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Christoblog

Divines

Qu'il est bon d'aimer et de défendre un film dont les nouveaux bien-pensants (Les Cahiers du Cinéma par exemple) diront qu'il se distingue par son mauvais goût ! 

En effet, le film de Houda Benyama ne brille pas, à l'image de sa réalisatrice, par son sens de la réserve et par la subtilité de son approche. Divines carbure à la gouaille de quartier, aux répliques qui claquent, aux sentiments faciles et à l'énergie brute.

Dans ce portrait d'une jeune fille qui est prête à tout pour réussir, y compris dans l'illégalité, il y a un peu de Scarface et beaucoup de Pagnol. Houda Benyama ose ce qu'on ose uniquement dans les premiers films (le film a obtenu la Caméra d'Or à Cannes cette année) : des astuces de mise en scène originales, des idées de cinéma frappantes (ce superbe décor dans les cintres), des contrastes de couleurs inhabituels. Bref, tout un attirail de coups divers et variés, destinés à l'évidence à frapper le spectateur au plexus. Dans mon cas, cela a marché, et je me suis viscéralement attaché aux jeunes Dounia et Mamounia.

Le scénario est assez malin, mélangeant les genres habilement, de la comédie au drame, en passant par le simili-documentaire, le film de genre et la comédie romantique. Plutôt que de se demander ce qu'on regarde exactement, il faut se laisser emporter par cette brindille de Dounia, femme en bourgeon et enfant effrontée, magnifiquement interprétée par l'incroyable Oulaya Amamra.

Une petite bombe émotionnelle à qui on peut prédire un beau succès en salle. Je le recommande chaudement.

 

4e 

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Toni Erdmann

Pour une fois, la publicité de l'affiche ("La Palme du public et de la presse") n'est pas mensongère.

De mémoire de festivalier, j'ai en effet rarement ressenti sur la Croisette un engouement aussi immédiat et unanime pour un film : le seul cas similaire qui me vienne à l'esprit, c'est celui de La vie d'Adèle.  

Toni Erdmann ne possède pourtant au départ rien de bien séduisant : un film allemand de 2h42, réalisé par une quasi inconnue du grand public. A Cannes, ceux qui avaient eu la chance de voir le film se moquaient cruellement des spectateurs timorés qui avaient zappé le film pour cause de nationalité / durée / manque de notoriété, et qui ne pouvaient le rattraper.

Les premières images du film renforcent d'ailleurs les a priori qu'on peut avoir à son encontre : image un peu sale, mise en scène qui ne ressemble à rien, intrigue qui démarre bien lentement. Rapidement cependant, Maren Ade parvient à nous intriguer : on réalise assez vite que l'écriture du film est millimétrique, que les développements du scénario sont imprévisibles et que les deux comédiens principaux sont tout simplement énormes.

L'intérêt pour le film monte ainsi crescendo d'une façon très étonnante, comme si le sismographe des émotions, à 0/10 avant l'entrée en salle, puis à 1/10 après dix minutes, montait régulièrement pour atteindre après une ou deux heures des 10/10 tonitruants, lors de plusieurs scènes d'anthologie, de types très différents au demeurant. 

A Cannes, la salle a applaudi de contentement et de surprise mêlés au moins deux fois (lors de la célèbre chanson, et au moment de la réception). Ce sont peut-être les moments de communion les plus forts que j'ai vécu à Cannes depuis cinq ans. L'ambiance y était alors euphorique.

Résumons nous : Toni Erdmann ne ressemble à aucun film que vous avez vu jusqu'à présent, et c'est pourquoi il est si difficile d'en parler. Tour à tour comédie de situation et drame sentimental, brûlot politique et fable morale, le film de Maren Ade est une pépite comme on en voit rarement, qui se permet d'embrasser plusieurs thématiques très différentes en profondeur.

Si le sujet des relations père / fille est au coeur du film, c'est loin d'être le seul abordé : Maren Ade y évoque aussi les relations entre pays riches et pays plus pauvres, les modes de fonctionnement du business international, les responsabilités individuelles, la misère sexuelle de notre époque et une dizaine d'autres sujets encore. 

Que le jury de Cannes ne lui ait décerné aucune récompense, alors qu'il les méritait toutes (scénario, mise en scène, interprétation) est incompréhensible. 

Le meilleur film de l'année, sans nul doute.

 

4e 

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Dernier train pour Busan

Pour apprécier Dernier train pour Busan, il ne faut pas être réfractaire au film de zombie.

Ce postulat étant posé, le film de Sang-ho Yeon (remarqué à Cannes il y a quatre ans pour un remarquable et terrible film d'animation, The king of pigs) est de facture très solide.

Au rayon des points faibles, on pourra toujours dire que les personnages ont des caractères assez grossièrement dessinés et que la mise en scène, peu recherchée, ne favorise pas véritablement l'empathie. 

A celui des points forts, il faut noter un scénario assez imaginatif, surtout dans la deuxième heure du film, une efficacité et une sobriété redoutables dans les scènes d'action, et la performance remarquable de la toute jeune actrice.

Dernier train pour Busan, s'il n'évite pas quelques facilités critiquables, reste un agréable divertissement pour amateur du genre. Il se différencie des blockbusters américains par sa capacité à éliminer progressivement et sans vergogne les gentils, et par sa modestie narrative, au final assez sympathique.

 

2e

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