutalement souriant, puis expressif, puis amoureux, dans un tourbillon de signes à peine perceptibles. C'est peu de dire que le visage de Rochefort est un paysage : le moindre froncement de ride évoque des mondes de sentiments, le plus petit plissement de paupières soulève des tempêtes de sensations. 

 

A ses côtés, la jeune et ô combien pulpeuse Aida Folchs remplit parfaitement son office. Bien en chair, belle, mais d'une singulière beauté, elle donne une réplique idéale au vieux sage, ce qui fait naître de très beaux moments, dont une scène sublime, lors de laquelle est commenté avec un brio incroyable un dessin de Rembrandt. Un grand moment de cinéma.

 

Le deuxième atout du film est sa photographie en noir et blanc, magnifique. On ne se lasse pas de la caresse du soleil sur la peau du modèle, de la façon dont la nature est filmée, des effets de flou et de profondeur de champ, de cette façon presque magique d'éclairer les différentes parties du cadre avec une égale délicatesse.

 

J'ai craint dans un premier temps que le scénario ne s'égare dans des lieux communs un peu vains (comme Renoir, par exemple, qui partage tant de points communs avec le film de Trueba), mais j'avais tort. La patte de Carrière pour construire du solide et intéressant (la visite de l'officier allemand par exemple) fait de nouvelle fois son oeuvre.

 

Le film est beau, sensible, parfois drôle, souvent touchant, et continûment stimulant. De la belle ouvrage.

 

3e

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Les amants passagers

Malheureusement pas grand-chose à sauver dans cet Almodovar mineur, si ce n'est le générique pimpant, typiquement movida revival.

Les tics du réalisateur espagnol ne fonctionnent pas du tout dans cette comédie prétendument loufoque. Les stewarts sont tous gays façon Cage aux folles, mais ça ne fait plus rire grand-monde depuis que Michel Serrault est mort, j'imagine.

Les anecdotes concernant les différents personnages sont inintéressantes au possible, le summum de l'ennui étant généré par les scènes tournées en dehors de l'avion, complètement fades et inutiles.

L'impression générale est celle d'un laisser-aller coupable, d'une friandise bon marché bâclée, d'une bande-annonce dont on aurait allongé la sauce.

Le passage comédie musicale évoque un vieux clip des années 80 tourné à peu de frais dans le garage d'un étudiant en cinéma, la vulgarité atteint des sommets de non-drôlerie, et les dernières scènes ajoutent encore au ridicule du film. Indigne du maître.

 

2e

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Le mur invisible

Une sorte de nouvelle passion morbide pour le cinéma autrichien, que je ne partage avec personne de raisonnable, je dois bien le reconnaître, m'a poussé à aller découvrir le film de Julian Roman Pölsler : Le mur invisible. En réalité, je dois dire que c'est également le pitch du film, tiré d'un roman de Marlen Haushofer, Die Wand, qui m'a attiré.

Une femme se rend chez des amis, dans un chalet complètement isolé en montagne, et se trouve inexpliquablement séparé du reste du monde par un mur invisible, au-delà duquel le monde semble s'être figé. Elle doit apprendre à survivre dans les bois, accompagné de quelques animaux, sans savoir ce qui s'est passé au-delà du mur.

La première partie du film est très belle. Nous faisons d'abord connaissance avec le prersonnage de la femme, joué par l'excellente Martina Gedek, puis nous la suivons avec un ravissement perplexe dans sa découverte du mur. Le film réserve ici ses plus belles séquences, empreintes d'une sorte d'étrangeté très travaillée. Le mur en lui-même est réellement invisible, et les contacts de la femme ou des objets avec sa consistance froide et lisse donne lieu à des images surprenantes. Un très beau travail sur le son renforce le sentiment de bizarre. Pölsler montre la nature avec un brio assez étonnant qui évoque en vrac, Stephen King, Terence Malick ou Pascale Ferran. 

Le film prend ensuite un tout autre tour qui le fait quitter complètement le rayon SF pour le faire entrer dans la catégorie introspection métaphysique. L'exploration méthodique du mur n'a donc pas lieu, ce qui a dérangé mon esprit d'explorateur de merveilles inexpliquées, et laisse place à de longs monologues sur la condition de l'être humain dans la nature, et de ses relations avec les animaux.

Du coup, bien que toujours très beau, le film m'a paru de plus en plus ennuyeux, jusqu' à un final qui m'a un peu désolé (mais je ne peux pas en dire grand-chose sans déflorer le film, ce que je ne fais habituellement pas, sauf en cas d'antipathie résolue ou de haine féroce envers le réalisateur).

Je résume donc pour les fainéants, qui ne lisent que le début et à la fin de mes articles : un début en fanfare, une nature magistralement filmée, un essouflement progressif, une fin ratée.

 

2e

 

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Nouvelle cuisine

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/36/19/95/18833074.jpgMerci Fabrice, qui m'a prêté le DVD de Nouvelle Cuisine (Fruit Chan, 2005).

Le film, à l'origine un des tronçons du film à sketches 3 extrêmes (avec Takashi Miike et Park Chan-Wook, excusez du peu), est développé ici sous forme de long-métrage, et il est particulièrement réussi.

Le sujet semble proche du film d'horreur (une jeune femme cuisine des beignets au foetus humains pour accroître sa longévité et celle de ses clients), mais en réalité il ressort plus de la catégorie thriller psychologique.

Sans dévoiler les ressorts de l'intrigue ( ce serait dommage), qui finalement s'apparente au mythe de Faust (êtes vous prêt à vendre vôtre âme pour rajeunir ?), il faut avouer que le film captive de bout en bout. La mise en scène de Fruit Chan (le bien-nommé) est sucrée, acidulée et maîtrisée. Les deux actrices principales (la jeune et la moins jeune) sont toutes deux remarquables.

On regarde cette allégorie un peu tremblant, hésitant, se demandant exactement de quoi il retourne, avant d'être à proprement parler scotché par l'élégance de la narration.

Un plaisir esthétique et intellectuel.

 

3e

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20 ans d'écart

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/96/11/54/20458377.jpgJe craignais que 20 ans d'écart soit une comédie nulle se contentant se surfer sur la mode des femmes de 40 ans (cougar, MILF, etc) flashant sur les petits jeunes de 20 ans.

J'avais raison.

Alors, allez-vous me dire, pourquoi m'infliger à moi-même la triste punition d'un visionnage inutile, alors que tant de film méritent d'être vu ?

Pour plusieurs raisons :

1 - parce que je voulais revoir Pierre Niney, découvert dans le passable Comme des frères, où il crevait l'écran

2 - parce que je voulais enfin voir Virginie Elfira, afin de vérifier qu'elle était aussi mauvaise actrice que je le lisais, et de ce point de vue, c'est parfaitement réussi

3 - parce que mes lecteurs ont droit de temps à autre à la critique d'un film qui ne vient pas d'Ouzbékistan ou de Papouasie Nouvelle-Guinée

4 - parce qu'on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise en matière de comédie romantique, sauf qu'ici le film n'est ni drôle (ai-je ri une fois ? je ne le crois pas), ni romantique (on ne sent jamais vraiment la naissance d'un sentiment amoureux entre les deux personnages)

5 - parce que je n'ai pas payé ma place

6 - pour pouvoir dire du mal

Voilà. Maintenant, si vous lisez cette critique après avoir vu le film, tirez-en au moins un enseignement : il est préférable de lire Christoblog avant de faire ses choix.

 

1e

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Festival du cinéma espagnol de Nantes 2013

Je serai présent (et accrédité pour la troisième fois) au Festival du cinéma espagnol de Nantes.

La programmation est cette année encore une fois très alléchante avec :

- les meilleurs films espagnols de l'année, qu'ils sortent en France (Les amants passagers, Biancanieves, The impossible, L'artiste et son modèle, Insensibles) ou pas

- une compétition toujours intéressante

- la présence de Costa Gavras

- un hommage à José Luis Borau

De bien beaux moments en perspective, comme en 2012.

 

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Cloud atlas

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/29/61/20193100.jpgCloud Atlas est intellectuellement stimulant et plastiquement gratifiant.

Pour ce qui est de l'intellect, rappelons comment le film est construit : 6 histoires apparemment sans rapport entre elles s'entrecoisent par la grâce d'un montage très calculé pendant 2h45. Trois de ces histoires se déroulent dans le passé, une dans le présent, une dans l'avenir, et la dernière... on ne sait pas.

Chacune de ces histoires ne suffirait pas à elle seule à fournir la matière à un long métrage (sauf peut-être celle de Somni). Elles ont certes chacune un intérêt en terme de narration comme de rapports psychologiques, mais elles se trouvent sublimées par leur mise en perspective réciproques.

Si le scénario (et le roman je suppose) offre des relations un peu anecdotiques (tel livre, lettre, lieu ou bijou se retrouve dans plusieurs histoires), c'est surtout l'art purement cinématographique du montage qui donne à Cloud Atlas son charme si particulier : c'est la première fois que je vois des histoires aussi différentes dans leur style (comédie, aventure, histoire, SF) se répondre avec un tel naturel. Les effets de montage sont surprenants : une porte se ferme dans une époque, une autre s'ouvre dans le plan suivant. Le vertige visuel de l'entrelacement est amplifié par le fait que les acteurs se retrouvent dans plusieurs épisodes, à peine reconnaissables parfois.

La construction du film est de ce point de vue une franche réussite.

Deuxième aspect positif du film, c'est sa perfection visuelle. Autant L'odyssée de Pi paraissait lourdingue et factice, autant les mondes décrits ici sont confondants de réalisme. Ma préférence va à la partie concernant le musicien, pour son ambiance anglo-romantique très réussie, et à l'histoire de Somni, visuellement splendide. 

On a véritablement l'impression d'avoir vu plusieurs films en sortant de Cloud atlas, qui pourtant sont tout à fait cohérents entre eux et n'en forme... qu'un.

Quant au discours philosophico-mystique que je craignais, il est limité à une portion congrue, d'ailleurs plutôt orientée vers une réflexion morale. Il est en effet plus question dans le film de ce qui guide nos actes, les choix moraux que nous effectuons et de leur conséquences, que d'élucubrations mystico-panthéistes comme chez Malick. Tant mieux.

Au final, force est de reconnaître que Cloud Atlas est une sorte de morceau de bravoure.

 

3e

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Queen of Montreuil

Vu en hyper avant-première mondiale (plus de 6 mois avant sa sortie) au festival Paris Cinéma, le nouveau film de Solveig Anspach s'avère être une fantaisie délicate et fragile, qui mérite d'être découverte.

L'action de situe à Montreuil (spécial dédicace à Dominique Voynet, maire de Montreuil, dans le générique de fin). Une jeune femme récupère les cendres de son mari, mort brutalement en Thaïlande. Elle croise une mère et son fils islandais en transit entre la Jamaïque et leur île nordique en pleine crise.

L'intrigue est loufoque et tournée avec un souci de réalisme qui rappelle dans l'esprit le style du trio belge Abel/Gordon/Romy. Elle s'agrémente de personnages secondaires assez délirants : un phoque abandonné et son gardien moustachu, un grutier bien sympathique (Samir Guesmi, toujours impeccable), un amoureux éconduit...

L'actrice Florence Loiret-Caille tient le film sur ses frêles épaules, maintenant par la grâce de son jeu sensible et décidé le film sur le fil réaliste, alors qu'il menace de verser continuement dans un certain n'importe quoi.

Une oeuvre mineure mais agréable, qui actualise la veine réaliste poétique du cinéma français.

 

3e

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The place beyond the pines

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/95/48/86/20461541.jpgComme le film précédent de Derek Cianfrance (Blue Valentine), The place beyond the pines souffre de beaucoup de défauts et de quelques qualités - qui sont parfois les mêmes, d'ailleurs.

 

D'abord le titre. Vous imaginez la ménagère de 40 ans demander un billet pour Ze plasse billonde ze pine ? Ca commence mal.

 

Ensuite Ryan Gosling. Ce gars, qui n'est quand même pas très bon acteur, porte de film en film des blousons de différents coloris avec une classe musculeuse qui ravira les unes (et les uns). Mais disons-le, il est très mauvais. C'est définitif et je ne reviendrai pas sur ce jugement. Cianfrance a beau le teindre en blond et le couvrir de ridicule tatouages, ça ne prend pas.

 

Bradley Cooper, lui, est plus convaincant. La partie du film qui le concerne est d'ailleurs la plus intéressante, son cheminement n'est pas linéaire, et c'est dans ces moments de flottements, d'entre deux, que Cianfrance révèle son talent (la perquisition, la voiture dans la forêt).

 

Le scénario, quand à lui, est proprement bâclé : à la fois distendu (deux parties séparées par 15 ans et des personnages qui ne vieillissent pas ?), improbable et peu intéressant. Il est évidemment délicat d'en dire plus sans déflorer le sujet, mais franchement, toute la fin est à pleurer de ridicule, vous l'admetttrez comme moi si vous avez le courage de patienter durant les 2h20 que dure (inutilement) le film.

 

Reste le talent certain du réalisateur pour la mise en scène et quelques moments du film qui brillent véritablement par leur sensibilité. A noter aussi une bande-son très travaillée et réussie. J'attends beaucoup de Cianfrance, dont les films possèdent une vraie complexité et dont le style, à la fois relâché et savant, est très attachant. A suivre.

 

Derek Cianfrance sur Christoblog : Blue Valentine

 

2e

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The sessions

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/53/64/20267371.jpgIl arrive que je tombe sous le charme d'un film tout simple, qui ne se la pète pas, et qui retrouve les basiques du cinéma : raconter une histoire le plus efficacement possible, se mettre au service des ses personnages en ayant en tête le plaisir et l'élévation du spectateur.

 

Mark, victime de la polio, est lourdement handicapé : il ne peut respirer qu'avec un poumon d'acier et est entièrement paralysé, sauf le visage. Son esprit est cependant extrêmement vif, il est poète, et à 38 ans il décide d'avoir ses premières relations sexuelles avec une assistante médicale spécialisée.

 

Sur ce sujet très délicat, Ben Lewin réussit un film quasi miraculeux qui parvient constamment à se maintenir sur des lignes d'équilibre périlleuses : voyeurisme / réalisme, apitoiement / admiration, suspense / analyse psychologique.

 

Au final The sessions l'emporte sur tous les tableaux, et bat à plates coutures Intouchables. Il parvient à nous faire aimer la personnalité pétillante de Mark, jamais avare de bons mots, et à nous faire nous interroger intelligemment sur le rôle de Cheryl (magnifique Helen Hunt) : son travail s'apparente-t-il à la prostitution ?

 

Le rythme du film, impeccable, ses brusques ruptures de ton, ses personnages secondaires très bien dessinés (le prêtre !!), son refus obstiné de la sensiblerie au profit de la véracité psychologique : tout concourt à faire de The sessions le film à voir ABSOLUMENT en ce moment.

 

3e

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A la merveille

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/95/44/46/20407600.jpgComment tourner une pub pour un parfum ?

 

Prenez une jolie actrice, blonde ou brune. Faites la danser dans des champs de blé, des supermarchés, des lotissements, au Mont Saint-Michel. Dénudez-la un peu, mais pas trop. veillez à ce qu'elle minaude en permanence.

 

Côté homme, privilégiez un baraqué mutique avec tatouage. Essayez de faire en sorte qu'il efface toute trace d'activité neuronale de son visage.

 

Pour la caméra, il importera qu'elle soit toujours en mouvement, de préférence en travelling avant légèrement vacillant. Après avoir filmé une scène vous pourrez expérimenter un montage cut de différents plans de cette scène ne se raccordant pas parfaitement.

 

Vous filmerez le soleil avec des filtres qui l'étoileront, à travers des feuilles d'arbre, et surtout, surtout, au moment où il se couche. Vos décors préférés seront : un lotissement au milieu de nulle part, une balançoire, une maison avec des cartons. De temps à autre, il sera plaisant d'insérer un plan avec un animal n'ayant aucun rapport avec votre film : tortue marine ou dinosaure.

 

La voix off, qui couvrira la plupart du temps le son naturel, énoncera dans différentes langues des banalités mystiques. Par exemple : "Je me souviens. Où est l'amour ? Là-haut mais aussi ici. Où es-tu. Je sens les vibrations qui nous relient. Mais où est la vérité ? Mon dieu, je te cherche en vain. La beauté est partout."

 

Si vous n'avez pas de parfum à vendre, vous avez fait un Malick.

 

1e

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Camille Claudel, 1915

Juliette Binoche rit, renifle, chigne, pleure, bouge les sourcils, n'est pas maquillée, regarde au loin, hurle, se tait, gémit, se lamente, se coiffe, sourit, écrit, laisse un frisson parcourir ses joues, tremble, sanglote, etc.

Je pourrais continuer tout au long de l'article, mais je pense que vous l'avez compris, Camille Claudel, 1915 est un film à César, dédié à Juliette Binoche. On peut apprécier, bien sûr, c'est le cas de gens très bien, mais on peut aussi royalement s'ennuyer, ce qui fut mon cas.

Rappelons les faits : Camille Claudel, artiste maudite, ex-maîtresse de Rodin, est internée en asile psychiatrique (à tort ou à raison ?), et y restera jusqu'à la fin de ses jours, visitée de temps à autre par Paul Claudel, son frère. La deuxième partie du film est d'ailleurs consacré plutôt à ce dernier, et plus précisément à de longs monologues empreints d'une religiosité qui m'a laissé de marbre.

Le film n'a pas de ressort dramatique, et son propos aurait probablement plutôt convenu à un moyen métrage. Ceci étant dit, il faut reconnaître que Bruno Dumont est probablement le meilleur filmeur de bâtiments et surtout de paysages en activité. Les plans sur l'hospice et la nature environnante sont de toute beauté. L'utilisation de véritables malades mentaux dans le film ne m'a par contre pas du tout convaincu : leur intégration à la trame du film ne m'a paru si naturelle, et du coup le côté exhibitionniste m'a parfois gêné.

 

2e

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Sugar man

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/91/38/66/20146742.jpgRodriguez est un artiste américain qui enregistre 2 albums dans les années 70, puis disparait de la circulation, au point qu'on pense qu'il s'est suicidé. Pendant ce temps, ses chansons font de lui une star ... en Afrique du Sud, alors engluée dans l'appartheid. A l'insu de son plein de gré, si je puis dire.

Une situation ubuesque donc : comment devenir une superstar à des milliers de km de chez soi, qu'un couple de sud africains (un journaliste et un bijoutier) vont se piquer de creuser pendant des dizaines d'années, avant que  Malik Bendjelloul (suédois comme son nom l'indique) n'en fasse un film.

Notre ami Malik, autant le dire d'entrée, est un sacré roublard. Son film, en fait un documentaire, est scénarisé de telle façon qu'il nous enfarine le popotin d'une bien belle façon, et que de ce point de vue il se rapproche finalement plus d'une fiction. Fausses images d'archive, montage signifiant au possible, animations pour reconstituer une atmosphère, coups de théâtre : tout est fait pour nous haper dans cette histoire abracadabrantesque ... et ça marche !

Difficile en effet de ne pas reconnaître avoir été surpris (à quoi tient la réussite, qui sépare Rodriguez de Dylan ou Springsteen ?), ému (petites larmes obligatoires), et charmé par la musique (une sorte de Nick Drake américain, j'ai trouvé) et la personnalité du bonhomme.

En arrière fond, l'incroyable énergie motrice de l'artiste musicien (comme dans le remarquable Anvil !) dope le film de bout en bout, ne laissant que peu de place aux hésitations légitimes du cinéphile pinailleur (un peu de remplissage quand même).

Bref, à voir. Et à écouter.

 

3e

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The weight

http://3.bp.blogspot.com/-mzsimUq5Rvs/UDsPyhJTOfI/AAAAAAAAXDs/as65C5RCnC4/s1600/TheWeight2.jpgDate de sortie inconnue

 

Au festival du film asiatique de Deauville 2013, j'ai du me frotter les yeux plusieurs fois ce samedi matin, pour me persuader que ce que je voyais n'était pas un cauchemard.

 

Jeon Kyu-Hwan, que je connaissais pas, n'y vas pas avec le dos de la cuillère pour son introduction : une morgue, un bossu qui y officie, du sang, de la solitude. Un autre bossu arrive, tellement laid qu'il porte constamment un casque de moto, pleure sa mère, puis en proie à une soudaine excitation se livre à des pratiques nécrophiles sur le corps d'une actrice, sous l'oeil indifférent de notre croque-mort handicapé, qui en plus d'être bossu, est aussi tuberculeux et arthritique.

 

A ce stade (le film n'a commencé que depuis 10 petites minutes) on craint la surenchère grostesque, d'autant qu'on enchaîne rapidement sur des scènes de prostitution à l'aveugle concernant un transsexuel, qui s'avérera le fils de celle qui a adopté notre croque-mort.

 

Vous suivez ? Si non, ce n'est pas grave, car au-delà de ses outrances scénaristiques, qui par ailleurs s'emboîtent très clairement par le biais de flash-backs bien dosés, le film vaut surtout par sa maîtrise formelle exceptionnelle. La photographie y est magique, la mise en scène inspirée, et le film parvient à nous faire ressentir avec beaucoup de force le désir de beauté de son héros mutique qui peint, dessine, fait grandir des plantes, regarde la lune et la télé avec un égal émerveillement.

 

Jeon Kyu-Hwan ose un certain nombre de procédés fort originaux : pa rexemple les premiers plans du film montrent des plans de la ville de New-York peignant le luxe et la douceur de vivre avant de se conclure par une incrustation abrupte qui énonce "Notre héros ne vit pas dans ce monde-là". Les scènes oniriques (la danse en photo ci-dessus, le modèle de la peinture, le chant de coquelicots, les colombes miniatures) sont autant de réussites.

 

The weight est donc un film hors norme, qui ne ressemble à rien de connu de par son mix sujets sulfureux + traitement poétique + beauté formelle. Tout n'y est pas réussi, mais l'impression finale est agréable et marquante.

 

3e

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My own private festival : résultats

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/76/88/20352455.jpgFin du festival qui compte finalement 6 votants (voir leurs avis ici) : 

Et....le grand vainqueur est Wadjda.

Meilleur film

Cité 3 fois sur 6 en première position, le premier film saoudien, Wadjda, 34 pts, devance de peu Django Unchained (29 pts) et Passion (28 pts). Plus loin on trouve The master (24 pts), Spring breakers (22 pts), Dans la brume (20 pts), et ... Die Hard 5 (11 pts).

Meileure actrice

Waad Mohammed emporte la catégorie en étant citée 5 fois (sur 6 possible). Suivent Amy Adams, Naomi Rapace, Rachel McAdams (2 fois) et Karoline Herfurth (C'est qui ?).

Meilleur acteur

Sans trop de surprise, Leonardo di Caprio l'emporte (5 voix) devant James Franco (3) et un peloton constitué de Christoph Waltz, Joaquin Phoenix, Vladimir Svirskiiy (c'est qui ?) et Jamie Foxx.

Meilleur réalisateur

Quentin Tarantino écrase la concurrence (4 voix) devançant Haifa el Mansour, PTA, de Palma (2), Loznitsa et Korine (1)

Meilleur scénario

Troisième triomphe pour Wadjda (5 voix), qui surclasse Django, The Master et Passion (2) ainsi que Dans la brume (1). 

Coup de coeur

Paradis : Amour, l'emporte facilement, cité trois fois, devant la Bande des jotas, Aujourd'hui et Singue Sabour.

 

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Festival du film asiatique de Deauville 2013

http://www.abusdecine.com/upload/articles/affiche/festival-deauville-asia-2013-affiche-gde.jpgC'était ma première fois à Deauville, et je dois dire que cela m'a beaucoup plu. La salle du CID (1500 places) ressemble un peu au Grand Théâtre Lumière de Cannes (2300 places), en plus petit, sans dress code, et jamais complet. Le fait que les deux salles du festival donnent directement sur la plage a quelque chose de magique, surtout quand le soleil est au rendez-vous comme c'était le cas samedi. De quoi donner envie de tenter l'aventure du festival du film américain !

 

Samedi 9 mars 2013

 

Début tranquille à 10h du mat avec un film en compétition, le projet de fin d'étude d'une jeune japonnaise, Keiko Tsuruoka. Le film s'appelle The town of whales et souffre à l'évidence de son manque de moyens (le staff n'est pas professionnel). Ceci dit, je comprends pourquoi il a été sélectionné, car malgré son extrême précarité, le film parvient à séduire dans sa première partie grâce à un découpage et à un montage de toute beauté. Dans sa deuxième partie, il devient un peu nécrosé et regarde trop ouvertement vers le cinéma de Naomi Kawase (il est question d'une disparition), mais l'essai reste sympathique.

 

Dans la foulée j'enchaîne avec The weight, un film coréen passablement azimuté, sur lequel il me faudra revenir, où il est question de bossu travaillant dans une morgue, de transsexuels, de colombes mignatures et de nécrophilie pratiquée par un homme si laid qu'il revêt toujours un casque de moto. Le film de Jeon Kyu-Hwan réussit l'exploit d'être parfaitement maîtrisé, tout en traitant de sujets complètement barrés. Un tour de force qui ne fait pas dans la dentelle.

 

A 15h, retour du vétéran Chen Kaige (Adieu ma concubine) pour une comédie romantique classique (trop ?) et rythmée sur fond de Love story et de réflexion un peu sommaire sur le pouvoir du web. Le film se laisse regarder mais sans plus.

 

La sensation est tout autre pour le quatrième film de la journée, le sulfureux, puissant et déstabilisant Pieta de Kim Ki-Duk (sortie le 10 avril), http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/85/95/20482718.jpgLion d'Or du dernier festival de Venise. L'oeuvre est vertigineuse, dérangeante (des vagues de spectateurs ont quitté la salle), séche, austère, mais terriblement prenante. La photographie, le jeu des acteurs et le scénario à rebondissement rendent ce thriller psychologique exceptionnel à bien des égards. Un coup de coeur.

 

Dernier effort qui se termine vers 0h40 (quand même !), le dernier film de Brillante Mendoza, Thy Womb, nous emmène dans les îles du Sud des Philippines. C'est très étonnant de la part de l'auteur des sulfureux Serbis et Kinatay, mais le film est une sorte de docu-fiction aquatique, un peu décevant sur le moment, mais profondément dépaysant et assez profond, lorsqu'on y repense le lendemain.

 

Dimanche 10 mars

 

Toute petite journée aujourd'hui. Bouddha, le grand départ est une adaptation sous forme d'anime de l'oeuvre d'Ozamu Tezuka qui retrace l'enfance de Siddharta, futur Bouddha. C'est typiquement japonnais, plutôt complexe, intéressant et très plaisant à suivre un dimanche matin brumeux.

 

Merci Deauville. Je reviendrai...

 

Palmarès de Deauville Asia 2013 ici.

 

 

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Au bout du conte

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/95/36/54/20470648.jpgIl y a des films sur lesquels on n'a même pas envie de taper. Ils sont tellement médiocres, vides et immédiatement oubliables qu'écrire trop longtemps à leur sujet leur ferait trop d'honneur.

Au bout du conte fait partie de ces films. Ceux dont l'intégralité des bons moments sont dans la bande annonce (et encore, il ne s'agit que d'énièmes rodomontades à la Bacri). Ceux dont on se dit en sortant qu'il reposent sur du vent, qu'ils ne sont que l'ombre d'un film.

Tout est mauvais dans la dernière production Jaoui/Bacri, de Biolay en loup, dont le personnage s'appelle subtilement Wolf, au procédé type Instagram qui transforme l'écran de cinéma en écran de téléphone portable effet "verre poli".

L'idée de plaquer des éléments de contes sur une histoire d'une banalité affligeante ne fonctionne pas, il s'agit d'une fausse bonne idée, qui au final donne du sous-sous-Woody Allen.

A fuir.

 

1e

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Spring breakers

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/56/90/20440651.jpgSpring breakers est un film pop, vous l'entendrez dire sur tous les tons.

 

Qu'est-ce qu'un film pop ? Un film qui manie les couleurs acidulées dans les décors et les bikinis, qui triture la bande-son comme César le métal, qui bouge toujours sa caméra, qui multiplie les effets d'images (grain, netteté) comme dans un clip, qui cherche le rythme dans le montage, qui ose une scène dans laquelle on danse sur du Britney Spears en faisant une farandole en cagoule rose et mitraillettes, un film qui se moque du réalisme.

 

Est-ce qu'un film pop est un film ? Ou bien est-ce un long clip ? On peut raisonnablement se poser la question tellement le film d'Harmony Korine est finalement vide de sens, ne fondant sa légitimité que sur la répétition et le bégaiement (les tics sonores récurrents, les montages alternés systématiques, les situations se reproduisant). De cette narration redondante découle qu'on ne s'intéresse finalement que très peu au parcours des personnages, réduits à de simples silhouettes singeant des attitudes archétypales. Il y a dans le cinéma de Korine quelque chose qui rappelle celui de Sofia Coppola : la forme prend tellement le pas sur le fond que l'auto-complaisance menace constamment l'équilibre de l'entreprise.

 

De quoi traite au fond le film ? De ce qu'on veut bien y voir : décadence du rêve américain, difficulté de passage à l'âge adulte, documentaire sur les spring breaks... Comme toute bonne coquille creuse, on pourra la remplir de ce qu'on voudra.

 

Friandise artificielle bizarrement privée de sensualité alors que les personnages n'y sont jamais habillés (où est le sexe ?), Spring breakers laisse dans la bouche l'amertume d'une barbe à papa trop sucrée.

 

2e

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Festival du film asiatique de Deauville

http://www.cine-asie.fr/wp-content/uploads/2013/02/Deauville-2013-300x170.jpgCe week-end, je me déplace à Deauville pour assouvir une de mes principales passions cinéphiliques : voir des films en provenance d'Asie.

 

Au programme si tout va bien je devrais pouvoir y voir :

- Caught in the web, le nouveau film de Chen Kaige au pitch étonnant

- Pieta, de Kim Ki Duk, ours d'or à Berlin

- Thy Womb, du brillant Brillante Mendoza

 

Et quelques films à piocher au hasard dans la programmation.

 

A suivre, sur FB ou Twitter :

 

 

 

 

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Neige

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/66/88/66/18961732.jpgDrôle d'impression que j'ai ressentie à la vision de Neige, le film de Jean-Henri Roger et de Juliet Berto, l'égérie de Rivette. Le film, qui date de 1981, paraît vraiment d'un autre temps. Le monde qu'il décrit, peuplé de R12, paraît bien éloigné du nôtre, mais la façon de le filmer aussi.

 

On chercherait en vain une trame qui puisse maintenir l'attention, tant le film passe d'un sujet à l'autre, d'un personnage à l'autre, avec une immersion dans le réel de Pigalle et une image un peu sale qui rappelle furieusement le cinéma de Cassavetes, mais en mode franchouillard.

 

Si le scénario est inexistant et inintéressant, on est attentif aux compositions d'acteurs que l'on suivra ultérieurement (Jean-François Stévenin, Jean-François Balmer, Patrick Chesnais) et à certaines figures absolument étonnantes montrées (exhibées pourrait-on dire) par le film, comme celle du jeune travelo.

 

Comme parfois, si le film m'a en fait ennuyé, j'ai été littéralement fasciné par l'interview de Jean-Henri Roger (décédé en 2012), que je ne connaissais pas, et qui se révèle fascinante par ce qu'elle nous apprend de la nouvelle vague et d'une certaine façon de faire du cinéma : à l'arrache, sans un sou, en filmant en décors naturel au milieu des vrais passants, sans figurant. Ainsi, Roger raconte une scène incroyable du film dans laquelle le travelo dont je parle plus haut se fait accoster par de VRAIS flics, alors que la caméra tourne du trottoir opposé.

 

C'est en entendant un homme parler du cinéma comme cela, avec des étincelles au fond des yeux, que l'on se sent subitement fier d'être cinéphile.

 

Cette critique a été réalisée dans le cadre de l'opération DVDTrafic. Le DVD est sorti le 20 novembre 2012, distribué par Epicentre films”. Découvrez d’autres films sur Cinetrafic dans des catégories aussi diverses et variées que film a voir ou bien film sur la drogue.

 
2e

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