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Christoblog

Articles avec #j'aime

Ma part du gâteau

Moins : Allez, le dernier Klapisch est vraiment une sous-merde rétrograde. Autant d'idées reçues dans un seul film, c'est simplement pas envisageable : la pauvre dunkerquoise est vraiment une looser pitoyable, les clichés sont tellement appuyés que le film relève plus de la décalcomanie que du cinéma.

La lourdeur des scènes pseudo-émouvantes n'a d'égale dans le film que la tendance lourdingue de la bande-son. Etc, etc...

Plus : Ben bizarrement le film m'a plus touché que je ne pensais qu'il le ferait. Alors je m'explique : et si Ma part du gâteau dessinait un portrait idéal (au sens de parfait) du méchant du XXIème siècle ? Car enfin, le film refuse une évolution qui parait évidente : celle qui aboutirait à un happy end où le méchant ne serait pas méchant. Ici (et n'est-ce pas le mérite de Klapisch ?) le méchant reste vraiment méchant jusqu'à la fin et, finalement, le mirage de Pretty Woman reste un mirage. Depuis quand a-t-on vu personnage aussi dérangeant que celui joué par Lelouche (ignoble rapace sexuel à Venise, raclure infatuée sur le balcon de l'hôtel londonien, narrant laconiquement sa conquête au téléphone) ?

Le cinéma de Klapisch possède bien des défauts.

Grâce au diable il admet bien des qualités, dont la moindre n'est pas l'empathie. Quand au sens du rythme, le cinéaste et ses assistants semble le posséder à la perfection. J'ai donc aimé, presque malgré moi.

 

3e

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Boxing gym

Boxing gym est un documentaire minimaliste : Frederick Wiseman, le réalisateur, film frontalement l'intérieur d'une salle d'entraînement dédiée à la boxe, sans chichis et sans fioritures. Techniquement les moyens sont très limités (éclairages naturels, cadrage à l'épaule...), et les partis pris de mise en scène sont radicaux : si des extraits de conversations sont captés, jamais les personnes filmées ne s'adressent directement à la caméra.

Le résultat est très intéressant, d'un double point de vue : esthétique et éthique.

Esthétique : les innombrables exercices ressemblent à de la danse. La géométrie d'un élastique tendu en diagonale d'un ring, la chorégraphie de plusieurs paires de pieds, la beauté étrange des différents appareils de torture utilisés, un gros plan sur des gants : chaque scène possède une beauté formelle indéniable, et l'ensemble finit littéralement par hypnotiser. J'ai pensé plusieurs fois à des cérémonies religieuses devant les sortes de transes que montre le film : derviches tourneurs au Texas...

Ethique : c'est l'aspect tout à fait étonnant du film. Alors que la salle de boxe devrait être le lieu où la violence et l'agressivité se concrétisent, voilà que par un étonnant renversement de perspective, elle devient une sorte de parangon de démocratie égalitaire. Sous la coupe d'un manager génial, doux et compréhensif, la petite salle est un microcosme dans lequel tous se valent. Riches (très riches) / pauvres (très pauvres) / Noirs / Blancs / Hispanos / jeunes (très jeunes) / vieux (très vieux) / hommes / femmes / gros / minces / pros / amateurs / malades (épileptiques, asthmatiques) : tout le monde aide tout le monde et respecte tout le monde.

Boxing gym, outre le fait d'être un excellent documentaire, est aussi une merveilleuse leçon de vie. A voir absolument en complément de Fighter.

 

3e

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Paul

Nick Frost. Universal Pictures International FranceDeux anglais fans de SF en pèlerinage dans l'Ouest des USA. Voilà le début de Paul.

Et pour tout dire, c'est le plus drôle. Les deux anglais (Simon Pegg et Nick Frost) sont très bons avec leur accent inimitable. Leur confrontation aux rednecks est savoureuse.

Nos deux gentils britishs tombent ensuite sur un vrai alien, grossier et hableur, qui vient de s'échapper d'une prison où les Américains le gardaient depuis quelques dizaines d'années. A partir de là, ça se gâte un peu, avec injures pipi-caca plus fréquentes que nécessaires. Des flics idiots pourchassent les fuyards, qui emmènent avec eux une jeune fondamentaliste chrétienne. Cette dernière effectue une sorte de conversion au contact de l'alien polisson, et se met à jurer de façon continue, genre syndrome de la Tourette. Quelques running gags sont amusants (le fait qu'on prennent le couple de copains pour des gays).

Le film manie avec quelque réussite le xième degré et accumule de très nombreuses références cinématographiques (Spielberg se tuyaute auprès de notre alien pour concevoir son ET).

Bah, ce n'est pas très fin, on suit les évènements avec un certain plaisir, mais sans éclater de rire non plus.

Paul ne vise pas haut, mais du coup, il ne rate pas sa cible.

 

2e

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Winter's bone

Ree Dolly vit avec sa mère folle, son petit frère et sa petite soeur au sud du Missouri. Elle s'occupe de tout, mais les temps sont durs et l'argent manque. Le cheval est cédé aux voisins, il faut manger des écureuils. Son père, fabricant de drogue, vient d'être libéré de prison moyennant une grosse somme. Il a intégré sa maison dans la caution et s'il ne se présente pas à une certaine date, la maison sera saisie.

Pour Ree, une seule solution : trouver son père.

Commence alors un parcours difficile pour la jeune fille dans son propre village, pour comprendre ce qu'a fait son père et ce qu'il est devenu, pour tenter d'approcher la vérité. Elle va rencontrer la peur, la violence, la pauvreté, l'indifférence, la compassion, l'horreur.

Winter's bone porte en son sein une sorte de perfection apaisée. Tout y est parfaitement mesuré, idéalement décidé, magnifiquement réalisé.

Rarement une mise en scène m'a paru aussi fluide, aussi élégante, aussi sereinement sûre d'elle. La caméra oscille, tangue légèrement, s'approche des visages ou des mains, les caresse, puis s'éloigne dans un plan large brillamment composé. Le montage est exigeant, parfait. 

Le décors et les tronches des habitants évoquent irrésistiblement le contexte de Délivrance, le film de Boorman, banjo compris : il est vraiment rare de voir cette Amérique profonde au cinéma. Le film tire un profit maximal d'un décor étonnant. Une nature à la fois sauvage, superficiellement apprivoisée, et en même temps, quelconque dans sa tristesse hivernale. De ce décors expressif, troussé de caravanes à junkie, de fermes en friche et de décharges domestiques, sourd une atmosphère particulièrement anxiogène.

Tout cela ferait un excellent documentaire, si l'intrigue n'était pas elle-même subtile et déroutante, se dévoilant provisoirement dans sa limpidité et son horreur, approfondissant les relations entre les êtres en même temps qu'elle explore les personnalités.

Enfin, que dire de la prestation époustouflante de Jennifer Lawrence, littéralement bluffante et présente à l'écran de façon quasi continue du premier au dernier plan, sorte d'îlot de volonté pure (qui ne craquera que deux fois), à la fois solide et tendre.

Le film égrène sa musique sensuelle, triste, intelligente, bouleversante, assez proche de celle distillée par les héroïnes fragiles et puissantes à la fois qu'Andrea Arnold (Red road, Fish tank) nous montre dans d'autres milieux, urbains ceux-ci, mais tout aussi pauvres et violents. Au cours de ce voyage quasi-immobile se succèdent des scènes d'anthologie qui chacune mériterait une analyse détaillée : un concert improvisé, un rêve en noir et blanc, un recrutement de l'armée américaine, une visite à la ville, une poursuite dans un hangar à bestiaux. Et LA scène, bien sûr....

Le premier grand rôle de Jennifer Lawrence est aussi peut-être le meilleur.

 

4e

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Slice

Direct to DVD

Encore un film qui n'aura pas connu les écrans français.

Slice commence comme un Seven asiatique : un tueur en série massacre des personnes en apparence sans rapport entre elles, les découpent en morceau, puis les rangent bien proprement dans une valise rouge après avoir fait de vilaines choses aux parties génitales des dites victimes. Le film commence comme une série B (ou Z) thaïlandaise : mise en scène azimuthée à côté de laquelle celle de Danny Boyle paraît neurasthénique, couleur rouge saturée au point que j'ai craint que mon écran Bravia commence à dégouliner, jeu approximatif des acteurs dont les principaux moyens d'expressions semblent être les cheveux décolorés et les tatouages en forme de colonne vertébrale dans le dos.

Bref, je me suis dit à ce moment-là : ai-je vraiment bien fait de claquer 19,99 € pour vérifier que Weesarethakul pouvait avoir engendré une sorte d'héritier sous speed errant en cape rouge dans Bangkok en crucifiant sur des panneaux publicitaire de pauvres innocents ?

J'ai donc pris, défaitiste, un mystère à la noix de coco, coeur chocolat, dans le congélateur, en me disant que ça irait mieux.

Et effectivement : miracle. A partir du moment où j'ai mangé ma glace, le gore disparait et le film prend une toute autre voie : on suit un prisonnier libéré par la police à la recherche du tueur en série. Les deux protagonistes semblent avoir partagé un passé trouble (et notre prisonnier rêvait de valises rouges avant que le tueur ne les utilisent, bizarre non ?).

Slice emprunte alors des voies buissonnières, utilisant de nombreux flash-back vers une enfance campagnarde, usant certes toujours de procédés de mise en scène s'apparentant à l'avancée d'un bulldozer, mais titillant notre curiosité, puis - je le dis comme on avoue un plaisir coupable - devenant absolument captivant.

On ne peut évidemment révéler la fin, point d'aboutissement diabolique d'un scénario millimétrique, mais simplement, elle est ENORME.

Voilà un OFNI délectable, mélange de Seven, d'Old Boy, de Mysterious skin, du style de De Palma et du giallo italien (on pense souvent à Suspiria). Une réussite du film de genre asiatique à ne manquer sous aucun prétexte pour les amateurs de ce type de sensations fortes.

 

3e

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Fighter

Excellent !

On savait que la boxe inspirait traditionnellement les cinéastes américains (Rocky, Raging bull, Million dollar baby, Gentleman Jim, Nous avons gagné ce soir, Fat city), et cette fois-ci c'est très réussi.

Le film n'est pas d'une subtilité extrême mais il est parfaitement efficace. Tout y est solide, à commencer par la prestation époustouflante de Christian Bale. Mark Wahlberg (en Matt Damon version luxe) est également très bien dans un rôle aussi introverti que celui de Bale est extraverti. Le casting féminin est à la hauteur aussi : mère, soeurs (ah les soeurs !) et petite amie sont parfaites.

Le scénario, "based on a true story" (on voit lors du générique de fin les véritables protagonistes), est classiquement celui d'une ascension / rédemption à la Rocky, enrichie ici par un background social particulièrement expressif et une interaction complexe entre les différents acteurs qui gravitent autour du boxeur. La mise en scène, explosive et étonnante lors des 5 premières minutes, s'assagit ensuite, tout en restant très propre.

Fighter est donc un divertissement populaire de haute tenue et une réussite artistique. La figure de Micky est à la fois insaisissable et attachante, pivot un peu mystérieux mais très puissant d'une histoire qui convoque beaucoup d'archétypes américains (success story, importance de la famille, victoire sur les addictions) sans donner l'impression de radoter.

La boxe se révèle une fois de plus très cinégénique. A la fois danse, torture, jeu d'échec, confrontation ultime avec la peur et la douleur, lutte de deux volontés pures, le noble art peut répugner ou séduire mais dans tous les cas il fascine.

Le combat final est si prenant que vous esquisserez probablement dans l'obscurité de la salle de cinéma un ou deux crochets (ou uppercuts). Et si vous n'essuyez pas une petite larme à la fin, c'est que vous n'avez pas coeur.
 

4e

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Avant l'aube

Vincent Rottiers. UGC DistributionPour son deuxième film (je n'ai pas vu le premier : Barrage), Raphaël Jacoulot choisit une voie étroite situé quelque part entre Chabrol et Hitchcock.

Il se rapproche du premier par l'acuité de sa peinture de caractère, et par la cruauté avec laquelle il expose la décomposition d'une famille. Quant à l'ombre du grand Alfred, elle plane sur tout le film qui entretient un air de faux/vrai suspense psychologique sur la longueur.

Le film possède bien des qualités : une mise en scène élégante, précise, aux mouvements de caméra amples et souples, des acteurs perfomants (Bacri et Rottiers en tête). Il ne passe cependant pas un certain cap, à cause me semble-t-il d'une faiblesse structurelle du scénario : une fois de plus, on semble ignorer en France qu'écrire est un métier, différent de celui de réalisateur. L'histoire s'égare en effet dans des impasses improbables, quelques invraisemblances et approximations. Elle souffre aussi d'un manque de rythme, et la fin du film me semble un peu pagailleuse

Hormis ces quelques remarques, Avant l'aube reste un film de qualité, plaisant à voir, qui ne dépareille pas dans les bonnes (et très bonnes) productions françaises de ce début d'année : Poupoupidou, Angèle et Tony, La BM du Seigneur, La permission de minuit.


2e

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La permission de minuit

Rezo FilmsUne fois n'est pas coutume, je vais défendre un film qui est décrié par l'ensemble des blogueurs (la presse est moins sévère : cf Libération, Positif, L'Huma, Télérama, L'Express et Le Point).

J'ai en effet vu dans l'oeuvre de Delphine Gleize de nombreuses qualités.

Tout d'abord, le sujet traité est très intéressant et cinégénique. Il s'agit de découvrir cet affreuse maladie (XP : Xeroderma pigmentosum) qui interdit aux enfants atteints de s'exposer aux UV sous peine de mourir de cancers de la peau. Cinégénique parce que cette situation fournit nombre de variations intéressantes : tomber en panne de voiture avant le lever du soleil devient un piège mortel, porter sa combinaison de protection c'est comme aller au bal masqué, Romain vit la nuit en toute sécurité alors que les autres enfants apprennent que danger = nuit, etc. La peau de Romain apparait finalement comme une pellicule sensible, captant la lumière des évènements comme une plaque photographique, en négatif. 
Impossible de ne pas penser aux récents films de vampires, et en particulier au superbe Morse. Il y a dans le jeu du jeune acteur un petit quelque chose qui rappelle dans sa sauvagerie un peu rebutante et en même temps attendrissante le/la jeune héroïne du film suédois.

Cette trame initiale se double de nombreuses variations sur d'autres sujets tout aussi puissants : la transmission de pouvoir, l'amitié, la lâcheté, la façon dont les mères et les épouses supportent les faiblesses des maris et des enfants, la mort, le hasard, la fatalité. Le film évite avec habileté tout pathos (il suffit d'entrapercevoir quelques secondes des photos sur un écran d'ordinateur pour deviner l'horreur, et la mort d'une amie est symbolisée par le cadre d'une porte ouverte).

La réalisatrice parvient à construire quelques scènes qui sont d'une beauté rare : je pense à celle, que j'ai trouvée magnifique, dans la chambre d'hôtel à Bruxelles. Une façon d'utiliser les images télé d'un match de rugby à contre-emploi, de filer une bande-son discrète et oppressante, de ciseler quelques répliques glaçantes ("J'ai peur" "Moi aussi, j'ai peur") qui rendent la mort tout à coup présente : cette scène peut être montrée dans les écoles de cinéma.

Le film tient par la performance exceptionnelle de Vincent Lindon, une fois de plus absolument convaincant dans un rôle assez différent des précédents, d'une Emmanuelle Devos surprenante, dont on ne peut jamais prévoir les intonations, et d'une Caroline Proust toute en nuance. Le jeu du jeune acteur Quentin Challal finit également par s'imposer.

Le film est parfois maladroit, notamment dans la façon dont sont dessinés les personnages secondaires (l'histoire d'amour de Romain par exemple). Certains développements sont invraisemblables, les musiques un peu fatigantes et les dialogues curieusement inaudibles, mais la balance est pour moi nettement positive : il s'en dégage une ambiance qui marque et dont on a du mal à débarrasser - ambiance due en grande partie à une utilisation très intelligente du décor : le plus souvent désert et grandiose, et tout à coup banal (une simple rue piétonne) lorsqu'ils devient mortel.

2e


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Panic room

Il y a quelque chose d'imparable dans le cinéma de Fincher.

Il lui arrive d'être si brillant que le sens critique s'émousse forcément. Dans ce film, c'est ce loooooooooong plan séquence (faux au demeurant, car comportant comme dans La Corde des raccords dissimulés) de l'entrée des malfaiteurs dans la maison qui emporte tout. Quelle maestria !

C'est presque trop. Mais pas tout à fait. Comme cette incroyable ressemblance mère/fille, ressemblance sourdement inquiétante dans l'ambiguité et dans l'androgynie.

Presque trop, mais jamais trop. Voilà qui peut qualifier le cinéma de Fincher, bien supérieur aux exercices poussifs des Coen et d'Eastwood, bien plus délectable que les excentricités de Boyle. Somme toute, cette génération 90' pourrait bien représenter l'avenir du cinéma américain (Fincher est né en 1962, Aronovsky en 69).

Bon, en ce soir de Césars que je ne regarderai pas (invités compassés, trophées compressés, présentateurs empressés : à la place je vais commencer la deuxième saison de Friday Night Lights, critique à venir de la saison 1), je souligne le plaisir basique que j'ai eu à regarder ce thriller tout bête, mais superbement réalisé, et servi par des acteurs absolument excellents.

Le réalisme est de plus ici à son comble, ce qui ajoute au plaisir ressenti.

 

3e

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Jewish connection

Jesse Eisenberg. Pyramide DistributionJewish connection fait partie de ces films qui curieusement ont tout pour réussir, et qui pourtant ne parviennent pas à nous émouvoir réellement.

Ces qualités sont (sur le papier) nombreuses : un scénario original, une reconstitution du milieu juif orthodoxe minutieuse, une mise en scène agréable, un beau casting.

Pourtant, on n'est jamais réellement pris par l'histoire. Pourquoi ? Peut-être quelques maladresses ici ou là, qui cassent le rythme, ou une intrigue qui aurait mérité d'être un peu resserrée.

Concernant Jesse Eisenberg, qui ne m'a pas vraiment convaincu dans The social network, je suis toujours partagé.  En réalité, je me demande s'il n'est pas condamné à jouer éternellement le même rôle : gars innocent mais pas con, qui apprend vite et veut réussir, alternant regard décidé et moue boudeuse. Ici, la fin est un peu moins gratifiante que dans le film de Fincher, mais les expressions de Sam Gold ne sont pas très éloignées de celles de Zuckerberg.

Un film juste au-dessus de la moyenne, qui vaut quand même pour sa patine presque documentaire.

 

2e

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Le choix de Luna

Un des plaisirs essentiels du cinéma est de ne nous faire voyager à bon compte.

Le premier intérêt du Choix de Luna réside d'abord dans le portrait parfaitement dessiné de Sarajevo et de sa région. Ville martyr, ville séduisante et moche, profondément exotique au coeur de l'Europe, avec ses minarets pointant fièrement vers le ciel dans un décor de montagne qui évoque la Suisse.

Dans ce cadre enchanteur, un jeune couple actif et moderne : elle est hôtesse de l'air, lui contrôleur aérien. Ils ne peuvent avoir d'enfant. Il est alcoolique. Ils sont issus d'un milieu musulman sans être croyants eux-mêmes. Leurs familles ont été marquées par la guerre, encore toute proche dans les mémoires.

Un jour, tout bascule. Lui (Amar) est viré de son travail. Il rencontre par hasard une vieille connaissance devenue intégriste. Petit à petit, il va se laisser fasciner par le groupe salafiste retiré du monde, au bord d'un merveilleux lac. Le film a ceci de remarquable qu'il arrive à nous faire douter de ce qui est bien, ou mal. Au départ nos gentils religieux semblent bien inoffensifs, et même leurs chants, leur solidarité peut leur attirer notre sympathie. Les choses se gâtent quand Amar ne veut plus serrer la main des femmes, puis quand il refuse les relations sexuelles avec sa copine avant le mariage, et enfin quand son ami devient polygame.

Le film est donc tout à la fois le tableau saisissant d'un pays encore balafré par les stigmates d'une guerre terrible, et la chronique habile d'un amour qui se défait sous le regard (par la faute) de Dieu. Le tout n'est pas sans quelques maladresses ici où là, largement compensées par une actrice très séduisante, des acteurs convaincants et une mise en scène très maîtrisée. Le rythme du film est vif et inspiré.

A voir, sur les quelques écrans qui le diffusent...  

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Black swan

Le début de Black Swan est magistral.

Une danseuse sur une scène, l'obscurité qui règne autour d'elle, la caméra qui virevolte magnifiquement, le grain de la photo est sensuel, son partenaire tout à coup se transforme en créature maléfique. Il s'agit d'un cauchemar. Enfin, peut-être.

Nina est danseuse professionnelle. Elle rêve d'obtenir le premier rôle dans la nouvelle production de son ballet : une version revisitée du Lac des Cygnes. Pour cela elle doit prendre place de la danseuse étoile (Winona Ryder), qui était la maîtresse du chorégraphe (excellent Vincent Cassel, qui pour une fois n'en fait pas trop). Elle doit aussi se méfier d'une nouvelle venue (étonnante Mila Kunis), aussi sensuelle et intuitive qu'elle est elle-même réservée et introvertie... Mais pour obtenir le rôle, elle doit apporter la preuve qu'elle peut être à la fois le cygne blanc, et son double maléfique, le cygne noir.

Darren Aronofsky, qui avait impressionné avec son excellent The Wrestler, livre ici une copie quasi-parfaite. Le film est troussé avec une maestria qui l'entraîne vers les plus hauts sommets : tout ce qui ce fait l'art de la mise en scène semble y être porté au plus niveau d'achèvement. La caméra évolue avec une liberté vertigineuse, le cadre est parfait, le montage irréprochable. Aronofsky signe une oeuvre qui parvient à être à la fois follement sensuelle et brillamment conceptuelle.

Natalie Portman trouve certainement là le rôle de sa vie. Elle est absolument bouleversante dans ce rôle de prodige vieillissant et hyper-sensible, tendue comme un arc vers la perfection. La folie est très présente dans le film (paranoïa, schizophrénie), et l'ambiance y est extrêmement pesante. Autant le dire, mieux vaut ne pas être trop sensible pour apprécier le film qui est fort déstabilisant lorsqu'il montre des modifications corporelles insolites dignes d'un Cronenberg, ou des apparitions qui font sursauter et génèrent des frissons comme a pu le faire en son temps le Shining de Kubrick.

Les 30 dernières minutes en particulier sont époustouflantes. Le film prend alors l'allure d'une sorte de toboggan de la peur et de l'horreur, accumulant les morceaux de bravoure, et culminant avec une danse du cygne noir qui peut dès maintenant être classée parmi les plus beaux moments de cinéma vus en 2011.

La personnalité de Nina, son éveil chancelant à la sexualité, son rapport difficile au corps et sa soif d'absolu vous accompagneront pour longtemps, si vous n'avez pas trop peur d'avoir peur. 

Pour aller plus loin :

De nombreux blogs et articles listent les influences cinématographiques perceptibles dans Black Swan. Liste non exhaustive : Les chaussons rouges de Michael Powell,  le cinéma de Cronenberg en général (et La mouche en particulier), Polanski (Répulsion, Le locataire, Rosemary's baby), le cinéma de De Palma (Carrie, pour la mère bien sûr, et Phantom of Paradise), La double vie de Véronique de Kieslowski, Showgirls de Verhoeven, Perfect Blue de Satoshi Kon, Suspiria d'Argento, La pianiste de Haneke.

Dans le Monde du 9 février, interview intéressante d'étoiles de l'Opéra de Paris sur la "véracité" de ce que montre Black Swan à propos du monde de la danse. Marie Agnès Gillot juge le propos du film "stéréotypé et ringard", mais Agnès Letestu déclare "tout est vrai, archi-vrai, même si caricatural".
Brigitte Lefèvre, directrice de l'Opéra de Paris, a vu  Black Swan comme une "caricature crédible".

Dans le genre Voici, savez vous que Natalie Portman a rencontré le père de son futur enfant sur le tournage de Black Swan. Le chorégraphe français Benjamin Millepied était en effet en charge de superviser les progrès en danse de l'actrice, ce qu'il a visiblement fait avec application. Il joue le Prince dans le film. L'heureux évènement est prévu aux alentours des dates du festival de Cannes.... Marion Cotillard doit également accoucher à cette époque (aucun rapport).

Si on en croit le New York Times, Vincent Cassel danse comme Fred Astaire. Est-il nécessaire de rappeler que le père de Vincent Cassel, Jean Pierre, était un danseur émérite (il joue dans  Chorus Line) ?

 

 

4e

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Tron

Avant ma critique à venir (demain, je pense) de Tron Legacy, retour sur le premier volet de Tron (1982) visionné hier soir en DVD.

Sans vouloir faire un cours d'histoire du cinéma, il est peut-être nécessaire de rappeler ce que ce film pouvait avoir de novateur à l'époque. Ce fut d'abord le premier film contenant des séquences entièrement constitué d'images de synthèse (!!) à une époque où les PC ... n'existaient pas encore (!!!!!). Je sais, les plus jeunes d'entre vous ne vont plus lire Christoblog de la même façon lorsqu'ils vont comprendre que j'ai connu une époque où les PC n'existaient pas.... ça me fait bizarre à moi aussi.

Steven Lisberger a vraiment eu une idée absolument hors normes en imaginant cette histoire de créateur de jeu vidéo qui finit par intégrer ses propres programmes. Lire interview ici. Que Disney ait accepté de financer un projet pareil laisse encore perplexe, ça ne pourrait probablement plus se passer maintenant.

Le scénario est absolument quelconque, d'ailleurs, mais on s'en fout pas mal, car le film valait beaucoup par son esthétique. Le vaut-il toujours ? Oui, et ce n'est pas la moindre des surprises. L'esthétique du film, servie par deux pointures (Moebius, qu'on ne présente plus, et Syd Mead, créateur de l'environnement de Blade Runner), fonctionne toujours.

Ce qui m'a impressionné, ce sont les audaces dans les associations de couleurs, qui donnent un effet visuel véritablement frappant et créent un objet qui fournit un univers cohérent, dans lequel les références sont multiples (Tati, Alice aux pays des merveilles, Star Wars, qui date de 1977), magiques et élecTRONiques. Une très agréable surprise.

3e

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Pour elle

Vincent Lindon et Diane Kruger. Jean-Marie LeroyPlusieurs raisons de m'intéresser à Pour elle. D'abord, le réalisateur, Fred Cavayé, est rennais. Et alors ?, vous allez me dire. Et vous aurez raison. Ensuite le film a donné lieu à un remake récent de la part de nos amis US : Les trois prochains jours. Par principe je ne vais presque jamais voir les remakes, par contre, j'essaye du coup de voir les originaux (ce qui vaudra prochainement une critique sur ce blog de Anthony Zimmer, dont le remake The tourist est un grave accident industriel). Et enfin, A bout portant, le deuxième film de Cavayé, m'a passablement intrigué, à la fois bourré de qualités et rempli de défauts.

Ouf, après cette longue introduction, que dire ? Que Pour elle est une sorte de degré 0 du thriller. Je veux dire qu'on est habitué depuis quelques années à des twists incroyables qui changent totalement le fil du film, de telle façon qu'ici on s'y attend aussi. Et puis non, la trame narrative est bien celle qui est présentée, sans plus de chichi. Le film, assez quelconque au début (mais n'est ce pas sa volonté ?) devient de plus en plus basiquement prenant. Le suspense est assez bien réussi, il faut le dire.

Le film casse-t-il trois pattes à un canard ou  cinq pattes à un éléphant ? Non.

Mais on se laisse prendre, et pour servir ce thriller conforme aux standards originels du genre (le héros pourrait être vous), il fallait un héros qui vous ressemble. Vincent Lindon est nickel pour ça : regards de chien battu et maniement du flingue juste correct, il est parfait en quidam se frottant aux gangsters.

Un bon petit film. 

 

2e

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A l'ouest des rails (Rouille)

A l'ouest des rails fait partie de ces films dont beaucoup de cinéphiles ont entendu parler, mais que très peu ont vu.

Il faut dire que l'idée de se coltiner un documentaire chinois de plus de 9 heures (oui, vous avez bien lu) sur la fermeture d'un complexe sidérurgique géant (vous lisez toujours bien), peut en refroidir plus d'un.

Cette critique concerne la première partie du film (Rouille), qui dure un peu plus de 4 heures.

La première comparaison qui m'est venue à l'esprit, c'est Alien. Passée une fascinante introduction sous forme d'un long travelling avant, monté sur un train s'enfonçant dans l'usine enneigée, le film impose tout de suite un point de vue quasi onirique sur ces lieux gigantesques (plus d'un million d'ouvriers ont travaillé dans ce complexe), dans lesquels les hommes paraissent des fourmis. Au milieu du métal en fusion, ils semblent démunis et en danger. Lorsqu'on les voit dans l'intimité de la salle de repos, ou dans les bains, on songe à des explorateurs se réchauffant dans le cocon de leur vaisseau spatial.

Le film, contre toute attente, n'est pas ennuyeux.

Il alterne trois types de séquences, ce qui ne laisse jamais la monotonie s'installer :

- les vues magistrales des lieux industriels, véritables poèmes visuels
- les scènes de groupes, captivantes et profondément dépaysantes (karaoké entre collègues après le travail, séjour à l'hôpital pour traiter les maladies dues au plomb, jour de paye, jeux d'échecs chinois, discussions sur l'avenir de l'usine, essais de vêtements)
- les interventions de personnes seules face à la caméra, qui sont autant d'historiettes émouvantes et parfois bouleversantes.

Wang Bing sait faire ressentir le temps qui passe (les évènements se déroulent sur plusieurs années) et de nombreux évènements marquants scandent le récit (un ouvrier est licencié, un autre meurt accidentellement dans une mare, du métal en fusion se répand accidentellement sur le sol..). On s'attache progressivement à ces Chinois qui paraissent toujours stoïques face à l'absurdité ubuesque de certaines situations.

Le film parvient ainsi à tenir en haleine (une gageure !), tout en présentant un objet qui ne ressemble à aucun autre et qui laissera à coup sûr son empreinte dans l'histoire du cinéma.

 

3e

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Le discours d'un roi

Colin Firth. Wild Bunch DistributionJ'avoue que je ne connaissais absolument pas l'histoire de George VI avant de voir ce film. C'est tout juste si le roi est évoqué dans la volumineuse biographie de Churchill que je viens de finir. Et si le défaut d'élocution de Winston est bien connu (et rappelé dans le film), celui du roi l'est beaucoup moins.

Tom Hooper et son scénariste réussissent donc le prodige de rendre passionnant la simple histoire d'un roi bègue et de son orthophoniste peu orthodoxe, en tenant en haleine le spectateur pendant presque 2 heures.

Ce prodige n'est possible que par la grâce d'un casting génial et en particulier d'un acteur extraordinaire, Colin Firth, qui réussit à distiller une émotion sourde dès sa première apparition, émotion qui ne nous quittera plus jusqu'au dernier plan.

Il parvient magnifiquement à incarner la royauté, dans le moindre de ses gestes. Il EST Georges VI, exactement comme Natalie Portman est Nina dans Black swan.

D'ailleurs, l'analogie entre les deux films ne s'arrête pas là. Dans les deux cas, que voit-on ? La volonté en lutte contre le corps, le combat de l'esprit et de la matière. Les deux films sont servis par une mise en scène intelligente, il est vrai beaucoup plus classique dans Le discours d'un roi. que dans le film d'Aronofski.

Et enfin, les deux films filent vers une représentation finale, qui est aussi un climax narratif, dans laquelle l'esprit finit par dominer le corps pour le meilleur, ou pour le pire.

 

4e

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Angèle et Tony

Angèle et Tony souffrira peut-être de son titre. Pourquoi pas César et Rosalie, Thelma et Louise, ou Marius et Jeannette tant qu'on y est ? Il souffrira aussi de son affiche et de sa bande annonce, stylés "vols de mouette certifiés  France 3 Normandie".

C'est dommage, parce qu'avec sa modeste diffusion, le film a besoin de public, et il le mérite.

Oh bien sûr, je pourrais faire la fine bouche, mais pour une fois je laisserai d'autres railler l'aspect tire-larmes redoutablement efficace du film, ses quelques carences (scénaristiques) et facilités (de mise en scène et musicales). Je préfère retenir la partition exceptionnelle que jouent les deux acteurs principaux : la sublime Clotilde Hesme, félin androgyne écorché vif, et le plantigrade de la Comédie Française, Grégory Gadebois.

Ne boudons pas notre plaisir : le film soulève dans sa deuxième partie des vagues d'émotions brutes comme cela faisait longtemps que je n'en avais pas ressenti au cinéma, et il le fait sans évènements exceptionnels ni effets appuyés, mais simplement en montrant de petites choses (regards, sourires), qualité que je ne pensais plus trouver que dans le meilleur du cinéma roumain.

Voir le visage des deux acteurs se métamorphoser au fil du film agite dans l'esprit du spectateur des sentiments arc-en-ciel dont il ne se dessaisit pas en poussant la porte de sortie du cinéma. Fragile, ténu, au bord de se casser la figure à plusieurs moments, le premier film d'Alix Delaporte est remarquable et remarqué. On peut penser que l'avenir du cinéma français s'écrit décidément au féminin.

 

3e

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Les chemins de la liberté

Metropolitan FilmExportPour une fois je vais être gentil.

Voilà un film qui respire le travail bien fait. Peter Weir n'est pas enrobé de la croute de sel dont les critiques de l'establishment ont entouré un ex-acteur ayant joué des cow-boys dans des westerns spaghetti. Il peut donc faire un film pépère, plein de jolis paysages et qui se laisse regarder sans ennui malgré ses 2h14.

Ici, contrairement à une Thailande de pacotille ravagée par un tsunami de carton pâte (comme dans le calamiteux Au-delà), la nature est sereinement mais terriblement toute puissante. Et les acteurs en subissent les attaques corporelles d'une façon assez convaincante (le maquilleur est un artiste).

Alors si on regarde le film comme un Tintin ou un bon vieux film d'aventure, cela fonctionne. Colin Farrell joue des gros yeux et en rajoute des kilos, mais l'aspect BD du périple fait assez bien passer la pilule. Il y a des moments d'émotion gérés avec délicatesse et une fin qui est un peu plus digne qu'une certaine fin récente dans une galerie couverte londonienne (ibidem).

Loin d'être un chef-d'oeuvre, un boulot honnête et pas tape à l'oeil.

 

2e

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Arrietty, le petit monde des chapardeurs

The Walt Disney Company FranceLa relève est assurée, voilà la conclusion qu'on peut tirer de la vision d'Arrietty, le petit monde des chapardeurs.

Le grand Hayao Miyazaki (70 ans) peut commencer à passer la main. Hiromasa Yonebayashi (38 ans) assure parfaitement la réalisation de cette nouvelle production des studios Ghibli.

L'histoire est simple et limpide : de petits êtres (les chapardeurs) vivent dans les maisons des humains. Ils ne doivent en aucun cas se faire remarquer de leurs hôtes, sinon, ils doivent partir et trouver une nouvelle maison. Arrietty, 13 ans, sympathise avec un jeune humain malade du coeur qui vient se reposer chez sa tante, et met du coup sa famille en danger.

Les images sont comme d'habitude magnifiques, la nature étant cette fois-ci particulièrement à l'honneur.

Le film est lent, le caractère de certains personnages semble dessiné à la hâte (le père), l'histoire manque certainement un peu de relief, mais la magie opère tout de même. C'est dans la poésie des proportions que le film est une franche réussite. Lorsqu'Arrietty et son père progresse dans la maison à l'aide d'astuces variées, lorsque la jeune chapardeuse découvre l'immense cuisine pour la première fois, on vibre réellement avec elle. Les décors exploitent à fond cet aspect de l'histoire en fournissant des tas de détails très bien trouvés : les timbres postes deviennent posters, une seule goutte émergeant de la mini-théière remplit une tasse, une épingle se transforme en épée, etc.

L'enthousiasme irréductible qui émane d'Arrietty, son appétit de vivre, d'aimer et de découvrir, est le deuxième point fort du film. Il est particulièrement attendrissant au regard du caractère maladif et très calme du jeune garçon.

A conseiller aux petits et aux grands, même si de par son scénario, Arrietty ne peut rivaliser avec les "grands" Miyazaki, dont les thèmes sont autrement plus complexes.

Le musée Ghibli à Tokyo, j'y étais.

 

2e

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Poupoupidou

Sophie Quinton. Diaphana DistributionLa première bonne surprise de l'année est française, et elle vient de Mouthe (Doubs) !

C'est en effet dans cette petite ville à la frontière suisse qu'on découvre le corps d'une jeune femme qui s'est suicidée. Suicidée ? Pas sûr, pense un écrivain de roman policier en panne d'inspiration de passage dans la petite Sibérie française...

A la fois polar (qui l'a tuée ?), comédie grinçante, thriller psychologique, comédie sentimentale, Poupoupidou est très maîtrisé. Il manie avec brio émotions, amusement et curiosité.

Les grilles de lecture y sont multiples : on peut le voir comme un film-collage de références à Marilyn, une chronique amère de la vie provinciale, un essai sur la mobilité faciale d'un acteur hors du commun, le magnifique Jean-Paul Rouve, un exemple d'habileté scénaristique autour du concept de flashbacks, l'esquisse tendre et désabusée d'un destin brisé.

Il ne lui manque pas grand-chose pour franchir le cap des 4**** : quelques traits moins appuyés, ou au contraire un surcroît de noirceur neigeuse, qui le ferait alors tendre vers le Fargo des Coen, ou mieux encore vers le film étincelant de Sam Raimi Un plan simple.

Jeu express

Le réalisateur s'est amusé à déposé le chiffre 5 sur une multitude d'objets dans le film, en référence, je suppose, à la fameuse répartie de Marilyn : "Que portez vous la nuit ?" "5 gouttes de Chanel N°5 uniquement".

Pour ma part j'en ai remarqué 6. Combien pourriez vous en citer ?

 

3e

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