26 mars
Palmarès du Festival hier soir. Le jury a récompensé le "film à festival", complètement nul et ennuyeux, Iceberg, suivant ainsi une jurisprudence Wheerasetakul. Le public, lui a préféré à raison le beau et puissant La voie endormie (ce fut ma meilleure note en tant que public). Le jury a du sentir qu'il faisait fausse route, aussi a-t-il attribué une mention spéciale à Madrid 1987 (cf ci-dessous), mon coup de coeur, parfaitement capable de réconcilier public et critique. La dernière soirée du festival m'a permi de voir Malveillance, qui m'a un peu déçu. Critique à venir. Dans la salle le duo du film : Luis Tusar (physique, amusant, avec ses sourcils au-delà du réel) et Marta Etura, la nouvelle actrice espagnole bankable (elle parle français, et quelle ligne, mon Dieu, quelle ligne !). Le couple était aussi à l'affiche de Cellule 211, vu l'année dernière.
Allez, RDV en 2013.
25 mars
Jusqu'alors, tous les films vus dans le cadre du festival étaient intéressants. Changement de régime hier avec Iceberg de Gabriel Velazquez, qui montre les états d'âme de 4 jeunes le long d'un fleuve, en hiver. Le titre du film est un programme : comme un iceberg, il ne montre que peu de chose, laissant 90 % de son propos invisible, et c'est bien dommage. Le film est un brouet auteuriste cumulant tous les poncifs du genre : aucun dialogue durant tout le film, une image un peu sale, des allusions incompréhensibles ou au contraire trop évidentes, des plans inutiles. Une torture qui ne dure qu'1h20, heureusement.
24 mars
Hier soir, soirée double avec deux films sur des sujets pas franchement rigolos. La voz dormida (La voix endormie) est un long drame qui nous conte l'histoire de deux soeurs dans l'Espagne franquiste d'après guerre, en 1939. Hortensia est enceinte, et condamnée à mort pour ses opinions communistes : le jugement précise que l'enfant naîtra, et qu'elle sera exécutée ensuite. Pepita, peu engagée, optimiste et sensible, essaye par tous les moyens de faire sortir sa soeur de prison. Le film est extrêmement éprouvant, bien réalisé avec une très jolie photographie basée sur des couleurs un peu délavées et des clairs-obscurs. L'interprétation est excellente. On ne peut qu'être sidéré par l'extrême violence de ce régime fasciste dans un pays si proche du nôtre, il n'y a pas si longtemps (jusqu'en 1975), et par le rôle immonde que l'Eglise catholique y a tenu. A méditer à l'aune de l'actualité récente - et présidentielle. 3 Goyas 2012, et le Prix d'interprétation Féminine pour Maria Leon à San Sebastian 2011. J'espère que le film trouvera un distributeur en France.
Dans la foulée, un autre sujet difficile : l'abus sexuel d'un père sur sa petite fille, et ses conséquences sur la jeune adulte qu'elle devient. No tengas miedo (N'aie pas peur) met lui aussi les nerfs à rude épreuve. J'ai toutefois été peu convaincu par la forme du film. Le développement de la narration est très lente, le jeu du père indigne (incontournable Lluis Homar) est un peu trop figé à mon goût. Le film intercale des témoignages de vraies-fausses victimes entre ses différentes phases temporelles, et ce procédé me semble verser dans une sorte de malsaine complaisance. Le résultat reste marquant et le charisme du réalisateur, Montxo Armendariz, présent à la séance, est réel. Il s'agit sûrement d'un des plus grands réalisateurs espagnols contemporains, injustement méconnu en France. A noter la présence dans la salle de presque tous les membres du jury, dont l'ineffable Pierrick Sorin. Le film sera distribué en France, sa sortie est prévue en octobre.
21 mars
Pas trop le temps d'aller au festival ces jours-ci, c'est donc l'occasion de rappeler les critiques déjà publiées sur Christoblog concernant des films programmés : Blackthorn, Balada triste, Chico & Rita, Medianeras, La piel que habito, et un aperçu sur le très frais et plaisant Extraterrestre, vu aux Utopiales 2011.
17 mars
Grosse journée aujourd'hui. L'après-midi commence bien avec le trés beau Amador, déjà sorti depuis le 15 février. L'actrice Magaly Solier, déjà remarquée dans le beau Fausta, y est sublime. Je reviendrai dans un article complet sur cette oeuvre plus complexe qu'elle ne paraît au premier abord. Le film est remarquablement bien écrit, réalisé sobrement et laisse une trace durable dans l'esprit du spectateur.
Dans la foulée, Kike Maillo était présent pour présenter (brièvement) son film : Eva, qui sort le 21 mars. Le film a reçu trois récompenses aux Goyas et plusieurs prix, dont celui des Utopiales, à Nantes. Il s'agit d'une histoire de robot, qui se déroule dans les années 2050. Le début du film est haletant, brillamment réalisé, avec des décors magnifiques et des effets spéciaux de toute beauté. Le film est réalisé à l'américaine, ce que les espagnols savent mieux faire que nous. Dans sa dernière partie, Eva emprunte malheureusement les voies balisées d'un sentimentalisme excessif, et la belle mécanique du début tombe en panne. C'est dommage.
Fin de soirée avec une autre très bonne surprise : Madrid, 1987. Le pitch est simplissime : un chroniqueur cynique reçoit une jeune journaliste pour un entretien, l'emmène dans l'appartement d'un ami peintre et par un concours de circonstances étranges, le couple se retrouve bloqué dans la salle de bain pour une durée indéterminée. Je ne sais pas si le film sortira en France mais c'est un bijou dans son genre. L'écrivain, sorte de Woody Allen madrilène obsédé par le sexe, la vieillesse et par son propre talent, est sublime. La jeune femme est aussi très séduisante. Le film nous embarque dans une sorte de road movie immobile, un bavardage incessant tour à tour drôle, sensuel, grinçant et poétique. Je le conseille chaudement si vous avez l'occasion de le voir.
16 mars
Début du festival ce soir avec la projection du nouveau film de la réalisatrice Iciar Bollain (Même la pluie, Ne dis rien) : Katmandu, un miroir dans le ciel. Difficile de faire plus attaquable pour l'esprit cynique que je suis : le film narre la vie d'une jeune institutrice idéaliste et catalane, qui crée une école dans les bidonvilles de Katmandu. On est au croisement de mère Teresa (version Angelina Jolie, car l'actrice est magnifique) et de Connaissances du Monde, et pourtant (miracle) le film n'arrive pas à m'être complètement antipathique. Il y règne un peu d'une ambiance Fordo-Sirkienne, désuète mais agréable, avec une belle image et un sens imparable du récit.