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Christoblog

2011 : Un beau ramassis de ...

... déceptions.

 

drive.jpg

 

La mode, c'est quand même un truc bizarre. Allez expliquer à un visiteur du futur que Ryan Gosling dans Drive, au milieu des rayons de supermarchés (ouh, il a l'air méchant), a excité la planète cinéphile en 2011.

Aucune chance. Mais la hype auteuriste, ça brille et ça fait parler dans les festivals, même si c'est mauvais à en crever d'ennui comme dans Somewhere, Le cheval de Turin, Hors Satan et Pater.

 

Les Américains célèbres ne font plus quant à eux de bons films, c'est triste à dire, mais c'est comme ça. Ils l'ont prouvé de Eastwood (Au-delà, le titre comme une prémonition), aux Coen, qui continuent leur immersion progressive dans la médiocrité (True grit) en passant par un Soderbergh anémié, dont la filmographie semble tourner en rond autour du zéro (Contagion).

 

Côté français, l'année 2011 fut plutôt excitante, donc pas beaucoup de déceptions, si ce n'est l'insupportable Un amour de jeunesse et son jeune acteur Bouclettes.

 

Quelle tristesse de voir un film prometteur se résumer à un exercice de style un peu vain (Shame), un hommage compassé (Tron, l'héritage), un clip lourdingue (127 heures) ou à de tristes tentatives de réveiller le grand genre du western (Blackthorn, La dernière piste).

 

L'Asie enfin, qui m'enchante si souvent, ne m'a pas réservé cette année que de bonnes surprises (I wish I knew, J'ai rencontré le diable).

 

Heuereusement, il y eut aussi en 2011 plein de bons films. Nous verrons cela dans quelques jours.

 

NB : tous les films cités ci-dessus ont obtenu la note la plus basse possible sur Christoblog. Il y en a d'autres, mais dont j'attendais peut-être moins. 


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Gazette du festival d'automne 2

FA2smallComme pour les éditions précédentes, cette gazette va tenter de vous tenir informé de ce qui se passe sur les blogs des participants :  ffred, Bob Morane, Gagor, pierreAfeu, heavenlycreature, Marcozeblog, Hallyne, Anna, Squizzz, Tching, Herodonte, fredastair, Ben, jujulcactus, Stoni, black-cloud, Wilyrah, dasola, pépito, Platinoch, Claire, neil

Pour les visiteurs qui se demandent de quoi il s'agit, ils trouveront tous les renseignements ici. On peut toujours s'inscrire en cours de festival.

Allez hop, c'est parti, faudrait voir à programmer ses sorties à partir de maintenant. Sir, yes, sir !

Rappel de la sélection :

9 novembre : Contagion de Steven Soderbergh

23 novembre : L'art d'aimer d'Emmanuel Mouret

7 décembre : Carnage de Roman Polanski

7 décembre : Shame de Steve McQueen

  14 décembre : 17 filles de Delphine et Muriel Coulin

  21 décembre : A dangerous method de David Cronenberg

 

6 janvier

Nous en sommes à 12 votants avec la participation de Squizzz, Platinoch, dasola et Wilyrah.

29 décembre

La date limite pour voter est fixée au 7 janvier.

28 décembre

Ont voté : myself, ffred, Bob Morane, pierreAfeu, heavenlycreature, pépito, Marcozeblog, neil, et devinez quoi ... c'est à un duel franco-canadien qu'on assiste ! Côté acteur / actrice, deux favoris se détachent qui jouent chacun dans deux films de la compétition... je vous laisse réfléchir à tout ça.

14 décembre

Honte sur Shame : Christophe, ffred, myself

Shame bof : pierreAfeu, heavenlycreature,

Aime Shame : Marcozeblog, Squizzz, Herodonte, Ben, Wilyrah, dasola, neil,

Est-ce que cela suffira pour gagner ? Peut-être...

13 décembre

ffred finit le festival de plus en plus tôt, il m'a déjà envoyé son classement après avoir vu A dangerous method hier soir... mais je n'en dirai rien pour ne pas influencer les prochains votants. A noter que la date limite pour voter est désormais fixée : je vous propose le 2 janvier. Le festival d'hiver 2 débutera le 4 janvier avec Take shelter, s'étendra jusqu'à fin février avec pour dernier film Martha Marcy May Marlene qui répondra à Take Shelter comme dans un miroir, et sera à connotation "découvertes et jeunes auteurs". Une preview de la programmation peut-être ce soir vers 22 h sur Christoblog, si j'ai le temps.

Si Carnage ne suscite ni enthousiasme délirant, ni sabrage en règle, il en va autrement de Shame qui divise profondément les blogueurs, il y a les archi-contre (dont je fais partie), les contre, les pour, et les archi-pour. Je reviendrai d'ici la fin de semaine sur cette segmentation.

8 décembre

On aborde le coeur du festival avec deux films cette semaine. Carnage partage les blogueurs. Si j'ai trouvé le film moyen, ffred a beaucoup aimé, comme Wilyrah. Shame semble décevoir quelques spectateurs, si j'en crois les commentaires vus sur Facebook. Le niveau de festival d'automne 2 serait donc aussi uniformément faible que celui d'été était fort ?

28 novembre

La gazette revient après la polémique liée à l'annulation de 50/50, polémique ayant entraîné des échanges rappelant furieusement le festival de Cannes 1968 ... sans qu'il soit heureusement ici question d'annulation.

Bref, cette bataille d'Hernani VO/VF passée, faisons le point. Tout le monde, ou presque, a vu Contagion, et le film partage les blogueurs. Si si, certains ont aimé, comme Herodonte et fredastair et aussi jujulcactus. Diable, et si finalement Contagion créait la surprise... ?

Sur L'art d'aimer, les avis sont aussi mauvais partagés, même si la tonalité générale est à la déception (1,5/10 chez black-cloud, aïe aïe aïe). Le festival accomplit toutefois sa mission en faisant découvrir le cinéma de Mouret à Marcozeblog.

Premier avis (excellent) sur Shame chez Wilyrah. Le film de Steve McQueen confirme son statut de grand favori en puissance. A moins que Cronenberg...

18 novembre

Je reviens de deux jours de déplacements, et que vois-je ? Une heure de lecture de commentaires dignes d'une bataille d'Hernani sur ma gazette !

Je rappelle quelques éléments basiques, et fais quelques constats :

- les festivals sur Christoblog sont destinés à se faire plaisir, pas à s'emmerder (comme dirait mymp)

- je ne forcerai personne à aller voir un film étranger en VF, c'est une affaire de religion

- la qualité des films sélectionnés ne peut pas être connue à l'avance (heureusement !)

- jusqu'alors les sélections n'ont jamais "oublié" un film important, et ont à l'inverse permis de découvrir des films qui ont parfois triomphé (Une séparation, Restless)

- les votes sont très serrés sur Doodle pour les 3 films de remplacement : Le cheval : 5, Hara Kiri : 5, The Lady : 5 !!

- Hara Kiri et Le cheval de Turin auront des diffusions peut-être restreintes

- d'autres films pourraient aussi être "rattrapés" (Donoma par exemple)

Ce qui me permet (après avoir entendu toutes les parties) de décider :

- d'enlever 50/50 de la sélection

- de ne pas le remplacer

Du coup, le prix spécial revêtera pour cette édition une importance particulière.

J'organiserai éventuellement après le festival un match entre le vainqueur du festival et le prix spécial, si celui-ci est plébiscité.

Voilà, une solution pragmatique, équilibrée, qui devrait satisfaire le plus grand monde.

12 novembre

Premiers avis assez négatifs, bien que contrastés, sur Contagion. Celui qui a le moins aimé : myself. Le plus : Squizzz. Sinon, vous pouvez faire mieux connaissance avec la vedette cachée du film, le virus Nipah.

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A dangerous method

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/98/48/19828696.jpgA force de faire des critiques négatives, je me prends à penser que je suis un blogueur bien ... négatif. Et franchement, avant de voir le dernier Cronenberg, je craignais - le coeur triste et l'âme grise - de devoir rempiler pour une énième descente en flamme.

Mais non. A dangerous method m'a beaucoup touché. D'abord le film est un peu décevant. Keira Knightley semble surjouer, les décors paraissent curieusement ir-réels et en même temps sur-réels (une première touche Cronenbergienne), et l'histoire patine à ses entournures.

Et puis, progressivement, le film décolle. D'abord par de brusques accélérations narratives, puis par la grâce de l'apparition / disparition de plusieurs personnages étonnants (Freud / Gross / la femme de Jung), et enfin par la mise en scène de Cronenberg, pernicieuse et très maîtrisée comme d'habitude. Le Canadien s'affirme de plus en plus comme un des réalisateurs les plus intéressants de sa génération, puisqu'il réussit à surprendre de film en film, contrairement à d'autres qui radotent ou cachetonnent.

Au final, si le résultat n'est pas renversant, il est très plaisant (et instructif, même s'il est aussi simpliste). Une mention spéciale doit être décernée aux acteurs / actrices excellent(e)s, et en particulier à Fassbender, qui tient là peut-être son meilleur rôle depuis Hunger, tour à tour enfant distrait, homme perdu, créateur égoïste et coeur blessé.

La fin est particulièrement émouvante avec une magnifique scène sur un banc dont je ne dirai rien, et des cartons de fin (procédé un peu vulgaire, j'en conviens) terriblement efficaces.

Je recommande le film à tous ceux qui ont besoin d'une analyse, et même aux autres, mais y en-a-t-il ?

 

3e

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Le cheval de Turin

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/60/75/19796808.jpg

Introduction

 

Le film décrit la vie d'un vieillard et de sa fille, dans une ferme isolée. C'est la fin du monde. Le film en décrit les six derniers jours.

 

Premier jour

 

Le premier plan est de toute beauté. Je me dis que mes a priori ne sont peut-être pas justifiés. Dans le générique, j'ai vu qu'une des boites de production s'appelait Zéro fiction, et ça m'a fait un peu peur. Je comprends progressivement que le film est décomposé en plusieurs jours. C'est un peu lent. Première phrase de dialogue au bout d'un quart d'heure. Deuxième dialogue, dix minutes après. La mise en scène baisse d'intensité. Je commence à m'emmerder sérieusement.

 

Deuxième jour

 

Je sens que ça va être horrible, quand les scènes vues dans le premier jour se reproduisent.

Lever, habillage, coup de gnôle, absorption d'une pomme de terre bouillie avec les mains. Aie, aie, aie, ça sent le pâté. La mise en scène est devenue en plus quelconque : plans fixes d'une minute sur un mur ou un linge étendu, fondus au noir grossiers, zooms moches. Le film ressemble de plus en plus à un pensum de première année de l'école de cinéma de Brno. La répétition des scènes me rappelle quelque chose, mais quoi ? Oui : le dentiste ! Vous savez : vous allez chez le dentiste pour un simple contrôle et ce dernier vous trouve une carie bien avancée. Vous avez droit à 5 séances avec dévitalisation, fraises de toutes tailles, et moulages en tout genre (avec les petits coussins oranges contre les gencives). La première fois, vous regardez le plafond en étudiant les mouvements d'une mouche. La deuxième fois, vous surveillez la répétition des gestes de préparation avec une attention inquiète. La troisième, vous pleurez dans la salle d'attente.

Hé ben, là, pareil.

 

Troisième jour

 

Le moment délicat. Il s'est vaguement passé des trucs, mais assez horriblement filmés. Un mec est venu la veille, déblatérant un salmigondis de crypto-philosophie de comptoir, et jouant comme un pied une sorte de boudha hongrois et alcoolique. Maintenant ce sont des tsiganes d'opérette qui déboulent, attiffés comme des épouvantails, et donnant prétexte à une interprétation raciste (en plus d'être sexiste) du film.

Les gens autour de moi se font indubitablement chier à mort. La mamie devant discute avec sa copine pendant les scènes de vent (très bruyantes) et consulte régulièrement les textos de ses petits-fils. Le mec derrière moi change son manteau de fauteuil toute les cinq minutes et pose régulièrement son menton sur ses genoux en soupirant. Truc incroyable qui ne m'arrive jamais : je croise le regard d'un autre spectateur qui s'emmerde autant que moi. Je rêve de faire un esclandre en me levant et en criant à la cantonnade : "Vous avez tous payé 4,5 euros pour voir cette merde, bande de cons !". Oserais-je ?

 

Quatrième jour

 

Je me demande pourquoi personne ne sort de la salle. J'ai une explication : l'effet Saut à l'élastique.

L'effet Saut à l'élastique. Votre copain Marcel vous a conseillé un restau. Vous y êtes allé, vous avez aimé. Marcel vous a dit d'écouter le groupe Jolie Poids, vous avez écouté, et vous avez aimé. Marcel vous a ensuite dit : "Tu devrais essayer le saut à l'élastique, c'est génial". Hop, aussitôt pensé, aussitôt programmé, vous voilà le week-end suivant avec 10 copains sur un viaduc métallique, fixant le néant sous vos pied pendant qu'une sorte de Bernard Lavilliers ardéchois et tatoué tente un noeud de marin inusité autour de vos chevilles, avec un élastique rouge élimé. Vous n'avez qu'une idée en tête : vous barrer en courant. Mais ce serait trop con. Vous le regretteriez ce soir sous votre couverture (trouillard ! trouillard !) et tous vos copains vous regardent.

C'est pour ça que personne ne s'en va.

 

Cinquième jour

 

Le quatrième jour s'est terminé sur une scène d'une irréelle laideur : la fille regardant par la fenêtre, comme une copie de Munch en noir et blanc, conçue sur la butte Montmartre. Le cinquième commence avec la cérémonie des patates cuites à la vapeur, alors que le puits s'est tarri hier.

Moi : Oh, mais y font quoi, y mangent des patates cuites dans quelle eau ?

Moi : Il leur en reste peut-être de la veille...

Moi : Ben y sont vraiment con de cuire des patates dedans, y ferait mieux de la boire !

Moi : Et les patates cuites sous la cendre tu connais ?

Moi : Hé connard, j'ai pas trop vu de papier alu dans le coin...

Et tout à coup, coup de théâtre : un gars en bas à gauche sort de la salle. J'ai envie de crier : "Non, pas toi, pas maintenant ! T'en a chié pendant 2 heures, et tel le cycliste dont les fesses sont tapissées d'ampoules, tu abandonnerais l'ascension de l'Alpe d'Huez dans le dernier lacet ? Non ! Cela ne se peut !". Ouf, l'incontinent est juste parti soulager sa vessie et revient, nous irons donc tous jusqu'au bout, ensemble.

 

Sixième jour

 

Le meilleur. Il dure 2 minutes. C'est comme si, alors que vous êtes torturé à mort par un monstre et que craigniez encore plusieurs séances éprouvantes, ce dernier sortait tout à coup un flingue et vous dise : "C'est fini", et vous tire une balle dans la nuque. Délivrance subite et miséricordieuse.

 

Conclusion

 

Les habitués de Christoblog se rapelleront peut-être que Le chant des oiseaux, d'Albert Serra, représentait pour l'instant le parangon de la vacuité prétentieuse en noir et blanc. Aujourd'hui, c'est Le cheval de Turin qui en constitue le nouveau mètre-étalon.

 

1e

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The killing

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/08/77/19445750.jpgForbrydelsen.

Pour ceux qui ont vu la série danoise (oui, oui, danoise) dont je parle dans cet article, ce mot évoquera le générique angoissant (et ô combien agréablement attendu) de chaque nouvel épisode.

Un jeune fille a été tuée par un sadique. L'enquête va durer 20 jours (= 20 épisodes). Bien entendu les fausses pistes vont se multiplier avant le dénouement final dont je ne dirai pas un mot, soyez rassuré.

Un couple adorable d'enquêteur est sur la brèche. Elle est entièrement bouffée par son métier (sa mission, son sacerdoce ?), lui ne peut pas l'encadrer et voudrait bien s'en débarrasser.

Quoi de neuf, allez vous me dire ? Et en particulier par rapport aux séries US ? Eh bien, chers lecteurs, le rythme. Parce qu'ici vous êtes priés de ne pas être pressé. Avant de voir l'enquête avancer (doucement), il vous faudra apprendre à connaître dans l'intimité chacun des protagonistes du drame. A savoir : les parents de la victimes (insoutenables phases du deuil), le politique lié (ou pas ?) à cette sombre affaire, plus une incroyable série de seconds rôles parfaitement interprêtés (conseillers, collègues, professeurs, amis de la victimes, journalistes, etc..).

C'est extraordinairement bien joué, le scénario est millimétrique et la mise en scène impeccable.

Pas étonnant qu'un remake US existe, au demeurant tout à fait honnête, parait-il.

Il existe une mini-deuxième saison que je commenterai quand elle sera sortie, mais en attendant, si vous aimez les séries et que vous rêviez d'un drame mélangeant l'urgence haletante de 24 h chrono et la densité de réalité de The wire, The killing est pour vous, sautez sur l'occasion.

 

4e

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Marché sexuel des filles

marche_sexuel_des_filles.jpgNon, Christoblog n'est pas devenu un site porno.

 

Il faut simplement que je vous parle d'une expérience extrêmement traumatisante vécue lors du dernier festival des 3 continents, à Nantes. Anna, qui était de passage, en parle aussi sur son blog.

 

D'abord, une petite mise en perspective. Il s'agit là d'un roman-porno, genre à part entière, développé par la Nikkatsu à partir de 1971. Il s'agit le plus souvent de films à petit budget, tournés en une semaine. Ils sont érotiques, et non pornographiques, et entrent en résonnance avec les phénomènes socio-culturel du Japon de l'époque. De grands cinéastes y ont fait leurs armes. Je ne connais pas d'exemple similaires dans l'histoire du cinéma mondial.

 

Sans être grand spécialiste, j'ai cru comprendre qu'il existe des romans-pornos burlesques, violents, mélodramatiques ou tragi-comiques.

 

Ici, la situation est d'une noirceur absolue. Le film montre les activités des prostituées d'Osaka, et suit en particulier l'une d'entre elle, qui s'occupe en plus d'un frère handicapé mental. Le film impose des scènes d'une violence psychologique insoutenable. La bestialité des hommes et leur tyrannie sur les femmes sont montrées avec une crudité que je n'ai jamais vu ailleurs. Le réalisateur n'hésite pas à filmer des scènes extrêmement dérangeantes comme une prostituée qui semble éprouver du plaisir durant un quasi viol, ou une fellation effectuée par l'héroïne à son propre frère. Devant ce spectacle on est comme hébété, tant les codes politiquement corrects de nos habitudes sont balayés. On se demande si le cinéaste est en train de dénoncer ce qu'il nous montre avec ostention, ou s'il joue complaisamment avec nos instincts de voyeur.

 

La mise en scène est abracadabrante, passant gaillardement du gros grain noir et blanc à la couleur sans crier gare. Bref, une expérience absolument hors du commun.

 

3e

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17 filles

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/97/93/19860722.jpgBien sûr, ceux qui le voudront trouveront des aspects négatifs à 17 filles.

Avant de parler de ce qui fait la valeur du film, je passe donc rapidement sur ses défauts : certaines maladresses de mise en scène, des seconds rôles très approximatifs et un montage un peu mou. Voilà, c'est fait.

Rappelons le pitch du film : 17 jeunes filles (mineures, 16 ans), décident de tomber enceintes en même temps. On nous précise en introduction que le film est inspiré de faits réels - ce qui ne présente en soi aucun intérêt -  nous sommes bien d'accord, sauf quand il s'agit de dire aux spectateurs : notre histoire, aussi invraisemblable puisse-t-elle paraître, est vraie.

Ce qui me plait incroyablement dans ce film, c'est sa part féminine. Exit en effet les garçons, réduits à de simples inséminateurs (qu'on peut rétribuer comme des taureaux reproducteurs), et exit aussi les pères et les mères, absent(e)s ou impuissant(e)s. Que reste-t-il ? La boule de volonté pure de Camille, enceinte par accident, qui va assumer son état et créer une mode, si je veux être cruel, un projet politique, si je veux être idéaliste. Et l'énergie qui se dégage de ces filles, à peine pubères pour certaines, au corps de bimbos pour d'autres, emporte tout sur son passage. 

Elles rêvent d'un autre monde, et vomissent le nôtre. Comme dit Camille : avoir un bébé, c'est être sûr que quelqu'un t'aimera pour de vrai toute ta vie. C'est un programme. Et un peu moins illusoire que les autres, peut-être.

Alors oui, j'en entends déjà qui pinaillent sur ceci ou cela, mais oui, je peux dire que les plans fixes sur les ados dans leur chambre, au milieu de leurs nounours, et mélancoliquement filmées en plan fixe, sont un peu lourds. Mais leur répétition fait sens : elles sont seules au monde, et leur démarche est une profonde manifestation de ce que l'humanité à de plus forte en elle. La liberté !

Et alors que l'amour n'est nulle part, l'utopie est partout.

 

3e

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Le tableau

le-tableau.jpgL'animation française confirme d'année en année sa bonne santé. Après Michel Ocelot, Jacques Rémy Girerd, et Sylvain Chomet (entre autres), voici donc le nouveau film d'un réalisateur rare : Jean François Laguionie, 72 ans.

 

Nous sommes dans un tableau. Trois sortes de personnages : les Toupins (qui sont tout peints), les Pafinis (qui ne sont pas finis) et les Reufs (au stade de l'esquisse). Le début du film, qui nous présente les rapports entre ces trois castes, est passionnant. On sent que ce monde est riche en métaphores de divers types (les classes sociales, la discrimination raciale, le passage de l'enfance à l'âge adulte).

 

Ce qui enchante également, c'est l'incroyable talent de coloriste que révèle le film. Certains plans sont d'une beauté irréelle.

 

Dans un deuxième temps, trois personnages vont chercher à s'échapper du tableau pour retrouver le peintre, et faire en sorte que chacun puisse être terminé. Si cette quête réserve quelques très beaux plans (comme la chute hors du cadre), on pourra la trouver un peu plus lassante, et moins originale que la première partie. Le rythme du film dans sa partie médiane souffre donc d'une chute de régime, qui rend plus évident l'aspect rustique de l'animation elle-même.

 

La fin manque un peu de sel : changer de couleur pour changer de classe parait un raccourci un peu simplificateur, voire douteux, si on l'applique aux couleurs de peau humaines (je n'ai pu m'empêcher de penser à Michael Jackson). D'une certaine façon j'aurais préféré pour la beauté du geste que les Pafinis mettent un point d'honneur à rester Pafinis (ce que fait d'ailleurs la jeune fille qui s'échappe à la fin du film).

 

Ces petites réserves ne doivent pas vous empêcher d'aller voir ce film étonnant et plastiquement très réussi, qui vaut le coup d'oeil.

 

2e

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Père Noël Origines

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/98/00/19720573.jpgMais qui peut avoir une idée aussi bizarroïde que celle qui est à l'origine de ce film ? Et surtout comment les concepteurs ont pu trouver l'argent pour en faire un long-métrage ? Voilà les questions que vous vous poserez certainement en allant voir Père Noël Origines.

 

La réponse tient dans la hype qui entoure le réalisateur, Jalmari Helander, qui réalisa en 2003 un court-métrage avec 3500 € (Rare Exports Inc), qui connut à l'époque son heure de gloire sur Internet, et fut remarqué, dit-on, par Luc Besson.

 

On a beau aller beaucoup au cinéma, il arrive qu'on soit encore surpris pour le meilleur, pour le pire, ou comme ici, pour rien du tout.

 

Père Noël Origines commence comme du Spielberg. On a l'impression d'assister à un grand spectacle (montagne enneigée en décors naturel, travelling aérien, image soignée), et on se dit : "Voilà un thriller nordique intéressant". Et puis, on suit un petit garçon, et là on commence à penser à un Stephen King nordique. Le film change alors d'optique pour aller vers du fanstastique d'ambiance, avant de bifurquer vers une sorte de film d'action avec gros calibres. Tout ça avant un passage digne du Seigneurs des Anneaux en terme de moyens (mais d'où vient tout ce pognon, c'est hallucinant). Dans les derniers plans, il semblerait que le film soit finalement une comédie. Ca sent le délayage de court-métrage.

 

Un point à noter : l'absence totale de femmes dans le film. On ne sait pas trop si c'est volontaire, mais cela contribue à donner au film sa patine de film potache tape à l'oeil.

 

Basta, vous l'avez compris, je n'ai pas du tout adhéré à cette co-production franco-norvégo-suédo-finlandaise, et je suis prêt à parier que le bide va être retentissant. En effet, le film n'est fait pour aucun public : les enfants auront peur, les ados ne le trouveront pas assez gore, les adultes amateurs de sensations fortes l'estimeront trop sage et les autres trop osé. Les cinéphiles ont autre chose à voir en ce moment, comme Donoma par exemple.

 

1e

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La fin du silence

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/17/47/19729308.jpgJ'ai pour principe de ne pas dézinguer les premiers films.

 

En plus celui-ci se passe dans les Vosges (ma terre natale, nobody's perfect), qui forment un arrière-plan tout à fait séduisant, et, à mon avis, pas assez exploité par le cinéma français.

 

Le film rappelle dans son installation les pires coins forestiers vus sur grand écran : Délivrance, ou plus récemment Essential killing ou Winter's bone.

 

La première scène subjugue par la maîtrise affichée par le réalisateur, Roland Edzard. C'est fluide, c'est prenant, c'est brutal.

 

Puis, tristement, le film semble ensuite victime d'une sorte d'arythmie maladive qui le fait passer par des stades de profond malaise (dans ces moments, il frôle l'excellence, comme si les Dardenne rencontraient l'écrivain vosgien Pierre Pelot), et par des phases quasi-inutiles, qui ne semblent vouées qu'au remplissage devançant le prochain pic d'intensité.

 

On pense aussi souvent à la tragédie grecque, et si la trame narrative comporte bien des trous (comme si le film était un moyen-métrage un peu délayé), l'intensité du jeu des acteurs rend l'expérience assez plaisante.

 

Bon, soyons francs, ce n'est pas génial et peu de gens le verront, mais c'est le premier film d'un cinéaste dont on entendra probablement parler à nouveau.

 

2e

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Shame

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/81/98/98/19812109.jpg

Attention, cet article contient des spoilers.

 

Dans Shame, on voit très bien ce qu'à voulu faire Steve McQueen. Malheureusement, on voit aussi très bien, et en continu, à quel point il n'y arrive pas.

 

Ce qu'il a voulu faire, c'est montrer l'enfer d'une addiction peu abordée au cinéma, l'addiction au sexe, dont on a commencé à parler récemment seulement, à travers les cas de certaines personnalités, comme Tiger Woods par exemple. Le réalisateur tente donc de nous décrire la spirale pulsion / passage à l'acte / sevrage / rechute / pulsion / etc,  assez classique dans ce genre de situation.

 

Le souci est qu'on ne s'intéresse jamais vraiment aux problèmes de son personnage. Sûrement d'abord par la faute d'un scénario tout à fait bancal, amorçant des pistes tout de suite refermées (le boss, l'amourette avec la jolie secrétaire), et introduisant le rôle de la soeur de façon totalement artificielle. Carey Mulligan semble se spécialiser dans les rôles de cruche, après la maman cruche de Drive, elle s'essaye ici à la cruche pouffiasse avec une conviction moyenne et un résultat déplorable. Jamais je ne suis arrivé à voir les deux personnages comme frère et soeur. Le climax complètement raté (la tentative de suicide alors que Brandon se paye une soirée bien gratinée) est symptomatique de la lourdeur du scénario, qui ne nous épargne aucun cliché.

 

Le film souffre globalement d'un déficit de crédibilité et de mise en perspective.

 

Shame est glacial, glacé, et Fassbender (qui pour une fois semble avoir des difficultés à tenir le manche, si je puis dire) est obligé d'en faire des tonnes (rictus, larme en coin, grimace et prostration) pour nous faire bien comprendre qu'il est mal. La mise en scène, qui m'avait ravie dans Hunger, est ici ampoulée et ne sert rien d'autre qu'elle-même. Bien sûr certains cadres sont bien vus (comme celui du pré-générique) mais c'est le moins qu'on puisse attendre d'un plasticien.

 

L'ennui n'est donc jamais loin, et la déception cruelle.

 

Steve McQueen sur Christoblog : Hunger

 

1e 

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Carnage

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/59/20/19854152.jpgUne soirée plutôt amusante, mais qui laisse un goût d'inachevé, voilà le menu offert par Polanski dans son dernier opus.

 

Comme c'est parfois le cas, Carnage offre malheureusement l'essentiel de sa substance et de son intérêt dans sa bande-annonce. Si vous l'avez vue, vous connaissez donc l'intégralité du scénario : deux couples new-yorkais enfermés dans un huis clos tentent de régler leur différent (un des enfants a blessé l'autre avec un bâton), dévoilant petit à petit leur nature et faisant fondre le masque des conventions.

 

Le film séduit par la mécanique de dégradation progressive qui en constitue la trame (pourtant pas aussi parfaite qu'on peut le lire ici où là), le jeu de ping pong des répliques et quelques situations bien senties. Il repose évidemment sur le jeu du quatuor d'acteurs.

 

Christoph Waltz sera selon votre point de vue le meilleur ou le plus cabotin. Il n'est pas loin de l'auto-parodie. Jodie Foster m'a semblé la moins convaincante des quatre, alors que Kate Winslet est très bonne (oh ça va les cancres du fond, arrêtez de ricaner), comme John C Reilly, impeccable en vendeur de chasse d'eau.

 

On pourra regretter que le film ne fasse que brasser un nombre de clichés effarants (la solidarité masculine, la bonne conscience des bobos gauchistes, etc, etc).

 

Personnellement j'aurais souhaité que le carnage aille beaucoup plus loin et je trouve que le film manque singulièrement de cruauté. Finalement tout ce beau monde se comporte encore finalement assez bien et la nature humaine, si elle en sort légèrement écornée, n'est finalement pas assez malmenée à mon goût. L'ouverture du dernier plan sur le gentil petit rongeur est emblématique de cette gentillesse assez peu polanskienne.

 

Un divertimento innofensif.

 

Polanski sur Christoblog : The ghost writer

 

2e

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Créatures célestes / Heavenly creatures

 

heavenly5.jpgCette critique est triplement dédiée à heavenlycreature, alias Fabrice :

- qui fut un des premiers à m'accueillir sur Allociné

- dont le pseudo m'intrigua instantanément

- qui m'a prêté le DVD

 

Il y a du culte dans ce film.

 

D'abord, c'est le premier long-métrage de Kate Winslet, qui campe une pimbêche anglaise débarquant en Nouvelle Zélande avec un brio presque excessif. Nous sommes 3 ans avant Titanic, mais elle crève déjà l'écran.

 

Ensuite parce que la mise en scène de Peter Jackson est complètement azimuthée et le fit remarquer par Hollywood, avec la suite que l'on sait. Le film obtint au passage un Lion d'argent à Venise, de la part d'un jury présidé par David Lynch.

 

Heavenly creatures possède un ton très particulier, à la fois brillant et un peu kitsch, constitué d'un mélange brutal de réalisme social, d'onirisme morbide, de tendresse amoureuse et de mouvements de caméra acrobatiques. Les antagonismes fille réservée / fille sûre d'elle, blonde / brune, riche / pauvre, sont exacerbés par Jackson à l'aide d'effets presque expressionnistes. 

 

Les deux amies se construisent un monde à elles, basé sur le roman et l'invention, qui devient de plus en plus irréel à mesure que le film avance vers une fin qui, elle, est terriblement ancrée dans la réalité (et de plus inspirée d'une histoire vraie).

 

Un film de virtuose bricoleur, dont l'histoire ne peut laisser aucun spectateur indifférent.

 

3e

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Donoma

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/72/46/35/19165506.jpgQuand on ne s'attend à rien, on a toujours plaisir à découvrir quelque chose.

En allant voir Donoma, j'obéissais un peu à l'appel du buzz que tout blogueur un peu consciencieux doit suivre. Donoma était dans mon esprit "le film à 150 euros et aux images floues". Traduisez, un peu cradingue, et probablement agressif et/ou ennuyeux.

Et paf, le film n'est rien de tout cela, il en est même le contraire, et d'une corvée plus ou moins agréable (cocher la case J'ai vu le film qu'il faut voir), le dimanche soir s'est transformé en pur moment de bonheur cinématographique.

Commençons par le début. La première scène happe littéralement l'attention. Toute les qualités du film s'y révèlent déjà en bloc : une attention extrême au jeu hypersensible des acteurs, une liberté totale du cadre, de la focale et des mouvements de caméra, un art du dialogue qui captive l'attention en empruntant systématiquement des voies surprenantes. 

L'actrice Salomé Blechmans fait une entrée fracassante dans le film. Elle y sera magnifique de bout en bout, comme les autres femmes du film d'ailleurs. Le talent de Carrenard s'exprime pleinement avec ses interprètes féminines, toutes plus émouvantes les unes que les autres : Emilia Derou-Bernal, une prof d'espagnol embarquée dans un imbroglio diabolique, Laura Kpegli, photographe poétique qui invente un jeu absolument génial, Laetitia Lopez, émouvante en fille blanche de parents noirs. Une prestation collective impressionnante. 

Les garçons sont bien aussi, mais je ne vais pas non plus en tartiner cinq pages, donc hop je passe à l'homme orchestre, à celui qui inspirera systématiquement les remarques du genre Mais y sort d'où celui là ?, Djinn Carrenard, monteur, producteur, ingénieur du son, réalisateur et directeur de la photo de son film. Pour ceux que ça intéresse j'ai trouvé une jolie petite biographie qui en dit plus sur le bonhomme, de ses origines haïtienne à sa carte UGC illimité (qui lui fait définitivement quitter la Sorbonne).

Vous me connaissez, j'ai souvent la dent un peu dure, mais ici à l'inverse - et ça me fait bizarre de le dire - il y a bien une étincelle de génie dans le travail de ce jeune réalisateur. Le film est complexe, puissant, et tout y semble incroyablement juste. Même les flous semblent tomber au bon moment. On a parfois l'impression de redécouvrir la puissance originelle du cinéma : des cadres qui n'en sont pas, des plans de coupe impromptus, des tangentes bizarres (les personnages revivent une scène en arabe), des plans osés (la superposition d'images dans le train), des inventions évidentes et sidérantes (le son qui s'arrête plusieurs minutes, les plans intégralement noirs dans la cage d'escalier). Tout semble évident et inventif à la fois, traversé par une énergie souterraine qui irrigue le jeu des acteurs, le scénario dans son ensemble, la bande-son (remarquable elle aussi) et le montage. J'ai pensé aux premiers films de Spike Lee, et aussi à la maîtrise de vieux roublard qui ont caractérisé les premiers films du tout jeune Fatih Akin (Head on par exemple).

C'est beau, c'est émouvant, c'est magique. Alors maintenant, trouvez vous une salle, et allez-y. Et en sortant, convainquez trois personnes d'y aller. 

 

4e

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The promise : the making of darkness on the edge of town

The promise est un documentaire de Thom Zimny, qui nous projette dans les sessions d'enregistrement du quatrième album de Bruce Sringsteen, il y a 32 ans. Constitué en grande partie d'images d'archive, il propose en contrepoint des témoignages récents des différents acteurs ayant participé à celle folle aventure.

Le film a été présenté et très bien accueilli au festival de Toronto 2010 (avec une bonne critique du Monde), puis à ceux de Londres et Rome. Il est disponible dans la box luxueuse parue en 2010, à l'occasion des 30 ans de Darkness on the edge of town.

Si dans sa forme le film n'a rien d'exceptionnel, ce qu'il donne à voir est tout simplement extrêmement rare : on n'aura jamais vu d'aussi près le moment décisif de la création artistique. Rappelons rapidement les faits. Springsteen a fait la une de Time et de Newsweek la même semaine à l'occasion de la sortie de son précédent disque, Born to run. Il est à un moment crucial de sa carrière : soit il va être un véritable artiste, soit un simple feu de paille.

Le film commence par nous exposer le combat juridique qui l'oppose à Mike Appel, son producteur, avec lequel il a signé naïvement un contrat qui le prive de ses droits de contrôle sur la musique qu'il produit. Plutôt que de céder, Springsteen refuse d'enregistrer, il est conscient que se joue là un épisode déterminant de sa vie. Le temps que le procès se déroule, le groupe tourne, survit comme il peut, la situation est difficile, mais on voit déjà les deux éléments majeurs qui caractérise la carrière du boss : il ne fera aucune concession, et le E Street Band le suivrait jusqu'en enfer, quelqu'en soit le prix.

Une fois réglés les problèmes juridiques, le groupe entre en studio. Le film montre alors une épopée absolument inimaginable de nos jours. Les sessions vont s'étaler sur pratiquement un an, les membres du E Street Band restent enfermés parfois 24 h sur 24, Springsteen écrit plus de 70 chansons, dont certaines en plusieurs versions. Il se dégage du film l'impression d'assister à un processus qui touche à la magie pure, une sorte de fontaine intarissable à produire de la musique et des textes, qu'un groupe de personnes s'approprie immédiatement comme les leurs.

Le plus incroyable, c'est observer comment la volonté pure de Springsteen recherche une sorte de perfection, comme indépendante de sa volonté. L'artiste cherche à peindre un tableau entier, complet, qui sera sombre, et parlera du sentiment tragique de la vie, mais aussi de la volonté de rechercher la rédemption et les raisons d'espérer. Il dresse ce faisant un tableau poignant de la société américaine comme de la condition humaine. Dans cette entreprise un peu folle, il est sidérant de le voir exclure les deux tubes potentiels de l'album pour les offrir à Patti Smith (Because the night) et aux Pointer Sisters (Fire), simplement parce que ces deux morceaux ne "rentrent" pas dans l'idée qu'il se fait de Darkness. Le fait de ne pas retenir non plus The promise, une des plus belles chansons qu'il ait écrite et sur laquelle le groupe a travaillé trois mois (?!) est encore plus incroyable.

Pour les  plus jeunes qui ne connaissent que Born in the USA, le film peut être un excellent moyen de faire découvrir le travail d'un des plus importants songwriters encore en activité.

 

3e

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Hara-kiri : mort d'un samouraï

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/43/83/19840909.jpgHara kiri est un remake (assez fidèle paraît-il) d'un vieux film de Kobayashi. Il a été réalisé par Takashi Miike, réalisateur japonais prolifique (jusqu'à 4 films par an) et réputé pour l'extrême variété des genres qu'il aborde, souvent avec des styles très différents, et baroques.

 

N'en connaissant pas le scénario, j'ai découvert le film absolument sans a priori, en m'attendant plutôt à assister à de nombreux combats de sabre. Or, le film est presque exempt de ce type de scène.

 

Le début a été pour moi une sorte d'émerveillement. Une mise en scène d'un classicisme extrême, très douce, une succession de plans d'une beauté insensée, une histoire intrigante qui se met tranquillement en place.

 

Le plaisir de retrouver ce Japon éternel, amoureux des belles choses et des beaux gestes, décuple le plaisir. Le réalisateur prend plaisir à caresser avec sa caméra des intérieurs aux peintures magnifiques, des objets conçus dans l'idée de les rendre à la fois les plus beaux et les plus simples, des plats et des bouquets divinement composés, des gestes d'une élégance extrême. L'impression ressentie est magique.

 

Passée l'agréable surprise initiale, le film emprunte malheureusement les chemins d'un mélodrame réaliste beaucoup trop balisé, avant de rebondir sur la fin.

 

Par ces temps de Fukushima et de crise, le film interpelle fortement la notion d'honneur si chère aux Japonais encore aujourd'hui, mais aussi celles de compassion, de pitié. Un peu long (à l'image de la scène de combat finale, qui s'éternise), et un peu trop sage certainement, mais d'une incroyable beauté visuelle.

 

3e

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